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351Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Dim 11 Avr - 11:00

Totoche Tannenen

Totoche Tannenen
vieux sage
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La crise de la quarantaine (non, rien à voir avec le Covid !) racontée avec beaucoup d'humour par Manu Boisseau, l'auteur du génial James Bonk (Cornélius). Je ne sais pas quelle est la part d'autobiographie là-dedans, mais cela pourrait bien parler à pas mal d'entre nous !!! : dans ce cas, sens de l'auto-dérision souhaité ! Les scènes cauchemardesques d'introspection m'ont rappelé les songes de Max, (le génial dessinateur espagnol)... Plus une histoire pour les garçons ??? Les filles, vous me direz ?

Je viens de lire - Page 15 Partir-un-jour

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352Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Dim 11 Avr - 11:44

Raymond

Raymond
Admin

Je l'ai acheté hier, sur ton conseil ! Il ne me reste plus qu'à le lire.   Wink


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353Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Dim 11 Avr - 13:02

Totoche Tannenen

Totoche Tannenen
vieux sage
vieux sage

Mme T. n'a pas trop aimé... Peut être est ce parce que c'est le point de vue d'un homme ??? Je ne sais pas. D'où ma légère réserve émise ci-dessus.

http://planbd.blogspot.com

354Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Mar 20 Avr - 10:03

Raymond

Raymond
Admin

Pour ma part, je suis mitigé par rapport à Partir un Jour, que j'ai lu il y a quelques temps.

Je viens de lire - Page 15 Partir12

Points positifs : l'honnêteté de ce livre qui s'inspire probablement d'événements réels (est-ce autobiographique ?). Le graphisme simple et épuré est par ailleurs très adéquat pour raconter ce genre d'histoire.

Je viens de lire - Page 15 Partir11

Point négatif : il est très vite ennuyeux pour le lecteur de raconter l'ennui et les situations de crise que cela entraîne. Par moment, l'auteur trouve un peu de verve et cela devient alors intéressant, mais cela ne dure pas je n'ai donc globalement pas été très emballé.

ActuaBD en fait également une critique assez réservée.

Partir un jour - Par Manu Boisteau - Casterman - ActuaBD


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355Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Ven 30 Avr - 17:35

Raymond

Raymond
Admin

Je m'en voudrais vraiment de ne pas commenter ici ce petit album inclassable, à la fois simple et délicat, qui s'intitule Factomule et qui m'a apporté un superbe moment de lecture. Ironiquement sous titrée  "grand thriller politique international", cette œuvre a été écrite et dessinée par l'auteur norvégien Oywind Torseter, qui est totalement inconnu chez nous.

Je viens de lire - Page 15 Factom12

"Album inclassable" ai-je dit ? Eh oui .. par sa forme tout d'abord, car c'est un album bizarre, à mi-chemin entre le livre pour enfant et la bande dessinée. Par le fond, ensuite, car ce "grand thriller illustré" est en fait un récit délicat et ironique, qu'il faut certes lire au premier degré mais qui ne cherche pas à réveiller des sensations fortes. L'œuvre est plutôt intimiste et elle semble faire partie d'une vraie série d'aventures qui sont parus en Norvège et que nous ne connaissons pas. Son héros se nomme "Tête de Mule" et c'est un personnage humanoïde mal définissable, dont l'emploi et la situation sociale peuvent changer d'un album à l'autre. Dans Factomule, le héros est employé par un ministre comme "factotum", ou si vous préférez comme "homme à tout faire".

Je viens de lire - Page 15 Factom13

Bénéficiant d'une situation enviable, Tête de Mule se retrouve dépossédé de tous ses biens (et de son identité) par un redoutable voleur au sourire carnassier. C'est le début de ses misères, et d'une longue lutte du factotum pour retrouver ce qui lui appartient.

Je viens de lire - Page 15 Factom14

Cette quête désespérante de Tête de Mule est paradoxalement racontée d'une façon ironique, même si l'auteur éprouve une évidente empathie pour son héros. On pourrait comparer cette histoire au fameux film "Drôle de Drame", car il s'y passe des événements dramatiques mais ce n'est au fond pas très sérieux. La manière de raconter cette aventure me fait également penser à l'ambiance tendre et gaie des films de Jacques Tati. Bien sûr, le héros finit par trouver de l'aide mais ses affaires restent tout de même bien mal engagées. Il ne lui reste alors plus qu'à énoncer quelques remarques un peu désabusées, et très philosophiques.   Wink

Je viens de lire - Page 15 Factom15

Ce n'est pas un thriller, donc, mais l'intrigue propose quand même beaucoup de rebondissements, qui aboutissent d'ailleurs à une situation complexe et apparemment inextricable. C'est donc un livre que l'on lit volontiers à toute vitesse pour savoir comment le personnage va s'en sortir, et il faut admettre que le récit est finalement très bien mené. Et puis, après avoir terminé l'ouvrage (et avoir été rassuré Wink ), on ne peut s'empêcher de revoir certaines pages afin d'en savourer l'ambiance si spéciale et le dessin très épuré, qui devient par moments presque poétique. 

Je viens de lire - Page 15 Factom16


J'ai le sentiment d'avoir découvert un nouvel auteur, qui ne ressemble à nul autre et qui nous procure un plaisir neuf.   Very Happy

Bie sûr, ce livre discret ne fera pas grand bruit mais ... ceux qui aiment sortir des entiers battus apprécieront cette œuvre attachante et délicate. Oywind Torseter est sans aucun doute un auteur à suivre.


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356Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Mar 11 Mai - 18:54

Raymond

Raymond
Admin

Les BD animalières réservent parfois de bonnes surprises. C'est une des raisons pour laquelle j'ai finalement acheté l'album Curtiss Hill, une œuvre écrite et dessinée par l'auteur espagnol Pau, qui a suscité d'excellentes critiques dans la presse spécialisée.

Je viens de lire - Page 15 Curtis12

J'ajouterai aussi que Pau a été l'auteur d'une belle mini-série d'heroic fantasy, elle aussi animalière, qui est parue il y a une dizaine d'années et qui s'intitulait "Atlas et Axis". Elle m'avait laissé un excellent souvenir et quand on me me fait lire de bon albums ... je peux devenir un lecteur assez fidèle.  Wink

Comme le suggère la couverture, Curtiss Hill est le nom d'un pilote de course automobile. C'est un jeune millionnaire sportif et élégant, une sorte de "gentleman conducteur" vivant dans un monde assez proche de l'Europe des années 30, qui est adulé par les foules et qui semble avoir toutes les qualités morales et physiques d'un héros. Son adversaire principal se nomme Rowlf Zeichner et ce dernier est un individu douteux, qui est manifestement prêt à commettre tous les coups bas imaginables dans l'unique but de gagner une compétition. Zeichner va t-il une fois arriver à battre Curtiss Hill ? C'est le premier point d'interrogation (on pourrait même parler de suspense) de cette histoire apparemment sportive.

Je viens de lire - Page 15 Curtis13

Avec un tel "pitch", on pourrait imaginer que ce récit est simplement une sorte de "Michel Vaillant animalier" mais ... on découvre très vite une intrigue qui est bien plus subtile qu'il n'y paraissait. Une journaliste décide en effet d'enquêter sur ce spectaculaire duel entre ces deux pilotes que tout oppose, et le lecteur va découvrir avec elle la subtile réalité qui se cache derrière les apparences. Le "méchant" n'est en fait pas si mauvais que cela, tandis que le "bon" a pour sa part bien des choses à se reprocher. Cette finesse des portraits psychologiques est l'aspect le plus séduisant de la BD.

