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551Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Sam 20 Aoû - 7:21

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Journal inquiet d'Istanbul est une trilogie autobiographique et politique d'Ersin Karabulut. Le premier tome vient de sortir ce jour.

Je viens de lire - Page 23 9782205085761-couv

La BD raconte l'enfance puis l'adolescence de l'auteur. Nous voyons éclore son goût pour la BD et la caricature dans un contexte politique marqué par la montée vers le pouvoir de Recep Erdoğan.

Je viens de lire - Page 23 Aaa10
Ersin Karabut

La BD est avant tout un manifeste politique. Elle dénonce clairement un pouvoir perçu comme liberticide et à forte connotation religieuse. L'évolution de la société turque, ses clivages, la montée des intégrismes constituent le quotidien du héros et de sa famille. Les intimidations politiques et religieuses deviennent la règle et le lecteur partage ainsi l'angoisse de l'auteur et de ses parents face au futur.

La chronique familiale respire l'authentique. Nous vivons au sein même de la famille. Nous repassons le linge avec Mme Karabut (sa seule occupation semble-t-il Rolling Eyes ). Avec son époux, nous exerçons notre deuxième métier, celui destiné à grappiller l’argent nécessaire aux études des enfants, car le premier métier, celui d'enseignant, ne rémunère pas assez. Nous sommes témoins de l'angoisse scolaire de la sœur du héros. Et surtout, nous vivons les études de l'auteur. Nous l'accompagnons matin et soir lorsqu'il emprunte le long chemin allant dans un lycée d'excellence, bien éloigné de la banlieue pauvre où vit sa famille. Nous le voyons souffrir et échouer sur les bancs de l'école. Nous trichons avec lui pour convaincre ses parents qu'un métier de dessinateur sera plus profitable qu'un métier d'ingénieur. Etc.

L'ouvrage est aussi un chant d'amour à la bande dessinée et à ses métiers. Tant les débuts hésitants que les premiers succès de l'auteur nous sont contés, non sans un certain humour. Et puis Karabut met en scène Astérix, Tintin ou Superman qui le conseillent dans les moments critiques de sa vie, notamment lorsqu'il décide de s'orienter vers le 9ème art  Smile .

Le graphisme est très professionnel, parfois réaliste, parfois caricatural. Clairement, Ersin Karabut maîtrise parfaitement toutes les techniques de sa profession. Et si la BD s'inspire clairement des travaux de Riad Sattouf (L'arabe du futur) et de Marjane Satrapi (Persepolis), la palette apparaît plus fouillée, plus riche voire plus vivante.  J'y ai vu parfois l'influence de l'underground américain.

Je viens de lire - Page 23 Aaa11

Je viens de lire - Page 23 Aab10

Ancrée à gauche, l’œuvre bénéficie du soutien de média placés sur la même lignée éditoriale, comme France Inter https://www.radiofrance.fr/franceinter/journal-inquiet-d-istanbul-d-ersin-karabulut-naissance-d-un-artiste-dans-une-turquie-en-pleine-tourmente-1229782 ou encore du Monde : https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2022/07/23/ersin-karabulut-dessine-contre-la-tyrannie-turque_6135848_3451060.html.
Et j'eus préféré un regard plus analytique, plus réfléchi et moins sensible. Erdoğan est arrivé démocratiquement au pouvoir et tant son islamo-conservatisme que son autoritarisme furent souhaités par une grande majorité de la population, lasse notamment de la corruption et de la fragilité économique du pays. De même, le nationalisme exacerbé et le sexisme de la société semblent ici presque normaux alors qu'ils sont à mettre dans le même sac que les autres dérives. Enfin, on ne peux nier que la politique économique libérale de l'actuel président turc ait rencontré un certain succès.

Cependant, au final, nous avons là un superbe scénario, magnifiquement illustré par un graphisme de qualité.
Ce sera donc un EEEE même si mes goûts me portent à beaucoup plus de tiédeur et que je ne garderai pas le roman graphique dans ma bibliothèque.

Eléanore

552Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Sam 20 Aoû - 8:36

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Pour compléter mon premier mot et terminer sur une note plus républicaine, il me semble que la BD nous invite à ne pas oublier le drame de Charlie Hebdo. L'auteur explique longuement qu'il prend d'énormes risques pour exercer son métier et produire ses caricatures. Nous le voyons souvent hésitant, se demandant toujours si la liberté (de la presse) mérite autant de sacrifices. Une œuvre à méditer.  

