Fou(s) de Cazanave

Et voici les 4 dernières planches:
la planches du numéro 27 a elle aussi subi un recadrage des cases.


La planche suivante parait elle sur 2 numéros 28 et 29 découpée en 2. Marijac a choisit de repasser "Le Capitaine Fantome" du même Cazanave en planche entière et plus en demi-planches comme depuis le numéro 26.



Les planches suivantes paraissent complètes dans les numéros 30 et 31. Cazanave bénéficie de la défection de D. Laborne qui a oublié de livrer les planches de Lariflette maître d'école:

Un grand merci pour toutes ces pages !  

A noter que les planches 28 et 29 ont été dessinées par Auguste Liquois (c'est une info tirée de la bibliographie de Cazanave dans Hop). On y remarque en effet un net changement de style.  

Sinon, je voudrais revenir sur la place de la couleur dans les BD de Cazanave. Ange Tomaselli trouvait qu'elle gâchait son travail, que cela "épaississait son dessin, mais ce n'est pas toujours le cas. Dans Chasse aux Corsaire, je trouve au contraire que la couleur équilibre les images, qui deviennent moins caricaturales.

Prenons par exemple ces pages du récit complet, en noir et blanc.



Les portraits des personnages sont assez caricaturaux. On s'éloigne du réalisme.

Prenons maintenant la planche 13 de Chasse au Corsaire !



La couleur atténue un peu les aspérités de dessin, et elle donne plus de réalisme à l'ensemble. La planche semble d'ailleurs être complètement conçue pour cela !

Raymond a écrit:Un grand merci pour toutes ces pages !  

A noter que les planches 28 et 29 ont été dessinées par Auguste Liquois (c'est une info tirée de la bibliographie de Cazanave dans Hop). On y remarque en effet un net changement de style.  

Effectivement, je m'étais posé la question. Déjà, l'absence de signature intrigue mais le dessin est nettement plus standard et pâlichon. Je n'aurai pas pensé à Liquois mais je ne suis pas vraiment surpris.

Pour la couleur, je trouve que la mise en couleur dans Coq Hardi n'est pas extraordinaire. En plus, l'imprimerie faisait un travail assez médiocre pour l'époque. Le noir et blanc rend mieux compte du travail de Cazanave mais une bonne mise en couleur pourrait améliorer le confort de lecture.
On peut aussi comparer avec la mise en couleur dans Wrill de Chamblet que l'on a vu sur un autre fil:
https://lectraymond.forumactif.com/t33p100-etienne-le-rallic-le-chantre-de-la-bande-dessinee-historique#103028
Si l'imprimeur n'a pas fait attention à la position des plaques, le coloriste a dans ce cas vraiment fait du bon boulot.

Continuons le tour d'horizon de l'année 1946, avec les travaux de Cazanave publiés chez d'autres éditeurs.

Il y a d'abord des strips publiés dans le journal Frivolet à partir de juin 1946. Je ne sais pas grand chose de cette revue qui a connu une existence assez courte, de 1946 à 1947. Selon la Database du Loup, il y a eu 37 numéros, contenant des BD en noir-blanc ou en couleurs, mais les auteurs ayant collaboré à cet illustré ne sont pas mentionnés.

Cazanave y a dessiné deux petites histoires intitulées Les fameux exploits de Robert Chevalier, capitaine de corsaires (10 planches), puis Robert Leborgne (8 planches). Hop a publié un strip de la deuxième BD dans son numéro 77, et on voit que le texte était placé en dessous des cases.



En voyant toutes ses teintes grises (Hop est publié en noir et blanc), on devine que cette BD était publiée en couleurs. J'ai trouvé sur le Web un autre strip de Frivolet sous sa forme originale, qui permet de mieux y reconnaître le trait de Cazanave. Le résultat est en fait assez comparable aux dessins que l'on trouve dans "Chasse aux corsaires".



Ce sont bien sûr des travaux alimentaires mais quand on voit les originaux, les images gardent une certaine classe.  

Raymond a écrit:Il y a d'abord des strips publiés dans le journal Frivolet à partir de juin 1946. Je ne sais pas grand chose de cette revue qui a connu une existence assez courte, de 1946 à 1947. Selon la Database du Loup, il y a eu 37 numéros, contenant des BD en noir-blanc ou en couleurs, mais les auteurs ayant collaboré à cet illustré ne sont pas mentionnés.

Dans Frivolet, il y avait Jacques Chesnais (marionnettiste) qui dessinait Frivolet. Il y avait également Georgy qui dessinait une série sur des scouts "la patrouille des panthères" ainsi que G. Magueline qui dessinait "A la poursuite du JMR".
Frivolet est des le départ en retard sur tout le monde en publiant essentiellement des bandes avec l'histoire imprimée sous le texte.

Voici à quoi ça ressemblait...

