L'enfant Staline

Tarmac a écrit:
C'est autre chose que le Lefranc de "El paradisio" avec son portable, ou son ordinateur.  

Sur ce point je suis d'accord, mais, à titre tout personnel, le "Lefranc" contemporain ne me déplaisait pas pour autant ...
Seuls les derniers scénarios manquaient de profondeur (à mon avis), de souffle d'aventure, trainant souvent en longueur  et je n'accrochais pas plus que vous (j'aurais cité aussi "El paradisio", mais il n'est pas le seul), mais sans que ça ait à voir avec l'époque concernée...

Qui dit qu'avec un scénario inspiré et à la hauteur de la série, ce "Lefranc" là ne nous aurait pas aussi passionné que le "Lefranc" (actuel) des années cinquante ?.......

Raymond Damned

Pour ceux qui n'ont pas eu encore la chance de lire le dernier Lefranc et qui viennent donc rechercher des infos sur sa qualité avant de se le procurer, merci d'utiliser les spoilers quand vous révélez les moments clés du récit. 

THE BOYS FROM BRAZIL ? J'en avais entendu parler, mais je ne l'avais pas vu.
J'ai dû faire un amalgame avec MARATHON MAN, vu, mais dont j'ai à peu tout oublié sauf la séquence du dentiste-tortionnaire. Ca m'a rappelé certains dentistes de mon enfance. Mais il s'agissait bien de ce farfelu "docteur" Mengele (il n'avait même pas obtenu son diplôme), l'homme qui faisait des expériences sur les jumeaux.

Ca me fait songer que mon acteur préféré, Charlton Heston ( http://www.peplums.info/pepcour39a.htm#04 ), a lui aussi incarné un Mengele finissant, dans ce qui a aussi été le dernier film de sa carrière. Cela s'appelait Papa Alguem 5555 (My Father, Rua Alguem 5555) (réal. : Egidio Eronico, 2002-2003). Quelqu'un l'a-t-il vu ? Moi je le recherche.
Triste sortie pour celui qui avait incarné Ben Hur, Gordon Pacha, Moïse, Michel-Ange etc. Et le Major Dundee ! Et le superbe Robert Neville de I AM A LEGEND (LE SURVIVANT).

J'attends l'ouverture de mon libraire-BD (il est fermé le lundi) pour aller chercher ce Lefranc, et aussi le dernier MESSALINE de Mitton. Je me demande lequel sera le plus excitant. Lefranc, je suppose ?   

Ethan a écrit:Pour ceux qui n'ont pas eu encore la chance de lire le dernier Lefranc et qui viennent donc rechercher des infos sur sa qualité avant de se le procurer, merci d'utiliser les spoilers quand vous révélez les moments clés du récit. 

Désolé ! J'ai justement essayé de ne pas trop dévoiler l'histoire, mais il y a effectivement des détails qui surgissent inopinément lors des discussions.  

Tarmac a écrit:Première lecture et impression très positive en ce qui me concerne. Le scénario retranscrit bien cette atmosphère oppressante de l'ère stalinienne qui suinte la peur, la grisaille, la torture et les déportations au goulag. "La machination Voronov" Blake & Mortimer avait également bien planté ce décor soviétique.  Après lecture, je trouve le scénario plausible, cette histoire de manipulation génétique me faisait un peu peur au départ, car anachronique comme chacun le sait.
Quelques points négatifs que j'ai relevés. Je trouve Joseph Stalin très mal dessiné. Par ailleurs, il me semble que l'armement des soldats soviétiques est inexact, ils étaient équipés du fusil mitailleur à camembert PPSH et non du fusil simonov 1936. Y a-t'il un spécialiste de l'armement pour le confirmer?
En définitive, un très bon Lefranc   qui commence à s'affiner et à trouver ses marques dans les années 50 au coeur de la guerre froide. C'est autre chose que le Lefranc de "El paradisio" avec son portable, ou son ordinateur.  

D'accord avec toi; un Lefranc avec portable et ordinateur, ça vas pas...  

Je ne suis pas spécialiste de l'armement popov, mais a priori je dirais que le FM et le fusil sont deux catégories bien distinctes. Le fusil-mitrailleur est une arme collective (un tireur et un approvisionneur), le fusil une arme individuelle. Elles ne sont donc pas incompatibles... reste à voir si elles coexistaient en 1954.

Quand j'étais soldat, en Belgique et en 68, les troupes de combat avaient le FAL, les services le vétuste "SA FN Browning" de la guerre de Corée. Il s'agit bien de deux armes individuelles, qui du reste existaient toutes les deux aussi en version FM.  