Eléanore

553Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Sam 20 Aoû - 8:59

Raymond

Raymond
Admin

Merci en tout cas pour cette critique élogieuse qui confirme ce que je supputais. C'est manifestement un des tout bons livres de cet automne, à lire absolument !  pouce


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554Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Sam 20 Aoû - 10:29

Kimono


bédéphile pointu
bédéphile pointu

Je ne sais pas si comme "Le Monde", on peut parler de "tyrannie turque" pour un président élu, comme le rappelle Eléanor-clo, ni si Ersin Karabulut mérite à ce point le soutien de mes sous s'il ne met aucunement en cause le nationalisme et le sexisme. Erdogan est un anti-laïque, c'est clair, mais certains affirment qu'il est le seul dirigeant à savoir et à pouvoir influencer Poutine vers la paix sans se faire classer automatiquement "ennemi de la Russie" par le néo-tsar. Mais laissons là la politique.
J'aime bien le dessin de l'album, très maîtrisé et agréable à l'oeil en effet. Il y est dit qu'en Turquie, un seul salaire (d'enseignant) ne suffit pas. Comment ne penserais-je pas aussitôt à un hôtelier-et-professeur en Cappadoce il y a 10 ans qui me disait très exactement la même chose ! Homme cultivé, il parlait un très bon anglais, qu'il enseignait. De même le tenancier d'un petit "café de trottoir" (sur tabourets très bas, on y boit du "tchaï" du thé, pas du café) m'avait stupéfié par son brillant niveau en français et en philosophie, puis signalé qu'il avait été éduqué par les jésuites d'Istanbul. Mais pour quel niveau de vie ! Même à Istanbul, et ailleurs hors des modernes centre-villes, j'avais senti l'énorme résistance des structures, notamment machistes. A la campagne, c'était très simple : les hommes ne faisaient rien, fumant et sirotant leur tchaï sur leurs petits tabourets, et dans les champs on voyait les femmes de tous âges pliées sous les fardeaux et grattant le sol... Aujourd'hui l'exode rural submerge les quelques spots modernes "à l'occidentale", comme tout le monde le sait. Les esprits libres et créatifs comme Riad Sattouf entre autres ne peuvent plus vivre au pays ; Marjane Satrapi en fait-elle partie ? Antisémite comme Téhéran, la conclusion de son "Persépolis" la voit rentrée au bercail, en tenue de Belphégor...
Pourtant, on a pu qualifier Mustafa Kemal "Ataturk" de "seul dictateur à promouvoir les libertés". Il y a même eu de belles illustrations Art Déco de jeunes filles à jupes courtes dans les magazines turcs entre 1923 et 1929, j'en ai enfin trouvé pour mon (immense) photothèque.

555Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Sam 20 Aoû - 11:10

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Quel beau complément  pouce . Merci beaucoup Kimono  Very Happy

Eléanore

556Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Sam 20 Aoû - 16:27

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

eleanore-clo a écrit:Suite à la belle critique de Raymond, j'ai lu Les Cœurs de Ferraille.
Et disons le d'emblée, j'ai beaucoup apprécié.


Après une deuxième lecture, je souhaite partager deux points.

Cœur de ferraille aborde l'éternel sujet des relations mère-fille. La relation entre Iséa et sa mère est mise en perspective de celle entre Iséa et Debry, la mère biologique se comportant différemment de la mère adoptive. Et au final, Béka nous interroge. Qu'est-ce qu'une maman ? Qu'est-ce que l'éducation ?

Un autre point était passé inaperçu lors de ma découverte de la BD. Le robot-policier de service s'appelle le limier. Or, le limier est le robot employé pour traquer les lecteurs-délinquants dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. Voici d'ailleurs un extrait du livre parlant du monstre :
L'innocent s'immobilisa, ahuri, une cigarette allumée à la main. Il fixa de grands yeux sur le Limier, sans savoir ce que c'était. Il ne le sut vraisemblablement à aucun moment. Il leva les yeux vers le ciel et le hurlement des sirènes. Les caméras piquèrent. Le Limier bondit avec une synchronisation et un sens du tempo d'une incroyable beauté. Son aiguillon jaillit. Il resta un instant suspendu dans le vide, comme pour permettre à la foule des téléspectateurs d'apprécier le moindre détail, le regard éperdu de la victime, la rue vide, l'animal d'acier pareil à une balle flairant sa cible.

Un bel et discret hommage Very Happy

Et en conclusion et pour répondre à la question de Raymond, nous avons, comme pour Astérix, une BD qui se lit à plusieurs niveaux, dont un s'adressant aux adultes. En parler dans le fil "Je viens de lire" est donc parfaitement adapté Very Happy

Eléanore

557Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Sam 20 Aoû - 20:56

Murakami

Murakami
bédéphile pointu
bédéphile pointu

Tous vos commentaires m'ont donné envie et je me suis procuré Journal inquiet d'Istanbul. Je l'ai lu dans la foulée et j'ai vraiment beaucoup apprécié. Voilà un roman graphique qui ne vole pas son qualificatif de graphique : j'ai beaucoup aimé que le style du dessin évolue en fonction du sujet traité (parfois réaliste, parfois caricatural) et la mise en couleurs est elle aussi très réussie. J'attends de pied ferme le volume suivant !

558Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Dim 21 Aoû - 7:18

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Murakami a écrit:Tous vos commentaires m'ont donné envie et je me suis procuré Journal inquiet d'Istanbul. Je l'ai lu dans la foulée et j'ai vraiment beaucoup apprécié. Voilà un roman graphique qui ne vole pas son qualificatif de graphique : j'ai beaucoup aimé que le style du dessin évolue en fonction du sujet traité (parfois réaliste, parfois caricatural) et la mise en couleurs est elle aussi très réussie. J'attends de pied ferme le volume suivant !

