Nombre de messages : 2523 Age : 62 Localisation : Lyon Date d'inscription : 13/07/2014
Post scriptum : l'humour décalé du texte est toujours aussi merveilleux comme dans dans l'avant dernière case de la page 132 où Catnera, affamé ne peut attendre qu'on lui serve son repas et mange la table en déclarant : "j'ai l'ventre creux comme les grottes de Calrsbad..." !
Nombre de messages : 39019 Age : 70 Localisation : Lausanne Date d'inscription : 03/03/2009
Je reprends au vol ce récit de Mickey boxeur, dont j'ai été absent quelques jours. Je n'avais bien sûr rien de plus à montrer que Draculea, si ce n'est un peu de couleur (parfois bien pâlottes) ainsi que la découverte de la version française, qui pour une fois n'est pas trop caviardée.
Je commence avec le repas et l'entraînement de Laurent Houtant (j'aime bien ce nom, même si on y perd les références précises de la VO) dont vous avez déjà pu apprécier la férocité !
Que va faire Ratapoil, qui n'a même pas été capable de vaincre Mickey ?
Eh oui, Ratapoil est en fuite ! Mais qui va alors combattre son féroce adversaire ?
Nombre de messages : 39019 Age : 70 Localisation : Lausanne Date d'inscription : 03/03/2009
Devant le suspense intenable, je me permets d'amorcer déjà la suite. J'espère que Draculea me pardonnera.
Exit, donc, Ratapoil ! Eh bien sûr, comme le titre de l'histoire vous l'annonçait, c'est Mickey qui boxera. Il n'a en principe aucune chance d'éviter le massacre, mais on sait que Mickey est un brave petit débrouillard.
Nombre de messages : 2523 Age : 62 Localisation : Lyon Date d'inscription : 13/07/2014
Aucun problème pour moi, d'autant plus que depuis le début nous nous doutons bien que le challenger sera finalement Mickey lui-même désigné à sa grande stupéfaction sans parler de sa peur pour remplacer le défaillant Ruffhouse ! Commence alors une séquence qui n'est pas sans faire songer au combat de David et Goliath, où la ruse contourne la fureur aveugle de la force brute et peu la retourne contre elle-même.
Les surprises de ce combat apparemment si inégal que tout devrait être réglé en deux instants nous rappellent le court métrage Charlot boxeur qui date de 1915 et surtout l'extraordinaire séquence de boxe des Lumières de la ville en 1931, (voir image ci-dessous) à cette différence près que Mickey semble devoir triompher là où son illustre devancier est vaincu à plate coutures ! Mais n'anticipons pas.
Plusieurs personnages suivent le match à la radio : le cheval Horace qui, faute de pouvoir assister en direct au combat recrée un petit ring dans son salon afin de suivre la rencontre à la radio, les parents de Minnie qui font donc ici une réapparition que je ne connaissais pas et, plus inattendu encore, Poussard en personne, nommé Butch selon la version américaine originale, qui, loin d'en vouloir à Mickey de l'avoir fait mettre en prison à la fin de Mickey contre Ratino, lui en est profondément reconnaissant et ne décide de s'évader que pour aller soutenir le héros qui est devenu pour lui un évitable modèle à suivre. La fin de cette' petite séquence propose un cas inconnu auparavant dans l'histoire de la boxe : un knock-out debout !
Nombre de messages : 2523 Age : 62 Localisation : Lyon Date d'inscription : 13/07/2014
Petite parenthèse dans cette publication : feuilletant une littérature du XVIIème siècle cette après-midi, je me suis rendu compte qu'un des personnages des Plaideurs de Racine se nomme Chicaneau tout comme l'affreux notaire qui tourmente Minnie dans la version française de Mickey chercheur d'or. Comme on le devine, dans la pièce de Racine, Chicaneau incarne un personnage atteint de folie procédurière, qui cherche chicane selon l'expression consacrée. Bien sûr, il était évident que le nom de Chicaneau dans les aventures de Mickey en version Hachette sous entendait une rapport vicieux à la procédure, mais je n'avais fait le lien avec la comédie de Racine jusqu'à ce jour.
