Pleins feux sur Edgar Pierre JACOBS et Blake et Mortimer (2ème partie en cours)

Merci, Eléanore-Clo, pour cette remarquable interview, et aussi, dans les "trouvailles autour de Tintin", pour le lien sur "Toutes les facettes des bijoux de la Castafiore" - deux documents qui montrent les exigences de deux grands artistes qui ne transigent pas avec leur art.

Pour rester chez Jacobs, j'ai personnellement toujours été réticent aux "reprises" - sans doute échaudé par le second tome de Sato qui est, à mon avis, un des grands ratages de Bob de Moor - le même Bob de Moor ne m'a pas non plus convaincu dans "Le repaire du loup" (je l'écris en sachant que beaucoup sur ce forum ne partagent pas mon avis) : malgré l'image qu'il a de dessinateur-caméléon, il n'est jamais meilleur que lorsqu'il fait du Bob de Moor - ou "des" Bob de Moor, car il a, à la façon de Pessoa, plusieurs styles à son arc.
Idem pour Floc'h, pour Ted Benoit...

Une fois n'est pas coutume, le Centaur Club nous fait un cadeau qui ne râle pas contre les reprises du travail de Jacobs

Le lien ci-dessous permet de télécharger un travail d'Alain Lehman, grand amoureux de Blake et Mortimer et auteur de plusieurs monographies confidentielles sur le sujet.

Le travail présenté ici permet de dater précisément toutes les aventures de nos deux héros, en conservant la cohérence entre tous les opus ! Un pari impossible ou presque !

Et pour celles et ceux qui n'arriveraient pas à télécharger le copieux fichier de 119 pages, je joins l'extrait relatif à L'Art de la guerre, juste après le lien . On y découvre ainsi que la BD pourrait commencer le 5 septembre 1954 et finir le 11 septembre (la référence si finement identifiée par Draculea    ) de la même année.

https://www.centaurclub.com/centaurclub/datation/kronos-datation_blake_et_mortimer-centaurclub.pdf





Eléanore

Jacky-Charles a écrit:

Monocle a écrit:On en parle aussi sur le site de la revue de géopolitique "Conflits".
https://www.revueconflits.com/livres-de-la-semaine-10-novembre/

Sur le même site, il y a également une critique ( élogieuse ) de "L'art de la guerre". Partir de la page "accueil" et dérouler.

Merci à Jacky-Charles pour cette belle trouvaille   .

J'ai beaucoup apprécié l'extrait ci-dessous qui sent la géopolitique. On peut être d'accord ou pas, mais pour une fois, l'auteur d'un billet sur L'art de la guerre parle davantage de Fromental et Bocquet que de Floc'h  

Ce n’est pas avec son discours que Blake contribue à sauver la paix mondiale, mais en désarmant Olrik et en contribuant à faire travailler ensemble des personnes qui se déteste. Une application de « l’art de la paix » qui est sa conclusion finale.

Eléanore

Raymond a écrit:
...
Sinon, Filippini découvre dans l'album des références à Hitchcock et c'est le genre de choses qui ne m'ont pas frappées en première lecture. Mais voilà, Floc'h est un grand admirateur d'Hitchcock et il y a donc bien des chances que ce soit juste.

En voilà une de plus : page 56 de l'édition bibliophile et affiche du film Vertigo

L'art de la Guerre est commenté par Planète BD, sans enthousiasme excessif !

https://www.planetebd.com/bd/dargaud/autour-de-blake-mortimer/l-art-de-la-guerre/52883.html

ActuaBD nous informe des suites de "l'Affaire Jacobs", celle qui a trait à l'éparpillement frauduleux de plus de 200 planches de Jacobs à travers le monde !

https://www.actuabd.com/Un-article-du-Monde-eclabousse-les-principaux-acteurs-du-marche-de-la-planche

On n'a pas fini d'en parler !

Raymond a écrit:ActuaBD nous informe des suites de "l'Affaire Jacobs", celle qui a trait à l'éparpillement frauduleux de plus de 200 planches de Jacobs à travers le monde !

https://www.actuabd.com/Un-article-du-Monde-eclabousse-les-principaux-acteurs-du-marche-de-la-planche

On n'a pas fini d'en parler !  

L'article du Monde est lisible sur le fil B&M du forum BDGest. C'est long, travaillé/sourcé et aussi édifiant sur l'affaire qu'affligeant pour les protagonistes (qui sont tous nommés).

Il existe déjà deux albums qui racontent la vie de Jacobs en bande dessinée, mais ce sont de simples biopics. Voilà que sort maintenant un récit de fiction dont Jacobs est le héros, et il s'intitule la Dame de la Roche. Les auteurs se nomment Jean-Michel Frémont et Geneviève Marot.



Cette BD reprend quelques éléments du Piège diabolique car Jacobs enquête dans la région du Château de la Roche Guyon et se retrouve embarqué dans un voyage temporel.