Tiens, il me semble que personne n'a remarqué que LA MOMIE BLEUE gravitait aussi sur la même idée de ressusciter les cellules d'une momie vieille de 3000 ans et, partant, ladite momie... Mais sans doute le traitement, le contexte étaient-ils différents.

Correction de ma part, j'entendais par PPSH le fameux pistolet mitrailleur avec chargeur camembert en dotation dès la seconde guerre mondiale, je suis allé vérifier.  
Mais bon, loin de moi, l'idée de pinailler sur un excellent Lefranc au demeurant.

Mmmm ... je ne comparerais pas trop l'Enfant Staline avec la Momie Bleue. Contrairement à l'album qui vient de sortir (qui ne fait que spéculer sur une possibilité d'avenir), je trouve que le scénario de la Momie Bleue est hautement invraisemblable.  

Je ne développerai cependant pas ici toutes mes contestations sur le scénario de la Momie Bleue. Elles se trouvent ici :

https://lectraymond.forumactif.com/t609-la-momie-bleue

N'oublions pas la fameuse Kalachnikov (AK 47). Conçue en 1947 par Mikhaïl Kalachnikov, elle a été adoptée par l'armée soviétique en 1949 - si j'en crois Wikipédia. Je ne sais si si elle apparaît dans l'album, que je compte acquérir ce mardi, mais elle y aurait été tout-à-fait à sa place, me semble-t-il.

Raymond, j'ai lu tes arguments sur l'incohérence scientifique de la résurrection de la momie, dans LA MOMIE BLEUE. Ils sont pertinents. C'est vrai qu'on ne saurait comparer les tissus d'un mammouth congelé, avec ceux déshydratés, salés etc. d'une momie égyptienne (et les viscères mis à part dans les quatres vases canopes, notamment le cerveau réduit en charpie - fragments par fragments, il était extrait par les narines au moyen d'un petit crochet).

Toutefois, dans la croyance égyptienne, la momification était censée permettre la résurrection du défunt dans le Monde des Morts. Et un conte d'époque ptolémaïque recueilli par Maspero - l'Histoire de Satni Khamoïs - raconte comment un magicien ressuscite les morts/les momies au moyen d'incantations magiques.

Depuis, la Momie a intégré le, euh, bestiaire du fantastique entre le vampire et le loup-garou. Je suppose que Martin a voulu en donner sa propre version en écrivant le premier jet de LA MOMIE BLEUE. La vraisemblance scientifique n'était pas toujours sa grande préoccupation (j'avais eu une discussion avec lui à propos des étranges phénomènes paranormaux du DIEU SAUVAGE. Entre le magnétisme et la radio-activité son coeur balançait, aussi laissait-il au lecteur le soin de lui-même  trouver l'explication qui lui convenait).

Il n'en demeure pas moins que scientifiquement cohérent comme dans L'ENFANT STALINE ou fruit d'incantations magiques revisitées par Axel Borg dans LA MOMIE BLEUE, c'était la même idée de ressusciter des morts qui est au centre de l'intrigue. Mais le traitement scénaristique est différent, je te le concède.

AJAX a écrit:N'oublions pas la fameuse Kalachnikov (AK 47). Conçue en 1947 par Mikhaïl Kalachnikov, elle a été adoptée par l'armée soviétique en 1949 - si j'en crois Wikipédia. Je ne sais si si elle apparaît dans l'album, que je compte acquérir ce mardi, mais elle y aurait été tout-à-fait à sa place, me semble-t-il.

Bien vu, j'y ai également pensé après coup, non la fameuse et célèbre AK47 n'apparaît pas, du moins je ne l'ai pas observé sur l'album

Voilà, je l'ai lu ! Lefranc n'a jamais été ma tasse de thé, mais comme ça fait partie de la galaxie Martin...

Je dois dire que cette histoire n'est mal, pas mal du tout. Excellente, même. Sans rien vouloir dévoiler aux visiteurs qui n'ont pas encore acheté l'album... je me suis tout de même demandé en quelle langue Vagarine parlait à Lefranc/Geesink p.39, étant donné qu'il faut un interprète entre Vagarine, qui ne parle pas allemand, et Geesink qui ne parle pas russe (mais peut-être que Lefranc, oui?). A part ça, un excellent récit post-stalinien, plein de fumisteries. L'invincible science prolétarienne. Rien d'étonnant qu'après on aie prétentdu que les Américains n'avaient jamais marché sur la lune. Infos, intox...

