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626Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Ven 18 Nov - 17:18

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

L'âge d'eau est une BD écrite et dessinée par Benjamin Flao.

Je viens de lire - Page 26 Couv_437552

Dans un futur apocalyptique, la France est partiellement submergée. Les communautés rurales survivent tant bien que mal sur les rares terres émergées ou sur des bateaux. De leur côté, les villes se sont barricadées derrière des digues. Un pouvoir politique autoritaire cherche à déplacer les populations agrestes et à les parquer dans des centres d'hébergement. Jeanne, une vielle femme vivant à la campagne, avec son fils Groza, un colosse simplet, reçoit la visite de son deuxième enfant, Hans. Hans est accompagné d'un chien bleu doué de pouvoirs psychiques. Il lutte conte le despotisme des agglomérations et en sabote les installations technologiques. Il s'est séparé de son épouse et n'a gardé le contact qu'avec sa fille Vinee, qui étudie le droit en ville et est elle-aussi révoltée par la société. Hans et Groza partent à la recherche d'un endroit où pourrait se cacher leur mère mais dans cette société en pleine déliquescence, la violence et le crime sont omniprésents...

Flao nous livre une BD d'anticipation, âpre, où la catastrophe écologique se double d'une faillite de la démocratie et de la montée des névroses. On pense bien évidemment aux romans catastrophes de l'écrivain britannique J.G. Ballard et plus particulièrement au Monde englouti (https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Monde_englouti_(J._G._Ballard)). Si l'intrigue diverge, on retrouve la même folie, la même criminalité et la même dérive dans les deux ouvrages. Alors que le climat se dégrade inexorablement et que l'eau va finir aussi par monter dans notre monde, on ne peut qu'être inquiet devant ce cri d'alarme. Et il est à craindre que l'analyse sociologique imaginée par Flao soit bien trop proche de ce que nous ou nos descendants allons connaître. On peut noter que face au drame, l'auteur réfute le salut par la société et prône une vision individualiste et libertaire...

Le point fort de cet ouvrage réside dans son esthétisme et dans son atmosphère. Le monde apocalyptique est parfaitement rendu grâce à de grandes planches sans paroles. Et les innombrables et magnifiques vignettes nocturnes distillent une subtile ambiance mélancolique à l'image du drame. Par ailleurs, la présence du chien mutant confère à l'intrigue une puissante dimension intérieure, d'autant plus que le chien est le narrateur de l'histoire !

Les dialogues posent problèmes. Ils sont souvent vulgaires me faisant parfois penser à la prose de Bourgeon. Certes, ce monde est rude et on peut comprendre que le langage soit à l'aune de la civilisation mais cela choque.

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Les paysages, oserais-je dire les marines (!), sont splendides. Je suis plus réservée sur le trait, nerveux, presque brouillon, où la colère et le militantisme de l'auteur semblent s'être déversés dans une multitude de petites touches. Les visages respirent la noirceur comme si la rage intérieure avait déteint sur leur représentation.

Au final, la BD est belle et triste. Et l'Homme ne sort par grandi de la peinture.

EEE

ActuaBD a beaucoup apprécié : https://www.actuabd.com/L-Age-d-eau-T-1-par-Benjamin-Flao-editions-Futuropolis

Eléanore

627Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Ven 18 Nov - 20:02

Kimono


bédéphile pointu
bédéphile pointu

Raymond a écrit:Le duo Kerascoet avait déjà produit d'excellente mini-séries, scénarisées par Hubert comme "Miss Pas Touche" et surtout "Beauté", une trilogie où l'on retrouvait un peu les ingrédients de cet album (à savoir les aspect "conte de fée" et "bonbon acidulé"). Je vois que tu hésites à lui attribuer la plus haute note et ça parait donc vraiment bien.

Je crois donc que je vais me laisser tenter !   Wink

Moi aussi je vais me laisser tenter ! J'ai adoré le travail du duo Kerascoet sur Miss Pas Touche comme sur Beauté, et donc !!
En revanche aucune chance que je consente à lire cette ânerie, L'Äge d'eau.

628Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Ven 18 Nov - 20:40

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Bonsoir Kimono

Je vous remercie de votre confiance qui me touche beaucoup. Et je lirai avec plaisir votre avis Very Happy . Je me permets juste d'attirer votre attention sur les scénaristes de toutes ces BD qui ont varié d'un ouvrage à l'autre. Miss Pas Touche et Beauté ont été écrits par Hubert et comportent une certaine dose de noirceur alors que De Cape et de Mots regarde du côté des contes de fées.

