[Images Innées] a écrit:JYB a écrit:Ce n'est pas un argument. D'une part, il me semble que Bergèse, justement, a réussi à trouver des sujets assez variés. D'autre part, le choix du sujet n'est pas le souci principal dans une BD (reprise ou non) ; c'est certes un souci, mais la variété des séries d'aviation concurrentes, et l'actualité internationale, prouvent qu'il y a toujours moyen de trouver des thèmes et des histoires ; en fait, c'est le talent narrateur du scénariste qui prime davantage pour "accrocher" le lecteur (dans la mise en scène BD, les dialogues, le découpage, j'y ajoute la plausibilité et/ou le réalisme des situations dans le cas d'une série d'aventures réalistes...).[Images Innées] a écrit:et puis une reprise d'une série qui a une 20aine d'albums à son actif laisse beaucoup plus de pistes à envisager qu'une série qui a plus de 40 albums à son actif, autre paramètre à prendre en compte...
Pas un argument !!! ben mince alors, je pense que le scénariste qui reprend une série qui n'a qu'une dizaine d'albums passés aura devant lui beaucoup plus de possibilités que celui qui reprend une série qui a 50 albums passés... là il ne faut pas prendre cet argument en focalisant sur l'aéronautique mais dans la généralité de reprises... à titre d'exemple, si un type doit reprendre derrière Cauvin les "Tuniques Bleues", il aura du mal à trouver de nouvelles bases historiques sur la guerre de Sécession que n'aura pas déjà utilisé Cauvin (la plupart des albums font référence à un fait historique de cette guerre)... plus simple de reprendre les Tuniques Bleues après 10/15 albums qu'après 55 sur un tel thème...
Je trouve l'argument intéressant... Et le problème ne se pose pas seulement pour les reprises... J'ai parfois l'impression, pour certaines séries, que les auteurs ont "fait le tour de la question"... et que l'on commence à "tourner un peu en rond"... Une série a un certain potentiel (contenu dans ce que l'on appelé ici son "ADN"), et ce potentiel n'est pas toujours illimité... Il y a un moment où on sent des signes d'essoufflement... Un moment où la série n'est plus en phase avec son époque, où elle est "dépassée"... Elle est alors supplantée par de nouveaux héros, par de nouveaux concepts...
Un moyen d'échapper à ce processus de sénescence, c'est de procéder une "rédéfinition" du personnage et de la série. C'est une opération délicate, puisqu'il faut modifier l'"ADN" suffisamment que pour moderniser la série, mais "pas trop", sans quoi on ne reconnait plus le personnage ! Ce genre d'opération a été effectuées plusieurs fois avec succès sur Batman (et sur d'autres personnages de comics), ce qui il explique comment il est "resté dans le coup" pendant plus de 70 ans... Le "Year One" de Miller et Mazzucchelli est un exemple de "rédifinition" particulièrement brillante de Batman et de son univers.
A remarquer que Jacques Martin a fait cela sur Lefranc au moment de la reprise avec Chaillet (Rappelons que Jacques Martin effectuait des crayonnées très poussés pour Chaillet et que les couvertures et les cul-de-lampe des albums étaient toujours de Jacques Martin jusqu'à La Cible".) A partir des "Portes de l'Enfer", Lefranc paraît plus de 10 ans plus jeunes que dans les albums précédents, il porte des cheveux longs et (transitoirement) des pantalons "pattes d'éléphants", il affiche un air plus détendu, plus "cool"...
Dans le cas d'une série contemporaine, comme Bob Morane, ou des séries d'aviations, l'auteur peut faire évoluer insensiblement la série d'épisode en épisode... Si Jacques Martin l'a fait d'un coup, c'est probablement parce que c'était suite à une longue interruption. Quand je parle d'évolution, il ne s'agit pas seulement de l'apparence physique ou vestimentaire des personnages, ou de suivre l'actualité technologique, mais également de tout le contexte sociologique...
Pour en revenir à la question du nombre d'albums déjà parus dans une série que l'on reprend, je peux dire que, alors que j'ai toujours eu une préférence pour Alix en tant que lecteur, j'ai préféré reprendre la série Lefranc, car j'estime qu'il y avait beaucoup plus de choses qui restaient à faire sur cette série. J'ai facilement trouvé de quoi écrire dix synopsis pour Lefranc dans les années '50 et j'ai dû chercher plus pour écrire trois histoires d'Alix...