Ric Hochet par Van Liemt et Zidrou

Je n'avais pas lu Ric Hochet depuis les années 1970 ! Lectures de vacances à une époque où comme tout enfant je dévorais les albums qui me tombaient sous la main, sans vraiment prendre garde au travail de détail du dessinateur. Je dois ici, comme on dit dans Tintin, "une fière chandelle" à Raymond, car si j'avais aperçu le nouvel album ces derniers temps sur les piles des nouveautés, l'idée ne me serait pas venue de le découvrir si je n'avais lu ici même ce qu'il en dit. A quoi se sont ajoutés les éloges de l'auteur du blog Epistol'Arts, qui lui aussi, quoique puriste ainsi qu'il le dit exprime une opinion très favorable au sujet des quatorze premières pages découvertes dans L'Immanquable. Voici d'ailleurs le lien vers son article :

http://epistolarts.blogspot.fr/2015/03/rip-ric-renaissance-ou-enterrement-de.html

Ces jugements m'ayant convaincu de revenir au "cas" Ric Hochet, j'ai commencé tout d'abord par me procurer deux tomes de l'intégrale, le 7 et le 20 et dernier, afin de me replonger dans l'univers des auteurs originaux.
Puis je suis passé à l'album de Van Liemt et Zidrou. Et là, je dois dire que l'ai été vraiment saisi dès a première planche nocturne d'un Paris énigmatique où la narration commence par une confidence au présent, celle d'une haine et d'une volonté de s'insinuer dans l'identité d'un autre, donc une forme de fascination entre le double et son modèle, avec ces cases magnifiques qui témoignent de la part du dessinateur et du coloriste d'un art consommé de la mise en page et de l'évocation lumineuse. Curieusement, ce début m'a fait songer à certaines atmosphères de romans de Patrick Modiano dans lesquels des personnages à l'identité incertaine déambulent la nuit dans Paris ou des appartements dont l'occupant supposé est absent et dont on ne sait s'il reviendra. La suite du récit m'a enchanté, comme le traitement graphique et cette légère distanciation ironique.

Que le trait, tout en rejoignant quelque peu sur certains points celui que pratiquait Tibet dans les années soixante, s'en éloigne cependant et assume une personnalité différente, ne m'a pas gêné alors qu'en règle générale, je suis très hésitant sur ce type de question. Mais là non, curieusement, et c'est exactement ce qu'a aussi éprouvé je crois Raymond, cette différence ne dérange pas car le dessin est parfaitement adapté à son projet et quelque part le dessinateur assume en quelque sorte le jeu de son anti héros à l'échelle de son propre travail en proposant une nouvelle incarnation de Ric qui fonctionne. Peut-être aussi parce que le style de la série, tout étant en partie réaliste, ne l'est pas au même degré que d'autres créations de la bande dessinée franco-belge ? Je ne sais pas. Mais ce nouvel opus est tout à fait réussi de mon point de vue.
Je termine ce petit article par une surprise extraite de L'Ennemi à travers les siècles. Il s'agit de la seconde case de la planche trois. Reconnaisse-vous les deux passants qui marchent à l'arrière-plan ? Bel hommage de Tibet !

Je suis heureusement surpris d'apprendre cette prochaine parution car je craignais que le premier tome de cette reprise, R.I.P. Ric, n'ait pas de suite. J'avais en effet entendu dire que le succès avait été mitigé, mais eut-être cette information était-elle erronée ?
Pour ce qui concerne cette couverture, on a l'impression que la jeune fille - qui m'évoque à la fois un chaperon rouge et une sorte de fantômette devenues jeunes femme - impose ce baiser à Ric en se jetant à son cou, plus qu'il ne l'accorde. On a d'ailleurs l'impression qu'il a le bras en écharpe.
Voyant la neige de ce décor, je me réjouis de penser que nous aurons un Ric hivernal, avec je l'espère de nombreux décors en blanc ! Je suis en effet très amateur des albums de neige d'une façon générale.