Eléanore

629Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Sam 19 Nov - 14:24

Kimono


bédéphile pointu
bédéphile pointu

Oui, eleanore-clo, et bien sûr je n'oublie pas le rôle crucial du scénariste génial Hubert, RIP, qui a travaillé aussi avec Zanzim.... Mais le dessin Kerascoet me plaît aussi beaucoup.
Et si bien que je viens juste d'acheter De Cape et de Mots, un des "coups de coeurs" de ma libraire. Je vous donnerai mon avis dès que lu ! Wink

630Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Dim 20 Nov - 18:49

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Moon est une BD écrite et dessinée par Pomès

Je viens de lire - Page 26 Couv_443477

L'intrigue se tient durant la morte saison, dans une station balnéaire. Les collégiens et lycéens reprennent le chemin de leur établissement. Tous sont hyper-connectés et passent leur temps libre, voire scolaire, les yeux rivés sur leur smartphone pour y naviguer sur les réseaux sociaux. Mais, suite à un orage, l'antenne de téléphonie mobile du village tombe en panne. Et tous vont redécouvrir une autre vie, les relations se tendent ou au contraire se consolident…

L'auteur a voulu dénoncer l'addiction des jeunes à Facebook et autre Instagram mais le fait de manière très maladroite. Le lecteur a donc droit à une avalanche de ragots et de cancans, d'amourettes, de préjugés, le tout rythmé par les mises en garde répétées des parents et des enseignants sur les risques d'Internet.
Côté personnages, l'image donnée de la jeunesse m’apparaît un peu trop réductrice et surtout très caricaturale. Nous avons le choix entre des mauvais garçons et des adolescents à la dérive, le tout sur fond de "copines" sympathiques, ou pas ! Pomès cherche à générer de l'empathie pour ces enfants du siècle mais que c'est maladroit.
Et pour ne rien arranger, le scénario embrasse, avec beaucoup de naïveté, d'autres "combats" comme par exemple les problèmes sociétaux de notre époque. Le lecteur se voit donc embarquer dans des histoires de familles, plus ou moins recomposées, plus ou moins violentes…  
Malheureusement, qui trop embrasse mal étreint… Et la dernière page tournée, on ne sait plus très bien où Pomès a voulu nous emmener.
De plus, la BD comporte quelques belles bourdes : la comparaison osée entre la station balnéaire et l'Atlantide, ou encore le fil conducteur du petit canard jaune en plastique et son lien avec la noyade d'un personnage.

Le graphisme est frustre, maladroit, sans style. Par exemple, les corps sont représentés sommairement, avec un semi-réalisme vulgaire. Et les décors manquent de profondeur. J'ai aussi été très déçue par des cadrages variés au point que les scénettes en perdent leur sens Laughing

Je viens de lire - Page 26 3522_P1
Je viens de lire - Page 26 3522_P6
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Vous l'avez deviné : je n'apprécie cette BD. Les goûts et les couleurs changeant d'un lecteur à un autre  Smile , on peut mentionner que Moon fait partie des nominés du prix de la BD Fnac France Inter 2023.

E

Eléanore

631Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Lun 21 Nov - 9:29

Raymond

Raymond
Admin

Merci de l'avertissement ! C'est donc une BD à éviter !   pouce


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632Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Lun 21 Nov - 9:59

Raymond

Raymond
Admin

eleanore-clo a écrit:Les étoiles s’éteignant à l'aube est une BD de Vincent Turhan, inspirée du roman éponyme de Richard Wagamese.

Je viens de lire - Page 26 Zotoil11

Franklin, jeune amérindien, vit heureux sous la tutelle de Barry, son père adoptif. L'adolescent ne connaît ni son père, ni sa mère. Or, un appel à l'aide d'Eldon, son géniteur, au dernier stade d'une cirrhose alcoolique, va lui permettre de renouer avec son enfance et de découvrir tous les secrets de sa naissance.

Je n'ai pas lu le livre original et ne peut séparer ce qui relève du talent de l'écrivain de ce qui relève du talent du scénariste. Mais, clairement l'intrigue est une superbe réussite.
Il convient en premier lieu de saluer la tonalité. Franklin et Eldon vont entreprendre un long périple dans le nord-canadien. Leur immersion dans une nature nourricière, parfois protectrice, parfois agressive, tourne rapidement au voyage initiatique. Le vieil homme va se confesser pour rechercher le pardon et se réconcilier avec un passé sombre. La mort qui l'attend au bout du chemin en devient religieuse. Quant à l'adolescent, il va se découvrir une famille et des racines. Sa force intérieure en ressort grandie. La BD adopte donc une ambiance mystique. On ressent la puissante parentalité de la nature. Les amérindiens s'en réclament et y s'y ressourcent face à une civilisation blanche vécue comme artificielle et agressive. Les clichés sont donc nombreux, mais empreints de réalisme comme par exemple l'alcoolisme ravageant les tribus, ou encore la communion des autochtones avec les animaux. Et comme tout voyage initiatique, le voyage est aussi bien extérieur, sur la carte, qu’intérieur, au sein de l'âme.

La BD est aussi une superbe chronique familiale. Qu'est-ce qu'être père ? Barry a t-il plus le droit de porter ce titre qu'Eldon ? Et qu'est-ce qu'être un fils ? Respecter un ascendant en fin de vie ? Lui donner de l'espoir ? Le faire progresser une dernière fois ? L'histoire est très masculine mais elle n'oublie pas les femmes, victimes collatérales de l'alcoolisme, battues par des prédateurs, mais aussi sources de vie, à la fois tentatrices et rédemptrices. Et la vielle indienne, croisée dans une cabane perdue dans la forêt, incarne une sagesse universelle. La BD fait donc preuve d'un superbe humanisme, avec des personnages fort attachants.