C'est une très belle BD. Par rapport à Sangoma, je trouve que le regard est biaisé. Ce qui est d'ailleurs normal pour un ouvrage autobiographique car nous voyons la Turquie à travers le regard de l'auteur, et donc vivons ses idées, celle d'un opposant en souffrance. Je préfère la subtilité de Marcel Pagnol dans La gloire de mon père lorsqu'il met en scène les savoureux dialogues entre Joseph, son père, et l'oncle Jules :

Mon père et lui faisaient une paire d'amis, quoique l'oncle Jules, plus vieux et plus riche, prît parfois des airs protecteurs. Il protestait de temps à autre contre la durée abusive des vacances scolaires.
« J'admets, disait il, que les enfants aient besoin d'un si long repos. Mais pendant ce temps, on pourrait employer les instituteurs à autre chose !
— Eh oui ! disait ironiquement mon père, ils pourraient aller remplacer, pendant deux mois, les fonctionnaires de la préfecture, épuisés par leurs longues siestes, et meurtris par le rond de cuir ! »
.

Lorsque mon père apprit — par une confidence de tante Rose à ma mère — qu'il communiait deux fois par mois, il en fut positivement consterné, et déclara que « c'était un comble ». Ma mère alors le supplia d'admettre cet état de choses, et de renoncer, devant l'oncle, à son petit répertoire de plaisanteries sur les curés, et en particulier, à une chansonnette qui célébrait les exploits aéronautiques du vénérable père Dupanloup.
« Crois tu qu'il se fâcherait vraiment ? — Je suis sûre qu'il ne remettrait plus les pieds chez nous, et qu'il défendrait à ma sœur de me fréquenter. » Mon père secoua tristement la tête, et soudain, d'une voix furieuse, il s'écria : « Voilà ! Voilà l'intolérance de ces fanatiques ! Est-ce que je l'empêche, moi, d'aller manger son Dieu tous les dimanches ? Est-ce que je te défends de fréquenter ta sœur parce qu'elle est mariée à un homme qui croit que le Créateur de l'Univers descend en personne, tous les dimanches, dans cent
mille gobelets ? Eh bien, je veux lui montrer ma largeur d'esprit. Je le ridiculiserai par mon libéralisme. Non, je ne lui parlerai pas de l'Inquisition, ni de Calas, ni de Jean Huss, ni de tant d'autres que l'Église envoya au bûcher ; je ne dirai rien des papes Borgia, ni de la papesse Jeanne ! Et même s'il essaie de me prêcher les conceptions puériles d'une religion aussi enfantine que les contes de ma grand-mère, je lui répondrai poliment, et je me contenterai d'en rigoler doucement dans ma barbe ! »
Mais il n'avait pas de barbe, et il ne rigolait pas du tout. Cependant, il tint parole, et leur amitié ne fut pas troublée par les quelques mots qui leur échappaient de temps à autre, et que leurs femmes vigilantes escamotaient aussitôt par de grands cris de surprise, ou des éclats de rire stridents dont elles inventaient ensuite le motif.


Après, le contexte marseillais est surtout moins dramatique. L'intimidation ne rôde pas comme une bête immonde Crying or Very sad .

Eléanore

559Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Lun 22 Aoû - 10:27

Raymond

Raymond
Admin

Le Journal inquiet d'Istanbul est un livre surprenant, qui oscille entre l'autobiographie et la politique, mais aussi entre l'humour et le drame.

 Je viens de lire - Page 23 Journa31

Eleanore-clo a très bien présenté cet album mais la lecture m'a quand même surpris, probablement à cause de son dessin caricatural. Dans certaines scènes, cela surprend, mais lorsqu'il s'agit d'aborder des questions de politique et de religion, ces images féroces se révèlent très efficaces.

Je viens de lire - Page 23 Journa32

L'auteur est également assez caustique vis-à-vis de lui-même. Dans ce premier album, il est un jeune dessinateur qui recherche la célébrité et les filles et ses "années d'apprentissage" semblent être assez faciles. Cette franchise est bienvenue et très rafraîchissante.

Je viens de lire - Page 23 Journa33

Il n'y a pas encore de drame dans ce tome 1 mais on y voit assez rapidement apparaître un homme politique qui va devenir maire d'Istanbul. Il s'agit bien sûr de Recep Erdogan et lorsqu'il s'agit de le dessiner, Ersin Karabulut choisit un dessin plus réaliste, qui devient presque glaçant. La narration devient alors très sérieuse !

Je viens de lire - Page 23 Journa34

Avec la lecture de ce livre, il est apparu un sentiment assez étrange ! Je me suis en effet surtout senti dépaysé. De mon propre voyage en Turquie, j'ai gardé le souvenir d'un pays très proche de l'Europe et le monde décrit par Ersin Karabulut est bien différent. Il est probable que mon regard de touriste était biaisé par le fait que je ne fréquentais que des gens qui parlent l'anglais ou le français (des "pro-européens" donc). Je n'ai pas connu le petit peuple qui se sent désemparé par la modernisation du monde et qui se réfugie souvent dans l'islam pour se rassurer. Mais la situation n'est pas forcément meilleure en Europe, où d'autres formes de fanatisme sont aussi en train de surgir.

