En attendant que Draculea nous montre la suite, intéressons-nous à cette bagarre de Mickey et de Pat Hibulaire, qui présente quelques caractéristiques amusantes.
Regardons d'abord la suite et la fin de cette bagarre, qui occupe 2 strips.
Je remarque en premier la conséquence ironique de cet affrontement, qui se révèle cruelle pour les deux adversaires. Personne ne triomphe, en effet, car les deux "cow-boys" perdent leur chevaux et se retrouvent condamnés à traverser le désert à pied. Tel est pris qui croyait prendre, et la violence ne mène à rien. Ces évidences sont simplement démontrées par un gag, sans faire de morale ou de discours inutile.
Montrons encore une fois cette séquence, telle qu'elle se présente cette fois dans "la Fabuleuse Histoire de Mickey". Les couleurs y sont plus vives mais l'organisation des cases est la même.
L'autre remarque à faire, c'est bien sûr cette singulière idée de Pat Hibulaire de s'attacher à Mickey au moyen d'une paire de menottes. Les deux adversaires sont ainsi "doublement condamnés", puisque Pat Hibulaire a perdu la clé, et qu'ils se retrouvent condamnés à marcher ensemble dans des conditions infernales (il est vrai que c'est le titre de l'histoire). C'est bien sûr un autre gag, mais j'y vois surtout une référence à un film célèbre, qui est
Les Rapaces, un grand classique du cinéma muet tourné par Eric Von Stroheim.
Ce film date de 1924, soit environ 6 ans avant la publication de cette histoire de Mickey. Je rappelle la terrible fin de ce film : deux hommes qui se haïssent se rejoignent au milieu de la Vallée de la Mort, et une bagarre mortelle se déroule. L'un d'entre eux s'attache au poignet de l'autre avec une paire de menottes (je ne me rappelle plus très bien des détails), juste avant de mourir, et le vainqueur se retrouve immobilisé par ce cadavre au milieu du désert, incapable de s'en détacher et condamné à mourir de soif.
C'est une des plus terribles conclusions que l'on puisse imaginer, mais il est vrai que "
Les Rapaces" est un véritable chef d'œuvre. Si vous pouvez le voir une fois, n'hésitez pas !
Et donc, ma deuxième remarque, c'est qu'il me parait très probable que le scénariste ayant travaillé avec Gottfredson se soit inspiré du film de Von Stroheim (qui avait eu un certain retentissement à cette époque).
Dernière remarque (en corollaire) : il y a probablement dans Mickey beaucoup d'autres allusions (ou de gags) en relation avec son époque, que nous ne comprenons plus aujourd'hui. C'est inévitable et … ainsi va la vie !