Format 28,5X37,5. 37 numéros (06/06/1946-22/05/1947)
Pas de succés !
absorbé par le "MON JOURNAL" de bernadette Ratier qui sera lui-même absorbé par ZORRO (gd format)

Robert CHEVALIER est un personnage historique :

Le troisième éditeur chez qui Cazanave a publié ses travaux en 1946 est Marcel Daubin ! Ce dernier publiait essentiellement des récits complets (comme par exemple "Corsaires en Mer").

En 1946, Cazanave y publie un récit assez court (8 pages) qui s'intitule les Enfants du Trappeur, dans la "collection Vaillance". Ce RC est en fait très rare et je ne l'ai même jamais vu (j'ignore comment se présente la couverture). Les planches originales sont toutefois conservées au Musée de la Bande Dessinée à Angoulême, et Thierry Groensteen en a publié quelques extraits dans deux livres racontant l'histoire de la BD. En voici une planche, qui vous permettra d'avoir une idée de cette BD assez traditionnelle.



C'est une aventure sérieuse, qui se passe dans le grand Nord, et Cazanave utilise habilement le noir et blanc pour dramatiser certaines images et mettre en relief la blancheur de la neige. Je ne sais pas si quelqu'un d'entre vous l'a lu ?

Le style que je qualifierai d'épique y est en tout cas assez comparable à celui de "Frivolet" ou de "Chasse au Corsaire".  

Le quatrième éditeur chez qui Cazanave a travaillé en 1946 est belge. Il s'agit des fameuses éditions Gordinne, qui ont publié pendant quelque années l'hebdomadaire Wrill. Cazanave y dessine le Mystère de l'Atome 1 dès le 13 juin 1946, soit un mois après l'apparition du Capitaine Fantôme dans Coq Hardi. Cazanave a donc fait d'emblée beaucoup de choses en même temps.



L'année 1946 de Wrill a été scannée par Gallica, et on y trouve bien sûr cette BD. Pour ma part, je possède cette histoire grâce à sa réédition par Artima en 1956, dans Ardan N° 49. Je peux donc facilement tout vous montrer … si cela en vaut vraiment la peine.  

Voici déjà la première page qui est plutôt curieuse, car le trait est très épais. De plus, les personnages adoptent des attitudes théâtrales et on s'interroge. Est-ce du comique ou du tragique ?  



A noter qu'il n'y a aucune différence graphique entre les publications Gordinne et Artima. Les planches du Mystère de l'Atome 1ont été reprises telles quelles dans Ardant, mais sur des pages plus petites.

Le trait s'affine nettement dans la deuxième page, et on y reconnait alors une histoire de type héroï-comique. L'histoire parait plutôt sérieuse au départ , mais certains personnages burlesques (comme par exemple le détective Tourillon qui apparait plus tard) vont donner au récit une teinte réellement comique.



Je vous laisse maintenant vous exprimer! Est-ce que la suite de cette histoire (qui fait 16 pages) vous intéresse ?  

Pas de réponse ! Je ne vais donc pas trop m'attarder sur cette BD.  

Juste encore deux planches, pour contempler un peu plus le style tragi-comique du dessinateur dans l'immédiat après-guerre ! Les visages sont caricaturaux mais les décors sont totalement réalistes. Le dessin est manifestement conçu pour être publié en noir et blanc et Cazanave utilise les hachures et les aplats pour modeler les surfaces.

Page 3

Page 4 ! Le héros de la série (qui ressemble à celui du "Prince malgré lui") commence à s'interroger sur la mort de son père. Le récit oscille en fait entre l'humour et l'intrigue policière, ce que feront par la suite beaucoup d'auteurs de BD.

Comme il n'y a pas de demande pour le Mystère de l'Atome 1, je passe maintenant à l'année 1947 (mais oui, on progresse ).

Cette année-là, Cazanave continue bien sûr à dessiner le Capitaine Fantôme, son œuvre vedette, mais il recherche toujours de nouveaux éditeurs. Et c'est ainsi qu'il se présente au journal Vaillant, pour qui il va travailler presque toute l'année 47.

Il commence par dessiner une histoire de Simon Bolivar, intitulée El Liberador. Elle fait 8 planches et je n'en possède que la dernière. C'est toutefois largement suffisant pour se faire une idée. C'est une BD didactique (ou plutôt un récit historique) en noir et blanc, qui ne manque pas d'élégance, mais le scénario est plutôt soporifique.




On se contentera donc de cette page.

En juin 47, Cazanave commence dans Vaillant une petite BD historique qui s'intitule Le Fifre de Valmy. Comme ce récit est assez court (seulement 7 planches), je vais vous le montrer au complet.  

C'est l'histoire d'un garçon qui s'engage aux côtés des troupes révolutionnaires, au temps de la Révolution Française. Le scénariste n'est pas connu, tandis que Cazanave montre à nouveau une belle aisance en dessinant cette bande dessinée historique.

Comme dans beaucoup de ses récits, le dessin de Cazanave est très dense. Je vais donc essayer d'agrandir suffisamment les images.  