C'est donc une belle BD qui nous apprend beaucoup de choses, en particulier que la démocratie est un système politique assez fragile. L'envie de rire y alterne avec l'inquiétude et c'est finalement la deuxième envie qui prédomine. Derrière l'humour, il y a bien souvent souvent une réalité fort sérieuse mais cela, on le savait déjà.   Wink


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560Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Lun 22 Aoû - 14:58

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
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Céleste "Bien sûr, Monsieur Proust" de Cruchaudet  a été élue BD RTL du mois de juin 2022 : https://sequencebd.fr/bd-rtl-juin-celeste-bien-sur-monsieur-proust-chloe-cruchaudet-noctambule/

Eléanore

561Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Mar 23 Aoû - 8:37

Kimono


bédéphile pointu
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eleanore-clo a écrit:Céleste "Bien sûr, Monsieur Proust" de Cruchaudet  a été élue BD RTL du mois de juin 2022 : https://sequencebd.fr/bd-rtl-juin-celeste-bien-sur-monsieur-proust-chloe-cruchaudet-noctambule/

Eléanore

En voilà une bonne nouvelle ! Vivement le tome 2 !


Je reviens un peu sur Istanbul Inquiet, qu'on voit partout en ce moment.
Et il y a de quoi être inquiet ! Comme je le disais, mon expérience bien différente de la tienne, cher Raymond, exceptés les deux hommes remarquables dont j'ai parlé, me pousse à affirmer que les Turcs presque unanimement refusent tout simplement l'occidentalisation (surtout sur le plan sexuel), ceci au nom de la Vérité, à savoir une religion qu'en France je n'ai même plus vraiment le droit de nommer dans une critique (Michel Houellebecq l'a appris à ses dépens). Nos projections mentales ou "explications" n'ont aucun sens pour des croyants, et ils le sont tous.
Je voyageais avec ma jeune épouse japonaise, en sac à dos, visant la "Turquie profonde" mais sans inconfort (hôtels). Comme tous les Japonais, très amateurs de bière, partout elle cherchait les "bira-hané" où l'on en consomme (sauf à Konya, ville extrêmement pieuse). Nulle femme n'était admise dans ces établissements, mais escortée par moi SON MARI, ça pouvait passer malgré la froideur des regards. Et puis une Japonaise, donc ni musulmane ni juive ni chrétienne, pour les musulmans "ça n'existe pas". Ce sont des fourmis, comme pour Edith Cresson. Pourtant un jeune chauffeur de taxi parlant un bon anglais trouva le moyen de me reprocher la tenue (très échancrée sur les côtés du buste) de ma femme. Je répondis qu'elle pouvait faire tout ce qu'elle voulait, à son intense stupéfaction à cause du "regard des autres".... Et en plein centre d'Istanbul, j'ai assisté à une scène absolument affligeante impliquant des gamins, mais bref, on n'est pas là pour raconter sa vie.
Autant dire que je risque une prédiction : encore un peu trop tiède sur les tabous religieux et sexuels, Erdogan sera bientôt éliminé par un "dur".

Je vais parler bientôt d'une formidable série BD, Filles Uniques, par Béka et Camille Méhu, le troisième tome vient juste de paraître. Vie quotidienne de 5 lycéennes qui tentent d'exister malgré un parcours comme les autres : pas simple. Recommandé par le site Madmoizelle.


562Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Mer 24 Aoû - 18:10

eleanore-clo

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Gauloises est une BD écrite par Igort et dessinée par Serio.

Je viens de lire - Page 23 Aa66

L'ouvrage raconte le parcours de deux tueurs italiens qui finissent par se rencontrer. Les pages se succèdent fastidieuses, lassantes et répétitives car la vie de ces deux anti-héros est une litanie de meurtres, plus ou moins horribles. L'un des personnages fume des gauloises, d'où le titre de livre. Et il officie moyennant rémunération pour le compte de la mafia. L'autre est devenu criminel après une enfance compliquée. Les sketches se suivent et se ressemblent sans réelle émotion. Le lecteur s'ennuie ce qui est comble pour un polar où le suspens devrait nous faire tourner impatiemment les pages.

La douceur du dessin au pastel se marie mal avec la violence de la narration. Les cadrages avec un usage abusif du gaufrier contribuent au naufrage général. De plus, le trait manque de noblesse et nous sommes à mille lieues en dessous du crayon aristocratique d'un Götting.

Je viens de lire - Page 23 Aa67

Je viens de lire - Page 23 Aa68

Au final, je pense que la note de E est encore trop bonne  gourdin

Et pourtant Canal BD Magazine d'août et septembre 2022 a classé cette BD dans ses coups de cœur de la rentrée. Une décision incompréhensible, du moins selon mes goûts.

Eléanore



Dernière édition par eleanore-clo le Mer 24 Aoû - 20:42, édité 1 fois

563Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Mer 24 Aoû - 18:55

Raymond

Raymond
Admin

Les images que tu montres sont très belles. C'est peut-être l'aspect graphique du livre qui a séduit le jury de Canal BD.   Question

Par ailleurs, pendant cet été, il n'y avait pas beaucoup de concurrence ... vu le faible nombre de nouveaux albums !    Wink


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564Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Mer 24 Aoû - 22:26

Murakami

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bédéphile pointu
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eleanore-clo a écrit:
Et pourtant Canal BD Magazine d'août et septembre 2022 a classé cette BD dans ses coups de cœur de la rentrée. Une décision incompréhensible, du moins selon mes goûts.