Ce Vagarine - qui aurait pû devenir lauréat du "prix Lyssenko" - peut bien être renvoyé dos-à-dos avec Mengele et les autres "magiciens" dont se gargarisaient Pauwels et Bergier. D'ailleurs dans feue PLANETE, Bergier reprenait des articles "scientifiques" pêchés dans les publications soviétiques. Si elles étaient du même niveau que les délires archéologiques de la même revue, ave ses formules creuses ""réalisme fantastique", "civilisations différentes"...)...On se tâte. Effarant toutes les horreurs que la science nous propose, du clonage aux OGM etc. etc. au nom des plus inavouables causes.  

Vais voter écolo. Incroyable comme avec l'âge ce vieux papy redevient vert. Bon, je vais maintenant me délecter de la MESSALINE de Mitton....   

Il est vrai que L'Enfant Staline ne fait pas un grand éloge de la science soviétique !  

Bon, d'autres livres célèbres s'étaient déjà chargés depuis longtemps de la démystifier. Avez-vous lu le Premier cercle, de Soljenitsyne ? Ce dernier y raconte la vie de savants incarcérés qui travaillent sur divers projets de recherche, pour la plus grande gloire (ou pour précipiter la défaite) du monde communiste. En fait, dans un pays dominé par la terreur d'être arrêté et déporté au Goulag, il faut avant tout faire semblant. Il vaut mieux en effet obéir aux ordres (même absurdes) venus d'en haut, et faire comme si tout marchait très bien, plutôt que de décrire la réalité telle qu'elle est.  

La critique de Soljenitsyne était précise et efficace. Elle annonçait la future implosion du monde soviétique, et elle était d'autant plus féroce que l'écrivain ne faisait en fait que s'inspirer de sa propre expérience dans les camps.

Ceci dit,

Spoiler:

A priori, les gars qui conservent la vie après un interrogatoire musclé - comme Byrne -, sont rares...
En Algérie, par exemple, qu'il s'agisse de ceux qui sont tombés dans les pattes du FLN... ou des paras d'Aussaresses... peu ont survécu (les "crevettes de Bigeard", vous connaissez ? Et le massacre des Harkis ?). Que dire de la Gestapo ou des Escadrons de la Mort argentine ?

Il fallait bien garder Lefranc en vie pour de nouveaux albums. C'est cool d'être un héros de papier !  

Je n'ai pas lu Soljenitsyne, mais j'en ai eu quelques échos... J'ai déjà dû faire allusion quelque part sur ce site aux historiens soviétiques qui pondaient des bouquins suffisamment ambigus pour pouvoir démontrer qu'ils étaient d'accord avec l'idéologue à la mode, du moment.

AJAX a écrit:Ca me fait songer que mon acteur préféré, Charlton Heston ( http://www.peplums.info/pepcour39a.htm#04 ), a lui aussi incarné un Mengele finissant, dans ce qui a aussi été le dernier film de sa carrière. Cela s'appelait Papa Alguem 5555 (My Father, Rua Alguem 5555) (réal. : Egidio Eronico, 2002-2003). Quelqu'un l'a-t-il vu ? Moi je le recherche.

Non pas vu. Etrange d'ailleurs d'aller tourner un film de ce style au Brésil avec un réalisateur italien obscur... Je vais me renseigner.

 

Je vais acheter cet album qui me semble d'un très bon niveau. Je pense qu'avec Régric-Lefranc et Marc Jailloux-Alix, on a une excellente équipe !!!

Relevons que Christophe Bec revendique une part du travail, par rapport au scénario de L'enfant Staline !

Il précise tout cela dans son blog !

http://bec-processus.over-blog.com/article-guy-lefranc-l-enfant-staline-102992014.html

Raymond a écrit:Relevons que Christophe Bec revendique une part du travail, par rapport au scénario de L'enfant Staline !

Il précise tout cela dans son blog !

http://bec-processus.over-blog.com/article-guy-lefranc-l-enfant-staline-102992014.html

Oui, mais cette annonce remonte à avril 2012, et à cette date-là, Bec précise : "il y a quelques mois". Donc, quelques mois avant avril 2012, ça nous ramène à fin 2011 sans doute. Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts et les choses ne se sont peut-être pas passées comme prévu, en fin de compte...

En tout cas grosse mise en place pour cet album. Un bémol toutefois : la série d'albums que j'ai vu à la fnac montparnasse à Paris me semble avoir été mal imprimé au niveau de la couverture. Je m'explique. La quatrieme de couverture depasse légerement par rapport à la première comme si les albums avaient été un peu "déplacés". Quand on les regarde sur la tranche les deux parties de la couverture ne sont pas symetriques.

Il faut changer de FNAC (où aller chez un petit libraire) !  

