Derrière ces quatre albums que je qualifierai de "classiques", je m'en voudrais d'oublier d'autres oeuvres moins réputées, qui ne sont pas négligeables pour autant. Ces BD ne sont pas toutes parues dans Heavy Metal mais elles ont été dessinées pendant la période dorée qui s'étend de 1975 à 1986, qui représente à mon avis les meilleures années de Richard Corben.
Parlons par exemple de Monde Mutant, un ironique roman d'anticipation situé dans un monde post-apocalyptique, qui était scénarisé par Jan Strnad. Publiée en 1978 aux USA dans le mensuel 1984 (et en 1979 en France dans Ere Comprimée), cette histoire de 72 pages mettait en scène un humanoïde musclé un peu simplet, qui ressemblait légèrement à Den et qui parvenait bien péniblement à survivre dans un monde impitoyable pour les faibles et les idiots. Divertissante et plaisamment colorée, cette aventure parodique n'avait pas le souffle épique de Den, même si elle était plus intelligente, mais elle prouvait que Corben était très à l'aise dans le genre de l'humour. Notons que cette œuvre a récemment été rééditée sous la forme d'une belle intégrale, et qu'elle a très bien vieilli.
Jeremy Brood est un roman de science-fiction un peu plus classique, également raconté par Jan Strnad, dont le héros est un astronaute se promenant sur une planète lointaine peuplée d'humanoïdes, éternellement en guerre avec d'autres créatures. Ce thème a manifestement inspiré Corben qui y dessine quelques unes de ses plus belles pages, comme par exemple la planche 2 (ci-dessous) qui compose un joli jeu de lumières se reflétant sur les corps nus d'un homme et d'une femme (à l'intérieur d'un sombre vaisseau spatial). Les teintes y restent toujours aussi intenses mais le dessinateur introduit davantage de lumière, grâce à des rehauts de blanc qui s'ajoutent habilement aux quatre couleurs fondamentales. Remarquons sinon que cette bande dessinée reprend en partie l'univers et l'ambiance de "Monsters Rule", la petite BD de ses débuts, mais cette œuvre-ci est bien sûr beaucoup plus belle.
La chute de la Maison Usher est une première adaptation (*) de la célèbre nouvelle d'Edgar Poe. Publiée en 1984 dans Corben Special (aux USA) et dans Spécial USA (en France), cette BD de de 32 pages illustre avec une belle efficacité le caractère effrayant du conte. Tandis que les adaptations des années 70 des fictions d'Edgar Poe étaient encore marquées par une certaine retenue, Corben accentue cette fois nettement l'horreur du récit en multipliant les images ou les scènes d'épouvante. Le dessin y apparait certes un peu moins grâcieux que celui des deux albums précédents, mais la narration devient par contre totalement efficace. C'est donc une toute bonne bande dessinée, que les amateurs de Corben apprécieront également.
Et puis il y a Pilgor (le titre américain est The Bodyssey) qui est une BD semi-fantastique et semi-humoristique scénarisée par Simon Revelstroke, datant de 1985 et qui reprend une courte histoire dessinée en 1981 (Rêves de la planète magique). Située dans un monde d'heroic fantasy, cette histoire est bien dessinée et ne manque pas d'esprit, mais elle laisse tout de même à la fin (je ne sais pas vraiment pourquoi) un léger sentiment de déception. Il est vrai que le héros (beau et musclé) se retrouve constamment dans une situation ridicule, et que le côté parodique de l'aventure efface complètement toute volonté de suspense. En fait, les BD très intelligentes ne sont pas toujours les plus réussies et peut-être qu'il manque à cette œuvre une petite dose de saine naïveté. Les esprits sardoniques apprécieront par contre beaucoup mieux cet impitoyable essorage d'un pauvre guerrier ... qui se retrouve souvent très désorienté.
(*) Corben redessinera bien sûr cette histoire pendant les années 2000 !
Parlons par exemple de Monde Mutant, un ironique roman d'anticipation situé dans un monde post-apocalyptique, qui était scénarisé par Jan Strnad. Publiée en 1978 aux USA dans le mensuel 1984 (et en 1979 en France dans Ere Comprimée), cette histoire de 72 pages mettait en scène un humanoïde musclé un peu simplet, qui ressemblait légèrement à Den et qui parvenait bien péniblement à survivre dans un monde impitoyable pour les faibles et les idiots. Divertissante et plaisamment colorée, cette aventure parodique n'avait pas le souffle épique de Den, même si elle était plus intelligente, mais elle prouvait que Corben était très à l'aise dans le genre de l'humour. Notons que cette œuvre a récemment été rééditée sous la forme d'une belle intégrale, et qu'elle a très bien vieilli.
Jeremy Brood est un roman de science-fiction un peu plus classique, également raconté par Jan Strnad, dont le héros est un astronaute se promenant sur une planète lointaine peuplée d'humanoïdes, éternellement en guerre avec d'autres créatures. Ce thème a manifestement inspiré Corben qui y dessine quelques unes de ses plus belles pages, comme par exemple la planche 2 (ci-dessous) qui compose un joli jeu de lumières se reflétant sur les corps nus d'un homme et d'une femme (à l'intérieur d'un sombre vaisseau spatial). Les teintes y restent toujours aussi intenses mais le dessinateur introduit davantage de lumière, grâce à des rehauts de blanc qui s'ajoutent habilement aux quatre couleurs fondamentales. Remarquons sinon que cette bande dessinée reprend en partie l'univers et l'ambiance de "Monsters Rule", la petite BD de ses débuts, mais cette œuvre-ci est bien sûr beaucoup plus belle.
La chute de la Maison Usher est une première adaptation (*) de la célèbre nouvelle d'Edgar Poe. Publiée en 1984 dans Corben Special (aux USA) et dans Spécial USA (en France), cette BD de de 32 pages illustre avec une belle efficacité le caractère effrayant du conte. Tandis que les adaptations des années 70 des fictions d'Edgar Poe étaient encore marquées par une certaine retenue, Corben accentue cette fois nettement l'horreur du récit en multipliant les images ou les scènes d'épouvante. Le dessin y apparait certes un peu moins grâcieux que celui des deux albums précédents, mais la narration devient par contre totalement efficace. C'est donc une toute bonne bande dessinée, que les amateurs de Corben apprécieront également.
Et puis il y a Pilgor (le titre américain est The Bodyssey) qui est une BD semi-fantastique et semi-humoristique scénarisée par Simon Revelstroke, datant de 1985 et qui reprend une courte histoire dessinée en 1981 (Rêves de la planète magique). Située dans un monde d'heroic fantasy, cette histoire est bien dessinée et ne manque pas d'esprit, mais elle laisse tout de même à la fin (je ne sais pas vraiment pourquoi) un léger sentiment de déception. Il est vrai que le héros (beau et musclé) se retrouve constamment dans une situation ridicule, et que le côté parodique de l'aventure efface complètement toute volonté de suspense. En fait, les BD très intelligentes ne sont pas toujours les plus réussies et peut-être qu'il manque à cette œuvre une petite dose de saine naïveté. Les esprits sardoniques apprécieront par contre beaucoup mieux cet impitoyable essorage d'un pauvre guerrier ... qui se retrouve souvent très désorienté.
(*) Corben redessinera bien sûr cette histoire pendant les années 2000 !