Cette critique de Planète BD est tout à fait correcte.
Pour ma part, je n'ai pas été lire dans le Centaur Club ce qui se raconte de cet album. J'ai préféré découvrir cette BD sans parti pris.
Ma première impression, après l'avoir lu en entier, c'est que le
Bâton de Plutarque ne mérite ni éloges dithyrambiques, ni critiques assassines. Ce récit de guerre (celle de 39-45) ne contient pas de vrai suspense, c'est vrai, et il m'est apparu un peu lent. L'intrigue n'a en fait pas d'autre intérêt que celui d'un "prequel", qui veut rendre hommage à une oeuvre classique. Cela manque de nerf, mais le scénariste éveille une certaine curiosité, grâce aux efforts qu'il fait pour prolonger l'univers de Jacobs. Yves Sente joue par exemple avec divers personnages secondaires, en essayant de leur donner une histoire, et le lecteur découvre avec un certain amusement une sorte de "who's who" du monde "jacobsien". Ce plaisir est mineur, bien sûr, mais il n'est pas inexistant.
Quant à Juillard, il "jacobinise" son trait, comme d'habitude, et semble de plus en plus à l'aise avec les personnages. On ne peut lui faire aucun reproche.
Admettons-le ! Cette lecture ne m'a pas vraiment passionné, mais elle ne m'a pas ennuyé non plus. Elle donne tout de même envie de se replonger dans certains albums de Jacobs, pour vérifier certain détails.
Et puis, cette BD nous refait discuter du monde d'EPJ.
Il parait que les membres du Centaur club ont découvert de nombreuses invraisemblances dans cet album, mais ... il y en avait déjà beaucoup dans le
Secret de l'Espadon. Ce premier récit de Jacobs est en fait peu réaliste, et celui de Sente pouvait donc difficilement l'être davantage.
Le problème, c'est qu'il est impossible de "refaire du Jacobs", car ce dernier avait son univers propre. On peut imiter son style, son dessin, ou ses récitatifs, mais pas un successeur ne pourra, je pense, recréer cet envoûtement que l'on ressent en lisant
la Marque Jaune, ou
l'Enigme de l'Atlantide. Il faut admettre cela, mais cela n'implique pas de tomber dans le dénigrement systématique. Les albums de Jacobs sont des chefs d'oeuvre, soit, mais cela ne m'empêchera pour autant d'apprécier ces nouveaux "Blake et Mortimer" qui essaient de prolonger son univers, pour le plaisir.