Le dessin n'est pas du tout du genre ligne claire mais il est élégant,



Pasamonik a bien apprécié !

https://www.actuabd.com/Une-autre-affaire-Jacobs-plus-sympa

Un intéressant parallèle graphique entre le Dossier Harding (deuxième opus de la série Albany et Sturgess par Rivière et Floc'h) et L'art de la guerre circule sur Facebook :



Eléanore

Je m'interroge sur l'utilité de cette comparaison !  

il y a une ressemblance partielle entre les deux cases, certes, mais elle s'explique très simplement. Comme tous les dessinateurs, Jean Claude Floc'h répète certains décors et certains thèmes qu'il aime dessiner.  

Qu'en disent les réseaux ? S'agit-il d'une nouvelle polémique ?

Aucune polémique. Je pense qu'il faut plutôt y voir le travail d'un fan de Floc'h qui a recherché les sources graphiques de l'Art de la guerre.

Eléanore

Le Serment des cinq lords fait partie à mon avis des très bonnes néo-aventures de Blake et Mortimer, tout comme Le Testament de William S.. D'abord, il n'y a pas Olrik, personnage d'increvable traître de Commedia dell'Arte que je récuse. Puis, l'album a étudié méthodiquement l'histoire de Lawrence d'Arabie, la géographie d'Oxford, et l'Ashmolean Museum. Puisque j'ai passé 9 jours à Oxford, non sans évidemment visiter 3 ou 4 fois l'Ashmolean, le récit m'a passionné au plus haut point. On y ressent à merveille un climat "old british", de moeurs, de style, et l'enquête elle-même évoque les meilleurs Agatha Christie (bien que le lecteur ait deviné à peu près tout aux deux tiers de l'album). Ciel sombre, climat pluvieux et neigeux, pesantes voitures 1950 : que de charme ! La mort en effet des plus louches de Lawrence d'Arabie joue un rôle (relativement ) plausible. A noter que dans le réel la fausse promesse à ses bédouins d'un grand califat arabe uni émanait de Lawrence, et nullement des gouvernements anglais et français, qui n'avaient pas le moindre intérêt à remplacer l'Empire Ottoman par un Empire Arabe (ce califat uni reste l'objectif proclamé de Daesh, comme on sait). Quant au télégramme, on affirme aujourd'hui que c'était une réponse positive de Lawrence à l'invitation à Berlin où se rendit Lindbergh, décoré ensuite par Goering... Bien sûr, ce récit modifie les choses : on ne va pas démolir le superbe film de David Lean et le bô Peter O'Toole... Peu importe : tout se tient, un Blake et Mortimer savamment construit ! A noter que la p.50 explique (sommairement) la différence entre le MI5 et le MI6. Notez aussi que si vous voulez visiter Oxford, évitez l'été, où vous serez bousculé partout par des groupes de plus de cent Chinois

Kimono a écrit:Le Serment des cinq lords fait partie à mon avis des très bonnes néo-aventures de Blake et Mortimer, tout comme Le Testament de William S.. D'abord, il n'y a pas Olrik, personnage d'increvable traître de Commedia dell'Arte que je récuse.

J'ai un très mauvais a priori sur les albums de Blake et Mortimer signés Yves Sente. Mais j'irai regarder cela de plus près puisque tu les loues.

En revanche, Olrik est pour moi indispensable à B&M. Sans lui et sa propension aussi luciférienne que grandiloquente à chercher à détruire le monde pour son plaisir, les enquêtes de Blake et Mortimer risquent bien de tomber au niveau d'une Miss Marple de série B.

Eminent Clovis Sangrail, je partage tout à fait ton a priori contre les albums Yves Sente, c'est pourquoi celui-ci m'a agréablement surpris (ainsi que Le Testament de William S. que je n'aurais pas lu sans l'avis d'eleanor-clo ); et je comprends ton argument favorable à Olrik, même si personnellement il me lasse beaucoup. Après tout il est devenu un "identifiant " de la saga. Actuellement je commence Huit heures à Berlin, qui n'est pas de Yves Sente, et cela s'annonce plutôt bien

Contrairement à Kimono, le testament de William S est certainement celui que j'aime le moins de tous les B&M des repreneurs . Une fois la lecture terminée, je me suis dit  "tout ça pour ça!", le scenario ma semblé vraiment très léger.
Dans le serment des 5 lords,même si j'ai globalement apprécié l'histoire, on frise le grotesque avec l'utilisation du lance pierre pour faire éliminer Lawrence d'arabie par un novice du MI5...
J'avoue humblement m'être laissé surprendre et avoir apprécié la fin du sanctuaire du Gondwana, malgré un début prometteur, le reste de l'album me semble assez plat, juste un reportage sur l'afrique des années 50.
D'accord avec Kimono sur Olrik qui est un peu l'Arbacès de B&M . Dès qu'il apparait, on sait que ses complots soigneusement ourdis vont échouer grâce à l'action de nos héros.  L'oublier un peu serait le bienvenu, et pourquoi pas nous inventer un autre méchant pour renouveler ce côté de la série.

Monocle a écrit:
D'accord avec Kimono sur Olrik qui est un peu l'Arbacès de B&M . Dès qu'il apparait, on sait que ses complots soigneusement ourdis vont échouer grâce à l'action de nos héros.  L'oublier un peu serait le bienvenu, et pourquoi pas nous inventer un autre méchant pour renouveler ce côté de la série.

