Pour répondre à Raymond, le collectif des libraires du réseau Canal BD est encore tout à fait capable de dénicher de belles perles . Preuve en est le deuxième coup de cœur du Magazine Canal BD d'octobre novembre 2022 :
Les contrées salées est une BD fantastique, destinée à la jeunesse, scénarisée par Larson et dessinée par Mock.
La Première Guerre mondiale se termine et les soldats américains reviennent dans leur pays. Elber, un jeune paysan, retourne ainsi dans la ferme familiale. Soucieux de commencer une nouvelle vie, il se marie avec la jeune femme qu'il avait laissé derrière lui. Sauf qu'une mystérieuse et très belle dame française, Greda, vient réclamer sa main au motif qu'elle l'a soigné après une blessure sur le front. Face aux refus du nouvel épousé, elle se venge en enchantant le puits de la ferme. L'eau devient salée et impropre à la consommation. Et après avoir accompli son forfait, la magicienne disparaît. Vonceil, la petite sœur d'Elber, va essayer de sauver la ferme familiale et part à la recherche de Greda. Pour savoir où aller, la jeune fille s'en va interroger son le vieil oncle qui semble avoir avoir déjà eu maille à partir avec l'enchanteresse. L'intrigue se déplace alors dans un Ouest fantastique où nous découvrons que Greda vit au milieu d'un domaine fantastique, peuplé d'animaux anthropomorphes, et situé en dehors du temps. Et notre "fée salée" est jalousée par une "fée sucrée" qui va aider Vonceil.
Le récit relève du roman d'initiation et nous voyons Vonceil progresser en maturité et acquérir sagesse et talents magiques. L'histoire se termine bien comme dans tout "bon" conte de fée.
La reconstitution de l'Amérique des années 20 fleurent bon un pays en plein changement. Les cabanons se transforment en maisons préfabriquées et les chevaux cohabitent avec les automobiles. Le passé disparaît et le futur naît sous nos yeux. Partant de là, on peut voir dans cette histoire de magiciennes immortelles une allégorie de la résistance au temps qui passe, voire même au progrès technologique. Et la fête chez la fée salée m'a rappelé celle du Grand Meaulnes. On retrouve le même côté onirique.
La BD n'est pas dénuée d'humour et la rivalité entre l'enchanteresse sucrée et celle salée est savoureuse !
Et puis le scénario comporte quelques belles phrases notamment toutes celles relatives à la vérité et au mensonge, comme par exemple : "Ce ne serait peut être pas si grave d'être condamnée a dire la vérité. Je ne mens pas souvent."
Le dessin est très sage, très naturel, et son classicisme caresse l'œil et fait plaisir à voir. L'artiste est à l'aise, tant dans les scènes réels que celles fantastiques. En fait, le style de Mock m'a fait beaucoup pensé à Aimée de Jongh ou encore à Claire Fauvel. Peut être est-ce un nouveau courant que l'on pourrait qualifier de néo-réalisme ?
Au final, nous avons là une honnête BD, d'une belle facture, et qui mérite un EEE.
Eléanore
Les contrées salées est une BD fantastique, destinée à la jeunesse, scénarisée par Larson et dessinée par Mock.
La Première Guerre mondiale se termine et les soldats américains reviennent dans leur pays. Elber, un jeune paysan, retourne ainsi dans la ferme familiale. Soucieux de commencer une nouvelle vie, il se marie avec la jeune femme qu'il avait laissé derrière lui. Sauf qu'une mystérieuse et très belle dame française, Greda, vient réclamer sa main au motif qu'elle l'a soigné après une blessure sur le front. Face aux refus du nouvel épousé, elle se venge en enchantant le puits de la ferme. L'eau devient salée et impropre à la consommation. Et après avoir accompli son forfait, la magicienne disparaît. Vonceil, la petite sœur d'Elber, va essayer de sauver la ferme familiale et part à la recherche de Greda. Pour savoir où aller, la jeune fille s'en va interroger son le vieil oncle qui semble avoir avoir déjà eu maille à partir avec l'enchanteresse. L'intrigue se déplace alors dans un Ouest fantastique où nous découvrons que Greda vit au milieu d'un domaine fantastique, peuplé d'animaux anthropomorphes, et situé en dehors du temps. Et notre "fée salée" est jalousée par une "fée sucrée" qui va aider Vonceil.
Le récit relève du roman d'initiation et nous voyons Vonceil progresser en maturité et acquérir sagesse et talents magiques. L'histoire se termine bien comme dans tout "bon" conte de fée.
La reconstitution de l'Amérique des années 20 fleurent bon un pays en plein changement. Les cabanons se transforment en maisons préfabriquées et les chevaux cohabitent avec les automobiles. Le passé disparaît et le futur naît sous nos yeux. Partant de là, on peut voir dans cette histoire de magiciennes immortelles une allégorie de la résistance au temps qui passe, voire même au progrès technologique. Et la fête chez la fée salée m'a rappelé celle du Grand Meaulnes. On retrouve le même côté onirique.
La BD n'est pas dénuée d'humour et la rivalité entre l'enchanteresse sucrée et celle salée est savoureuse !
Et puis le scénario comporte quelques belles phrases notamment toutes celles relatives à la vérité et au mensonge, comme par exemple : "Ce ne serait peut être pas si grave d'être condamnée a dire la vérité. Je ne mens pas souvent."
Le dessin est très sage, très naturel, et son classicisme caresse l'œil et fait plaisir à voir. L'artiste est à l'aise, tant dans les scènes réels que celles fantastiques. En fait, le style de Mock m'a fait beaucoup pensé à Aimée de Jongh ou encore à Claire Fauvel. Peut être est-ce un nouveau courant que l'on pourrait qualifier de néo-réalisme ?
Au final, nous avons là une honnête BD, d'une belle facture, et qui mérite un EEE.
Eléanore