eleanore-clo a écrit:Bonsoir
Je soir, je souhaite vous parler de Gare aux gaffes du gars gonflé.
L’œuvre est une compilation de deux mini albums : Gare aux gaffes et Les gaffes d'un gars gonflé. Franquin et Jidéhem imaginent une couverture spécifique pour ce recueil. Six années séparent les trois couvertures et les cheveux de Gaston se rallongent ! Le titre est obtenu par concaténation des titres des mini-albums. Et le résultat est comique car jouant sur la répétition du phonème gue, ce qui rappelle irrésistiblement des phrases célèbres comme les chaussettes de l'archiduchesse sont-elles sèches ou archisèches, ou encore trois gros rats gris dans trois gros trous très grands.
J’adore cette image car elle rassemble beaucoup d'éléments du mythe Gaston.
Fantasio est en haut de l'escalier. Il porte une belle chemise blanche, comme il sied à un col-blanc. Son visage dénote une vive surprise, au point qu'il se cramponne à la balustrade.
Sur l'escalier, une petite souris s'interroge elle-aussi. Franquin et Jidéhem introduisent là un élément du bestiaire fabuleux de Gaston. Peut être est-ce Cheese ? Quoiqu’il en soit le chat et la mouette ne sont plus très loins.
Gaston occupe le cœur de la couverture. Il teste une de ses inventions, le char à rampe d'escalier (copyright Eléanore).
Comme à chaque essai d'un nouvel engin, Gaston est confiant et sourit. En fait, le jeune homme a toujours confiance en lui même et il ne doute jamais, c'est une constante de sa personnalité. Les échecs ne laissent aucune trace. Il me semble y voir là une grande leçon de vie. Bien évidemment, Gaston résonne toujours à court terme et ne voit jamais le problème dans sa globalité. Peut être que beaucoup de nos concitoyens pourraient se reconnaitre dans cette posture !
Et le lecteur anticipe les futurs ennuis du premier virage. Le comique nait de ce décalage entre la perception de l'inventeur et celle des gens censés, Fantasio au premier chef, mais aussi le lecteur. On se moque de Gaston car on imagine déjà la catastrophe. Et c'est là que le sourire de Gaston est indispensable. Tout autre mimique déclencherait une inquiétude (va-t-il se faire mal ?), ou de la compassion (face à l'échec de l'invention). A contrario, Franquin nous pousse à adopter une attitude bien peu charitable, car il nous pousse à rire malheur de l'autre.
L'invention est parfaitement pensée car les deux roues latérales assurent la stabilité du char ! En fait, les inventions de Lagaffe fonctionnent toujours... sauf que les résultats ne sont jamais ceux escomptés ! Le comique nait aussi de ce décalage. Du coup, le lecteur ne peut qu'être admiratif devant l'ingéniosité de Gaston.
Finalement, Franquin est un fin psychologue. Il suscite en nous toute une gamme de sentiments à partir d'un simple dessin.
Côté graphique, les mouvements et la dynamique sont parfaits, comme dans toute l’œuvre de Franquin. Des traits secs, nerveux, rendent la rotation des roues, cependant que la vitesse du char est suggérée par les petits nuages. D'autres traits couronnent la tête de Fantasio pour représenter la surprise du rédacteur en chef. La porte ouverte au sommet de la cage, l'augmentation de la hauteur des marches et les tailles respectives de Fantasio et Gaston font naitre la perspective. Du coup, le lecteur perçoit la pente vertigineuse de l'escalier.
A contrario, les couleurs laissent à désirer. Si le bleu de la cage d'escalier fait penser au ciel, on peut s'interroger sur la couleur de la moquette, bien trop criarde et détonante pour un éditeur aussi sérieux que Dupuis !![]()
![]()
J'adore cette couverture. Derrière un dessin apparemment simple se cachent des trésors d'imagination et une analyse psychologique très fouillée.
Bonne soirée
Eléanore
Oui ! Franquin avait un "métier" extraordinaire, et c'était aussi un grand travailleur. Cela me fait penser à une autre de ses couvertures qui mérite aussi d'être présentée ici, mais il va falloir que je trouve le temps.
Ce sera pour très bientôt.