Voilà donc un signe supplémentaire de la culture déployée par les maîtres d'oeuvre de la version Hachette, culture générale qui se retrouvera plus tard dans la nouvelle série du Journal de Mickey avec la célèbre série "Mickey à travers les siècles" !
Nombre de messages : 2523 Age : 62 Localisation : Lyon Date d'inscription : 13/07/2014
La suite de notre récit confirme la supposition de la page 139 : Mickey a bel et bien réussi à mettre son adversaire K.O. debout ! Mais il est vrai avec l'aide inattendue sue Butch alias Poussard dans une logique qui relève davantage d'une forme de tricherie que de l'application loyale des règles du noble art, et selon une méthode rocambolesque digne des dessins animés ! Mais qu'importe, Mickey a vaincu et reçoit le baiser de Minnie à laquelle il communique sa mousse à raser, pourtant ainsi en ultime gag et sa virilité et son joyeux humour !
Le récit embraye alors sur une nouvelle partie qui dans la version dont je dispose suit immédiatement sans aucune césure et prend le titre Haute société. Exit la boxe, il s'agit cette fois de l'avenir de Butch. Mickey se voit confier la tache de veiller à sa réhabilitation et sa réinsertion sociale. Notre ami devra donc faire de l'ancien membre de la bande de Ratino un citoyen modèle. C'est la première fois que Mickey reçoit de la police une mission officielle et assume une fonction d'éducateur dans laquelle il aura pour tache d'incarner aux yeux d'un individu marginal le rôle de guide et de référent, incarnant donc la norme et non plus la liberté fantaisiste sans contrainte qui le caractérisait jusque là. Certes Mickey était honnête, mais il ne revêtait pas de rôle pédagogique dans le domaine moral.
Cette fonction d'éducateur restera partie intégrante de son personnage. Par la suite, il sera en effet chargé de faire l'éducation de son ami Iga Biva dont la singularité d'homme du futur ou d'extra terrestre, selon les différentes versions successives de son origine, l'empêchent de s'intégrer à la vie sociale ordinaire de Mickeyville. De même, dans une aventure publiée au sein d'un des premiers numéros de Mickey Parade, Mickey prend sous son aile un ancien prisonnier libéré et le sauve d'ailleurs d'un complot destiné à le faire passer pour un voleur d'instruments de musique rares.
Nombre de messages : 39019 Age : 70 Localisation : Lausanne Date d'inscription : 03/03/2009
Dans mon album Dargaud, l'épisode que tu viens de commencer s'intitule Mickey et la photo. Je n'ai pas saisi d'emblée le sens de ce titre mais c'est de toute façon un récit assez court, qui n'a pas dû faire l'objet d'un album Hachette !
Le héros de cette historiette est donc Poussard (alias Butch), un brave bandit qui ne demande qu'à apprendre mais … il a de bien mauvaises habitudes (par exemple avec les dames). On retrouve ainsi dans de récit également une suite de gags ayant pour thème la difficile rééducation d'un gangster qui essaie pourtant de bien faire.
Nombre de messages : 2523 Age : 62 Localisation : Lyon Date d'inscription : 13/07/2014
Tu verras bientôt pourquoi cette photo ! Oui, la rééducation de Butch est à la fois amusante et émouvante. Dès que j'aurais retrouvé le numéro de Mickey Parade contenant une autre histoire de réhabilitation d'un ancien bagnard. Elle est assez déchirante.
Nombre de messages : 2523 Age : 62 Localisation : Lyon Date d'inscription : 13/07/2014
L'éducation de Butch se poursuit, non sans quiproquos tous plus amusants les uns que les autres, selon le principe des strips qui donnent un rythme certes un peu saccadé mais finalement assez plaisant à l'histoire en juxtaposant des séquences qui tout en participant d'un même ensemble donnent l'impression que manquent des raccords; Cette technique qui a quelque chose de cinématographique permet de vivifier l'histoire en la faisant rebondir de scènette inattendue en scènette inattendue, en contrebalançant ainsi le manque d'intrigue, ou plutôt en faisant de celui-ci l'occasion d'une intrigue à un autre niveau : celui d'une comédie de situations.