Eléanore
Cela tend à confirmer ce que je pensais déjà de CanalBD Magazine qui est plus un dépliant publiciaire qu'un vrai magazine.

565Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Jeu 25 Aoû - 14:49

Raymond

Raymond
Admin

Je réalise que c'est un album scénarisé par Igort, un dessinateur italien qui possède un solide lot d'admirateurs. C'est peut-être une autre explication de ce choix.   Cool

Sinon, je ne lis plus Canal BD depuis quelques années, mais j'ai le souvenir que les choix de leurs meilleurs albums étaient souvent très bons


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566Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Jeu 25 Aoû - 16:50

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
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L'usage du pastel donne une touche de douceur qui contraste profondément avec un scénario âpre. La BD fait le grand écart entre son intrigue et son dessin.
La fin inachevée sent mauvais la testostérone avec les deux hommes se jaugeant pour savoir lequel remportera le futur et inévitable combat.
Le découpage en chapitre est mal "fichu" et l'arrivée d'Aldo, le boxeur, surprend alors que précédemment chaque volet abordait une partie de la vie de Ciro, l'assassin napolitain. Leur rencontre fleure le duel de western et son invraisemblance relève de la facilité scénaristique.
Et puis, l'emphase apportée sur les cigarettes, les gauloises, d'un des anti-héros sonne artificiel. On comprend vaguement que cette odeur sera la marque de Ciro, qu'elle le trahira et pourtant qu'il la revendique. Au même titre que le gaz qu'il a employé pour aider sa mère à décéder.
Bref, vous pouvez économiser sans souci l'achat de ce livre et faire de plus une bonne action pour la planète.

Eléanore

567Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Jeu 25 Aoû - 16:51

eleanore-clo

eleanore-clo
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Après son remarquable 1984 (prix de la BD Fnac France Inter en 2022), tout le monde attendait Xavier Coste et le moins qu'on puisse dire est qu'il nous fait de nouveau plaisir avec sa nouvelle BD : L'homme à la tête de lion.

Je viens de lire - Page 23 Couv_453886

Hector souffre d'une pilosité surabondante (https://fr.wikipedia.org/wiki/Hypertrichose) qui lui confère un visage léonin. Abandonné par sa mère et orphelin de père dès son plus jeune âge, notre héros va grandir dans une foire. Remarqué par le directeur d'un cirque géant, il va en constituer une des attractions phares, au même titre que d'autres "monstres". Mais derrière l'allure animale se cache un être cultivé, sensible et souffrant de sa solitude...

Le roman graphique fait bien évidemment référence à l'Elephant Man de David Lynch (https://fr.wikipedia.org/wiki/Elephant_Man_(film)). L'auteur se positionne en chantre de la différence et de la tolérance. Chacun des artistes, que ce soit l'avaleur de sabre ou encore l'homme homard, se révèle intelligent, tendre et oserais-le lire presque lumineux. L'ouvrage prône de ne pas s'arrêter aux apparences et d'aller au-delà car une belle humanité se cache parfois derrière une apparence non choisie. Le mépris se basant sur l'aspect extérieur est d'ailleurs dénoncé comme contagieux. Et lorsque Hector rencontre une femme lion dans un autre cirque, celle-ci lui confie ne pouvoir l'aimer car déjà incapable de se regarder dans un miroir.

J'ai évoqué le cinéma de Lynch mais on pense aussi à Cecil B. DeMille et à Sous le plus grand chapiteau du monde (https://fr.wikipedia.org/wiki/Sous_le_plus_grand_chapiteau_du_monde), même si le directeur du cirque itinérant n'a pas le charisme et la beauté de Charlton Heston Smile . On retrouve cette image forte des grands spectacles itinérants, allant de ville en ville, voire de continent en continent. Les freak shows ont fait le succès d'entrepreneurs peu scrupuleux qui avaient compris l'appétence du public pour les difformités.

Le déclin du cirque dans une société qui s'ouvre à de nouveaux médias et à de nouvelles mœurs est abordé avec beaucoup d'intelligence et de sensibilité. On pense bien évidemment à la fermeture en 2017 du fameux cirque Barnum & Bailey mais aussi à la destruction créatrice de Schumpeter https://fr.wikipedia.org/wiki/Destruction_cr%C3%A9atrice. Le progrès a du bon et du moins bon  Rolling Eyes

La conclusion douce-amère interroge. Outre le fait qu'elle se moque du marché de l'art, elle pose surtout la question du bonheur. Sartre a écrit que "l'enfer c'est les autres" alors que l'Abbé Pierre professait que "L’enfer, c’est soi-même coupé des autres". A chacun de choisir...