Je viens de lire - Page 26 A47
Je viens de lire - Page 26 A48

Le graphisme déstabilisera plus d'un lecteur. Je ne connais pas toutes les techniques de dessin mais la béotienne a cru percevoir un mélange de crayon gras et de couleur directe. Le résultat m'a séduite. La nature est splendidement restituée, pas de manière photographique mais plutôt à la façon des impressionnistes. Le but est de suggérer, de créer une ambiance. Le réalisme n'est donc pas de mise même si l'abstraction n'est pas totale. Les visages sont très légèrement caricaturaux, le but visé étant de les rendre signifiants, conformes aux personnalités.
Et les tonalités sont douces à l'image d'une BD mélancolique, douce-amère.

Au final, je confie avoir beaucoup apprécié cette BD, exigeante mais jamais abscons, irréaliste et pourtant tellement conforme à notre humanité. Peindre la marginalité est très à la mode dans notre époque de survalorisation des minorités et de wokisme, et pourtant, il me semble que l'auteur transcende ces personnages et leurs errances pour conter une histoire universelle, nous concernant tous, celle de la filiation.
EEE

Eléanore

Je n'ai jamais parlé de dans le forum cet album qui est paru au début de l'année. J'avais fini par le lire mais il me laisse un souvenir assez moyen, probablement parce que le style graphique ne m'avait pas séduit,

ActuaBD interviewe maintenant Vincent Turhan, le dessinateur de cette BD (qui était une adaptation d'un roman) !

Je viens de lire - Page 26 Zotoil12

C'est un fim de 27 minutes que l'on peut voir sur cette page :

Vincent Turhan : ("Les Étoiles s’éteignent à l’aube") : "Avant la BD, (...) - ActuaBD


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633Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Lun 21 Nov - 17:54

Raymond

Raymond
Admin

Voilà ! J'ai finalement lu De Cape et de Mots et j'en ai été enchanté.  Very Happy

Je viens de lire - Page 26 Capes-10

C'est un conte de fée à moitié fantaisiste et à moitié aventureux, qui pétille de bonne humeur et qui a d'abord été un roman pour la jeunesse. J'imagine que le roman est lui aussi excellent car le scénario de Flore Vesco est vraiment le point fort de la BD. On ne s'ennuie pas une minute !

Mais quels sont les ingrédients de cette réussite ? Tout d'abord, il y a une gentille héroïne, malicieuse et sympathique, qui se nomme Serine. Elle n'a aucune chance au départ mais elle réagit avec courage et optimisme. Elle va ainsi réussir à se faire une place dans la cour royale de son pays et cette trame permet de retrouver le classique scénario du "brave petit tailleur". Aidée par son inlassable énergie et par son astuce souvent piquante, Serine va vaincre tous les obstacles d'une manière presque logique !

Je viens de lire - Page 26 Capes-11

Le lieu de l'histoire fait également rêver puisque c'est un château royal. Les Kerascoët dessinent donc de grandioses salles royales, d'agréables jardins ou de sinistres cachots d'une façon sobre et élégante, sans trop surcharger les décors. Grâce à leur dessin semi-caricatural et leur excellent choix de belles couleurs claires (est-ce de l'aquarelle ?), la BD se lit ainsi très agréablement.

Je viens de lire - Page 26 Capes-12

Dans une bonne histoire, il y a toujours un méchant qui est bien réussi ! Dans "De Cape et de Mots", on découvre une superbe méchante qui est la reine ... dont Serine devient une des suivante. A la fois capricieuse et égoïste, malveillante et ridicule, sournoise et colérique, cette reine maltraite autant qu'elle le peut tout son entourage mais Serine arrive presque toujours à s'en sortir, jusqu'au jour où elle est renvoyée.  Et c'est alors que l'aventure commence !

Je viens de lire - Page 26 Capes-13

Mais ce qui est le plus charmant dans cette BD, ce sont les trouvailles du scénario. Les rebondissements et les surprises ne manquent pas dans cette histoire moqueuse et on ne devine jamais comment cette histoire va se terminer. Et c'est ainsi que les malices imprévues de Serine, même minimes (par exemple utiliser un mot qui n'existe pas comme "l'espertune") ont finalement des effets étonnants. Ses inventions anarchiques et joyeuses bouleversent complètement l'ordre hiérarchique et le lecteur s'en amuse à chaque fois. On se mettrait presque à espérer que Serine existe, afin de bousculer ce monde stupide qui est le nôtre.   Wink

Je viens de lire - Page 26 Capes-14

Bref, c'est un livre joyeux et bon enfant que l'on referme avec jubilation. C'est une simple BD de divertissement, bien sûr, mais elle est parfaitement réussie. 

Mais quelle sera la note ? Eh bien je n'hésiterai rai pas pour la note maximale, car il n'est pas fréquent que je m'amuse autant que cela. Serais-je retombé en enfance ?    Wink

EEEE


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634Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Mar 22 Nov - 8:57

Patrice

Patrice
lecteur émérite
lecteur émérite

Mon ami pierrot est un conte en BD de Jim Bishop.