Je viens de lire - Page 15 Curtis14

Et très vite, on ne s'intéresse plus vraiment à l'issue du duel entre les deux champions ! On se demande plutôt qui est le personnage le plus sympathique de cette histoire et la réponse n'est bien sûr pas si simple. En fait, chacun aura envie d'y répondre en fonction des ses croyances et de ses propres valeurs. On pourrait même en faire tout un débat.  Cool

Je viens de lire - Page 15 Curtis15

Et c'est ainsi qu'au delà du suspense des courses automobiles et de l'intrigante psychologie de ses héros, cette BD m'a séduit avant tout par la malice de son intrigue. Pau a en effet le talent d'amener son lecteur là où il ne veut pas aller et de le forcer un peu à réfléchir. Rassurez vous toutefois : "Curtiss Hill" n'est pas du tout une BD intellectuelle ! C'est au contraire une histoire pétillante et facile à lire, qui soulève des questions morales assez basiques et qui stimule ainsi l'imagination. En évitant soigneusement tout manichéisme, l'auteur semble nous inviter à prendre position mais, au fond, on n'est pas du tout obligé de le faire.   Wink

C'est donc une belle BD, qui est assez vite lue mais qui laisse ensuite une douce envie de rêver. C'est probablement pour cela que je l'ai appréciée, et que je vous la conseille.   Very Happy


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357Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Ven 14 Mai - 16:42

Raymond

Raymond
Admin

J'admire beaucoup l'œuvre de Martin Winckler, l'auteur entre autre de la merveilleuse "Maladie de Sachs", et j'ai donc été intéressé par sa nouveauté qui est apparue ces dernières semaines dans les librairies de BD. L'album s'intitule Le Chœur des Femmes et c'est une adaptation du roman éponyme de Winckler, qui a été réalisée par Aude Mermillod.

Je viens de lire - Page 15 Choeur12

Comme cet album rencontre partout des louanges, j'ai joyeusement décidé de l'acheter car au fond ... j'aime bien ce que raconte les médecins.   Wink

Dans la postface de cette BD, Winckler explique que le thème de son roman s'était au départ inspiré du récit de "Barberousse", le fameux film "médical" d'Akira Kurosawa. Cette œuvre raconte le classique scénario d'apprentissage de la pratique clinique par un jeune interne, et c'est bien sûr aussi la trame de la BD d'Aude Mermillod. Une étudiante de 5ème année, qui est la première de sa promotion et qui veut devenir chirurgienne, est obligée de faire d'abord un stage de 6 mois dans une policlinique de gynécologie. Elle considère cette obligation comme un épouvantable pensum et ses premiers contacts avec le médecin responsable de l'unité sont assez conflictuels.

Je viens de lire - Page 15 Choeur13

Il existe plusieurs étapes pendant la carrière d'un médecin. La première période est bien sûr celle de l'acquisition des connaissances et du savoir faire, et les jeunes internes sont pour cette raison fascinés par l'aspect scientifique du métier (et par le pouvoir de guérir.) Ce n'est que 5 à 10 ans plus tard (voir 20 à 30 ans ... ou jamais, cela dépend du caractère de la personne  Wink ) que les aspects humanistes prennent une place prépondérante. A ce moment-là, ce n'est plus ce que la science enseigne qui est important mais bien ce que demande le malade. Et la jeune étudiante n'est pas capable de comprendre cette subtilité là ! Elle affronte ainsi son "maître" d'une façon assez quérulente.

Je viens de lire - Page 15 Choeur14

Mais peu à peu ... l'étudiante découvre que ce qui est fascinant dans le métier médical, c'est surtout le patient avec sa sensibilité, ses contradictions et ses paradigmes. La relation médecin-malade est bien plus difficile et incertaine que les gestes techniques, mais elle est aussi (à la longue) bien plus passionnante, voir même plus gratifiante. Et le regard de la jeune femme se met alors à changer, elle s'humanise, puis se passionne pour ce travail qu'elle méprisait au départ. Elle devient également plus sympathique pour le lecteur, d'autant plus qu'elle a elle aussi ses propres secrets, qui vont peu à peu apparaître au grand jour ... 

Je viens de lire - Page 15 Choeur15

Bref, je ne dévoilerai pas la "clé du récit", qui est toute différente, et je confierai simplement avoir adoré sans réserve cette histoire dont le contenu m'était au départ plutôt familier, et qui m'a quand même offert quelques surprises inattendues. L'apprentissage de l'humanisme est un thème assez classique et qui me tient à cœur, mais Winckler pousse cette ambition bien plus loin que je ne pensais. Aude Mermillod dessine pour sa part ce témoignage avec un style qui m'a paru juste et sensible, à la fois simple, expressif et sans recherche d'effets inutiles.

Au final, ce n'est pas le chef d'œuvre de l'année mais c'est un beau récit plein d'intelligence, assez original (car il s'éloigne finalement du scénario attendu), et qui est surtout riche en idées et en émotions. C'est donc un bon moment de lecture.


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358Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Dim 16 Mai - 9:12

eleanore-clo

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vieux sage
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Sélénie est une BD de Fabrice Lebeault

Je viens de lire - Page 15 Couv_423158

Dans un futur lointain, la Terre a été dévastée par le conflit entre un criminel et des policiers extraterrestres. L'humanité a survécu et a même réussi à recréer un semblant de civilisation dans de gigantesques bulles, sur la Lune. Sélénie, fille d'un alien et d'un humain, dirige le petit royaume sélénite sous la tutelle bienveillante d'un robot, Cacochyme ( Laughing ), mais aussi sous la menace de Charpin, un politique local bien décidé à imposé sa dictature. Une capsule de secours provenant de l'espace atterrit dans le désert lunaire et Sélénie entreprend de découvrir ce qu'elle abrite....

En apparence mais seulement en apparence, Lebeault nous conte une aventure de science-fiction post-apocalyptique. Un soupçon de rétrofuturisme (l'architecture lunaire), des enfants dirigeants un royaume (merci C.S.Lewis https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Monde_de_Narnia), des monstres très classiques (merci Jacobs : Le Rayon U et merci Christian Charrière https://fr.wikipedia.org/wiki/La_For%C3%AAt_d%27Iscambe), une once de super-héros, de multiples références au cinéma (Méliès et son Voyage dans la lune ou encore Chaplin avec Le dictateur) auraient pu réduire cette BD à un conte pour adolescents. Mais la fin (que je ne vous dévoilerai pas  Smile ) donne une toute autre dimension au scénario. L'auteur regarde alors du côté de Matrix et nous questionne sur le libre arbitre et le bonheur. Tel Asimov (https://fr.wikipedia.org/wiki/Robbie_(nouvelle)), il nous interroge aussi sur ce que peut être l'amour.

Côté dessin, le style est très classique avec quelques belles envolées comme le cheval-hippocampe de Sélénie, le visage de Cacochyme (un hommage à De Cape et de Crocs ?) ou encore les natifs lunaires (une référence à Messire Guillaume de Matthieu Bonhomme ?). Les décors sont extrêmement variés, bien construits, et on ne peut qu'apprécier leur crédibilité. Saluons aussi les couleurs de Lofé. Il n'est pas facile de passer du désert terrestre à la nuit lunaire tout en passant par la lumière de la base spatiale. Et bien, le défi est réussi.  Very Happy

Je viens de lire - Page 15 3213_P1 Je viens de lire - Page 15 3213_P3

Je viens de lire - Page 15 3213_P6 Je viens de lire - Page 15 3213_P7

Au final, une belle BD. Et je suis très curieuse de connaitre le retour d'autres membres du forum s'étant lancé dans l'aventure. En tout cas BDzoom a apprécié : http://bdzoom.com/167483/lart-de/%C2%AB-selenie-%C2%BB-de-la-lune-a-la-terre-avec-fabrice-lebeault/.