Je viens de lire - Page 23 Barnum_and_Commodore_Nutt Je viens de lire - Page 23 Lionel%2C_l%27homme_%C3%A0_la_t%C3%AAte_de_lion

Concernant le dessin, Coste fait du Coste Laughing Et j'apprécie son style : des visages et des silhouettes volontairement imprécises, comme noyés dans une masse anonyme ou mieux encore écrasés par la société, des décors spectaculaires, un trait charbonneux, une gamme chromatique réduite et très expressive, de grands aplats de couleurs opposées apposées, etc. Un très bel équilibre au service d'une narration parfaitement maîtrisée  Very Happy

Je viens de lire - Page 23 3564_P6

Je viens de lire - Page 23 3564_P7

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Pour finir, j'ai beaucoup apprécié cette BD. J'hésite entre EEE et EEEE. Je laisse donc ma note ouverte et suis curieuse de voir quel sera le destin du livre sur notre forum bien sûr, mais aussi chez les critiques professionnels de BD  Very Happy .

Eléanore

568Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Ven 26 Aoû - 9:16

Raymond

Raymond
Admin

Le pitch de cette histoire me fait aussi penser à Freaks, le fameux film américain de Todd Browning. Il raconte l'histoire d'un cirque qui exhibe toute une série de monstres à la fois grotesques et attachants, et il fait finalement un bel éloge de la différence, Est-ce que je me trompe ?


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569Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Ven 26 Aoû - 9:44

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Bonjour Raymond

Oui et non. Freaks explore les relations entre des personnes normales (la trapéziste notamment) et les "monstres" sur fond de "gros sous" (l'héritage du nain). L'homme à la tête de lion présente une communauté de "phénomènes" vivant en dehors du monde usuel. La cupidité sous-tendant la narration du film laisse la place à la solitude et au désir d'une vie normale dans la BD.

D'un autre côté, on retrouve le même décor, le crique en l’occurrence, dans les deux scénarios.

Eléanore

570Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Sam 27 Aoû - 10:10

Raymond

Raymond
Admin

ActuaBD parle à son tour de l'Homme à la Tête de Lion, écrit et dessiné par Xavier Coste. 

Je viens de lire - Page 23 Homme-23

Philippe Lebas tisse lui aussi un parallèle entre cette BD et le fameux film Freaks. Pour moi, c'est non seulement un bel éloge, mais aussi une véritable recommandation de lecture.

  « L’Homme à la tête de lion », la nouvelle réussite de Xavier Coste, (...) - ActuaBD

Je vais m'y intéresser !   Cool


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571Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Dim 28 Aoû - 14:27

Raymond

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Les BD importantes ne se bousculaient pas sur les rayons des librairies et j'ai donc acheté sans attendre l'Homme à la Tête de Lion, ce roman graphique dont tout le monde dit tant de bien.   Wink

L'histoire de cet "homme-lion" présente certes quelques points communs avec le film Freaks, dont nous avons parlé avec eleanore, mais les différences me paraissent finalement bien plus importantes que les similitudes. Freaks est en effet un mélodrame qui explore les limites de la vraisemblance, tandis que la bande dessinée de Xavier Coste est un récit réaliste centré autour de la solitude d'un personnage. Ce n'est pas un drame, mais plutôt un récit qui est raconté à la première personne et qui correspond à la biographie réelle de Stéphane Bibrowski, Ce dernier souffrait d'une hypertrichose d'origine génétique et il a vécu au début du XXème siècle la vie singulière d'un phénomène de cirque. Eleanore vous a déjà montré sa photo et vous trouverez quelques informations supplémentaires sur cet homme dans sa biographie de Wikipedia :

Stephan Bibrowski — Wikipédia (wikipedia.org)

Le fil conducteur est donc "l'homme-lion" qui parle de son quotidien, de ses espoirs, des ses ennemis et surtout de sa solitude. Le personnage n'a que trop conscience de sa différence qui le tient à l'écart des autres êtres humains et le récit décrit longuement son isolement. Cela lui permet parfois d'adopter une posture romantique (en se définissant tout simplement comme un vrai lion) mais cela correspond bien plus souvent à une triste sensation d'enfermement.

Je viens de lire - Page 23 Homme-24

L'homme-lion est en effet un phénomène de cirque et si ce métier lui permet de gagner son pain (et de vivre tout court), il me saurait satisfaire son aspiration véritable à connaître plus d'affection. Une grande partie de sa vie est ainsi consacrée aux promenades solitaires à travers les villes, où il essaie vainement de retrouver l'âme sœur qui saura voir en lui l'être humain. Les seuls souvenirs affectueux de l'homme-lion proviennent en fait de ses parents (qui l'ont assez vite abandonné), tandis que ses collègues de cirque (les autres monstres) n'éveillent chez lui aucun sentiment d'amitié. Heureusement. l'homme-lion est orgueilleux et il affronte crânement son destin de bête de foire.

Je viens de lire - Page 23 Homme-25

L'œuvre de Xavier Coste raconte donc le pénible accomplissement spirituel d'un être solitaire et volontaire, qui possède heureusement quelques talents cachés, en particulier pour le dessin. Ce récit correspond un peu au canevas du "brave petit tailleur", à ceci près que la conclusion du récit (l'accomplissement du héros dans la solitude) peut tout de même être vu comme profondément pessimiste. Et comme pour mieux nous faire avaler cette longue rumination triste et solitaire, Xavier Coste varie avec habileté la construction de ses planches, les séquences animées et riches en petits images alternant avec les gros plans contemplatifs ou les grandes images presque énigmatiques. Les séquences silencieuses sont également assez fréquentes et le dessinateur fait preuve d'un réel talent graphique pour prévenir l'ennui qui pointe derrière ce récit d'une longue solitude.