La prise de la Bastille est un moment clé de la Révolution Française, dont l'importance a été bien plus symbolique que tactique. Mais le narrateur ne s'embarrasse pas de ce détail, et Cazanave la dessine d'une façon véritablement épique.




La suite demain !  

Les couleurs sont plutôt réussies, à mon avis, même si elles sont tendance à baver un peu en dehors de leurs limites. Elles écrasent un peu le dessin, il est vrai, mais le résultat global est tout de même assez joli.



L'histoire est sinon vue à travers les yeux du peuple, ce qui n'est pas étonnant de la part d'un journal communiste. Cette optique renouvelle en tout cas le regard historique traditionnel, qui se place plus volontiers "au-dessus de la mêlée".



Et puis, avec l'agrandissement donné à ces images, on peut aussi remarquer la finesse du travail graphique de Cazanave qui n'est pas avare de détails pour ses décors.



La fin sera pour demain !  

Suite et fin du Fifre de Valmy

La République est en danger, car les défenseurs de la royauté française attaquent le Nord de la France. Cet affrontement militaire se terminera par une victoire républicaine !





Les images sont épiques et Cazanave leur donne un beau mouvement d'ensemble. Les pages sont belles et la bataille de Valmy sera décisive !





Mais oui, cela se finit mal ! Et c'est ainsi que mourut le "Fifre de Valmy !    

Pauvre petit fifre ! Les scénaristes sont vraiment impitoyables, mais la guerre n'est pas non plus une plaisanterie.  

Autre production éphémère dans Vaillant, Le voyage secret de René Caillé est une BD didactique assez brève (3 mini planches) que je signale par simple souci d'exhaustivité. Cazanave y fait un travail impeccable, mais l'intérêt de cette "petite chose" n'est pas immense.  

Voici les trois strips ! Les plis et les déchirures un peu trop visibles au milieu des images sont dus au "grand âge" de ma reliure.  







Voilà, je pars quelques jours à Barcelone et je vous montrerai donc la suite mardi prochain (vous pourrez découvrir "L'imbattable Fifi").  

Dès la fin du Fifre de Valmy, Cazanave a commencé à dessiner l'Imbattable Fifi qui apparut dans le N° 118 du journal Vaillant, en août 1947 !

Cette série fait suite à Fifi, gars du maquis, qui avait été dessiné l'année précédente par Auguste Liquois. La BD se présente sous la forme d'histoires courtes, en une planche, qui racontent des actions de guerre (et des tours pendables) accomplies par un maquisard au dépend des occupants allemands, pendant la guerre de 39-45.

Le dessin est un peu plus caricatural que celui du Fifre de Valmy, mais les récits ont nettement une tonalité humoristique. Les scénarios sont écrits par le tout jeune Roger Lecureux.



Il est d'ailleurs probable qu'après en avoir lu quelques pages, ces récits vous rappelleront un autre héros célèbre du journal Vaillant, créé 20 ans plus tard par le même scénariste !  



Bientôt la suite !

15 planches de L'imbattable Fifi ont été publiées dans Vaillant, d'août à novembre 1947. Pour ma part j'en possède 8 et je me propose donc de vous les montrer toutes ici !



Contrairement au "Fifre de Valmy", la mise en couleurs n'est pas toujours heureuse. La BD semble plutôt avoir été conçue pour le noir et blanc, et comme le faisait remarquer Ange Tomaselli dans Hop, la colorisation n'apporte rien. Elle alourdit souvent le dessin de Cazanave.



Fifi lui-même est rarement bien visible, et son portrait reste flou. On le voit surtout de dos, ou de manière lointaine, et il apparait finalement comme une sihouette bondissante et insaisissable, aussi bien pour le lecteur que pour les allemands.  



Suite et fin pour demain !

Je n'ai pas comparé ces petites histoires avec celles du Grêlé 7/13, pour voir si Lecureux y avait récupéré certains des scénarios de "Fifi". Ce ne serait dans le fond pas très étonnant.



Dans l'histoire ci-dessous, on y voit assez bien Fifi de face, et on devine ses traits. Enfin, pourrait-on dire ! Sinon, certaines cases sont vraiment difficilement lisibles.



Et voici la dernière planche que je possède ! Les allemands y sont incroyablement bêtes et ridicules, bien sûr, et la vengeance est toujours un plat qui se mange froid.  

Merci pour ces extraits : c'est passionnant!

J'ai quelques Vaillants de 1947 : je regarderai si je peux compléter.

Il reste les planches publiées du numéro 126 au 132. J'ai les numéros 130 et 131 au cas où.

Mais volontiers !

Est-ce que vous trouvez quelque chose ?

Est-ce que je continue ?

Si Fleng n'a pas les autres numéros, je n'ai que les 130 et 131 et je ne pourrai faire les scans au mieux que demain.
Je pense que tu peux continuer dans la mesure où le plus probable est que nous n'aurons pas l'intégralité des planches.