Je n'ai pas fini le livre-catalogue du Musée d'Angoulême sur Goscinny (Scénariste, quel métier !) évoqué plus haut, mais avec ce que j'ai parcouru (plus de la moitié), je peux dire que j'ai pris une claque. Mais c'est parce que je regarde ça avec l'oeil du scénariste de BD (puisque je suis moi-même scénariste de BD) ; je ne suis pas certain que la plupart des lecteurs, qui ne doivent pas être des professionnels du scénario, apprécient cet ouvrage comme il faut, ou du moins sous l'angle qu'il faut.
Ce ne sont pas les textes des journalistes et historiens accompagnant les différents chapitres qui sont intéressants. Je dirais même que, généralement, ce sont des propos à la fois déjà lus ailleurs, et pas très pertinents, ou dans le genre "enfoncements de portes ouvertes" (à mes yeux du moins) ; cela dit, je n'ai pas tout lu encore, mais seul sort du lot Jean-Pierre Mercier, par ailleurs commissaire d'une exposition sur Goscinny à Angoulême et auteur de divers travaux sur Goscinny, Uderzo et Astérix, et d'autres auteurs.
Ce qui est fort intéressant, et même instructif sur le travail de René Goscinny et aussi de ses dessinateurs mettant en images ses scénarios - le premier d'entre eux étant Albert Uderzo -, c'est la comparaison que l'on peut faire dans ce livre entre les tapuscrits des pages de scénario et le résultat dans les planches publiées en vis-à-vis. Ainsi, je me suis aperçu d'une chose à laquelle je n'aurais pas cru jusque-là : le rôle des dessinateurs (et d'Uderzo en particulier, j'y reviens) dans le contenu des dessins. En effet, j'ai remarqué que les descriptions de Goscinny pour chaque case sont assez succinctes, et même parfois étrangement lapidaires. La majeure partie du travail - dans un certain nombre d'images - revient aux dessinateurs (et à Uderzo, j'y re-reviens) pour donner une certaine épaisseur, apporter un complément indispensable, ajouter et inventer des éléments tout de même importants du décor. Cela me donne l'impression que Goscinny a voulu donner toute liberté à ses dessinateurs d'imaginer ce qu'ils ont voulu - ce qui serait une explication positive à ce petit phénomène -, mais au risque de tomber à côté de la plaque. Ou alors, autre explication qui serait le revers de la médaille : il n'avait pas le temps de s'étendre sur les descriptions - il a tellement produit qu'il devait aller à l'essentiel -, ou qu'il n'avait pas conscience de l'importance des détails visuels : seuls comptaient les dialogues ?
Je raconte tout ça parce que je suis habitué depuis très longtemps au travail de JM Charlier : de son côté, il décrit souvent avec une abondance de détails tout ce qui doit être visible dans chaque image. Il y a même une telle abondance que Charlier donne trop de détails : ses dessinateurs, souvent, ne montrent pas tout ce qu'il décrit - et de toute façon ils ne peuvent pas tout montrer, faute de place. Chez Goscinny, c'est l'inverse ; ses descriptions sont plutôt sèches, courtes, à charge pour ses dessinateurs d'ajouter des éléments qui s'avéreront être un "plus". Cette constatation m'a particulièrement étonné, et il a fallu ce livre pour que je découvre cet aspect du travail de Goscinny.
Toutefois, dans les commentaires écrits par des auteurs signataires de leurs textes, ou dans des légendes non signées, des explications manquent parfois, voire souvent, et je reste sur ma faim quand j'observe certains détails - qui ne sont peut-être pas que des détails sur la façon de travailler de Goscinny. A noter qu'il y a aussi des inattentions dans cet ouvrage ; par exemple, deux des pages d'un bout de scénario original écrit par Goscinny, présentées à la queue leu, ont été interverties... C'est bête... (c'est le scénario entier d'un Dingodossier, Les élèves remarquables, à partir de la page 132 ; ceci dit pour Raymond qui a le catalogue). Rien n'est jamais parfait, mais quand on voit le nombre de participants à cet ouvrage, dont une relectrice nommément citée à la fin, on se dit que ça a dû quand même être fait assez vite (ou alors la relectrice n'a relu strictement que les textes, pour corriger les fautes d'orthographe et les coquilles, pas la maquette ?).