Je viens de lire - Page 26 Couv_451839

Une jeune aristocrate, Cléa, doit, selon la tradition, épouser le fils d'un nobliau voisin, Berthier. Mais être comtesse ne satisfait nullement Cléa qui rêve de devenir danseuse. C'est alors qu'elle rencontre Pierrot, un peu baladin, un peu magicien, qui la séduit et lui conseille de suivre son idée. Elle s'enfuit donc avec le jeune homme et s'installe avec lui dans un pays enchanté. Mais le jouvenceau la délaisse rapidement cependant que Berthier s'est juré de venger l'affront et de récupérer sa fiancée...

Que dire de ce conte ? En premier lieu, on peut souligner les moult rebondissements qui rythment la narration. Dans ce conte, personne n'est vraiment ce qu'il parait être et le lecteur se retrouve plongé dans un rêve tellement l'inimaginable se produit régulièrement. Cet onirisme voulu et assumé regarde du côté de la noirceur et il serait d’ailleurs plus juste de parler de cauchemars. On peut aussi rapprocher le travail de l'auteur et celui du japonais Miyazaki (Le voyage de Chihiro).
Mais le cœur de la BD réside ailleurs. Bishop nous invite à réfléchir sur le libre arbitre et ses conséquences. L’œuvre respecte l'ordre établi car Cléa ne trouvera pas le bonheur, ni en fuyant l'union imaginée par sa mère, ni en revenant dans le rang après son "incartade". La liberté à un coût. A contrario, l'héroïne gagnera en maturité et se trouvera des talents nouveaux. La BD pourrait presque être qualifiée de féministe tant elle explore le place de la femme dans la société et dans le couple.
Des dialogues ciselés accompagnent la narration et appellent à réfléchir.

Je viens de lire - Page 26 3528_P2

Amateur inconditionnel de la BD franco-belge, j'ai peu apprécié le graphisme qui regarde du côté des mangas et de l'animation japonaise avec des personnages aux yeux de biches que les cadrages mettent en évidence. Il en est de même pour les expressions des visages dont beaucoup sont outrancières.

Je viens de lire - Page 26 3528_P4
Je viens de lire - Page 26 3528_P9
Je viens de lire - Page 26 3528_P11

Au final, la tentative est ambitieuse mais un peu trop alambiqué car Bishop veut trop en faire. Ainsi, le hibou Schrödinger voisine la sorcière Baba Yaga et la damnation de Faust n'est pas non plus très éloignée du sort réservé final réservé à Pierrot.

EE

635Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Mer 23 Nov - 9:15

Raymond

Raymond
Admin

Pour ma part, je suis hésitant avec cet album, dont je n'aime pas beaucoup le style graphique. La référence au Voyage de Chihiro est certes séduisante mais je n'ai pas l'impression que cette BD en ait vraiment le style.   Rolling Eyes

Il parait que Lettres perdues, le précédent album de Bishop, était beaucoup mieux mais je ne l'ai pas lu. Il a semble-t-il remporté des prix. Je me demande si eleanore ne l'avait pas chroniqué dans le forum ?


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636Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Jeu 24 Nov - 10:48

Kimono


bédéphile pointu
bédéphile pointu

Raymond a écrit:Voilà ! J'ai finalement lu De Cape et de Mots et j'en ai été enchanté.  Very Happy

Je viens de lire - Page 26 Capes-10

C'est un conte de fée à moitié fantaisiste et à moitié aventureux, qui pétille de bonne humeur et qui a d'abord été un roman pour la jeunesse. J'imagine que le roman est lui aussi excellent car le scénario de Flore Vesco est vraiment le point fort de la BD. On ne s'ennuie pas une minute !

Mais quels sont les ingrédients de cette réussite ? Tout d'abord, il y a une gentille héroïne, malicieuse et sympathique, qui se nomme Serine. Elle n'a aucune chance au départ mais elle réagit avec courage et optimisme. Elle va ainsi réussir à se faire une place dans la cour royale de son pays et cette trame permet de retrouver le classique scénario du "brave petit tailleur". Aidée par son inlassable énergie et par son astuce souvent piquante, Serine va vaincre tous les obstacles d'une manière presque logique !



Le lieu de l'histoire fait également rêver puisque c'est un château royal. Les Kerascoët dessinent donc de grandioses salles royales, d'agréables jardins ou de sinistres cachots d'une façon sobre et élégante, sans trop surcharger les décors. Grâce à leur dessin semi-caricatural et leur excellent choix de belles couleurs claires (est-ce de l'aquarelle ?), la BD se lit ainsi très agréablement.



Dans une bonne histoire, il y a toujours un méchant qui est bien réussi ! Dans "De Cape et de Mots", on découvre une superbe méchante qui est la reine ... dont Serine devient une des suivante. A la fois capricieuse et égoïste, malveillante et ridicule, sournoise et colérique, cette reine maltraite autant qu'elle le peut tout son entourage mais Serine arrive presque toujours à s'en sortir, jusqu'au jour où elle est renvoyée.  Et c'est alors que l'aventure commence !


