Damned a écrit: il faudra que tu m'expliques, à moi, dessinateur de voitures bien avant l'aviation, en quoi tu trouves des différences de style qui ne sont que des différences de style de design qui n'appartient en rien à Jacques Martin, mais qui ne peut qu'influer sur sa manière de les dessiner.
Les voitures ne sont pas dessinées de la même façon. L'encrage et les traits ne sont pas les mêmes d'un album à l'autre (plus purs et plus fins dans La Grande menace), et ça, n'importe qui, même toi, peut le voir. Dans L'Ouragan de feu, les encrages sont faits de pleins et de déliés, avec des traits qui, sur leur longueur, peuvent grossir ou s'affiner, ce qui n'était pas du tout le cas précédemment. Ceci concerne l'ensemble des dessins de véhicules de la main de Martin dans les deux albums que nous citons et que je connais : L'Ouragan de feu et La Grande menace (ne parlons pas de ce que Leloup a dessiné de son côté).
La façon d'intégrer les véhicules dans les dessins est différente aussi. Dans L'Ouragan de feu, si tu regardes bien, les voitures (faites, donc, par Jacques Martin) sont "détachées" du décor ambiant ; les traits de ce décor ne viennent pas "à toucher" le pourtour des carrosseries ; alors que dans les deux précédents albums cités (du moins, dans La Grande menace que j'ai chez moi), les traits du décor viennent toucher les carrosseries. Dans l'Ouragan, c'est peut-être une volonté de Jacques Martin de montrer la vitesse des voitures car ça donne une sorte de flou autour d'elles (sur un demi-millimètre à peine), un peu comme sur une photo d'une voiture qui roule, le décor en arrière-plan est flou ; mais cette explication ne tient pas car dans une scène statique avec voitures à l'arrêt, il y a aussi ce fin "vide" autour des voitures (par exemple page 11 de L'ouragan de feu, dans la station à essence Oto). Ca ne saute pas aux yeux car c'est ténu, et la couleur vient boucher les espaces vides, si je peux dire.
C'est peut-être aussi une volonté de la part de J Martin de donner (un peu artificiellement) du relief à ses voitures par rapport aux décors ?
Cet aspect "détaché" des véhicules se voit aussi (enfin, moi je le vois, du moins je le ressens) quand parfois - ce n'est pas systématique - des personnages sont accolés, appuyés contre une carrosserie. Ils n'ont pas l'air vraiment ni physiquement "contre" les véhicules. Peut-être parce que Jacques Martin crée inconsciemment un hiatus entre un être humain fait de chair, et un tas de tôles que sont une voiture ou un camion, et qu'il rend ce hiatus par le dessin (hypothèse perso).
C'est cet aspect "détaché" des voitures par rapport aux décors qui me faisait penser que J. Martin n'avait pas dessiné lui-même les véhicules, ce en quoi j'avais tort car j'ai mal analysé le truc : en fait une partie des décors a été faite par Leloup, et c'est la différence dans les multiples sujets et plans (voitures/personnages/décors) que j'ai ressentie et qui m'ont fait dire que tout n'avait pas été fait par Jacques Martin (ce en quoi, là, j'ai eu raison...).
Damned a écrit:Pour ce qui est de la connaissance encyclopédique de la BD que je t'accorde, mon opinion repose sur les nombreuses séries dont nous avons parlé et sur les auteurs desquelles tu m'as appris tellement de choses ...
Tu es un spécialiste de l'oeuvre de Charlier, mais tes connaissances vont, quand même, bien au delà de ce seul maître en la matière...
Je maintiens que je n'y connais pas grand chose en dehors de Charlier ; on le voit bien à la rubrique L'Image mystère, où je sèche lamentablement.... La culture, c'est comme la confiture : quand on n'a pas assez, on étale bien sur la tartine et ça fait illusion...