Eléanore



Dernière édition par eleanore-clo le Dim 16 Mai - 11:14, édité 1 fois

359Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Dim 16 Mai - 9:32

Draculea

Draculea
vieux sage
vieux sage

Voilà pour ouvrir ce dimanche une belle présentation qui me donne envie de découvrir cette oeuvre. J'aime beaucoup ce personnage lune en robe de chambre et d'une façon générale ce dessin et sa mise en couleur très douce. Very Happy

http://www.marchenriarfeux.net

360Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Dim 16 Mai - 10:46

Raymond

Raymond
Admin

J'avais bien aimé Horologiom, la série vedette de Fabrice Lebeault qui a été publiée il y a une vingtaine d'années, ainsi que le Mangeur d'Histoires, un one-shot  fantastique un peu plus récent. C'est en fait un dessinateur rare, qui travaille depuis au moins 30 ans et qui n'a que peu d'albums à son actif. J'imagine qu'il ne fait pas seulement de la BD.

En tout cas, je vais m'intéresser à cet album !  J'aime bien retrouver des auteurs que je connais un peu.   Very Happy


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361Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Lun 17 Mai - 11:44

Raymond

Raymond
Admin

Philippe Tomblaine a lui aussi apprécié Sélénie, décrit comme un hommage à la science fiction d'antan !

Je viens de lire - Page 15 Szolzo10

Sa chronique très argumentée se trouve sur BDZoom !

« Sélénie » : de la Lune à la Terre avec Fabrice Lebeault… | BDZoom.com


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362Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Mer 19 Mai - 12:24

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Les enfants des autres est le tome 1 de la série Contrapaso de Teresa Valero.

Je viens de lire - Page 15 3189_couv

Dans l’Espagne franquiste des années 1950, deux journalistes, Léon Lenoir et Emilio Sanz, mènent l'enquête sur la noyade d'une femme. De fil en aiguille, ils vont remonter la piste d'un trafic d'enfants dans des cliniques psychiatriques.

L'auteure réussit un superbe mariage entre l'Histoire, la dictature du caudillo, et le journalisme d'investigation. Elle nous livre un roman noir, en couleur directe, dans la droite ligne de Blacksad de Canales et Guarnido. Le travail de Valero est incroyable de minutie et je ne résiste pas au plaisir de vous donner le lien vers une citation de Camus que la scénariste a retrouvé : https://cdjm.org/2020/12/11/le-manifeste-censure-dalbert-camus/.

Abordons tout d'abord l'Histoire. La chape de plomb du franquisme est parfaitement rendue à travers l'autocensure des media, les manifestations estudiantines de 1956 (https://www.persee.fr/doc/homso_0018-4306_1970_num_16_1_1289), la psychiatrie militaire (https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonio_Vallejo_N%C3%A1gera), etc. La Guerre d'Espagne façonne encore la société madrilène et se cache derrière chaque page de la BD : le père adoptif de Léon Lenoir ressemble étonnement au généralissime, Emilio Sanz est un ancien phalangiste, etc.

Je viens de lire - Page 15 3189_P11

La misère du peuple fait aussi partie de l'intrigue. Ne l'oublions pas, la politique d'autarcie de Franco a appauvri le pays et nous accompagnons ainsi les reporters dans la banlieue pauvre de Madrid.

Les personnages sont fortement typés. Côté journalistes, Valero s'inscrit dans la grande tradition des duos dissymétriques. Lenoir, inexpérimenté et impulsif, contraste fortement avec Sanz, expert et désabusé. Murtaugh et Riggs les héros de L'arme fatale ou, plus populaire encore, Starsky et Hutch, ont trouvé leurs dignes successeurs. Le titre de la série, Contrapaso, fait d'ailleurs référence au contrepoint, une technique musicale permettant de marier harmonieusement deux lignes mélodiques différentes (2. m. Mús. En el canto, emisión o interpretación, por unos cantantes, de las notas normales, en tanto que otros hacen el paso o inflexión que sirve de cobertura a la voz.). Les seconds rôles sont magnifiques. La fille surdouée du médecin légiste, capable de réaliser un diagnostic avant même l’autopsie, est hilarante.

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Le criminel (enfin un parmi beaucoup...) est un vrai Docteur Jekyyll et Mister Hyde ou alors un lointain parent de Norman Bates, le terrible héros de Psychose d'Alfred Hitchcock. La noirceur de chaque personnage est toujours teinté d'un soupçon de dérision, l'humour noir se mariant subtilement au roman noir.

La condition des femmes et l'horreur des cliniques psychiatriques construisent un climat oppressant. En fait, la folie règne en maitresse dans ce roman graphique, et pas que chez les malades et les criminels.

J'ai aussi apprécié le clin doeil de l'auteure qui, via le personnage de Paloma, souligne la difficulté d’être illustratrice. Une mise en abyme savoureuse Very Happy

Au final, le scénario est superbement construit même si je me permets d’émettre un petit bémol concernant les dialogues. A l'instar d'un EP Jacobs, Valero est loquace et chaque case donne lieu à de longs échanges entre les protagonistes. Un régime-minceur s'impose pur le tome 2  Smile

Le dessin est magnifique. Une succession d'aquarelles peintes dans des tonalités sombres crée une ambiance désespérée à souhait. Les détails sont soigneux avec un soin maniaque digne de Franquin.
Et puis, quelle couverture. Les manifestants à gauche, le trio de héros au centre et les miliciens de la Falange Española Tradicionalista (https://fr.wikipedia.org/wiki/Falange_Espa%C3%B1ola_Tradicionalista_y_de_las_Juntas_de_Ofensiva_Nacional_Sindicalista) matérialisent une flèche pointée vers le lecteur. Et le fond rouge est bien celui du sang, sang de la répression et sang des victimes.

Je viens de lire - Page 15 3189_P12 Je viens de lire - Page 15 PlancheS_74126

Nous avons là clairement une des très grandes BD du premier semestre 2021. Les amateurs des premiers Blacksad y trouveront, la BD animalière en moins et l'Histoire en plus, un prodigieux succédané. Si le roman noir ne vous rebute pas, allez-y les yeux fermés.

Eléanore

363Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Mer 19 Mai - 15:15

Raymond

Raymond
Admin

Je ne connais pas Teresa Valero mais quand je regarde dans la Bédéthèque, je note qu'elle a derrière elle à la fois une carrière de scénariste ("Sorcellerie" avec Guarnido puis "Curiosity Shop") et de dessinatrice ("We are family"). Elle a en principe tout pour être une grande auteure complète.

Tout ce que tu expliques semble sinon intéressant. Je n'ai pas souvenir d'avoir vu cet album en librairie et il faudra que j'enquête.   Wink


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364Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Sam 22 Mai - 15:32

Raymond

Raymond
Admin

La belle lecture de cette semaine, c'est sans aucun doute Ô Verlaine, le beau roman graphique réalisé par Philippe Thirault et Olivier Deloye.

