Encore une production prometteuse. Lefranc a trouvé en Regric son meilleur repreneur. L'idée de lui confier, seul, la série, est judicieuse. L'alternance de deux équipes sur une même série ne fonctionne pas véritablement sur des séries aussi exigeantes que celles de J. Martin. La différence entre le style des Enfants du Bunker et de Noël noir était bien trop évidente pour que les lecteurs ne s'en rendent pas compte. Pour ne rien dire des albums de Taymans, excellents, mais où le style habituel que l'on retrouve dans Caroline Baldwin ressortait un peu trop des dessins de Taymans et de ses collaborateurs.
Ce nouvel album (ou en tout cas ses premières planches) montre que Regric tend de plus en plus à faire ressembler son style à celui que Bob de Moor avait forgé pour son unique Lefranc. C'est une belle réussite, que l'on doit attribuer à la ténacité d'un dessinateur qui n'a jamais ménagé sa peine pour réaliser des illustrations parmi les plus exigeantes pour ses Reportages de Lefranc sur l'aviation.
A titre personnel, un album de Lefranc par Patrick A. Dumas ne m'aurait pas déplu, d'autant plus que le scénariste pressenti est un orfèvre en matière d'écriture, mais le destin (et les éditeurs) en ont décidé autrement...
Par contre, et puisque j'évoque le scénario, celui de L'Eternel Shogun m'avait laissé un goût un peu amer, il faudrait que je m'y replonge pour pouvoir en reparler. J'espère que cet album nouveau ne sera pas aussi décevant que le précédent l'a été, pour moi. Il faut dire que Martin nous avait habitué, ans ses meilleurs Lefranc de la période, à de tels tours de force et inventions... qu'il est difficile d'atteindre son ambitieux scénaristique de jadis. Je suis toujours dans l'attente de lire le Lefranc en Antarctique, écrit par Corteggiani. Je le crois plus à l'aise dans un Lefranc, au XXe siècle, que dans la période antique. Son Alix m'avait laissé un peu circonspect.