En l'occurrence, la partie la plus intéressante de ce "roman d'éducation" est celle dans laquelle, contre toute attente, Mickey et Butch pénètrent dans la haute société à l'occasion d'une réception mondaine donnée par Mrs Pouch de Hound-Sear (nom improbable qui associe la poche, le chien et la perquisition). Au préalable une première initiation aura eu lieu chez Minnie soudain affublée d'une domestique au comportement équivoque de Betty Boop féline. Ces deux éléments indiquent une inflexion dans le statut social des personnages qui sans devenir des membres de la haute société, accomplissent déjà une ascension sociale qui les fait passer de la ville à la campagne et devenir sensible aux hiérarchies sociales.
La confrontation de Butch, naïf prolétaire rural et ancien bandit, et de la haute société n'est pa sans faire penser aux Lumières de la ville de Charlie Chaplin où le héros, éternel vagabond devient, pour l'avoir sauvé du suicide, le compagnon de vie nocturne d'un milliardaire excentrique qui d'ailleurs ne le reconnaît plus le lendemain quand il a repris ses esprits. Deux mondes que tout sépare se rencontrent soudain et communiquent d'une façon comique en raisonnes malentendus que ne cesse d'engendrer leurs différences respectives et l'ignorance des codes de comportement mondain par le pauvre Butch, comme lorsque il marque d'un repère au pinceau la robe de son hôtesse. Mais il ne manque pas pour autant de bon sens lorsqu'il s'étonne que Mr Pouch de Hound-Sear qui a autant de domestiques qu'il se trouve de nécessités pratiques à accomplir ne dispose pas du'n laveur de vitres pour essuyer son monocle. La spontanéité de Butch finit par le rapprocher du gentleman avec qui il joue aux dés !
Nombre de messages : 39019 Age : 70 Localisation : Lausanne Date d'inscription : 03/03/2009
L'épisode aurait en fait pu se nommer "Mickey et Poussard", car le comportement à la fois malin et pataud de ce dernier est véritablement le moteur de l'intrigue, s'il y en a vraiment une.
Pour l'instant, Mickey essaie d'introduire l'ex-bandit dans la bonne société, et le scénariste se régale.
Et puis, soudain, voilà que sous un prétexte quelconque, on se met à photographier Mickey. Poussard voudrait figurer lui aussi sur la photo, et l'on comprend enfin de titre de l'histoire.
Certaines transitions sont parfois assez soudaines, et cela m'intéresserait de savoir si les traducteurs français n'ont pas tout de même sauté un ou deux strips ?
Nombre de messages : 39019 Age : 70 Localisation : Lausanne Date d'inscription : 03/03/2009
On devine dans cet épisode que le scénariste invente jour après jour son récit, sans plan préconçu. Ce n'est pas encore la grande époque de Floyd Gottfredson, qui ne viendra qu'à partir de 1935 et qui proposera des intrigues solidement charpentées, mais la lecture est néanmoins assez plaisante.
Et tout se termine assez abruptement, en amenant le courrier à la poste. Dès le strip suivant commence Mickey au Cirque, une autre histoire courte qui n'a pas été reprise en album Hachette.
En fait, l'album Hachette suivant est Mickey fait du camping ! Ne veux-tu pas que l'on continue avec cette histoire, si tu possèdes le livre bien sûr ?
Nombre de messages : 5183 Age : 74 Localisation : NÏMES Date d'inscription : 25/01/2018
mickey n°5 King Features Syndicate Winkler et librairie Hachette 1933 Marque déposée 272.575 Page 32 :Imp. Hachette, Paris 1933 réédité en 1949 (sans fusil sur la couv. !)
Nombre de messages : 2523 Age : 62 Localisation : Lyon Date d'inscription : 13/07/2014
Oui, bien sur cher Raymond, je pense qu'il vaudrait mieux passer à Mickey fait du camping une fois achevée la présentation de l'épisode actuel.
Du coup, un tout petit peu de patience cher 2J ! Il me reste à montrer la fin de Mickey boxeur dans la version originale ! Ensuite nous passerons en effet à Mickey fait du camping dont je possède l'album Hachette dans la version du haut, celle où sur al couverture on vois Mickey affolé devant sa tente, tenant en main un fusil face à la forêt et au soleil couchant.