Je pensais au départ que Ô Verlaine était un biopic, et il est vrai que cette adaptation du livre de Jean Teulé avait plusieurs aspects qui y faisaient penser. J'étais par ailleurs curieux de découvrir le personnage méconnu qui se cachait derrière la légende du célèbre poète du XIXème siècle, dont certaines œuvres m'ont été très doctement enseignées par mes professeurs de français. La matière était donc assez riche et la BD peut au fond aussi servir à cela : apporter un regard nouveau sur un personnage connu !   Very Happy

Je viens de lire - Page 15 O-verl11

Et en fait, la première chose qui m'a séduit dans cette bande dessinée, c'est la truculence du récit ! Cette qualité provient bien sûr du style de Teulé, ce dernier m'ayant déjà maintes fois séduit avec ses romans picaresques qui reprenaient (et détournaient) l'histoire de grands personnages littéraires tels qu'Abélard et Héloïse, Baudelaire ou François Villon. Ô Verlaine utilise à nouveau le même procédé car ce livre nous raconte la fin de la vie du poète, ce dernier étant alors devenu devenu un vieil ivrogne lunatique, un tyran impécunieux et un paillard impénitent. Ce surprenant portrait était déjà en soit suffisant pour donner de l'intérêt au récit, mais il s'y est ajouté en plus la lancinante question : où se trouve la réalité ? Verlaine est-il vraiment tombé si bas ? Qu'est-ce qui est vrai dans toute cette histoire ? Et arrivé à la fin de cette BD, je n'ai pas réussi à répondre à toutes ces questions.  Wink  

Je viens de lire - Page 15 O-verl12

Jean Teulé joue donc avec la réalité, mais il invente aussi très habilement une fiction qui se concentre autour de Henri-Albert Arnuty, un "poulbot" agile et malicieux qui s'est épris de la poésie de Verlaine et qui a décidé de défendre l'écrivain contre les avanies de la vie quotidienne. Un attentat puis des meurtres surviennent et le récit ressemble donc bien à une fiction mais l'attention se détourne très vite de ce petit mystère pour se concentrer sur la vie quotidienne de Verlaine, avec ses excès, ses moments salaces et ses anecdotes merveilleuses. Et par moments, les poèmes se mélangent avec la réalité.

Je viens de lire - Page 15 O-verl13


Et j'ai ainsi été emballé par ce beau portrait de Paul Verlaine qui oscille d'une façon permanente entre la poésie et la caricature, entre les détails sordides et les envolées lyriques, entre le plaisir du polar et l'intérêt du biopic, ou entre le portrait d'un monstre et les confidences humoristiques sur un génie. Le personnage historique était bien probablement tout cela à la fois et il en résulte un récit réellement décapant.

Je viens de lire - Page 15 O-verl14

Ceci dit, je me rends compte que si je vous ai dit beaucoup de bien du livre de Jean Teulé ...  je n'ai pas beaucoup parlé de la BD elle-même !  Hum, hum ! Wink  Mais il est bien sûr clair qu'une adaptation réussie résulte elle aussi d'un bon travail des deux bédéastes. Le principal mérite du scénariste est certainement de ne pas avoir perdu l'humour et la poésie du texte en réalisant son découpage, mais il m'est sinon assez difficile d'évaluer son apport. Pour ce qui concerne le dessin, Olivier Deloye déploie un style semi-réaliste et fortement caricatural qui saisit avec habileté l'humour ou la férocité de certaines scènes, tout en trouvant parfois de belles nuances dans l'expression des visages. Et je ne résiste pas à la tentation de vous montrer cette magnifique image de Verlaine ci-dessous, car c'est certainement un des moments forts du livre.

Je viens de lire - Page 15 O-verl15

Je n'en dévoilerai pas plus ! Ô Verlaine est une belle réussite, qui donne souvent envie de rire et qui donne aussi à réfléchir. Je ressens maintenant l'envie de lire une vraie biographie du poète, afin de séparer les faits historiques de la légende qui accompagne volontiers les personnages historiques contestés. Et la vie notoirement dissolue de Verlaine le place certainement dans cette dernière catégorie. 

Sinon, les puristes préféreront peut-être lire le roman qui est à l'origine de cette BD, mais les bédéphiles auraient en fait bien tort de dédaigner cet intéressant roman graphique, qui m'a offert un beau moment de lecture.

Donc ... j'ai bien aimé !   Very Happy


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365Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Dim 23 Mai - 13:20

eleanore-clo

eleanore-clo
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Merci pour cette belle présentation qui donne très envie de lire O Verlaine. Profitons en d'ailleurs  Wink

Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.


Verlaine, les poèmes saturniens 1866

Je vous propose maintenant de quitter la poésie pour la médecine.

Le chœur des femmes est une bande dessinée d'Aude Mermilliod, une remarquable adaptation du roman éponyme de Martin Winckler. C'est clairement une des BD phares de ce premier semestre au point que le réseau Canal BD l'a retenue pour son prix 2022  Very Happy . C'est aussi une BD profondément féministe et que j'ai placée pourtant dans ce fil car elle va bien au-delà d'un ouvrage favorable ou défavorable à la cause des femmes car elle est universelle.

Je viens de lire - Page 15 Couv_422912

Jean, une brillante interne à l'hôpital, major de sa promotion, doit faire un stage en soins gynécologiques aux côtés du docteur Franz Karma. Imbue de ses certitudes, froide, orgueilleuse et cassante, la jeune femme va découvrir une autre médecine, à l'écoute des patientes, dans le respect infini de leur corps et de leur personnalité. Et bientôt la métamorphose s'opère. Jean se convertit à la vision de son maître de stage. Et surtout, tant elle que Franz vont pouvoir affronter leurs blessures secrètes dans une conclusion virtuose...

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Disons le tout de suite, je n'ai pas lu le roman et il m'est donc difficile de faire la part des choses entre les idées de Mermilliod et celles de Winckler. Peu importe car la BD se lit facilement et tant que le texte que les dialogues coulent de source.
Le titre de l'ouvrage est interpellant et surtout signifiant. Le Dictionnaire Larousse propose plusieurs définitions pour le mot chœur :lien vers Larousse et j'en retiendrai trois. La première, "Réunion de chanteurs groupés en vue de l'exécution d'une œuvre musicale, traduit la mélodie de cette BD. Toutes ces femmes, durant toutes les consultations, chantent une mélodie le plus souvent en mode mineur, la cantilène de leur sexualité. La deuxième définition, "Réunion de chanteurs groupés en vue de l'exécution d'une œuvre musicale" témoigne de l'unité de la vision des femmes. Toutes font part d'un besoin de réconfort intime. La troisième définition, enfin, "Ensemble de paroles, de cris qu'un groupe de personnes fait entendre collectivement : Un chœur de lamentations" énonce que la condition féminine est une, au-delà des différentes peurs, des complexes et des pathologies. Le rapport de la femme avec la consultation gynécologique est tout d'ambiguïté : une nécessité et un besoin sanitaire mais qui font peur car concernant la vie intime et sentimentale.

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La BD est vraiment riche. Plusieurs thèmes sont abordés.

Le premier me semble être celui de la seconde chance : seconde chance offerte à Jean pour s'ouvrir aux autres, seconde chance offerte à Jean à la naissance pour vivre son unicité et enfin seconde chance offerte à Franz pour humaniser son métier. Et ce ne sont là que quelques nouvelles opportunités sélectionnées car le livre est un hymne à la vie, à son pouvoir régénérateur.

Le sujet de l'éducation est aussi au cœur de l'ouvrage qui disserte sur l'écart entre la théorie et la pratique. Jean arrive avec ses savoirs académiques et se retrouve confrontée à la réalité des patientes. Plus problématique encore, Franz pratique une médecine profondément différente de celle qui lui a été enseignée : une médecine où le corps et l'âme font un tout, où l'écoute est aussi importante que la technique pour diagnostiquer et soigner, et où chaque patient est unique et profondément respecté. Le propos peut parfois sembler caricatural mais doit sans doute contenir une part de vérité puisque Winckler est médecin. D'ailleurs, la BD interroge sur la profession de médecin. Qu'est-ce qu'un bon ou un mauvais médecin ? D'ailleurs, est-ce que ce genre de qualificatif peut s'appliquer ? Quelle déontologie se cache derrière le pouvoir de guérir ? La BD interroge aussi sur la motivation des élèves médecins. Pourquoi ont-ils choisi ce métier ? L'exemple de Jean est terriblement éclairant car sa motivation affichée, reconstruire les chairs tel Michel-Ange sculptant, cache une souffrance profonde, intime, viscérale.

Un autre thème est celui de la tolérance. Nous sommes tous différents et chacun est respectable. Cette différence peut être physiologique (Jean, les patientes) mais aussi psychiques (Jean et ses amants, Franz, les patientes). Aucun jugement n'est porté et toutes et tous sont écouté(e)s avec bienveillance. La norme n'est plus une prison.

