Bonjour
La femme papillon est une BD écrite par Michel Coulon et dessinée par Grégory Mardon.
Gred Mardon est un bédéiste qui se met en scène dans des œuvres intellectualistes. Malheureusement, les ventes de ses ouvrages s'effondrent, titre après titre. Aussi, son éditeur lui conseille de se réorienter et de dessiner des comics, avec un super-héros de préférence noir ou maghrébin ! A force de réfléchir, notre scénariste imagine le personnage de Butterflywoman, une femme de ménage ayant acquis ses pouvoirs dans un accélérateur de particules, où elle s'était réfugiée pour fuir le harcèlement sexuel de son employeur. L'idée séduit l'éditeur et l'ouvrage est un succès. Une effigie de la femme papillon est fabriquée pour accompagner Greg durant sa tournée de dédicaces. Cependant, dans le cosmos, la rencontre de deux trous noirs crée un étrange rayonnement qui donne vie à l'effigie. Et que fait une super-héroïne dans notre monde de violence et de terrorisme ?
Résumer l'intrigue réduit clairement le projet des deux auteurs, et je confie être quelque peu embarrassée par l'image véhiculée par mon introduction .
En effet, La femme papillon est un objet à n dimensions où l'auteur entremêle avec fantaisie et bonheur les comics, le conte mythologique, le féminisme et le monde de l'édition. Côté comics, la référence est immédiate que ce soit par les super-pouvoirs et l'anonymat de la super-héroïne, ou encore par l'existence d'un talon d'Achille (elle doit régulièrement respirer du pollen de fleurs faute de quoi sa force disparaît ). Mais Coulon n'a pas voulu faire une pâle copie de Spiderman. Il nous emmène donc du côté des légendes et plus particulièrement celle de Pygmalion et de Galatée (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pygmalion_et_Galat%C3%A9e). Partant de là, Greg va donc s’énamourer de sa créature... Le féminisme est aussi à l'honneur et Butterflywoman est la digne héritière de Wonderwoman avec l'humour en plus. La vignette représentant la super-héroïne portant Greg blessé dans ses bras, sur fond d'une affiche cinématographique où l'acteur principal fait de même avec une actrice, est un clin d'œil à la condition féminine. Enfin, on rit beaucoup dans cette mise en abyme. Le héros de la BD est l'homonyme du dessinateur et il travaille comme lui pour Futuropolis ! Coulon, à l'instar de Ferri, met en scène un auteur de BD sauf que Paris a remplacé Les Ravenelles (https://www.bedetheque.com/serie-4491-BD-Retour-a-la-terre.html). L'auto-dérision tendre est ici reine. Une autre mise en abyme est à remarquer : la femme papillon est l'héroïne de la BD et aussi de la BD dans la BD !
Dans un tout autre registre, l'ouvrage se veut aussi engagé et il aborde, avec un volontarisme paisible, différents problèmes sociétaux de la France du XXIème siècle. L'ex-femme de Greg sert des repas aux Restos du Cœur, la super-héroïne dort dans un village de tentes montées par des sans-papiers, le meilleur ami de Greg est issu de l'immigration et l'enfant du bédéiste est gardé en alternance par ses deux parents. Le misérabilisme n'est pas de mise et le regard porté sur toutes ces situations est profondément optimiste.
En fait, toute la BD se veut légère et positive. Il n'est pas anodin que Coulon ait créé de toutes pièces un anti-Bataclan où la tentative d'attentat se termine sans victime grâce à l'intervention de la femme papillon. Et bien évidemment, la fin est heureuse . Nous avons ainsi droit à un conte de Noël moderne !
Je suis restée sur ma faim concernant les dessins. Le style est semi réaliste, à l'instar d'un Alfred. Les paysages urbains parisiens fleurent bon la réalité (Montmartre, Notre-Dame, etc.) et de superbes vignettes de la taille d'une page nous invitent à la contemplation (Butterflywoman posée sur une des gargouilles de Notre Dame de Paris). Il me semble néanmoins que le dessin pourrait être davantage travaillé car la ligne est souvent sacrifiée au profit de l'expressivité.
Voilà donc une bande dessinée de qualité. Elle ne bénéficiera pas des feux de la rampe a contrario du dernier Blake et Mortimer. Néanmoins, elle mérite d'être lue. Je crois aussi qu'il faut retenir le nom du scénariste, Michel Coulon, car son premier texte laisse entrevoir d'immenses qualités.
