Eh bien, je vois que la discussion a bien avancé !
D'abord une mise au point sur une question qui a été posée à propos de l'avion Storch. Il y a une controverse à propose du modèle d'avion utilisé par les personnages, et on se demande si cette partie du débat est bien à sa place ? André Taymans semble avoir donné une réponse sur le modèle d'avion en montrant une photo. Je ne suis pas un spécialiste de la question et il y aura peut être des répliques. Cette question est cependant un détail et j'espère que les critiques de l'album ne vont pas se focaliser là-dessus. Il faut sinon admettre qu'elle garde un lien logique avec l'album, et je ne vais pas déplacer cette partie du débat dans un autre sujet.
Il y a ensuite la question de la réalité historique de cette histoire. A ce sujet, je partage l'avis de Michel Jacquemart. Je suis convaincu que la recherche de la plus grande vraisemblance possible est une des caractéristiques de la série Lefranc. C'est cela qui fait son charme, mais cette contrainte met bien sûr les auteurs à la merci des "pinailleurs". Toutefois, la contestation de certains détails techniques ne remet pas en cause (à mon avis) les qualités d'une BD. Après tout, les pinailleurs ont retrouvés des erreurs grossières dans la plupart des grandes BD classiques (Blueberry en est un fameux exemple) et ceci n'a jamais diminué l'intérêt de ces oeuvres.
Ceci dit, il faudrait recentrer la discussion sur l'intrigue principale du livre, quelque soient ses qualités et ses défauts. Pour discuter valablement du
Châtiment, il faut à mon avis en aborder le thème principal qui est le monde d'Hollywood. Cette aventure raconte surtout la pénible expérience de Lefranc dans un monde d'acteurs, de magnats du cinéma et de journalistes qui ne pensent qu'à faire carrière à tout prix. Le héros découvre un monde de bassesses, de tromperie ou de trahisons, et cette curieuse image finale (la statuette qui se brise) porte un message bien précis. Il faudrait peut être parler de cet aspect du livre, plutôt que de l'avion.
Une autre question qui a été évoquée est celle du "style Jacques Martin". Dans les albums actuels que l'on décrit habituellement comme du "Lefranc années 50", le style graphique de référence est bien entendu la
Grande Menace. Cet album est loin de représenter le véritable style de Jacques Martin, car il se place à un moment particulier pendant lequel l'auteur devait se conformer à un style "ligne claire". Le véritable style de Jacques Martin se retrouve plutôt dans le
Mystère Borg. Toutefois, comme les "Lefranc des années 50" font suite à la
Grande Menace, l'utilisation d'un style "ligne claire" reste une option judicieuse, qui joue sur la continuité d'un style. Il me semble que peu de lecteurs l'ont remise en question jusqu'à ce jour.