N'est-ce pas ? dès qu'il apparaît, on sait aussi que tout ce qui est nuisible est de sa faute, ce qui tue dans l'oeuf bien d'autres développements et interrogations possibles... Evidemment le switch de personnalités du Sanctuaire du Gondwana renouvelle un peu le cliché, mais comment accepter une civilisation humaine brillante avant les dinosaures, puis auto-détruite sous le regard courroucé d'une entité moraliste selon le modèle du mythe de Noé ?
Bien sûr le débat sur Shakespeare et mon souvenir ébloui d'Oxford jouent dans mon intérêt pour les 2 autres albums. Dans Les cinq lords, un point faible c'est le peu d'intérêt réel du manuscrit original de Lawrence accusant sans preuve aucune le gouvernement britannique de fausses promesses. Du coup le "méchant" Lawless est un Bon. Il y a une fugitive allusion à l'homosexualité de Lawrence, mais comme c'est Lawless qui l'a proférée au Caire, elle paraît calomnieuse...

Huit heures à Berlin, de Bocquet, Fromental et Aubin, promettait au début, mais zappe ensuite l'intéressante recherche d'Arkaïm, une civilisation avancée (et avérée) de la fin du Néolithique sibérien, c'est assez dommage. Album pas terrible. Berlin-Est est sous-exploité (je l'ai connu en 1990, juste après la chute du Mur, et il y avait tant à montrer ! ). On a certes des allusions indirectes aux authentiques et glaçantes expériences sur des cobayes humains menées en URSS (dans le réel, en Crimée). Rappelons que le marxisme, en niant les pulsions innées et l'hérédité en l'Homme au profit du prégnant contexte social, autorise les manipulations illimitées par le Parti sur le "matériau" humain, en vue du conformisme sociétal. Je parie qu'en Chine... Mais les auteurs prennent soin de déplacer la culpabilité sur Kranz, ex-nazi évidemment resté sadique, et sur un faucon US anti-communiste, le général Carver, aux motivations des plus farfelues, complice du GRU (Mortimer s'en étonne tout de même). Le plan encore plus cinglé d'Olrik semble être de contraindre le faux Kennedy, manipulable (sans Krantz ???!) à appuyer bientôt sur le bouton de l'apocalypse. L'éditeur cubain de Che Guevara, qui se retrouve dans le camp de Blake et Mortimer on ne sait trop pourquoi au final sauve le président Kennedy ( ). Au fond ils sont sympas, les communistes. C'est très français. Bon, le rythme est bien mené, le dessin correct, mais pour moi, direction Cabane à Livres.

De Huit heures à Berlin , c'est surtout le dessin de Aubin qui transcende une histoire de la guerre froide somme toute banale. Dans le même genre, j'ai préféré 'La machination Voronov', mais le dessin de Juillard était moins pointu que celui de Aubin, à mon sens quasiment parfait, on ne peut pas tout avoir.

Tarmac a écrit:De Huit heures à Berlin , c'est surtout  le dessin de Aubin qui transcende une histoire de la guerre froide somme toute banale. Dans le même genre, j'ai préféré 'La machination Voronov', mais le dessin de Juillard était moins pointu que celui de Aubin, à mon sens quasiment parfait, on ne peut pas tout avoir.  

C'est vrai Tarmac que le dessin d'Aubin est remarquable ; il ose même plusieurs visages de 3/4 arrière, réussis. Malgré deux pages nocturnes, sous-exploité aussi le pays des Sorabes (ou Wendes), minorité slave toute proche de Berlin dans le Spreewald, dédale de canaux et confluents où seules des barques peuvent circuler....

Regarde bien, 'L'onde septimus', tu comprendras pourquoi Aubin prems, juillard juste derrière avec Peter Van Dongen

Tarmac a écrit:Regarde bien, 'L'onde septimus', tu comprendras pourquoi Aubin prems, juillard juste derrière avec Peter Van Dongen

Absolument d'accord sur le dessin d'Aubin, excellent. (Il égale le regretté Ted Benoît parmi les repreneurs.)

En revanche, je trouve que Juillard écorche toujours un peu Mortimer, qu'il lui donne un nez patatiforme...

Les albums des 2 Hollandais sont visuellement très réussis (malgré le scénario de Sente).

J'avais également bien apprécié ce qu'a fait (le tout autant regretté) René Sterne, avec un dessin hors du "canon", mais qui apportait de la fraîcheur (et, après tout, E.P. Jacobs lui-même n'a fait que changer de style tout au long de ses albums).

'A priori' ça devrait donner ça, la prochaine cover :

Sur le forum, il y a également quelques planches couleurs :
https://www.centaurclub.com/forum/viewtopic.php?f=160&t=3308&start=80

Tarmac a écrit:'A priori' ça devrait donner ça, la prochaine cover :

Oui, il est trop tard pour la changer.  

J'suis un peu d'accord avec toi. Maintenant, le dessin s'annonce prometteur d'après ce que j'ai vu et parcouru sur les planches
Wait & See