Raymond a écrit:En relisant cette critique d'ActuaBD sur ce
Roman des Goscinny, je me rends compte que Pasamonik était dithyrambique.
https://www.actuabd.com/La-legende-des-Goscinny
On ne peut pas toujours être d'accord !
Je réagis avec un loooong retard à la sortie (en 2019...) de ce livre de Catel, après avoir lu aujourd'hui un post de Raymond en parlant, sur le topic de Catel.
Le roman des Goscinny est décevant. Qu'il se soit très bien vendu ne veut rien dire de ses qualités (il faudrait plutôt parler de l'absence de qualités).
Dans l'article d'Actuabd publié à l'époque et signalé par Raymond par son post (ci-dessus), je lis cette phrase parlant du travail de Catel : "
Ce qui est lumineux, c’est que ce travail n’est pas seulement appuyé sur une documentation extraordinairement précise (les goscinnologues s’y reconnaissent…) : grâce au dessin, aux dialogues, ce qui est de l’ordre du ressenti, de l’informulé, ressort avec une incroyable subtilité d’autant plus juste que Catel s’est profondément investie dans la documentation visuelle".
Je ne citerai que quelques exemples, que j'ai découverts en parcourant le Net (car je n'ai pas le livre), et qui démolissent cette assertion. On voit dans une image le paquebot qui a transporté la famille de Goscinny - avec René, âgé de 2 ans - en Argentine. Sur la coque on lit le nom du paquebot :
Le Groix. Certes, il a existé un paquebot français (de la compagnie des Chargeurs réunis) qui faisait la ligne de l'Amérique du sud et qui s'est appelé
Groix. Mais pas
Le Groix ! Il est fort probable qu'on sache, dans la famille Goscinny, que le paquebot qui a embarqué le jeune René et ses parents s'appelait
Groix, mais on constate qu'il est resté dans la mémoire collective le nom
Le Groix... Oui : le
Groix, sous-entendu : le paquebot
Groix (comme on dit le
France ; mais sur la coque du
France, ce n'est pas écrit
Le France !!). Surtout, le bateau représenté n'est ni fait ni à faire ; ce n'est sûrement pas le
Groix, ni même un paquebot ; on dirait une sorte de porte-conteneurs moderne fait de bric et de broc, construit n'importe comment, dessiné par quelqu'un qui n'a jamais vu un bateau de sa vie. A signaler aussi que le
Groix n'est pas un vrai paquebot ; c'est ce qu'on appelle un paquebot mixte ; à savoir qu'il est doté d'une ou deux cales pour des marchandises. Cherchez sur le Net "paquebot Groix" (et pas "Le Groix") et "chargeurs réunis" pour affiner la recherche, et vous allez voir à quoi ressemble ce navire.
Dans une autre planche, on voit la suite du voyage à bord de ce paquebot. J'y apprends qu'il fait une escale à New York, au cours de laquelle la famille Goscinny (embarquée sur le paquebot) en profite pour rencontrer un oncle. Je crois pouvoir affirmer que jamais le
Groix ne s'est rendu à New York ! Il suivait la ligne de l'Amérique du sud, en faisant des escales sur la route : Portugal, Açores, Dakar, Brésil, etc., mais jamais il n'aurait fait un crochet par New York ! A mon humble avis, il y a un méli-mélo dans le récit de l'histoire des Goscinny... Par ailleurs, le commandant du paquebot est vu dans une image : un commandant a quatre galons sur ses manches ; là, il n'en a que deux : c'est un lieutenant... On voit aussi une image avec une bouée du paquebot, et là, c'est bien
Groix, tout court, sur la bouée.
Une planche parle de la fameuse réunion des auteurs souhaitant clarifier et revoir les conditions des contrats d'édition, au cours de laquelle une charte a été signée par une douzaine d'auteurs français et belges, parmi les plus fameux de l'époque. Une case indique que cette réunion s'est tenue dans un village de l'Aisne, à Chivy les Etouvelles, à mi-chemin entre Paris et Bruxelles, début 1956. Or, cette réunion avec signature de la charte s'est tenue à Bruxelles.
Bref, pour tout ça, je me pose donc des questions sur la "
documentation extraordinairement précise" de Catel...
Indépendamment de ça, les dialogues sont lapidaires et nunuches, et ne rendent rien de l'intelligence et de la culture générale tant de Goscinny que de Charlier (quand ce dernier intervient, sur les quelques pages que j'ai vues sur le Net).
Enfin, et surtout, je n'en reviens pas de voir les personnages toujours souriant béatement, pour ne pas dire niaisement, et toujours du même sourire pour tous les personnages. Y compris Goscinny, donc. Alors, pour ce qui est de "
l'incroyable subtilité" du "
ressenti" des personnages, hum hum... On en est loin.
La seule image que j'ai trouvée où il ne sourit pas, c'est quand il dit qu'une partie de sa famille a disparu dans les camps de concentration nazis - on comprend, évidemment, qu'il ne sourie pas dans cette image... Comme quoi Catel peut dessiner un personnage qui ne sourit pas.