C'est vrai qu'il faut toujours minutieusement examiner un album avant de l'acheter, notamment la reliure.
Et il est toujours prudent de regarder le collage des pages de garde, en particulier contre le cartonnage (boursoufflures etc.). Et aussi voir s'il n'y a pas un dérapage de colle ou d'encre sur la page titre etc. (manip à l'imprimerie ou à l'atelier de reliure).

Lecteur de BD... c'est un métier !

Oui. D'ailleurs je n'ai pas acheté pour ça. J'irais à la librairie album.

JYB a écrit:

Raymond a écrit:Relevons que Christophe Bec revendique une part du travail, par rapport au scénario de L'enfant Staline !

Il précise tout cela dans son blog !

http://bec-processus.over-blog.com/article-guy-lefranc-l-enfant-staline-102992014.html

Oui, mais cette annonce remonte à avril 2012, et à cette date-là, Bec précise : "il y a quelques mois". Donc, quelques mois avant avril 2012, ça nous ramène à fin 2011 sans doute. Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts et les choses ne se sont peut-être pas passées comme prévu, en fin de compte...

Cela nous ramène bien sûr à 2011, mais la construction du scénario s'élabore toujours bien avant la mise au dessin. Le fait que ce travail soit ancien ne signifie pas que l'aide de Christophe Bec ait été sans importance.

Dans son blog,  Christophe Bec explique qu'il a dû revoir (ou refaire ?) la construction du découpage. Je trouve que ce travail n'est pas négligeable pour une BD. Rappelons que le précédent Lefranc (le Dernier Shogun) souffrait justement d'un déséquilibre flagrant de son scénario, et que ceci avait obligé Robberecht à expédier la conclusion en une page (alors que l'intrigue en méritait au moins une dizaine de plus).

Tu sais encore mieux que moi que l'écriture d'un scénario de BD et la rédaction d'un roman sont deux tâches bien différentes, et que le talent d'écrivain ne garantit pas de réussir en tant que scénariste. L'apport d'un professionnel (qui aurait revu le travail de Robberecht) pourrait donc avoir été un élément déterminant de la réussite de ce nouveau Lefranc.

Non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Ce que j'ai voulu dire, c'est que peut-être qu'entre l'annonce de Bec en avril 2012 (sur sa collaboration "quelques mois" avant) et la sortie de l'album en été 2013, quelque chose s'est passé qui a fait que son travail n'a pas été retenu. Il ne me semble pas que Bec en ait reparlé sur son blog par la suite, donc, je soupçonne que son travail est tombé dans les oubliettes.
Sujet à creuser, vous qui êtes fans de la série et des coulisses...

De mon expérience avec Jacques Martin, je confirme qu'une multitude de gens peuvent travailler sur un album, dont quelques uns ne sont pas crédités (retouches de dessins, etc.), certains du reste préférant rester anonymes pour les raisons sur lesquelles je ne m'étendrai pas.

Pour ma part, si j'ai bien été crédité pour mon travail sur LA MARINE ANTIQUE/1 et 2, je ne l'ai pas été pour ATHENES et CARTHAGE dont j'ai écrit le découpage de base (celui de CARTHAGE est flagrant; moins pour ATHENES où nombre de mes propositions n'ont pas été retenues). Des divergences de vues entre Martin et moi ont fait que nous avons cessé notre collaboration. Ce qui est poilant, c'est que un an plus tard, Martin - qui avait égaré mon découpage mais qui avait enfin trouvé un dessinateur (après Olivier Terrier, dont les essais n'étaient pas concluants; mais Denoël aussi avait été pressenti, si mes souvenirs sont exacts) -, Martin donc, revu lors d'une expo au Centre de la BD, a eu le culot de me le redemander - ce que j'ai fait bien volontiers. Mais il aurait pu en citer l'auteur parmi ses comparses, me semble-t-il...

Cela dit, grâces lui soient rendues d'une manière générale; il a été un des premiers à créditer ses collaborateurs. Une élégance que n'a jamais eue Hergé.

Merci Ajax pour ce "retour" sur Jacques Martin. Mais dans la discussion juste avant, on était dans la période qui a suivi le décès de JM, qui n'a donc rien pu faire dans un sens ou un autre par rapport à Christophe Bec sur l'album L'enfant Staline. Et donc je re-soulève ma question : qu'a fait exactement et REELLEMENT Bec dans cet album...? Raymond dit que l'apport de Bec a pu être déterminant dans le succès de l'album, mais si Bec n'a finalement rien fait (ou si peu) comme je le subodore, quid de l'apport du professionnel...? Affaire à suivre...