Raymond a écrit:Parmi les BD pour enfants qui m'avaient intéressé l'année dernière, on peut mentionner
Irena, une série toujours en cours dont 3 tomes ont paru à ce jour.

Cette série dédiée à la Shoah est tirée d'une histoire vraie, celle d'Irena Sendlerowa. Cette résistante polonaise fut une héroïne de la Seconde Guerre Mondiale, sauvant plus de 2000 enfants juifs du ghetto de Varsovie. Elle est aujourd'hui oubliée et cet hommage à travers une BD à la fois simple, sobre et honnête m'a semblé très intéressant.
i au départ entendu parler grâce à ActuaBD, en particulier dans cet article-là :
https://www.actuabd.com/Varsovie-au-coeur-de-la-Shoah
La BD s'est montrée à la hauteur de ses bonnes critiques.
Parfois les sites WEB ont du bon.

ça m'a l'air trés bien :
1940, l'armée nazie a envahi la Pologne. À Varsovie, les Juifs de la ville ont été parqués dans le ghetto : un quartier entier entouré de murs. Quiconque tente de s'en échapper est abattu sans sommation ; les seuls qui peuvent y entrer sont les membres du département d'aide sociale. Parmi eux, Irena vient tous les jours apporter vivres et soutien à ceux qui sont enfermés dans cet enfer et qui souffrent de maladies et de malnutrition. Ici, tout le monde la connait, les enfants l'adorent. Car Irena est un modèle de courage : elle n'hésite pas à tenir tête aux gardiens, à faire toujours plus que ce qu'autorise l'occupant nazi. Le jour où, sur son lit de mort, une jeune mère lui confie la vie de son fils, Irena se met en tête de sortir clandestinement les orphelins du ghetto. Pour que l'innocence soit épargnée de la barbarie, elle doit être prête à risquer sa vie.
Décédée en 2008, déclarée Juste parmi les nations en 1965, Irena Sendlerowa, résistante et militante polonaise, fut l'une des plus grandes héroïnes de la Seconde Guerre Mondiale, sauvant près de 2500 enfants juifs du ghetto de Varsovie. Et pourtant elle est oubliée des livres d'Histoire...
C'est en lisant par hasard un article sur elle que Jean-David Morvan a eu le déclic : sa vie devait être racontée. Avec Séverine Tréfouël et David Evrard, il retrace sur trois albums le combat humaniste de cette « mère des enfants de l'Holocauste. »Porté par un dessin d'une grande sensibilité, Irena réussit le tour de force de parler sans lourdeur d'un sujet fort, poignant et profondément actuel... Toucher, émouvoir, parler d'hier pour raconter aujourd'hui...












TOME II :
À peine les premiers enfants sauvés du ghetto, Irena est persuadée qu'elle peut faire bien plus. Elle met alors sur pieds un véritable réseau, organisé et solidaire, pour faire de ces « extractions » une industrie. Tout est pensé, calculé, prévu : les modes de transport, les faux papiers, les familles adoptives et même les soins. grâce à son courage, son implication et l'aide de personnes aux mêmes convictions, son plan se déroule à merveille. Mais jusqu'à quand ?
Deuxième acte pour Sandrine Tréfouël, Jean-David Morvan, David Evrard, Walter et leur Irena. Les deux derniers, respectivement au dessin et à la colorisation, livrent une prestation sur la lancée de la précédente. Trait rond et doux trachant avec la teneur du propos, couleurs qui soulignent avec simplicité et justesse chaque passage, cadrages variés et une mise en page qui font la part belle à la lisibilité : un travail qui accompagne et habille à merveille l'intrigue.
Dans la continuité directe du premier opus, Le Ghetto, qui plantait avec force le décor dans lequel évoluent ces prisonniers polonais, Les justes dévoile l'organisation élaborée par leur héroïne et ses complices. Lors de sa première partie, les scénaristes délaissent leurs aller-retours temporels et plongent au plus près de cette fourmilière invisible qui risque sa vie pour sauver celles des autres. Le danger, la tension, la paranoïa aussi, mais surtout le courage de ces personnes, chacune à leur niveau, éclaboussent ces séquences. Car Irena n'est pas seule et c'est tant mieux tellement les risques apparaissent immenses. Même si la caractérisation de tous les protagonistes n'est pas du même niveau, la sincérité que les auteurs parviennent à insuffler à certains d'entre eux - notamment son binôme Antoni et le docteur Janusz Korczak - permet une empathie croissante à mesure que les planches défilent. C'est à ce moment, et pour toute la seconde moitié de l’album, que la gravité de la situation atteint son paroxysme. En effet, avec le retour d'une narration à flashback où le sort qui attend l'infirmière est explicité, son arrestation et le traitement que les Nazis lui réserveront, un tournant dans le ton s'opère et ramène à la réalité de la guerre et ses actes odieux. Enfin, tandis que la relation qui lie le personnage principal à son père parsème le récit, les scénaristes tiennent en haleine le lecteur jusqu'à la scène finale, entre espoir et questions.
Les justes ajoute encore de la dramaturgie et de l'émotion à cette série forte et paradoxalement rafraîchissante. L'histoire, dont le dénouement est attendu pour 2018, d'une femme qui rassure quelque peu sur la nature des Hommes.