Je viens de lire - Page 23 Homme-26

C'est un bel album, donc, à la fois réaliste et habilement raconté, mais pas réellement distrayant à mon goût. Je n'ai donc pas été enthousiasmé par cette lecture, mais il me faut bien reconnaître les qualités de l'ouvrage. C'est un peu pour cette raison que je ne mettrai pas la note maximale pour cette BD (ce sera un LLL), mais je verrais assez bien cet album figurer dans le top ten de l'année 2022, car il fait preuve d'un très belle ambition et d'une réelle habileté. On en discutera bien sûr à la fin de cette année !   Wink


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572Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Ven 9 Sep - 16:33

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
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Le serpent et le coyote est une BD écrite par Matz et dessinée par Xavier.

Je viens de lire - Page 23 Aa79

Au volant de son camping-car, Joseph se promène dans les parcs nationaux de l'Ouest américain et il recueille un bébé coyote blessé qu'il soigne et emmène avec lui. Sauf que Joseph est le pseudonyme de Giuseppe, un ancien caïd de la drogue, qui a accepté de témoigner contre ses anciens amis moyennant une nouvelle vie, sous une nouvelle identité et bénéficiant de la protection d'un policier fédéral. Et voilà que dans un autre procès, son témoignage est nécessaire... Et bien évidemment, les accusés vont chercher à éliminer la menace...

Cette BD bénéficie d'un gros titrage et d'une intense campagne publicitaire. Manifestement, Le Lombard croit dans cette histoire et espère qu'elle rencontrera un grand succès auprès du lectorat. On ne peut que saluer le travail de Matz. Un fort suspens sous-tend l'intrigue et les pages défilent à toute vitesse. Les problématiques, "peut-on soigner le mal par le mal ?" et "peut-on se échapper à son destin ?", sont traitées avec brio à travers le programme américain de protection des témoins : https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_f%C3%A9d%C3%A9ral_des_%C3%89tats-Unis_pour_la_protection_des_t%C3%A9moins. Pour les amateurs de Guillaume Musso, le scénario s'inspire de la conclusion de L'appel de l'ange. On y retrouve ce surprenant mélange de bons sentiments et de violence.

Les personnages sont remarquablement campés et ils sonnent vrai. La fille de Joseph contraste délicieusement avec son père et on pense à Grace Kelly dans Le train sifflera trois fois lorsqu'elle tue un des mafieux pour sauver son paternel. L'amie de Joseph porte un message de tolérance et de féminisme. Et le policier fédéral incorruptible se révèle joliment blasé et vénal... Tout un poème ! Et on ne peut que saluer le talent de Matz qui nous rend le héros (l'anti-héros) presque sympathique alors qu'il est un criminel sans scrupule. Pour ce faire, l'auteur recourt à plusieurs lignes temporelles qui permettent de comprendre l'inéluctabilité du chemin d'un jeune new-yorkais vers la noirceur. Et le recours au bébé coyote rajoute la touche de fraîcheur et d'humanité nécessaire. La BD fait donc preuve d'une belle intelligence sociale.

Le dessin a séduit l'amoureuse de l'Ouest américain. Toutes les cartes postales de Monument Valley ou du Grand Canyon défilent sous nos yeux. Et ces splendides décors offrent de belles scènes pour un théâtre extrême, où des personnages forts, entiers et hors norme jouent et s'affrontent non sans un certain humour (noir). Le dessin est réaliste et très travaillé.

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Au final, nous avons là une belle BD, intelligente et très bien illustrée. Les deux créateurs se sont surpassés, un opus unique bien plus fort et vivant que la série Tango que certains d'entre vous connaissent peut être par ailleurs ?
EEEE

Eléanore



Dernière édition par eleanore-clo le Sam 10 Sep - 3:34, édité 1 fois

573Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Ven 9 Sep - 22:07

Raymond

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Fichtre ! Voilà une BD qui mérite d'être considérée.   Very Happy

Philippe Xavier a fait des progrès depuis l'époque de Croisades.


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574Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Mar 13 Sep - 9:55

Raymond

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Planète BD est en tout cas tout à fait d'accord avec eleanore-clo, puisque ce site accorde le Bédien d'Or au dernier album de Philippe Xavier, intitulé le Serpent et le Coyote. Serait-ce un must ?   Wink

Je viens de lire - Page 23 Serpen19

J'y relève un aspect inattendu et sympathique dans ce traditionnel thriller. Le critique estime en effet que ce récit à la première personne touche par sa sensibilité et son aspect très humain.  Mouais ... c'est peut-être pas mal.  

la critique se trouve ici :

Le Serpent et le coyote, bd chez Le Lombard de Matz, Xavier, Maffre (planetebd.com)


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575Je viens de lire - Page 23 Empty Re: Je viens de lire Sam 17 Sep - 10:59

Raymond

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eleanore-clo a écrit:Le petit frère est une BD autobiographique de Jean-Louis Tripp.

Je viens de lire - Page 23 Petit_14

Nous sommes dans les années 1976 et la famille Tripp part en vacances dans une roulotte qui arpente les route bretonne. Gilles, le petit frère du dessinateur, est fort turbulent. Il chante, joue et enchaine les bêtises. Malheureusement, en descendant sans regarder du véhicule, il est heurté par une voiture qui prend la fuite. L'enfant agonise quelques heures avant de décéder à l'hôpital.

