Tu as raison ! Le dessin de Cazanave est équilibré et on oublie parfois son charme en regardant ses planches, parce que l'on est capté par le récit. Mais lorsque l'on agrandit ses images, on constate que son dessin est parfait. C'est le cas par exemple de ce paysage que tu mentionnes, et qui se trouve en bas de la planche 76. On peut agrandir cette case tant que l'on veut, l'image reste parfaite.
Les expressions des visages sont par ailleurs vives et très variées. Et puis surtout, Cazanave y ajoute une ironie qui devient sous-jacente à l'image. C'est une sorte d'humour graphique qui complète à merveille le ton assez joyeux du récit. On le voit assez bien dans cette image de la planche 72 avec les moues dépitées des deux voyageuses, qui éveillent davantage la gaîté (du lecteur) que la tristesse.
Parfois, ce n'est pas l'humour qui s'impose, mais plutôt une sorte de poésie créée par des situations inattendues. Cette autre case de la planche 72 pourrait presque devenir un tableau, car sa composition parait très étudiée. Le parallélisme des attitudes des deux femmes est à la fois intriguant et tout à fait respectueux du récit, puisque Mme Lagoutte et sa fille viennent d'être droguées.
Pour bien voir Cazanave, il faut en fait "voir grand" et ce n'est pas facile dans les BD qui ont été publiées aux Editions Mondiales, qui accumulent les petites cases dans une seule planche. Mais les "gourmets" prendront quand même le temps de s'attarder sur des images isolées qui prouvent que Cazanave était un artiste.