Dernière édition par Draculea le Mer Juil 24 2019, 06:42, édité 1 fois
Nombre de messages : 2523 Age : 62 Localisation : Lyon Date d'inscription : 13/07/2014
Voici donc la fin dans la version originale traduite en français. L'épisode des photos avait été imaginé par Floyd Gottfredson dans le but de dynamiser le succès du strip. L'habile dessinateur avait conçu une photo peinte qui est la première carte de fan concernant Mickey, selon l'introduction de la version Glénat. L'auteur et son équipe n'imaginaient pas qu'aux sollicitations incluses dans la publication de cette séquence 20000 lecteurs allaient répondre pour demander leur photo dédicacée par notre héros et son ami Butch dont la contribution s'avère d'ailleurs amusante de maladresse.
C'est pourquoi Floyd Gottfredson a connu une seconde image montrant Mickey devant la montagne de courrier reçu !
Le récit s'oriente alors, comme le dit Raymond, vers un nouvel épisode qui sera consacré au monde du cirque, mais comme cela était mon intention initiale et selon la proposition de Raymond lui-même, nous passerons donc directement à la version Hachette de Mickey fait du camping qui est très belle et dont l'histoire est quant à elle vraiment palpitante. J'avoue que si j'aime beaucoup les strips en noir et blanc, ma préférence va sans réserve à la version Hachette dont la mis en couleurs selon le nuancier très particulier que nous connaissons est merveilleuse, sans parler du charme des récitatifs en bandeau inférieur d'image.
Notons simplement que le personnage de Butch est intéressant dans la mesure où il est aussi le premier exemple d'un compagnon d'aventures au quotidien dont la présence constante se prolonge, contrairement à Clarabelle et Dusabot que nous verrons tout au long de Mickey fait du camping, mais qui font plutôt partie de ce quo'n pourrait appeler le cercle des amis qui font parfois une apparition mais ne sont pas constamment présents, même s'ils peuvent redevenir importants selon les besoins de tel récit ponctuel : ainsi Clarabelle sera au centre d'un futur épisode intitulé Mickey sauve Clarabelle qui a été publié chez Hachette en janvier 1937.
Mais Butch, pour en revenir à lui, ne peut devenir un compagnon d'aventures permanent : il est tout de même un malfaiteur repenti et, quoique sympathique, il n'est pas vraiment du même monde que Mickey. Ce n'est que plus tard que notre héros trouvera un compagnon permanent en la personne de Goofy, alias Dingo qui allie la maladresse comique et une honnêteté sans faille à une fantaisie qui font de ce personnage un être lunaire d'une grande poésie.
Nombre de messages : 2523 Age : 62 Localisation : Lyon Date d'inscription : 13/07/2014
Entrons donc résolument dans la lecture de Mickey fait du camping ! La couverture et le frontispice articulent intelligemment les deux facettes de cette histoire : humour, surtout au début, et drame angoissant qui peu à peu prend lune importance décisive et fait tout le sel de cette histoire. Un peu de publicité est faîte au passage pour les dessins animés de la série "Silly symphonies" avec une jolie vignette représentant Mickey jouant du tambour. La liste des albums publiés par Hachette nous indique que Mickey fait du camping est placé en cinquième position. Ce n'est sans doute pas la première édition que nous voyons là puisque des épisodes ultérieurs sont mentionnés dans cette liste.
L'histoire peut maintenant commencer sur un projet de vacances qui est l'occasion d'un malentendu entre Bellecorne désireuse d'aller à la mer, et Dusabot qui préfère la montagne. C'est l'occasion d'un jeu de contradictions comiques illustrant bien les antagonismes qui règnent au sein des couples et provoquent de véritables drames sur des sujets pourtant anodins. Or, ce sont précisément ces sujets mineurs en apparence qui provoquent les mésententes conjugales les plus pernicieuses.
Des années cinquante jusqu'à sa mort en 2007, Paul Watzlawic, psychologue et psychothérapeute qui a fondé l'école de Palo Alto a développé une nouvelle approche psychologique des conflits interindividuels, dite approche "systémique". Il a dans ce cadre analysé les troubles de la communication dans les familles et les groupes et entre autres pratiqué sur cette base la thérapie conjugale.
