Bon, je viens de lire les "enfants du bunker", que j'avais tant hésité à acheter.
C'est un ouvrage étrange qui me laisse une impression partagée.
Si je le considère comme un album de la série Lefranc, je n'ai qu'un mot pour le qualifier : Beurk !
Le dessin tout d'abord, qui est à des kilomètres de la maitrise technique de Jacques Martin. Les personnages sont raides, mal proportionnés, les décors moyens. Quant au scénario, il est très inférieur,dans la fantasmagorie, à un album comme l'apocalypse, dans lequel l'irréalité avait un aspect maitrisé qui le rendait cohérent avec la réalité. La coherence entre réel et rêvé n'est absolumment pas canalisée(le bunker détruit par le char qui ne l'est pas, la maison en ruine qui ne l'est plus, le redevient, et surtout les enfants du bunker qui n'existent pas, mais avec lesquels tout le monde joue, avant de s'appercevoir à la fin que seul jean jean voit sa nouvelle amie), ce qui transforme les épisodes psychiques en une succéssion de petites historiettes sans grande cohérence. C'est un peu du grand nimporte quoi.
Par contre, si je ne le considère pas comme un album de Lefranc, je le trouve somme toute assez sympa à lire.
Le dessin de Maury a un côté très patrouille des castors, avec des personnages qui me rappelle les vieilles séries de Spirou, dans la lignée graphique duquel il me semble se placer plus que dans celle des séries du journal tintin. Il y a une vraie fraicheur, tout à fait en accord avec la charte couleur des derniers lefranc.
En ce qui concerne le scénario, l'aspect fantastique, exploré par le canal des rêves, est tout à fait interessant. Bon, le fond psychologique des personnages n'est pas très gai, entre l'orphelin qui croit avoir tué ses parents et le fils honteux de collabo. On tombe dans un univers qui me rappelle un peu un olivier rameau, mais version morbide. Un seul reproche, il y a un peu trop d'intrigues pshychologiques qui se croisent, et certains personnages secondaires, comme le paysan ou la mère de Lefranc, étaient dispensables et n'apportent rien que de la confusion.
En conclusion, je dirais avoir passé un bon moment à lire cet album, qui malheureusement se trouve dévalorisé par son appartenance à la série Lefranc. Il aurait mieux valu le traiter en one shot, par exemple sous le vocable des "aventures de jean jean", ce qui lui aurait évité les comparaisons et assimilations qui lui sont défavorables, non par sa qualité intrisèque, mais par son manque d'homogénéité par rapport au reste de la série.