Ce ne sont pas les textes des journalistes et historiens accompagnant les différents chapitres qui sont intéressants. Je dirais même que, généralement, ce sont des propos à la fois déjà lus ailleurs, et pas très pertinents, ou dans le genre "enfoncements de portes ouvertes" (à mes yeux du moins) ; cela dit, je n'ai pas tout lu encore, mais seul sort du lot Jean-Pierre Mercier, par ailleurs commissaire d'une exposition sur Goscinny à Angoulême et auteur de divers travaux sur Goscinny, Uderzo et Astérix, et d'autres auteurs.
Ce qui est fort intéressant, et même instructif sur le travail de René Goscinny et aussi de ses dessinateurs mettant en images ses scénarios - le premier d'entre eux étant Albert Uderzo -, c'est la comparaison que l'on peut faire dans ce livre entre les tapuscrits des pages de scénario et le résultat dans les planches publiées en vis-à-vis. Ainsi, je me suis aperçu d'une chose à laquelle je n'aurais pas cru jusque-là : le rôle des dessinateurs (et d'Uderzo en particulier, j'y reviens) dans le contenu des dessins. En effet, j'ai remarqué que les descriptions de Goscinny pour chaque case sont assez succinctes, et même parfois étrangement lapidaires. La majeure partie du travail - dans un certain nombre d'images - revient aux dessinateurs (et à Uderzo, j'y re-reviens) pour donner une certaine épaisseur, apporter un complément indispensable, ajouter et inventer des éléments tout de même importants du décor. Cela me donne l'impression que Goscinny a voulu donner toute liberté à ses dessinateurs d'imaginer ce qu'ils ont voulu - ce qui serait une explication positive à ce petit phénomène -, mais au risque de tomber à côté de la plaque. Ou alors, autre explication qui serait le revers de la médaille : il n'avait pas le temps de s'étendre sur les descriptions - il a tellement produit qu'il devait aller à l'essentiel -, ou qu'il n'avait pas conscience de l'importance des détails visuels : seuls comptaient les dialogues ?
Je raconte tout ça parce que je suis habitué depuis très longtemps au travail de JM Charlier : de son côté, il décrit souvent avec une abondance de détails tout ce qui doit être visible dans chaque image. Il y a même une telle abondance que Charlier donne trop de détails : ses dessinateurs, souvent, ne montrent pas tout ce qu'il décrit - et de toute façon ils ne peuvent pas tout montrer, faute de place. Chez Goscinny, c'est l'inverse ; ses descriptions sont plutôt sèches, courtes, à charge pour ses dessinateurs d'ajouter des éléments qui s'avéreront être un "plus". Cette constatation m'a particulièrement étonné, et il a fallu ce livre pour que je découvre cet aspect du travail de Goscinny.
Toutefois, dans les commentaires écrits par des auteurs signataires de leurs textes, ou dans des légendes non signées, des explications manquent parfois, voire souvent, et je reste sur ma faim quand j'observe certains détails - qui ne sont peut-être pas que des détails sur la façon de travailler de Goscinny. A noter qu'il y a aussi des inattentions dans cet ouvrage ; par exemple, deux des pages d'un bout de scénario original écrit par Goscinny, présentées à la queue leu, ont été interverties... C'est bête... (c'est le scénario entier d'un Dingodossier, Les élèves remarquables, à partir de la page 132 ; ceci dit pour Raymond qui a le catalogue). Rien n'est jamais parfait, mais quand on voit le nombre de participants à cet ouvrage, dont une relectrice nommément citée à la fin, on se dit que ça a dû quand même être fait assez vite (ou alors la relectrice n'a relu strictement que les textes, pour corriger les fautes d'orthographe et les coquilles, pas la maquette ?).