TOME III :
1947. Bien que l’Allemagne nazie soit tombée, le cauchemar pour les Juifs d’Europe n’est pas terminé. Persécutés par les communistes, abandonnés par les Alliés, leur route vers la terre promise d’Israël a encore des allures de long calvaire... Cette réalité, la jeune Oliwka la découvre brutalement lorsqu’on lui apprend qu’elle avait été confiée, encore bébé, à une famille adoptive pendant la guerre. Que sa véritable identité avait été changée pour échapper aux nazis. En réalité, elle s’appelle Astar Berkenbaum. Elle est juive. Et comme des milliers d’enfants, elle ne doit la vie sauve qu’à une femme : Irena Sendlerowa .



P ologne, 1947, un inconnu débarque en pleine messe clandestine pour emmener Oliwka. Celle-ci apprend qu’elle s’appelle en vrai Astar, que ses parents ont disparu comme de nombreux juifs pendant l’occupation nazie et que sa vie se trouve désormais en Israël, loin de sa famille adoptive. Une existence qu’elle doit à une femme qui, fin 1943, était emprisonnée dans les geôles de la Gestapo. Soupçonnée d’aider les victimes de la Solution finale, parlera-t-elle sous la torture ?
Alors que le tome précédent avait laissé l’héroïne dans une situation des plus périlleuses, le troisième volet d’Irena débute par un saut temporel de quelques années pour évoquer le devenir d’une des enfants sauvés grâce à l’engagement et au dévouement de la Juste. Intelligemment construit et s’intégrant bien à l’ensemble du récit, cet intermède répond à une question essentielle, tout en donnant un aperçu des obstacles que les jeunes rescapés ont dû affronter au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Après une transition habile, Jean David Morvan et Séverine Trefouël se concentrent de nouveau sur Irena Sendlerowa. Toujours en usant de flash-back, ils entraînent le lecteur à la suite de la Polonaise lors de sa descente dans les enfers gestapistes, font une incursion dans le soulèvement du ghetto de Varsovie et de sa répression sanglante, avant de relater comment l’infirmière sociale s’en est sortie grâce à l’appui de ses amis.
Quelques bonds succincts dans l’enfance, de rares moments plus oniriques ainsi que l’anecdote des bocaux constituent autant de respirations dans une atmosphère dramatique qui restitue de manière convaincante la terrible réalité de l’époque. Une tragédie que le dessin de David Evrard rend palpable à travers un trait rond et expressif qu’accompagne agréablement la mise en couleurs de Walter. Rictus cruels et exactions de l’occupant allemand, doutes et tristesse marquant les visages et les cœurs, ou rires épars malgré la tourmente, les émotions sont transcrites avec justesse et dénotent une grande humanité. En outre, les cadrages sont variés et le découpage assure une bonne lisibilité.
Avec son titre plein d’à-propos, Varso-vie s’inscrit dans la lignée des deux premiers volets et offre une nouvelle page puissante autant que touchante de l’histoire d’Irena Sendlerowa. Une destinée riche à bien des égards et sur laquelle les auteurs s’étendront encore dans deux albums, bien que celui-ci s’achève sur la disparition de cette femme engagée, dont on fêtera prochainement le dixième anniversaire (le 12 mai 2018).
Par M. Natali

https://fr.wikipedia.org/wiki/Irena_Sendler