Mais ce qui est le plus charmant dans cette BD, ce sont les trouvailles du scénario. Les rebondissements et les surprises ne manquent pas dans cette histoire moqueuse et on ne devine jamais comment cette histoire va se terminer. Et c'est ainsi que les malices imprévues de Serine, même minimes (par exemple utiliser un mot qui n'existe pas comme "l'espertune") ont finalement des effets étonnants. Ses inventions anarchiques et joyeuses bouleversent complètement l'ordre hiérarchique et le lecteur s'en amuse à chaque fois. On se mettrait presque à espérer que Serine existe, afin de bousculer ce monde stupide qui est le nôtre.   Wink



Bref, c'est un livre joyeux et bon enfant que l'on referme avec jubilation. C'est une simple BD de divertissement, bien sûr, mais elle est parfaitement réussie. 

Mais quelle sera la note ? Eh bien je n'hésiterai rai pas pour la note maximale, car il n'est pas fréquent que je m'amuse autant que cela. Serais-je retombé en enfance ?    Wink

EEEE


Idem, Raymond, eleanor-clo que je remercie particulièrement pour la très agréable découverte ! Belle comparaison, "un bonbon acidulé" ! Et je confirme totalement aussi l'analyse Raymond sur l'inattendu constant, une des meilleures qualités du récit. Une note EEEE pour moi aussi !
Bien qu'appartenant à la "littérature jeunesse", le roman gagne probablement encore en fantaisie ludique grâce au "coup de patte" des Kerascouet, léger, riche en détails amusants. Quelle fluidité, grâce au gommage des cadres des cases, si adapté aux bonds et aux sauts du ludion Serine en "fou" ! Certainement les vrais bouffons des cours anciennes jouaient ainsi de danses agitées pour dérider courtisans et princes bloqués dans la rigidité compassée de rigueur auprès du roi. Par ailleurs le "fou" s'imposait, comme Serine, par le verbe : insolences dont il souligne le second degré, énigmes, charades, rébus, mystères propres à séduire ce monde clos sur un système d'apparences et de mode. A lire cet album, on pense énormément au brillant film Ridicule et à ses concours de bons mots et réparties facteurs de petites gloires ou bien de chute dans l'enfer du "ridicule". Toutes ces risibles apparences sont parfaitement rendues par l'autrice, telles l'impossibilité pour la cour de critiquer les termes si ronflants d'"esperlune" et de "lifrejole", la vanité de la Reine l'obligeant à paraître les connaître. Les platitudes moralisantes ne sont pas du goût de Flore Vesco, qui va jusqu'à suggérer un inattendu masochisme chez les prisonniers de l'apprenti bourreau, certes séduisant mais efficace au boulot. Les tentatives de meurtre du roi, déjouées par l'héroïne mais parfaitement rocambolesques, ajoutent à l'humour. On ne peut qu'applaudir à la grâce virevoltante et androgyne de Serine en "fou", au joli visage que lui donne Kerascouet. Le Roi est sympathique, et son jeune successeur n'envisage nulle Révolution : le message n'est que de retour au naturel, un peu comme dans un conte classique de Grimm ou Perrault.
On passe avec cet album un bien meilleur moment qu'avec tant de BD prétendument "adultes", déprimantes, amèrement dénonciatrices, anti-héroïques, dont le destin évident est la mévente face au rouleau compresseur du nouvel opéra wagnérien : les comics américains DC et Marvel, mythologie pure qui personnellement me navre tout autant (alors qu'il y a de très bonnes BD américaines, évidemment).

637Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Jeu 24 Nov - 11:21

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Merci à Raymond et Kimono pour leur confiance Very Happy

Eléanore

638Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Mar 29 Nov - 12:56

Raymond

Raymond
Admin

Mes commentaires sur la lecture de Raptor se trouvent dans le sujet dédié à McKean !

Dave McKean artiste de la BD (forumactif.com)


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639Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Mar 29 Nov - 13:30

Raymond

Raymond
Admin

Parlons maintenant de Hooka Hey, cet excellent western écrit et dessiné par Neyef, un jeune auteur peu connu !

Je viens de lire - Page 26 Hooka-11

Eleanore-clo avait trouvé cette œuvre un peu trop pessimiste et je ne trouve pas que ce soit vraiment le cas. C'est avant tout un western dur et sauvage, dont l'histoire se développe avec une belle lenteur et qui prend le parti des indiens. Cette BD m'a en fait remémoré certain films hollywoodiens qui prenaient le même parti pro-indien, comme Little Big Man ou Danse avec les Loups. On y retrouve la même communion entre l'homme et les grands espaces, et le respect des indiens envers la nature.

Je viens de lire - Page 26 Hooka-12

Certes, c'est aussi un western traditionnel avec des galopades, des outlaws, des bagarres et des chasseurs de prime. La vie humaine n'a pas beaucoup de prix et les morts sont nombreux. Mais ce choix narratif respecte simplement les conventions traditionnelles du genre, à ceci près que dans cette histoire, il n'y a pas de gloriole ni de tireur super-rapide. Lorsqu'un homme tue, c'est assez lâchement ou par surprise. Je peux imaginer que cela se passait bien comme cela dans la réalité !