Avec beaucoup de finesse et de pudeur, le scénario nous brosse une immense galerie de portraits. Cela peut d'ailleurs gêner le lecteur car cette multiplicité de propos, de témoignages, de cas peut faire peur. Cependant, jamais l'auteur ne cède à la logorrhée verbale. Chaque parole est distincte, claire et le tout est plus grand que chaque partie. En fait, on pourrait comparer la BD à un tableau de Seurat, une succession de points, chacun avec sa couleur, chacun avec ses particularités, dont l'assemblage génère une vision puissante, celle de l'être féminin et de sa sexualité.

Le dessin est simple et fait penser à Alfred. Décidément, ce brillant auteur va pouvoir fonder une école  Very Happy  
Trouver un visage pour Jean relevait de la gageure. Et bien, le défi est réussi, avec un corps mince et une tête ronde coiffée à la garçonne. Et Franz est rassurant à souhait ! Par ailleurs, et enfin dirais-je, les femmes et leurs corps sont ordinaires. Nous sommes à mille lieues du monde habituel de la BD où les dessinateurs se focalisent sur des corps féminins parfaits oubliant volontairement que ceux-ci n'existent que chez une infime minorité de jeunes femmes. Le livre traite (entre autres considérations) de consultations gynécologiques et l'auteure dessine des sexes féminins. J'ai apprécié leur délicatesse et leur sensibilité, sans qu'aucune vulgarité ni voyeurisme ne perturbent la tonalité du discours tant narratif que graphique.

Le découpage et les différentes cadrages sont brillants, à l'égal d'une production cinématographique. Enfin, les couleurs douces se marient parfaitement à une intrigue qui, au-delà de son âpreté apparente est fondamentalement positive et rayonnante.

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Je viens de lire - Page 15 Choeur10

Au final, un ouvrage fort, très riche en émotions et qui fait beaucoup réfléchir. Je reproche souvent aux magazines spécialisés de ne pas faire de distinction entre les œuvres en les classant toutes dans la catégorie : "à lire d'urgence". C'est pourquoi, je vais désormais essayer de suivre une autre voie, celle de Murakami ou du Guide Michelin, au choix  Laughing ,en attribuant des E (comme Eléanore, bien sûr  Smile ). E est une BD à acheter pour soutenir l'industrie papetière, tant la production que le recyclage. EE est une BD à acheter pour soutenir l'auteur et l'éditeur. EEE est une belle BD, riche de sens et d'un beau graphisme, EEEE est une très grande BD, digne de rester dans les mémoires.
Et donc, roulement de tambours, il me semble que Le chœur des femmes mérite EEEE.

Ouest France a apprécié : https://www.ouest-france.fr/culture/bande-dessinee/bd-grace-a-aude-mermilliod-em-le-choeur-des-femmes-em-de-martin-winckler-vibre-encore-238cbfae-b4b3-11eb-ac24-27678a9eb011

Et Gilles Ratier aussi http://bdzoom.com/166990/actualites/touchante-et-tres-reussie-adaptation-bd-d%E2%80%99un-best-seller-de-martin-winckler-ou-les-soignants-sont-vraiment-a-l%E2%80%99ecoute-des-patients%E2%80%89/  Very Happy

Eléanore

366Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Dim 23 Mai - 14:57

Raymond

Raymond
Admin

Il est intéressant de lire une critique féminine de cet album, car tes réflexions sont bien différentes de ce que j'ai écrit précédemment.

Tu as lu cet album en tant que femme, et moi en tant que médecin.   Wink

Pour la note, je n'aurais probablement mis qu'un "EEE", tenant compte que Winckler a un reconnu s'être au départ inspiré de "Barberousse".


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367Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Dim 23 Mai - 17:51

Godot

Godot
docteur honoris causa
docteur honoris causa

Eléanore m'a, une fois de plus, guidé vers cette aventure grâce à son post.

eleanore-clo a écrit:Le plongeon est une BD scénarisée par Séverine Vidal et dessinée par Victor Pinel.

Je viens de lire - Page 15 Couv_413113

[...]

Eléanore

La présentation d'Eléanore est complète. Alors je ne vais apporter que quelques idées en plus. J'ai lu plusieurs fois Le Plongeon.

eleanore-clo a écrit:

Yvonne, une veuve octogénaire, vit seule. Comprenant qu’elle aura de plus en plus de difficultés à garder son autonomie, elle prend la douloureuse décision de vendre sa maison et de rentrer en EPAD. Elle y découvre un autre univers, fait de règles, d’autorité infantilisante, de soins incompréhensibles, de soucis mémoriels, mais aussi de chaleur humaine, de complicité, de belles transgressions voire même d’amour.

[...]

Eléanore

Yvonne est authentique et je la crois quand elle montre ce qu'elle ressent. (Vendre la maison, se séparer de son chien,...). Le dessinateur Victor Pinel renforce les "ressentis" grâce à son dessin qui convient à merveille pour l'histoire.

Le sujet est traité avec justesse. L'autrice Séverine Vidal anime des ateliers d’écriture en EPAD et elle a certainement recueilli des témoignages de nombreux pensionnaires. Elle va éviter de tomber dans le pathétique ou la tristesse et c'est pour cela que je la félicite.

Lorsque j'étais jeune, j'effectuais un "travail d'été" dans une résidence pour personnes âgées. Mes expériences m'ont profondément marquées. Ces personnes du 4ème âges qui se retrouvaient en communauté, parfois à plusieurs par chambre.

Je ne travaillais qu'environ 2 mois, mais j'arrivais à développer une amitié, une tendresse avec certains pensionnaires. Je prenais du temps pour discuter avec eux, alors cette page m'a rappelé des souvenirs


eleanore-clo a écrit:


[...]

Et puis, dans ce monde si spécial, les soignants sont à l’honneur. Youssef, l’infirmier, est bien plus que cela. Il est l’ami et le complice qui donne de la saveur à l’EPAD.

[...]

Eléanore

Sans prétention, Youssef, m'a beaucoup fait penser à moi.

Je viens de lire - Page 15 Plonge10


eleanore-clo a écrit:


[...]

Séverine Vidal anime des ateliers d’écriture en EPAD. Elle se met d’ailleurs en scène. En fine connaissance de ce monde à part, la scénariste brosse un vaste panorama, oserais-je dire une micro comédie humaine. Tous, quels que soient leurs passés, se retrouvent à vivre ensemble. Yvonne, dynamique et rebelle, s’emploie à faire souffler un vent de liberté et de jeunesse d’esprit. Le mouroir devient un  lieu de vie. La fin de la BD est heureuse avec un superbe jeu sur les multiples sens du mot plongeon.

[...]

Eléanore

Séverine Vidal traite avec intelligence le sujet. Elle y met de la tristesse mais aussi de la joie, du bonheur. Ce mélange doux/amère équilibré me donne une impression plus humaine, plus authentique.




eleanore-clo a écrit:


[...]

Clairement, la vieillesse n’est plus taboue dans le monde de la bande dessinée. Après Les vieux fourneaux et L’obsolescence programmée des sentiments, nous retrouvons ce territoire nouveau, un territoire lumineux pourtant, et dans lequel tous nous évoluerons, d’une façon ou d’une autre. La BD n’est pas triste. Elle est au contraire fertile et riche en espérances. Une furieuse envie de vivre transcende la nostalgie du passé. Et les moments heureux ne se résument pas aux rares visites. Et puis, dans ce monde si spécial, les soignants sont à l’honneur. Youssef, l’infirmier, est bien plus que cela. Il est l’ami et le complice qui donne de la saveur à l’EPAD. Cette chaleur humaine ne se limite d'ailleurs pas à l'établissement puisque Martial, l'ami d'Yvonne, prend tous les risques pour elle...

