J'ai pris quelques jours de vacances pendant cette semaine. Et ce qui est bien agréable dans ces moments-là, c'est que l'on a
beaucoup de temps pour lire ! 
J'ai pu longuement m'attarder sur un bel album qu'eleanore-clo a déjà commenté dans ce sujet et qui s'intitule
le Labyrinthe inachevé. Et je n'ai pas regretté d'avoir emporté ce puissant livre dans mes bagages.
C'est une véritable œuvre, racontée par un auteur réputé qui semble s'être lancé dans cette histoire onirique sans en connaître la fin. L'histoire se termine pourtant d'une façon presque logique, sans pathos inutile (alors que le récit est initialement tendu et dramatique) et avec l'impression que le héros a réussi une sorte de psychothérapie. C'est déjà une belle idée !
Le héros se nomme Will et il est obsédé par le souvenir de sa fille qui est morte 10 ans auparavant. Son deuil était à l'époque tellement insupportable qu'il a quitté sa femme. Il vit depuis lors d'une façon solitaire et se néglige physiquement. Son état psychique et physique est en fait pitoyable mais cela ne le préoccupe pas. Il est surtout obsédé par le souvenir du pull rouge de sa fille, et aussi de son visage dont il n'arrive pas à se remémorer. Il semble être au bord de la folie.
Et un soir, un mystérieux appel téléphonique permet à Will d'entendre la voix de sa fille. Est-ce un événement réel ? Ou ne serait-ce pas plutôt une véritable hallucination ? Will n'en a cure. Il veut revoir sa fille et se lance sans tarder dans une quête désespérée, qui mélange événements réels et visions hallucinées.
Comme son titre l'indique, cette BD est une histoire labyrinthique. La fille de Will savait en fait résoudre les labyrinthes visuels avec facilité et le héros envisage d'entreprendre sa quête de la même manière. Le centre du labyrinthe est tout simplement devenu pour lui le lieu où se trouve sa fille.
Mais que va donc trouver Will ? Je ne vais bien sûr pas vous l'expliquer mais sa quête avance effectivement tout au long du livre, dans un monde où se mélangent les fantômes et les passants, les monstres terrifiants et les lieux apaisants, la hantise de se perdre et la certitude de réussir. Et la conclusion imaginée par Jeff Lemire est très habile.
Ce récit très bien construit peut agréablement être compris selon différentes grilles ! il y a la position de la science (et de la raison) qui considérera ce personnage comme un psychotique, qui introduit dans son délire quelques éléments tirés du réel. il y a la position des mystiques qui estimeront que les fous possèdent une sorte de sagesse profonde. Et puis il y a les amateurs de belles histoires fantastiques qui se fichent complètement se savoir ce qui peut être réel ou non. Ce qui compte pour eux, c'est la qualité de l'histoire et du suspense et rien qu'à cet égard, le récit de Jeff Lemire est remarquable.
Pour ma part, j'ai plutôt lu cette histoire avec un œil scientifique et médical, mais cela ne m'a pas empêché d'apprécier la force de ce récit qui nous prend par les tripes, et qui est par moment assez riche en remarques très justes. Sur le plan du dessin, j'ai sinon admiré la virtuosité de l'auteur qui varie avec intelligence sa mise en page, et qui introduit parfoi de belles trouvailles graphiques comme ce fil rouge (le fil d'Ariane) que Will suit tout au long de son périple et qui lui permettra d'arriver où il voulait.
C'est un chef d'œuvre, tout simplement, qui utilise malicieusement tous les moyens de la bande dessinée pour nous faire croire à cette histoire très alambiquée. Ma note en tient tout naturellement compte !
EEEE !
Accueil
. Ainsi, les pages ci-dessous nous montrent que les cimetières sont peuplés de fantômes différentes mais tous aussi effrayants ! Et la conception morale d'un film n'est aussi pas la même d'un continent à l'autre...
