Treblig a écrit:Oui, je suis tout à fait d'accord avec Pierre qui a parfaitement mis en exergue les lacunes de ce tome 2.
Car, ce qui est en cause ici, ce n'est nullement le dessin d'Aubin mais, bien au contraire, l'intrigue de cette histoire où même les effets de surprise demeurent totalement absents.
On le voit bien, par exemple, avec le personnage d'Eleni dont, dès les planches 29 et 30, on devine aisément le rôle (si ce n'était pas déjà le cas à la page 53 du premier tome )
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Quant à la "résurrection" de Judas, elle confine au grotesque.
En effet... Ce n'est pas le dessin qui pose problème sur ce diptyque mais le scénario (déjà un peu décrié dans le tome 1).
Van Hamme est un fabuleux scénariste, mais au bout d'un moment, il fini par tourner en rond.
Par exemple sur XIII, au bout d'un moment, l'intrigue traîne et la série perd un peu en intérêt.
Sur Blake et Mortimer, c'est un peu la même chose. Il utilise les ficelles habituelles (qu'il manie très bien au demeurant), repompe un peu sur Indiana Jones et sort un Blake et Mortimer.
Maintenant, le fond du problème est plutôt : devait-on sortir des Blake et Mortimer après Jacobs ? Pour Jacobs, il voyait la suite non pas dans l'esprit "d'après... Jacobs" mais plutôt des Blake et Mortimer différents (au moins graphiquement).
La volonté des éditeurs a été d'encrer B&M au moment de la Marque Jaune (dessins + scénarios dans les années 50). Cela permet de ne pas dérouter le lecteur (encore que, on passe d'un dessin de Sato qui n'a plus rien à voir avec la Marque Jaune, à de nouveau un style Marque Jaune).
Après, on aime ou pas les dessins de Benoit, Juillard, Sterne ou Aubin, mais le problème vient des histoires et ce pour 2 raisons :
1) Ceux qui ont lu Blake et Mortimer à partir de sa parution et jusque dans les années 70, ont grandi avec ces personnages qui étaient "en avance sur leur temps", grâce au talent de Jacobs. Il y a donc un effet "madeleine de Proust" a relire les histoires et toute nouvelle aventure ne peut pas être psychologiquement assimilée de la même manière, en tout cas sans l'aspect affectif des premières histoires. D'où un sentiment de déception.
2) A partir des premiers pas de l'homme sur la lune, tout s'est accéléré très vite au niveau technologie. Quelqu'un qui découvre aujourd'hui Blake et Mortimer ne peut pas être effrayé, surpris ou conquis par les thèses de Jacobs, car elles ont été mainte et mainte fois utilisées par des films, des jeux vidéos ou par la télévision. Jacobs fait presque vieillot (avec un certain charme, certes).
Pour résumer, personne ne pourra faire du Jacobs (et finalement tant mieux). Les reprises de B&M permettent de faire vivre les personnages qui seraient peut-être tombés dans l'oubli au fil des temps et il faut les prendre avec leurs qualités et leurs défauts. Certains albums sont meilleurs que d'autres (mais chez Jacobs, c'est également le cas) et après, c'est également une question de goût.