Je viens de lire - Page 26 Hooka-13

Mais dans cette BD, il n' y a pas que les morts ! Ce récit avant tout un roman d'apprentissage qui prend le parti des indiene ! Hooka Hey, c'est le cri de combat des indiens, du genre "on y va" et affrontons le destin !`Et c'est bien ce message (ou plutôt cette leçon) qu'apprends malgré lui Georges, le jeune sioux qui a été élevé par des blancs, et qui ne sait pas à quelle communauté il appartient vraiment.

Je viens de lire - Page 26 Hooka-14

Et à la fin de l'histoire, le jeune Georges fait son choix ! Il est finalement un indien, avec tout ce que cela implique de sauvagerie, d'errances, de communion avec les grands espaces et de refus de la civilisation. Il n'a probablement pas d'avenir mais il lui reste le présent, qu'il va vivre intensément. Hooka Hey !

Je viens de lire - Page 26 Hooka-15

C'est une belle conclusion, je trouve, même si je suis un européen civilisé et que je mène pas ma vie de cette manière. Ce qui compte vraiment, c'est de devenir soi-même et de se sentir bien dans sa peau, et également destiné à ce que l'on fait ! Cette fin n'est pas triste !

J'ai sinon bien apprécié le dessin de Neyef, à la fois simple et figuratif, mais également rugueux et par moments très lyrique. Le livre est en effet une sorte d'hymne au Far West et à la vie sauvage, et les images nous en restituent avec efficacité l'ambiance âpre et romantique.

C'est une BD parfaite, agréable à lire, exigeante, séductrice pour l'œil et destinée au grand public !

 C'est bien sûr un EEEE !



Dernière édition par Raymond le Ven 2 Déc - 11:43, édité 1 fois


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640Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Ven 2 Déc - 11:46

Raymond

Raymond
Admin

Il me semble qu'il y a beaucoup de EEEE, en ce moment !  C'est une bonne  période !  Very Happy


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641Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Mar 6 Déc - 15:31

Kimono


bédéphile pointu
bédéphile pointu

Raymond a écrit:Il me semble qu'il y a beaucoup de EEEE, en ce moment !  C'est une bonne  période !  Very Happy

En effet Raymond, De Cape et de Mots, Hoka Hey et Un chant de Noël sont de vraies tentations de briser sa tirelire ! La réinterprétation "féministe" de la fameuse histoire de Scrooge me plaît beaucoup, ainsi que le dessin de Munuera. A propos du premier de ces albums, je suis de passage à Nantes, et je suis mortifié d'avoir raté la présence avec dédicace du couple Kerascoet, qui était dans une librairie de BD le 30 novembre Sad

642Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Jeu 15 Déc - 14:00

Patrice

Patrice
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Not a New York love story est une BD écrite par Julian Voloj et dessinée par Andreas Gefe.

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Le héros, un jeune afro-américain résidant à New-York, vient de perdre sa compagne dans un accident de voiture. Sauf qu'en rentrant du cimetière, il retrouve son aimée qui l'attend dans leur appartement. Cette apparition disparait au petit matin. Mais d'autres rencontres surviennent : au Met, au Yankee Stadium , à Coney Island, etc. Au point que le héros en vient à douter de la réalité. Où s'arrête le rêve et ou commence la réalité ?

Le titre de la BD s'inspire bien évidemment du célèbre film Love Story et la fin est toute aussi douce-amère. L'auteur nous interroge sur l'importance du présent et souligne la nécessité de vivre intensément, car la séparation et la mort peuvent survenir inopinément. Des dialogues minimaux permettent au lecteur de contempler la ville et d'imaginer les pensées des personnages. La fluidité du récit facilite la lecture et les pages tournent à toute vitesse vers une conclusion très surprenante. Le ton du récit sonne juste, un parfait compromis entre la tristesse et l'interrogation. Au final, Voloj nous interroge sur le deuil et sur la difficulté à accepter l'impensable.  

Côté négatif, New-York est une ville pleine de bruit et de mouvement. Et la peinture de la cité, si séduisante au premier regard, si proche de celle des cartes postales, est donc irréelle, comme d'ailleurs l'intrigue qui nous est proposée. Et l'ultime pirouette du récit renforce cette artificialité.

Le dessinateur a choisi le recours au gaufrier et les vignettes se suivent plus ou moins grandes, dans une logique paisible, renforcée par des couleurs douces.

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Les détails abondent et respirent New-York. On peut juste signaler un manque de dynamisme des dessins mais je le pense voulu. Au pays des fantômes et des rêves, tous les faits et gestes se diluent dans un ralenti prenant, puissant et inéluctable.

EEE

643Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Jeu 15 Déc - 14:52

Raymond

Raymond
Admin

Je l'ai feuilleté et le dessin ne m'a pas vraiment séduit. Les couleurs sont un peu trop "sucrées", à mon avis. Mais je retiens que l'album a quand même de l'intérêt.   pouce


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644Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Jeu 22 Déc - 15:44

eleanore-clo

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vieux sage
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A la recherche du Tintin perdu est un BDVNIMRPR  Smile , une BD Volante Non Identifiée Mais Repérée Par Raymond, écrite et dessinée par le brésilien Ricardo Leite.

