J'avais fait paraitre cette petite étude psychologique sur le forum Marque Jaune, récemment disparu. Comme elle avait eu beaucoup de succès, je ne peux résister au plaisir de vous la servir. Et puis, cela augmentera mon prestige sur le forum !
Pour ceux qui l'ignorent encore, Olrik est l'un des trois personnages clés de la célèbre série Blake et Mortimer, par Edgar Jacobs. Il m'a toujours fasciné. On peut le rapprocher toutes proportions gardées d'Arbacès (série Alix) et Borg (série Lefranc). Faites-moi part en tout cas de vos remarques…
Pour ceux qui l'ignorent encore, Olrik est l'un des trois personnages clés de la célèbre série Blake et Mortimer, par Edgar Jacobs. Il m'a toujours fasciné. On peut le rapprocher toutes proportions gardées d'Arbacès (série Alix) et Borg (série Lefranc). Faites-moi part en tout cas de vos remarques…
OLRIK TEL QUE JE LE VOIS – UNE PETITE ÉTUDE PSYCHOLOGIQUE
Pour moi, Olrik est un électron libre, un individualiste marginal, quasiment un anarchiste. Il n'éprouve aucune empathie pour ses semblables, ne s'identifie pas du tout aux autres. Olrik ne commettra donc pas des actes gratuits et désintéressés. Il ne fera pas le bien pour le bien, ne pouvant s'identifier à ceux qu'il aiderait. Mais il ne fera pas non plus le mal pour le mal. La satisfaction du bourreau est en effet de s'imaginer à la place de sa victime, pour éprouver les souffrances qu'il lui inflige (relation sado-masochiste). Mais Olrik est justement incapable de cette empathie. Il n'est donc ni altruiste ni sadique, ni moral ni immoral, mais amoral. La moralité ou l'immoralité suppose en effet qu'on appartienne psychologiquement à la société, mais ce n'est justement pas le cas d'Olrik. Il n'est donc pas concerné par ces notions. La société n'a pour lui qu'une signification purement utilitaire : c'est un terrain de chasse !
Avec cette mentalité, Olrik ne peut supporter bien sûr de se trouver dans une position subordonnée. Pourquoi les subordonnés acceptent-ils en effet leur sort ? Parce qu'ils s'identifient plus ou moins à leurs supérieurs hiérarchiques, comme les enfants à leurs parents. Mais Olrik est précisément incapable de cette empathie. Il rejoindra donc systématiquement des organisations qui contestent comme lui l'ordre établi, que ce soit l'empire de Basam Damdu à la conquête du monde (Le Secret de l'Espadon) ou un simple gang (L'Affaire du Collier). En l'absence complète d'identification à ses semblables (sentiment communautaire), Olrik ne connaît plus en effet que les rapports d'infériorité/supériorité. Il se sent en état d'infériorité par rapport à la société, veut donc acquérir la supériorité sur elle. Tout cela a été bien décrit par Alfred Adler, un psychanalyste dissident en rupture avec Freud.
Vivant dans un pays soumis à l'occupation nazie, Olrik pourrait par exemple très bien rejoindre une organisation de résistance. Mais sans conviction, seulement pour contester l'ordre établi. S'il trouvait la discipline trop étouffante dans cette organisation, il ne tarderait bien sûr pas à la trahir. De même, il laisse tomber sans aucun scrupule tous ses comparses du moment, ainsi dans L'Affaire du Collier. Dans Le Secret de l'Espadon (tome 2, page 31), il n'hésite pas à proposer son aide à Mortimer lorsqu'il ne supporte plus de se trouver dans une position subordonnée (ici par rapport à Basam Damdu).
Quel est alors le but fondamental d'Olrik, sa ligne directrice pour Adler ? Ce n'est pas la trahison pour la trahison, ni même le pouvoir en soi. Olrik veut être libre, n'obéir qu'à lui-même, n'avoir aucun compte à rendre. C'est un aventurier, accessoirement seulement un mercenaire. Si Olrik devenait maître du monde, il ne serait plus que le serviteur du nouvel ordre établi par lui-même : une position subordonnée. Olrik choisirait alors très vite de retourner à l'aventure, à nouveau pour gagner sa liberté... Olrik, c'est le fou du roi !
Tout le monde voulant être libre et ne dépendre que de soi, on comprend alors mieux pourquoi beaucoup s'identifient à Olrik plus qu'à Blake ou Mortimer. Ceux-ci ne sont finalement que les serviteurs de l'ordre établi, dans une position subordonnée donc. Et si Olrik gagnait la plupart du temps, l'identification serait alors totale !
Avec cette mentalité, Olrik ne peut supporter bien sûr de se trouver dans une position subordonnée. Pourquoi les subordonnés acceptent-ils en effet leur sort ? Parce qu'ils s'identifient plus ou moins à leurs supérieurs hiérarchiques, comme les enfants à leurs parents. Mais Olrik est précisément incapable de cette empathie. Il rejoindra donc systématiquement des organisations qui contestent comme lui l'ordre établi, que ce soit l'empire de Basam Damdu à la conquête du monde (Le Secret de l'Espadon) ou un simple gang (L'Affaire du Collier). En l'absence complète d'identification à ses semblables (sentiment communautaire), Olrik ne connaît plus en effet que les rapports d'infériorité/supériorité. Il se sent en état d'infériorité par rapport à la société, veut donc acquérir la supériorité sur elle. Tout cela a été bien décrit par Alfred Adler, un psychanalyste dissident en rupture avec Freud.
Vivant dans un pays soumis à l'occupation nazie, Olrik pourrait par exemple très bien rejoindre une organisation de résistance. Mais sans conviction, seulement pour contester l'ordre établi. S'il trouvait la discipline trop étouffante dans cette organisation, il ne tarderait bien sûr pas à la trahir. De même, il laisse tomber sans aucun scrupule tous ses comparses du moment, ainsi dans L'Affaire du Collier. Dans Le Secret de l'Espadon (tome 2, page 31), il n'hésite pas à proposer son aide à Mortimer lorsqu'il ne supporte plus de se trouver dans une position subordonnée (ici par rapport à Basam Damdu).
Quel est alors le but fondamental d'Olrik, sa ligne directrice pour Adler ? Ce n'est pas la trahison pour la trahison, ni même le pouvoir en soi. Olrik veut être libre, n'obéir qu'à lui-même, n'avoir aucun compte à rendre. C'est un aventurier, accessoirement seulement un mercenaire. Si Olrik devenait maître du monde, il ne serait plus que le serviteur du nouvel ordre établi par lui-même : une position subordonnée. Olrik choisirait alors très vite de retourner à l'aventure, à nouveau pour gagner sa liberté... Olrik, c'est le fou du roi !
Tout le monde voulant être libre et ne dépendre que de soi, on comprend alors mieux pourquoi beaucoup s'identifient à Olrik plus qu'à Blake ou Mortimer. Ceux-ci ne sont finalement que les serviteurs de l'ordre établi, dans une position subordonnée donc. Et si Olrik gagnait la plupart du temps, l'identification serait alors totale !
Dernière édition par Spalding le Sam 14 Mar - 13:50, édité 3 fois