Jean-Louis Tripp poursuit ses confidences, avec, du moins je le ressens ainsi, beaucoup d'impudeur. Si Extases racontait la vie sexuelle de l'auteur, Le petit frère dépeint le décès de son "frérot". Aucun détail ne nous sera épargné et l'accident sera dessiné maintes et maintes fois. Le réalisme est de mise. Et les vignettes peuvent choquer. Mais pourquoi diantre, le bédéaste s'est-il lancé dans cette œuvre morbide ? A la toute fin de l'ouvrage, Tripp explique ce projet par le décès d'un membre de la famille de sa compagne et puis par un accident mortel similaire dans son voisinage. Mais je n'y crois pas. Cette BD m'apparait plutôt comme une thérapie par laquelle l'auteur essaie de guérir d'un traumatisme ayant marqué tout sa vie. Une tentative pour faire son deuil de son petit frère. La tristesse se marie d'ailleurs avec la culpabilité car l'accident s'est produit alors que Jean-Louis Tripp conduisait la roulotte et assurait la garde de Gilles. Le roman graphique ne parle d'ailleurs pas seulement du dessinateur. Avec une certaine crudité, il nous raconte comment sa sœur, sa mère et son père ont vécu la tragédie. Comment ce drame les a conduit à changer de vie.

La BD fait 334 pages. Que ce nombre imposant ne vous effraie pas car elle se lit relativement vite. Et surtout, cette pagination abondante permet à Tripp de reconstituer les années 1970 avec un luxe impressionnant de détail. Il en est de même pour le décès de son frère puisque nous pouvons lire les différents procès verbaux établis par la gendarmerie, la lettre écrite par sa mère à l'automobiliste, etc. Différentes cartes routières confortent encore plus le réalisme de la restitution.

Le dessin est dans la continuité des œuvres précédentes avec quelques essais graphiques originaux lorsque l'auteur essaie de représenter sa douleur. Les vignettes sont en noir et blanc ce qui accentue l'ancrage dans les années 70.

Au final, je vais mettre un EEEE. Je n'aime pas cette œuvre car trop triste, trop atroce. Faut-il revivre encore et toujours les catastrophes ou se forcer à tourner la page ? Chacun aura sa propre opinion. Il faut néanmoins reconnaitre la puissance de la narration et la qualité rare de la reconstitution. De plus, la BD est d'actualité comme en témoigne le récente mort du fils du cuisinier étoilé Alleno : https://www.leparisien.fr/faits-divers/nous-te-pleurons-de-tous-nos-corps-yannick-alleno-rend-hommage-a-son-fils-decede-dans-un-accident-13-05-2022-TUAP25KLJVDSVB36SDMXP57ESM.php.

Les librairies du réseau CANAL BD ont en tout cas sélectionné cet album pour le Prix des Libraires de Bande Dessinée 2023 : https://www.canalbd.net/glbd_plibre_33-12_Selection-2021-2022. Et l'association ABCD a placé le titre dans les indispensables de l'été 2022.

C'est clairement la BD la plus aboutie de Tripp, son chef d'œuvre à n'en pas douter.

Eléanore

J'ai fini par lire ce roman graphique dont le thème et la sincérité sont très touchants, mais qui ne m'a pas totalement convaincu. J'hésite en fait entre le EEE et le EEEE.

En faveur de l'idée qu'il s'agit d'un chef d'œuvre, il y a d'abord l'authenticité du récit, bien sûr, de même qu'une simplicité de bon aloi dans l'exécution du dessin. "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement" disait Boileau, et il en est de même pour le dessin. il y a ensuite une intéressante distance critique (et une recherche de vérité) de l'auteur par rapport à ses souvenirs, qui assume finalement de garder une certaine subjectivité dans son récit. Il y a enfin une belle universalité dans cette histoire, et une véritable efficacité à exprimer certains sentiments qui restent généralement indicibles.

En faveur de l'idée qu'il manque un petit quelque chose à cette BD, il y a d'abord une certaine difficulté à dépasser l'anecdote, et à élargir un peu le sujet pourrais-je dire. Il en résulte après 200 pages un léger sentiment d'ennui, parce que l'auteur se répète un peu trop. Jean-Louis Tripp cherche manifestement à nous restituer toute la vérité de l'accident et des moments de deuil et cela le pousse souvent à ralentir le récit, à répéter les mêmes choses et à pinailler sur certains détails. A force d'insister et de se répéter, je trouve que l'auteur dilue un peu son sujet. Il aurait mieux valu (à mon avis) ne pas dépasser les 200 pages pour éviter certaines redites.

Ceci dit, c'est un livre sincère.  Il est donc normal que Jean-Louis Tripp raconte la mort de son frère à sa propre façon. Je ne fais qu'exprimer l'impression d'un lecteur naïf qui, curieusement, a davantage été impressionné par "l'Extase" (un livre dont le sujet pourrait paraître futile) que par le "Petit Frère".

Et peut-être que cette petite réserve à propos d'une belle BD adulte va susciter un débat ?   Wink


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