Je me souviens que dans un de ses livres, il présente l'analyse du cas d'un jeune couple fâché au retour d'un voyage de noces à Venise, chacun accusant l'autre d'égoïsme, alors que le différent provient seulement d'une divergence des désirs de chacun et du sens qu'il donne à ce voyage. Cette théorie s'appliquerait tout à fait au cas de Bellecorne et Dusabot et nous verrons comment Mickey pour l'instant déconcerté par l'invitation de ses amis, contribuera à résoudre la difficulté par un habile moyen digne des méthodes thérapeutiques de Paul Watzlawick. Nous verrons cela demain !
Nombre de messages : 39019 Age : 70 Localisation : Lausanne Date d'inscription : 03/03/2009
Pour ma part, j'attends avec beaucoup d'intérêt de voir comment Draculea va faire le lien entre une banale "dispute de ménage" et la thérapie systémique.
Il faut préciser pour les non initiés qu'il existe plusieurs types de psychothérapie actuellement. Elles reposent sur des théories complètement différentes et coexistent parfois difficilement dans le monde compliqué des psychiatres. Il y a d'abord la psychothérapie d'inspiration analytique qui est bien connue (du genre *racontez-moi vos rêves") et qui repose sur les théories de Freud, il y a la thérapie cognitivo- comportementale qui repose sur des théories plus simples, et qui est volontiers utilisée par les psychologues, et il y a enfin la psychothérapie systémique que personne ne comprend vraiment bien, et qui est utilisée par des psychiatres un peu farfelus … mais parfois ça marche !
Mickey serait.il un thérapeute d'inspiration systémique ?
Bref ! Revenons à notre BD ! Il y a un problème de couple entre Horace (Dussabot) et Clarabelle. Ils semblent irréconciliables et Draculea n'a pas encore montré comment le conflit se résoudra. Je ne vais donc pas dévoiler le pot aux roses.
Sinon, par rapport à la classique comparaison entre album Hachette et intégrale Dargaud, c'est toujours pareil. Il manque environ une case par strip dans l'album Hachette, mais cela n'altère pas beaucoup la compréhension de l'histoire.
Nombre de messages : 2523 Age : 62 Localisation : Lyon Date d'inscription : 13/07/2014
Je préciserai en préambule que je ne suis quant à moi pas un adepte de l'approche systémique. Elle permet certes de réguler les groupes en conflit et peut avoir une certaine utilité conjugale ou professionnelle, mais je vois mal en quoi elle pourrait apporter des réponse satisfaisantes à la grande névrose ou à la psychose. En outre, son rapport à la norme abstraite par le souci qu'elle a de réguler le groupe plutôt que de prendre réellement en compte les individus en fait un instrument de manipulation très efficace bien intégré à certaines pratiques managériales. Pour ces différentes raisons, je suis loin de lui vouer un culte, même si les essais de Paul Watzlawick ne sont pas dénués d'intérêt. Pour finir ce paragraphe, je dirais que mon plus grand sujet d'étonnement est que cet homme initialement formé à l'institue Carl Gustav Jung, où il a dû apprendre l'importance de la vie symbolique et de la nécessité de traiter les individus pour les aider à réaliser un accomplissement intérieur complexe qui transcende ses liens sociaux et sans lequel il ne peut même bien adapté au milieu où il vit trouver plein épanouissement, ait pu verser dans cette sorte de psychologie utilitariste et justement destinée à adapter les individus à un environnement plutôt que les considérer en tant que tels. notamment me choque cette affirmation unilatérale et donc sans nuance : « Il n' y a pas d'individu malade en soi mais des systèmes sociaux et familiaux qui induisent des pathologies. » Cet absolutisme qui prétend tout expliquer par une loi est dangereux car il refuse : c'est une sorte de déni de l'humain au nom du collectif, qui me gêne infiniment, quoique Paul Watzlawick soit indéniablement un honnête homme qui a été prisonnier politique en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale, s'est évadé et mis au service des alliés.
Mais l'heure est venue de voir comment s'y prend Mickey ! C'est dans la version Glénat que nous trouverons cette scène car la version Hachette lui substitue une autre interprétation de ce qui permet de dénouer le conflit entre Dusabot et Bellecorne : les deux protagonistes finissent par déclarer sans qu'on ait assisté à la scène qu'ils se sont fait des concessions mutuelles et ont opté pour des vacances au bord d'un lac de montagne.