Bonnes fêtes de fin d'année à tous
Eléanore
La femme papillon est une BD écrite par Michel Coulon et dessinée par Grégory Mardon.
Gred Mardon est un bédéiste qui se met en scène dans des œuvres intellectualistes. Malheureusement, les ventes de ses ouvrages s'effondrent, titre après titre. Aussi, son éditeur lui conseille de se réorienter et de dessiner des comics, avec un super-héros de préférence noir ou maghrébin ! A force de réfléchir, notre scénariste imagine le personnage de Butterflywoman, une femme de ménage ayant acquis ses pouvoirs dans un accélérateur de particules, où elle s'était réfugiée pour fuir le harcèlement sexuel de son employeur. L'idée séduit l'éditeur et l'ouvrage est un succès. Une effigie de la femme papillon est fabriquée pour accompagner Greg durant sa tournée de dédicaces. Cependant, dans le cosmos, la rencontre de deux trous noirs crée un étrange rayonnement qui donne vie à l'effigie. Et que fait une super-héroïne dans notre monde de violence et de terrorisme ?
Résumer l'intrigue réduit clairement le projet des deux auteurs, et je confie être quelque peu embarrassée par l'image véhiculée par mon introduction .
En effet, La femme papillon est un objet à n dimensions où l'auteur entremêle avec fantaisie et bonheur les comics, le conte mythologique, le féminisme et le monde de l'édition. Côté comics, la référence est immédiate que ce soit par les super-pouvoirs et l'anonymat de la super-héroïne, ou encore par l'existence d'un talon d'Achille (elle doit régulièrement respirer du pollen de fleurs faute de quoi sa force disparaît ). Mais Coulon n'a pas voulu faire une pâle copie de Spiderman. Il nous emmène donc du côté des légendes et plus particulièrement celle de Pygmalion et de Galatée (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pygmalion_et_Galat%C3%A9e). Partant de là, Greg va donc s’énamourer de sa créature... Le féminisme est aussi à l'honneur et Butterflywoman est la digne héritière de Wonderwoman avec l'humour en plus. La vignette représentant la super-héroïne portant Greg blessé dans ses bras, sur fond d'une affiche cinématographique où l'acteur principal fait de même avec une actrice, est un clin d'œil à la condition féminine. Enfin, on rit beaucoup dans cette mise en abyme. Le héros de la BD est l'homonyme du dessinateur et il travaille comme lui pour Futuropolis ! Coulon, à l'instar de Ferri, met en scène un auteur de BD sauf que Paris a remplacé Les Ravenelles (https://www.bedetheque.com/serie-4491-BD-Retour-a-la-terre.html). L'auto-dérision tendre est ici reine. Une autre mise en abyme est à remarquer : la femme papillon est l'héroïne de la BD et aussi de la BD dans la BD !
Dans un tout autre registre, l'ouvrage se veut aussi engagé et il aborde, avec un volontarisme paisible, différents problèmes sociétaux de la France du XXIème siècle. L'ex-femme de Greg sert des repas aux Restos du Cœur, la super-héroïne dort dans un village de tentes montées par des sans-papiers, le meilleur ami de Greg est issu de l'immigration et l'enfant du bédéiste est gardé en alternance par ses deux parents. Le misérabilisme n'est pas de mise et le regard porté sur toutes ces situations est profondément optimiste.
En fait, toute la BD se veut légère et positive. Il n'est pas anodin que Coulon ait créé de toutes pièces un anti-Bataclan où la tentative d'attentat se termine sans victime grâce à l'intervention de la femme papillon. Et bien évidemment, la fin est heureuse . Nous avons ainsi droit à un conte de Noël moderne !
Je suis restée sur ma faim concernant les dessins. Le style est semi réaliste, à l'instar d'un Alfred. Les paysages urbains parisiens fleurent bon la réalité (Montmartre, Notre-Dame, etc.) et de superbes vignettes de la taille d'une page nous invitent à la contemplation (Butterflywoman posée sur une des gargouilles de Notre Dame de Paris). Il me semble néanmoins que le dessin pourrait être davantage travaillé car la ligne est souvent sacrifiée au profit de l'expressivité.
Voilà donc une bande dessinée de qualité. Elle ne bénéficiera pas des feux de la rampe a contrario du dernier Blake et Mortimer. Néanmoins, elle mérite d'être lue. Je crois aussi qu'il faut retenir le nom du scénariste, Michel Coulon, car son premier texte laisse entrevoir d'immenses qualités.
Bonnes fêtes de fin d'année à tous
Eléanore