[...]

Eléanore

Une relation va "éclore" entre Yvonne et Paul-François P.F. L'image qui m'a le plus marqué

Je viens de lire - Page 15 Plonge11

Le Plongeon fera partie des 10 BDs qui m'auront profondément marquées pour l'année 2021.

368Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Lun 24 Mai - 11:09

Raymond

Raymond
Admin

Et l'on parle encore du Chœur des Femmes, cette fois-ci sur ActuaBD !   Cool

Je viens de lire - Page 15 Choeur16

François Rissel en parle ici :

Le Choeur des femmes de Martin Winckler et Aude Mermillod : une (...) - ActuaBD


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369Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Lun 24 Mai - 13:22

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Raymond a écrit:La belle lecture de cette semaine, c'est sans aucun doute Ô Verlaine, le beau roman graphique réalisé par Philippe Thirault et Olivier Deloye.

Jean Teulé joue donc avec la réalité, mais il invente aussi très habilement une fiction qui se concentre autour de Henri-Albert Arnuty, un "poulbot" agile et malicieux qui s'est épris de la poésie de Verlaine et qui a décidé de défendre l'écrivain contre les avanies de la vie quotidienne.

J'ai donc lu la BD  Very Happy

Il me semble que le scénario de Thirault, et donc probablement le livre de Teulé, répondent à une problématique : "les interactions entre un artiste (maudit) et son entourage peuvent-elles être bénéfiques ?" François Truffaut a déjà abordé le sujet, mais sous un autre angle, avec L'Histoire d'Adèle H. Et Teulé prend le relais en allant beaucoup plus loin. En effet, Paul Verlaine est ici, sous nos yeux, et nous le suivons pas après pas, minute après minute. Et, effarés, nous observons sa débauche, sa capacité destructrice et autodestructrice. En fait, Verlaine nous est dépeint comme l'antithèse de ses poèmes : la laideur morale engendrant la beauté poétique. Et les proches de Verlaine sont entrainés dans une déchéance inexorable, incapables de se libérer car prisonnier d'une relation d'amour et de haine, une dépendance matérielle et intellectuelle dévastatrice. C'est ainsi qu'Arnuty, le petit poulbot, grand amateur et défenseur du poète, mourra de sa passion. Et les puissants ne sont pas en reste, comme le Préfet Lépine qui protège Verlaine et couvre tous ses délits. En fait, Verlaine ne laisse personne indifférent, que ce soit un confrère jaloux, comme Coppée, ou encore ses soignants comme le directeur de l'hôpital, fasciné par son œuvre. On l'adore ou on le déteste.
D'une façon générale, le peuple parisien est parfaitement "croqué", que ce soit les nantis mais aussi les humbles, ouvriers besogneux, vagabonds bohêmes ou encore prostituées désargentées.

Côté dessin, et comme l'a remarqué Raymond, le style de Deloye, délicieusement caricatural et criant de vérité, se marie parfaitement à l'intrigue. Le Paris de la fin du XIXème siècle est là, sous nos yeux.

Au final, la BD porte un projet artistique cohérent et pédagogique. Elle retrace avec fidélité une vie âpre. Voici d'ailleurs l'extrait de Wikipédia relatif aux derniers mois du poète :
Son alcoolisme entraîne des crises de violence répétées. Il est emprisonné à Vouziers, du 13 avril au 13 mai 1885, pour avoir tenté une nouvelle fois d'étrangler sa mère, avec laquelle il vit toujours (elle mourra le 21 janvier 1886). Longue déchéance, sa fin de vie est quasiment celle d'un clochard, hantant cafés et hôpitaux et condamné à des amours « misérables ». Soutenu par de rares subsides publics ou privés, il donne quelques conférences. Il ne produit plus guère que des textes d'occasion, dont des poèmes érotiques, voire pornographiques. Souffrant de diabète, d'ulcères et de syphilis, il meurt d'une pneumonie aiguë le 8 janvier 1896, à 51 ans, au 39 rue Descartes, dans le Ve arrondissement de Paris.

EEE

Eléanore

370Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Ven 28 Mai - 15:17

Raymond

Raymond
Admin

Il y a des artistes pour lesquels j'éprouve une admiration sans borne et je suis souvent intéressé lorsqu'une BD leur est consacrée. Et c'est pour cette raison que j'ai acheté sans hésitation Beethoven, le Prix de la Liberté, le très bel album scénarisé et dessiné par Régis Penet.

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Il ne fait aucun doute que Beethoven est un stentor, que dis-je, un héros de l'histoire de la musique. A la fois sourd et inspiré, ce génial caractériel a influencé un nombre considérable de musiciens et il a longtemps été une référence absolue en matière de musique classique européenne. Ses travers ont toutefois suscité beaucoup de curiosité et c'est un peu le sujet de ce biopic, qui se concentre sur un événement bien précis de son existence : sa rupture avec le prince Alois von Lichnovski, qui était son ami et son protecteur, au cours de l'année 1805. Et toute la tension qui anime le récit se concentre autour de cette unique question : Beethoven avait-il raison ?

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Après sa victoire à Austerlitz en 1805, Napoléon a envahi l'Autriche avec toute son armée. Ancien admirateur du général, qui avait autrefois été le symbole de la Révolution Française, Beethoven a renié ce militaire qui est devenu un tyran pour de nombreuses populations européennes. De son côté, le prince von Lichnovski doit, en tant que diplomate, recevoir des militaires français dans son château. Il va donc leur offrir un dîner et demande à Beethoven de leur jouer un petit concert de piano. Mais le musicien refuse obstinément !

Objectivement, les motifs de Beethoven sont facilement compréhensibles, car il est allemand et réagit avec patriotisme. Mais les raisons sont plus complexes et il s'y ajoute certainement une grande part d'orgueil. Beethoven n'est pas un domestique ! Et sa musique n'est pas faite pour divertir des galonnés ! Le prince de son côté estime que cette musique est une expression de la grande civilisation germanique et que les français doivent en ce domaine "apprendre à vivre". Il ajoute aussi qu'il fait cette demande à Beethoven en tant qu'ami, mais le compositeur n'est pas sensible à ce genre d'argument.

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A côté de ce dilemme, il y a un narrateur qui est le fils du prince von Lichnovski et qui se remémore de sa vie en présence du compositeur. Le lecteur découvre avec lui la vie quotidienne de Ludwig dans ce château de rêve avec bien sûr son activité de compositeur. Chaque scène est de plus conçue en fonction d'une œuvre bien précise de Beethoven et une petite liste en fin d'album permet à l'amateur de s'offrir ensuite une deuxième lecture, accompagnée d'une "bande son" bien précise, et c'est bien sûr un petit plaisir que je vais encore m'offrir.

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A la fin de l'histoire, l'auteur s'interroge aussi sur l'existence de la fameuse "immortelle bien aimée, dont l'identité reste inconnue. Il passe en revue les hypothèses les plus couramment évoquées mais son livre semble évoquer une autre réponse ... bien plus évidente, même si elle n'est pas verbalisée.

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Sobre et altier, le dessin réaliste de Régis Penet expose avec une certaine grandeur cet affrontement qui oppose l'aristocratie et les révolutionnaires, l'idéal et l'humain, l'amitié et l'orgueil. Le choix du noir et blanc et l'austérité des images souligne avec justesse la gravité du sujet mais cela n'empêche pas l'auteur de dessiner quelques pages élégiaques et d'illustrer toutes les nuances de cette tragédie de caractères. Le grand format et le caractère luxueux du livre me paraissent être à l'unisson de cette volonté de rendre hommage à un grand homme, et l'album est donc aussi un très bel objet pour les bibliophiles.