La version originelle, présentée par l'album Glénat est plus conforme à la réalité des conflits : si'l arrive que des époux engagés dans un conflit aussi violent même et surtout sur des sujets futiles arrivent spontanément à comprendre la nécessité de parvenir à un compromis, la chose est tout de même rare sans l'intervention d'un tiers qui les guide. Dans la version Hachette, Bellecorne et Dusabot sont beaucoup plus évolués sur le plan psychologique et stratégique que dans la version Glénat.
Dans celle-ci, Mickey qu'on voit tourner la tête en tout sens au rythme des arguments contradictoires finit par dédramatiser le conflit en se livrant à un suggestion paradoxale proche des méthodes par lesquelles un psychologue comme Paul Paul Watzlawick aurait dénoué l'affaire. Nous sommes en effet devant une double contrainte : l'opposition entre le choix mer et montagne conduit à une situation où il faudrait choisir les deux à la fois, ce qui n'est pas possible. Mickey va donc très habilement faire semblant de prendre le parti de Bellecrone en soulignant qu'il comprend qu'elle ait envie de mettre ses beaux costumes de bain, et qu'il faudrait donc aller au bord de l'eau sans dire laquelle, mais en substituant "au borde de l'eau" à "la mer", Mickey a déverrouillé l'antagonisme et Dusabot peut alors s'crier joyeusement : "Celle d'un lac de montagne !", le mot montagne étant imprimé en capitales. Ainsi tout le onde est satisfait grâce à un recadrage qui permet de contourner le dilemme au lieu d'y séjourner ou de privilégier un de copines de vue contre l'autre. On remarque que Mickey se contente de quelques mots et laisse Dusabot en tirer lui-même les conséquences, de sorte que le pas décisif n'est pas imposé par un ordre, mais adopté par un changement de lecture. Mais Mickey le fait sans théorie, ni aucune réflexion antérieure et ne se croit pas obligé de fonder une école de psychologie pour autant ! Il est donc beaucoup plus fort que Paul Watzlawick !
Cette situation dénouée, le départ en vacances peut donc avoir lieu et le trajet vers le lac de montagne sera l'occasion d'une merveilleuse série de péripéties dignes d'un dessin animé. Or un tel dessin animé existe précisément ! Il s'git de Mickey's trailer, datant de 1938, donc postérieur en fait à notre album. Le voyage de Mickey, Donald et Dingo vers un lieu de villégiature en montagne à bord d'une voiture tirant une caravane est l'occasion de tout un ensemble de situations toutes plus comiques est terrifiantes les unes que les autres ! Dans notre album, la caravane est remplacée par la niche de Pluto dont pn se doute que le transport ne sera pas sans poser problème. A ce la s'ajouteront toutes les péripéties rencontrées en route dont al première est le panache de vapeur qui, s'échappant du moteur, coiffe la voiture d'un faux brouillard empêchant de voir ! Mais ce n'est qu'un hors d'oeuvre comme nous le verrons demain en poursuivant notre route avec nos amis !
Nombre de messages : 39019 Age : 70 Localisation : Lausanne Date d'inscription : 03/03/2009
Eh bien, Draculea a tout expliqué. Mickey s'est transformé en un habile médiateur, et il a réussi de façon surprenante à convaincre Clarabelle d'aller à la montagne. J'imagine pour ma part assez volontiers (en voyant son clin d'œil à Horace) que Mickey n'était pas tout à fait neutre dans cette affaire, et qu'il préférait lui aussi la montagne. Il a bien raison, d'ailleurs car moi aussi je préfère la montagne.
Bon … vous avez déjà vu ces images, mais je vous les remontre quand même, en couleur.
Ceci dit, cette solution de médiation me fait davantage penser à la technique classique d'un psychologue (qui essaie de définir un consensus avec des mots) qu'à une intervention de psychiatrie systémique, dont la méthode est souvent bien plus paradoxale (par exemple en "prescrivant le symptôme") . Mais c'est un détail sans importance.
Je continue avec Clarabelle et Horace qui n'ont toutefois pas fini d'avoir des différents.
Et c'est le départ en vacances ! Je note que malgré les couleurs, certaines choses (par exemple les gags avec Pluto) sont moins bien compréhensibles à cause de la mauvaise qualité des images. On distingue mal certains détails et c'est encore une autre raison d'être en rogne contre cette fichue intégrale Dargaud.
