Couvertures d'albums

Ces deux couvertures "noires" sont très efficaces : elles donnent immédiatement l'envie d'ouvrir l'album.

...Toujours à repasser en revue ma bibliothèque (de poche) de BD, j'ai réalisé, en repensant au dyptique de Servais qu'avait montré jfty au début de cette discussion,  que Jacques Martin avait lui aussi dessiné deux couvertures en miroir (déformant) avec les chefs-d'oeuvre de ses deux séries phares, Les légions perdues et L'ouragan de feu...

jfty a écrit:Pour ma part, ce sera les deux couvertures de J.C Servais, déesse blanche , déesse noire

Accolées, elles donnent une superbe image :

2J a écrit:J'ai un certain faible pour celle-ci :

la couverture est très bien construite avec trois plans: Valhardi et son comparse dans le cimetière, le château puis la lune. La fenêtre éclairée fait écho à la lune, d'autant plus que le découpage par les menuiseries et par les nuages induisent le même morcellement. Le manteau de Valhardi suggère un mouvement, comme s'il venait de se retourner, hypothèse que confirme la position de son comparse et les yeux de ce dernier. Manifestement, un bruit ou une silhouette ont attiré leur attention. Et la présence de la croix et donc du cimetière sous-jacent induisent de sombres pressentiments.
La couleur du château et la lune situent l'action en pleine nuit. Minuit l'heure du crime ? Ou celle des morts-vivants ? Ou encore celle du loup-garou car c'est une nuit de pleine lune .
Notons enfin un usage très intelligent des couleurs : le mariage du fond bleu avec le château est très réussi et constitue un magnifique écrin à Valhardi.

J'ai découverte cette BD par le biais du site de Marc Guislain : www.bdcouvertes.be et sa liste des 100 BD indispensables franco-belgehttps://marcguislain.wixsite.com/top100bd/top-100 qui me semble très équilibrée. J'ai donc écumé les librairies parisiennes (d'habitude, je préfère les boutiques de mode , mais je n'avais pas le choix).
Je fut très contente de trouver l'EO dans la mythique librairie Rackam, à l'époque tenue par Maurice Forest, où tout n'était que luxe, calme et volupté (https://www.poetica.fr/poeme-447/charles-baudelaire-invitation-au-voyage/). L'ouvrage y trônait pour un prix fort élevé (100 €). Mais bon, bah, les caprices féminins... Je l'ai acheté.
Malheureusement, je n'ai pas été séduite. Je trouve que la BD manque de souffle. De plus, elle a mal vieilli. Malheureusement, Charlier et Paape n'ont pas réussi à reproduire le tour de force d'Hergé qui a su rendre intemporelles ses bandes dessinées.
Du coup, manque de place chronique oblige, le livre a été revendu, bien évidemment à un prix moins élevé. cela fait chère la carte de bibliothèque  !

Eléanore

2J a écrit:

Raymond a écrit:Non non, non non ... je ne parlerais pas d'E. P. Jacobs. Mais je vais choisir un autre géant de la bande dessinée, et tiens ... pourquoi pas Morris ?  

Ce dessinateur pouvait être un virtuose, mais il avait surtout le don de choisir des solutions simples. Les images qu'il dessinait avaient en conséquence la force de l'évidence. Hergé et Franquin (ce qui veut dire les plus grands) admiraient d'ailleurs tous deux le travail de Morris, et confessaient humblement qu'il était inimitable.

Toutes ces qualités (virtuosité, simplicité, évidence) apparaissent très bien dans la célèbre couverture de Lucky Luke et Phil Defer, un album qui est par ailleurs une toute bonne histoire.



Le cadrage spectaculaire de "Phil Defer" (qui sera volontiers utilisé plus tard dans les "spaghetti western") aurait pu être "kitsch", mais Morris lui donne plutôt une forte tension dramatique. Lucky Luke parait très concentré, et les vautours qui se posent sur les toits annoncent sans discussion une probable issue fatale. Dans l'album, Phil Defer tombe effectivement percé d'une balle tirée par Lucky Luke et ... meurt-il, à votre avis ? Pour ma part, je pense que oui.  

Bref ! Cette couverture est un magnifique concentré du récit de l'album et ... c'est tout simplement un chef d'oeuvre.