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Et à la fin de cette lecture, il est bien difficile de choisir ! J'aurais envie de paraphraser une citation célèbre faite il y a une trentaine d'années, au sujet de Jean-Paul Sartre et Raymond Aron, en écrivant que je préfère avoir tort avec Beethoven que raison avec von Lichnovski ... mais il n'est pas sûr que Beethoven ait eu tort.    Wink

Sinon, je ne peux que recommander aux mélomanes, mais aussi à tous les bédéphiles, de s'intéresser à cet ouvrage tout simple et assez vite lu, qui offre un délicat plaisir de lecture. Et j'ai envie de souligner cette intention en lui attribuant la note maximale selon eleanore !   Cool

EEEE


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371Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Dim 30 Mai - 10:03

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

J'ai aussi lu Beethoven, le prix de la liberté.  Very Happy

La BD commence par le concert où fut créée la 9ème symphonie et son célébrissime Ode à la joie. Puis, à travers un immense flash-back, nous revivons une journée de 1806, où le mécène de l'artiste essaie de le faire jouer pour l'occupant français.
Pénet en profite pour dresser un portrait à 360° du musicien.
- Côté engagements politiques, il nous présente un républicain convaincu, vivant mal sa dépendance financière vis-à-vis de la noblesse autrichienne et un européen profondément anti-napoléonien.
- Côté relations sociales, nous (re)découvrons le misanthrope, infidèle en amitié, incapable de nouer des relations humaines, farouchement attaché à son indépendance et à sa liberté.
- Côté personnalité, l'intrigue insiste sur la solitude et le fol orgueil du compositeur  
- Côté musique, nous pouvons observer le processus de création, son intime liaison avec l'éthique et la vie quotidienne du maestro. Et aussi la fascination exercée par la musique beethovénienne sur les amateurs du 4ème art.

Au final, nous retrouvons le profil de l'artiste maudit. Et le hasard du calendrier éditorial a fait que cette BD parait en même temps que l'ouvrage O Verlaine. Dans les deux scénarios, on retrouve le contraste entre des personnalités difficiles, antipathiques, et des œuvres sublimes.

Le graphisme est très classique et le visage du musicien est très fidèle à celui des toiles nous étant parvenues.
Les dessins sont en noir et blanc, ce qui ne pose aucun souci et donne même une crédibilité historique à ce quasi documentaire.

EEE

Pour conclure, voici le morceau phare de la BD, l'Ode à la Joie, dans deux interprétations
1) celle légendaire de Karl Böhm, avec l'orchestre philharmonique de Vienne, captée quelque mois avant le décès du chef d'orchestre.
2) celle, moins connue, du plus grand chef beethovénien de tous les temps, Wilhelm Furtwängler. Les tempo sont très différents. Et surtout, cette version date de 1942 et a été donnée pour l'anniversaire d'Hitler. Ce contexte traduit bien toute l’ambiguïté du sujet et l'écart entre la pensée du compositeur et sa musique est ici portée à son acmé.





Eléanore

372Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Dim 30 Mai - 10:31

Raymond

Raymond
Admin

Quelle passion, et quelle folie, cet enregistrement de Furtwängler que je ne connaissais pas !    sunny

Je possède deux enregistrements de la Neuvième dirigés par ce grand chef et la comparaison avec cette vidéo est accablante. Ce concert écrase complètement les enregistrements traditionnels.

Notons au passage que Furtwângler était un spécialiste des tempos très lents, alors que cette Neuvième se termine de manière très inhabituelle, sur un rythme échevelé ! Furtwängler était vraiment capable de tout. J'en ai encore des frissons dans le dos.   sunny

Et tout cela a été fait pour fêter l'anniversaire d'Hitler ! Quand j'y pense ...   debil

Merci pour cette splendide découverte !   bise


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373Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Mar 1 Juin - 8:01

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Bonjour

Pulp est une BD (euh?) un comics (euh?) une œuvre ( Very Happy ) écrite par Ed Brubaker et dessinée par Sean Phillips.

Je viens de lire - Page 15 Couv_423066

Max, sexagénaire, la santé fragile et ancien roi de la gâchette dans l'Ouest américain, survit misérablement dans le New-York des années 30 en écrivant des westerns pour des magazines populaires, des pulps (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pulp_(magazine)). Mais les temps sont difficiles. L'éditeur le paie de moins en moins bien. De plus, le vieil homme se fait rosser et dérober son peu d'argent par quelques voyous. Dégoûté par la société, il décide de commettre un vol à main armée. Mais, il est stoppé, juste avant de passer à l'action, par un ancien détective de la compagnie Pinkerton. Celui-ci lui propose une affaire autrement plus rémunératrice, le vol des fonds envoyés en Allemagne par des sympathisants nazis...  

Comment faire une pâte sablée ? Et bien, prenez 200 g de farine, deux cuillerées à soupe de sucre, des grains de vanille extraits d'une gousse, 100 g de beurre ramolli et de l'eau. Malaxez soigneusement les ingrédients puis étalez la pâte au rouleau. Comme on le voit, tous ces ingrédients n'ont rien avoir les uns avec les autres et pourtant leur mélange est harmonieux et délicieux.
Et bien, Pulp est construit sur ce principe. Mélangez un western, une première BD historique sur la Grande dépression, une deuxième (quand on aime, on ne compte pas  Smile  ) BD Historique sur le nazisme puis rajoutez deux pincées de bons sentiments et une cuillère à café de personnages ambigus. Remuez le tout longuement. Et le tout est une belle réussite. Tout dans Pulp est cohérent et parfaitement amené.
Cela tient à beaucoup d’éléments dont un contexte historique extrêmement solide. Ainsi, le scénariste nous rappelle qu'une Amérique toute acquise à la cause du 3ème Reich (https://fr.wikipedia.org/wiki/Bund_germano-am%C3%A9ricain) se cache derrière l'icône de Franklin Roosevelt.
Et puis les rares incohérences disparaissent derrière un scénario tendu à l'extrême et mené tambour battant.
L'intrigue est prenante. Elle déroule une mécanique inexorable qui, certes, broie les êtres mais aussi leur permet d'acquérir une stature du héros. Et les personnages sont tous attachants et merveilleusement crédibles. Les bons sont sublimement bons siffle et leurs crimes expliqués par une succession d'injustices. Et bien évidemment, les méchants sont totalement sans scrupules et cumulent des convictions politiques puantes avec d'atroces violences familiales. Les pages sont tournées à un rythme effréné tant le lecteur est happé dans un tourbillon d'actions. Et puis, quel suspens ! Et le final est parfaitement amené, à l'instar du duel final dans un bon western Wink.

En fait, le scénariste joue en permanence sur des rapprochements tirés par les cheveux et pourtant totalement légitimes. Cette BD de grande qualité, manifestement très travaillée, parle de romans de quatre sous, écrits dans la précipitation. Le personnage principal raconte sa propre vie. Et enfin, nous oscillons en permanence entre le passé et le présent. D'ailleurs, l'Ouest américain et le le New-York de la Grande Dépression ne sont-ils pas frères d'infortune ? Ce que l'on retrouve dans le concept du justicier, sans peur et (presque) sans reproche.

Les dessins sont solides et les différents décors, ceux de l'Ouest américains comme ceux de la Big Apple fleurent bon la réalité. Les images sont réalistes et d'une belle facture.
Et les couleurs sont magnifiques, chaudes pour le volet western et froides pour New-York.

Je viens de lire - Page 15 PlancheA_423066
Je viens de lire - Page 15 81-ndIuOg-L

RTL partage mon avis car Pulp est la BD du mois de mai : https://www.rtl.fr/culture/arts-spectacles/pulp-d-ed-brubaker-sean-et-jacob-phillips-est-la-bd-rtl-de-mai-2021-7900037316.

Je n'apprécie ni les comics ni les récits de violence mais il faut reconnaitre que cet ouvrage est construit d'une main de maître (s).