Nombre de messages : 2523 Age : 62 Localisation : Lyon Date d'inscription : 13/07/2014
J'ai regardé de nouveau la case décisive de la négociation de Mickey : tu as raison de dire qu'il ne prescrit pas directement, il suggère ce qui est finalement beaucoup plus habile et relève après tout peut-être plus de la maïeutique ? En tout cas, Mickey est décidément plus fort que Paul Watzlawick : il laisse Dusabot dire lui-même ce que manifestement celui-ci découvre alors en un éclair comme le montre l'expression de son visage étonné. Mickey en effet lui adresse un clin d'oeil qui signifie peut-être bien que lui aussi préférait la montage, mais cela est moins évident car l'instant d'avant il était perdu entre les contradictions de ses deux amis. En tout cas il est ravi et moi aussi j'aurais opté pour la montagne ! Donc c'est décidé cher Raymond, rendez-vous là haut avec nos amis ! Mais prudence sur la route !
Car le trajet qui continue s'avère bien difficile ! Notamment pour le compagnon canin de nos voyageurs, PLuto qui en fait s'appelle ici Tom, j'avais oublié de le souligner hier. A plusieurs reprise il fait les frais de ce parcours quelque peu routier au sens propre du terme ! Le passage périlleux du tunnel creusé dan un sequoia m'a toujours enchanté dans mon enfance. Habilement le voyage ménage une brève apparition de bohémienne en train de laver du linge, préparant ainsi le drame futur tout en indiquant ainsi que la région où s'enfoncent nos amis est sauvage au point que seuls des bohémiens y vivent. Dans l'imaginaire collectif d'origine européenne, les bohémiens sont en effet traditionnellement associés à la sauvagerie de lieux désolés éloignés des villes. C'est par exemple le cas dans le célèbre Dracula de Bram Stoker où des bohémiens constituent l'essentiel de la population du village le plus proche du château du comte. Cette vision hante les esprits de manière récurrente et alimente de nombreux romans populaires. Il serait intéressant de voir combien de bandes dessinées la reprennent. La BD-thèque consacre un article à ce sujet, mais le ne recense que des albums contemporains où le mythe est négatif est justement mis en question :
Le premier à avoir contesté cette vision traditionnelle est sans nul doute Hergé dans Les bijoux de la Castafiore en 1963 !
C'est en tout cas dans cette atmosphère qu'a lieu l'arrivée et d'emblée, même si pur l'instant nous restons dans le mode comique, le décor est quelque peu lugubre... Ces dames trahissent les faiblesses propres aux femmes..... selon l'imaginaire masculin de l'époque qui voit en elles des maladroites et des créatures sans défense devant un "brave insecte qui a l'air d'avoir une peur affreuse et se sauve à toute vitesse", selon la légende de la dernière case de la page 9.
Nous sommes encore loin de l'époque où, dans Le journal de Mickey puis Mickey Parade, Minnie commencera de renverser ce rapport en donnant parfois à Mickey des leçons de savoir vivre et même de culture comme dans Traits très abstraits, paru en 1977 dans le numéro 1279 du Journal de Mickey, où elle entraîne au musée un Mickey mal dégourdi sur le plan esthétique car plus que réticent devant l'art moderne. Minnie se montrera souvent capable de colère envers Mickey, prouvant ainsi qu'elle n'est plus la pauvre petite souris sans défense qui attendait en sanglotant son sauveur. Reste que dans son indépendance, Minnie aura quelquefois des comportements de "précieuse ridicule" capable de caprice, redevenant alors une caricature de femme selon les préjugés des hommes.
A l'époque de Mickey fait du camping, Minnie n'est qu'une ingénue passive sans cesse guettée par des dangers dont son éternel fiancé doit la sauver au péril de sa vie; Elle est cependant sympathique et affectueuse, étant dépouillée de tout snobisme, ce qui n'est pas le cas de Clarabelle dont les défauts "typiquement féminins" (je parle bien entendu dans la langue des préjugés masculins d'alors) créent un contrepoint dont le récit tire quelque scènes amusantes.
Message [Page 7 sur 8]
Accueil