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Ricardo Leite nous fait part de son amour de la BD dans une autobiographie pleine de fantaisie où il rencontre d'autres auteurs de BD ainsi que des héros. L'intrigue commence avec l’enfance du dessinateur où nous le voyons découvrir la BD franco-belge, avec la complicité de ses parents qui lui financent sa passion à la seule condition qu'il achète des ouvrages qui ne soient pas traduits en portugais ! Puis nous retrouvons notre auteur bien plus tard. Il vient de divorcer et souhaite reconstruire sa vie, bien évidemment en retrouvant le monde bédéesque de sa jeunesse. Et pour se faire, il prend l'avion et va visiter Bruxelles. Son pèlerinage commence au Centre belge de la bande dessinée, se poursuit au Musée Hergé puis bascule dans l'onirisme avec une participation au festival d’Angoulême. Ce voyage plein de sens, d'émotion et symbole de renaissance, fait écho à un autre, beaucoup plus ancien et infructueux où le jeune dessinateur avait vainement fait la tournée des éditeurs français et belges pour trouver un éditeur

L'ouvrage est un cri d'amour. Leite nous fait part de sa passion pour le 9ème art. Aussi met-il en scène des rencontres imaginaires avec Pratt, Manara, Eisner, Goscinny, Hergé etc. Dans des planches d'une grande densité, nous croisons toutes les vedettes du 9ème art. Et bien évidemment, l'auteur ne s'arrête pas là. Nous rencontrons aussi Corto Maltese, Haddock, Little Nemo et beaucoup d'autres personnages. Un glossaire située à la fin du livre nous donne, page après page, la liste exhaustive de toutes les personnalités, réelles ou imaginaires, participant à l'aventure !
La vision est globale et embrasse beaucoup, un peut trop à mon goût car nous sommes submergés par une galaxie de portraits et d'auteurs. De façon cocasse, tous s'ingénient d'ailleurs à donner des conseils à Reite : comment dessiner, comment se faire éditer, comment choisir un scénariste, etc. Hergé lui même est de la partie et sa suggestion est que "notre" brésilien n'hésite pas à réaliser ses rêves. La BD apparaît d'ailleurs très technique et les lignées éditoriales des principales maisons comme Casterman et Dargaud, ou encore celles des grands journaux comme Pilote ou Fluide glacial, sont disséquées avec une certaine ironie.

Le graphisme est somptueux. Les innombrables traits du dessinateur campent des centaines de scènes dont la richesse des détails et le relief confèrent à l'ouvrage une crédibilité et une épaisseur fortes. On pense à Druillet ou dans un style encore plus proche à Emil Ferris (Moi, ce que j'aime, c'est les monstres).

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Au final, nous avons là un objet étrange, une BD sur la BD, un dictionnaire du 9ème art transposé dans un scénario de BD  Shocked . Sa densité est telle que la lecture doit être à la hauteur de l'ambition : pesée, approfondie, réfléchie, etc. Il faut prendre son temps pour mieux apprécier l'incroyable défi artistique. Le titre de la BD fait bien évidemment référence à Proust et A la recherche du temps perdu. Aussi peut-on pousser le parallélisme en disant que les deux œuvres sont exigeantes et doivent être approchées de la même manière, avec patience et enthousiasme.

EEE

Eléanore

645Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Jeu 22 Déc - 15:58

Raymond

Raymond
Admin

Magnifique résumé, à la fois simple et précis !   clap

C'est bien sûr une invitation à découvrir ce bel album, et je vais me laisser tenter ! Wink  Est-ce que tu as eu de la peine à le trouver ? Je suppose qu'il faut le commander car c'est un petit éditeur.


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646Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Jeu 22 Déc - 16:04

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Bonsoir Raymond
Je suis ravie que ma chronique vous semble d'un bon niveau.
L'ouvrage est très facile à trouver. Il est dans toutes les FNAC et je l'ai vu chez Joseph Gibert.

Eléanore

647Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Ven 23 Déc - 12:10

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
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Le trop grand vide d'Alphonse Tabouret est une BD fantastique pour enfants et adultes, écrite par Sibylline et dessinée par D'Aviau.

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Ce roman graphique raconte quelques épisodes de la vie d'Alphonse Tabouret, un petit être minuscule. Nous le voyons naître, se séparer de son géniteur, faire connaissance avec son reflet puis partir explorer un bien étrange monde. Durant son périple, Alphonse fait la connaissance de toutes sortes d'autres créatures, étranges et mystérieuses, la plupart du temps bienveillantes, et comme notre héros à la recherche de quoi combler leur vide intérieur. Et finalement, Alphonse trouvera son alter-ego féminin...

Quel ouvrage magnifique Very Happy Very Happy Very Happy . Il peut se lire à plusieurs niveaux, le premier étant celui d'une aventure merveilleuse et pleine de fantaisie, ou encore celui d'un roman initiatique et rempli de bonnes intentions. Mais il convient de ne surtout pas s'arrêter là. Avec une maestria époustouflante Sibylline nous prend par la main pour que nous puissions nous interroger sur la solitude, l'amitié, l'abus de pouvoir, l'amour, l'angoisse. Ainsi, chaque personnage rencontré incarne un trait de caractère : l'insatiabilité, l'angoisse permanente, la timidité, l’orgueil, l’autoritarisme, l'empathie, etc. Et les échanges soulèvent maintes et maintes questions. De plus, le recours à une apparente simplicité, à un langage juvénile orné de nombreux et subtils jeux de mots, amplifie et universalise les problématiques. L'utilisation de l'enfance constitue donc un puissant levier narratif. Et cette méthode permet à l'auteure de s'introduire avec tendresse et délicatesse dans notre âme, pour rendre les propos encore plus forts, car, ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ?