EEEE

Eléanore

374Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Mar 1 Juin - 11:15

Raymond

Raymond
Admin

eleanore-clo a écrit:Bonjour

Pulp est une BD (euh?) un comics (euh?) une œuvre ( Very Happy ) écrite par Ed Brubaker et dessinée par Sean Phillips.

Je viens de lire - Page 15 Couv_423066

Max, sexagénaire, la santé fragile et ancien roi de la gâchette dans l'Ouest américain, survit misérablement dans le New-York des années 30 en écrivant des westerns pour des magazines populaires, des pulps (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pulp_(magazine)). Mais les temps sont difficiles. L'éditeur le paie de moins en moins bien. De plus, le vieil homme se fait rosser et dérober son peu d'argent par quelques voyous. Dégoûté par la société, il décide de commettre un vol à main armée. Mais, il est stoppé, juste avant de passer à l'action, par un ancien détective de la compagnie Pinkerton. Celui-ci lui propose une affaire autrement plus rémunératrice, le vol des fonds envoyés en Allemagne par des sympathisants nazis...  

Comment faire une pâte sablée ? Et bien, prenez 200 g de farine, deux cuillerées à soupe de sucre, des grains de vanille extraits d'une gousse, 100 g de beurre ramolli et de l'eau. Malaxez soigneusement les ingrédients puis étalez la pâte au rouleau. Comme on le voit, tous ces ingrédients n'ont rien avoir les uns avec les autres et pourtant leur mélange est harmonieux et délicieux.
Et bien, Pulp est construit sur ce principe. Mélangez un western, une première BD historique sur la Grande dépression, une deuxième (quand on aime, on ne compte pas  Smile  ) BD Historique sur le nazisme puis rajoutez deux pincées de bons sentiments et une cuillère à café de personnages ambigus. Remuez le tout longuement. Et le tout est une belle réussite. Tout dans Pulp est cohérent et parfaitement amené.
Cela tient à beaucoup d’éléments dont un contexte historique extrêmement solide. Ainsi, le scénariste nous rappelle qu'une Amérique toute acquise à la cause du 3ème Reich (https://fr.wikipedia.org/wiki/Bund_germano-am%C3%A9ricain) se cache derrière l'icône de Franklin Roosevelt.
Et puis les rares incohérences disparaissent derrière un scénario tendu à l'extrême et mené tambour battant.
L'intrigue est prenante. Elle déroule une mécanique inexorable qui, certes, broie les êtres mais aussi leur permet d'acquérir une stature du héros. Et les personnages sont tous attachants et merveilleusement crédibles. Les bons sont sublimement bons  siffle  et leurs crimes expliqués par une succession d'injustices. Et bien évidemment, les méchants sont totalement sans scrupules et cumulent des convictions politiques puantes avec d'atroces violences familiales. Les pages sont tournées à un rythme effréné tant le lecteur est happé dans un tourbillon d'actions. Et puis, quel suspens ! Et le final est parfaitement amené, à l'instar du duel final dans un bon western Wink.

En fait, le scénariste joue en permanence sur des rapprochements tirés par les cheveux et pourtant totalement légitimes. Cette BD de grande qualité, manifestement très travaillée, parle de romans de quatre sous, écrits dans la précipitation. Le personnage principal raconte sa propre vie. Et enfin, nous oscillons en permanence entre le passé et le présent. D'ailleurs, l'Ouest américain et le le New-York de la Grande Dépression ne sont-ils pas frères d'infortune ? Ce que l'on retrouve dans le concept du justicier, sans peur et (presque) sans reproche.

Les dessins sont solides et les différents décors, ceux de l'Ouest américains comme ceux de la Big Apple fleurent bon la réalité. Les images sont réalistes et d'une belle facture.
Et les couleurs sont magnifiques, chaudes pour le volet western et froides pour New-York.

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RTL partage mon avis car Pulp est la BD du mois de mai : https://www.rtl.fr/culture/arts-spectacles/pulp-d-ed-brubaker-sean-et-jacob-phillips-est-la-bd-rtl-de-mai-2021-7900037316.

Je n'apprécie ni les comics ni les récits de violence mais il faut reconnaitre que cet ouvrage est construit d'une main de maître (s).

EEEE

Eléanore

Très intéressant car cela sort un peu de  la routine franco-belge !

Merci de l'avoir signalé !   Very Happy


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375Je viens de lire - Page 15 Empty Re: Je viens de lire Sam 5 Juin - 17:24

Raymond

Raymond
Admin

J'avais lu de bonnes critiques au sujet de Joe la Pirate, la vie rêvée de Marion Barbara Carstairs, et cela m'a donné envie de découvrir cette BD. Cette oeuvre est par ailleurs le dernier album du regretté scénariste Hubert et c'était une façon de lui rendre hommage !

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C'est d'abord un gros roman graphique dont l'apparence reste assez sobre. Virginie Augustin a choisi pour cette histoire un dessin au trait en noir et blanc, par ailleurs très épuré, et c'est un choix qui me parait assez heureux au vu du caractère scabreux du récit. Les nombreuses partouzes et scènes de coucherie que l'on trouve dans cette BD amorale sont ainsi dessinées avec une certaine délicatesse.

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"Joe la Pirate" peut être définie comme une lesbienne qui est aussi un peu transgenre, car elle s'habille toujours dans une tenue masculine. Elle est l'héritière d'un magnat du pétrole et passe son temps à dilapider sa fortune en fêtes luxueuses, en voyages ou en compétitions coûteuses. Elle participe par exemple dans sa jeunesse à des compétitions de bateaux à moteur où elle arrive même à battre des records de vitesse.

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Menant une véritable vie de bâtons de chaise et dépassant toutes les limites sociales permises, l'héroïne (faut-il dire le héros ?) m'a parue par moment un peu excessive et irréelle. Et je n'ai ainsi réalisé que vers la moitié du livre que Marion Castairs avait réellement existé. Cette multimillionnaire a bien sûr rencontré diverses personnalités célèbres (actrices, artistes ou personnalités politiques) et certaines d'entres elles ont même été ses amantes. Un index de toutes ces célébrités est heureusement placé en fin d'album, afin que le lecteur puisse avoir quelque repères et quelques précisions sur des faits historiquement avérés.

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Le surnom de Marion Castairs ("Joe la Pirate") semble lui avoir été décerné après que celle-ci soit devenue propriétaire d'une petite île des Bahamas. La millionnaire a  en effet gouverné sa propriété d'une main de fer, en prenant parfois certaines libertés avec la loi et en ingligeant aussi de véritables punitions aux visiteurs mal intentionnés. Et de fait, en étant totalement Isolée dans son île, "Joe" était pratiquement au dessus des lois.

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Mais que dire finalement de cet étrange biopic, dans lequel Hubert s'est amusé à raconter de nombreuses anecdotes provoquantes et parfois presque invraisemblables ? C'est sans doute un livre amusant, dans lequel il est toutefois difficile de faire la part des délires, des fantasmes et de la réalité (j'aurais presque envie de dire que Marion Castairs "délire dans la réalité"  Wink). Le scénariste fonde bien sûr son récit sur des faits connus mais il reconnait aussi (dans le titre de l'oeuvre) qu'il s'agit d'une "vie rêvée". Peut-être y a t-il aussi un certain pessimisme derrière cette description d'une vie facile, car les dernières années de la vie de Marion Castairs restent imprégnées d'une certaine tristesse. Pour ma part, je vois surtout cela comme une existence qui me laisse perplexe et qui n'a rien d'un rêve, mais chacun jugera selon sa propre morale.

C'est une BD agréable à lire, donc, mais ce n'est pas un ouvrage indispensable à mon avis. J'hésite à lui donner une note, qui se trouve à mon avis entre le EE et le EEE selon l'échelle d'eleanore-clo.   Wink


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