Voici par exemple, un petit extrait du scénario relatif à l'égoïsme :

"Bon, j’espère que je n’ai pas perdu mon temps. Qu’est-ce que tu as à partager ?"
"Qu’est-ce que ça veut dire partager ?"
"Eh bien, cela veut dire que tu me donnes des trucs, et que moi aussi je t’en donne."
"Mais si je n’ai rien, comment je fais ?"
"Tu trouveras forcément, même un mot, c’est un cadeau. Et si tu ne trouves rien, c’est que tu n’en as pas envie. Et que tu es égoïste »"

Et un autre sur la consolation :

- "Parce que le chagrin du vide de tout, il est difficile à consoler. Surtout quand y a personne. Et que ça, c’est ce qui manque le plus. Mais qu’on ne le sait pas vraiment"

Et voilà enfin deux autres textes sur les relations conjugales :

- "Lui et moi, on est amoureux."
- "Alors moi, je suis amoureux de l'endive."
- "Non, mon petit chou, justement."
- "A la rigueur, l'endive,tu l'aimes comme une amie, mais tu n'en es pas amoureux."
- Tu vas l'embrouiller."
- "Ton endive, tu l'aimes bien, mais plutôt avec ton estomac, alors que les gens, tu les aimes avec ton cœur."
- "Comme après les montages russes."
- "Oui... c'est ç... Mais non !!"

- "Nt nt nt, allons allons, jeunes gens, que se passe -t-il ? Vous vous bagarrez ? Mmm ?"
- "Non, on ne se bagarre jamais."
- "Eh bien voilà, nous c'est pareil, des fois, on n'est pas d’accord pour le dîner, on se fâche, on s'énerve, et après, on est comme vous rabougris. Mais on se réconcilie. L'important, c'est de se réconcilier."
- "Mais enfin, je viens de dire qu'on ne se fâche jamais."
- "Ah,je vois le truc, mais c'est normal de ne pas être d'accord de temps en temps, c'est important d'être différent en se complétant."
- "On ne se fâche jamais."
- "Ça me rappelle la fois où on s'est fâchés, c'est tout."

Les vignettes apparemment simples se marient merveilleusement avec le texte. La plume se fait sinueuse, envoûtante, questionneuse, énigmatique. La représentation des personnages est faite avec beaucoup d'à-propos. Ainsi, Arthur qui s’interroge tout le temps a une très grosse tête et un corps minuscule. Ide, la créature fabuleuse qui éprouve un grand vide en son âme, est représentée avec un immense trou au milieu de son corps. On peut aussi saluer le lettrage inspiré des leçons d'écriture à l'école élémentaire. Il renforce clairement l'unité de l’œuvre.
Grâce à un ordonnancement virtuose des pages, les dessins se promènent dans des espaces déstructurés où le texte vagabonde au gré des messages à illustrer.

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Je termine en concluant sur l'objet livre. Ce dernier regarde du côté de la jeunesse. La monochromie basée sur un rouge doux met en valeur une gravure à chaud d'Arthur Tabouret. Les pages de gardes diffèrent entre le début et la fin du livre, comme pour mieux nous remémorer nos premiers ouvrages.

Au final, voici une BD tendre et poétique. Derrière son apparente candeur se cachent des mots justes qui nous émeuvent et nous interpellent, au plus profond de nous. Arthur semble naïf et innocent mais ce faux-semblant cache des trésors de profondeur.  

EEEE

Eléanore

648Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Sam 24 Déc - 9:55

Raymond

Raymond
Admin

Belle découverte !   pouce

Il faudra que je m'y intéresse ! Je suppose qu'on le trouve dans le rayons pour enfants ?


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649Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Sam 24 Déc - 10:27

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
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Bonjour Raymond

Je l'ai acheté sur Rakuten auprès de GibertJoseph Wink

Eléanore

650Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Dim 25 Déc - 19:57

Draculea

Draculea
vieux sage
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Je viens de lire la chronique d'eleanore-clo au sujet d'A la recherche du Tintin perdu et je dois avouer que cette présentation et les images qui l'accompagnent me plaisent beaucoup t me donnent envie de lire cet album assez atypique. j'aime que le neuvième art fasse l'objet d'un voyage initiatique de cette façon assez onirique semble-t-il, que la bande dessinée soit à elle-même sa propre source. La qualité du dessin est manifestement à la hauteur de cette ambition ce qui me réjouis car trop souvent les albums témoignant d'un projet très élaboré sont hélas bien paresseux sur le plan graphique. Tel n'st pas le cas ici. Merci eleanore-clo et très Joyeux Noël  Very Happy  bom  cheers  

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