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Calvo ou le talent protéiforme

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Raymond

Raymond
Admin

Bienvenue dans le forum David Amram !   Very Happy

Et bravo pour votre catalogue qui est pour moi en ce moment un véritable livre de chevet.  pouce

Etes-vous un collectionneur de bandes dessinées ou simplement un admirateur de Calvo ?


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David Amram


compagnon
compagnon

arsen33 a écrit:
Donc cette autre planche dans les Petits Bonhommes est bien de Calvo. Je n'arrivais pas à en être certain en absence de signature visible sur ce document. Mais le style et les postures des personnage et la façon dont l'un se retrouve coupé en deux m'orientait bien vers Calvo.

Oui ! Un travail préparant cette planche, signé, est dans le catalogue.

Raymond a écrit:Bienvenue dans le forum David Amram !   Very Happy

Et bravo pour votre catalogue qui est pour moi en ce moment un véritable livre de chevet.  pouce

Etes-vous un collectionneur de bandes dessinées ou simplement un admirateur de Calvo ?

Merci beaucoup. Les deux ! Very Happy Plonger dans l'oeuvre immense de Calvo a été un véritable plaisir, et réussir, après de nombreuses recherches, à trouver certains documents, en particulier les oeuvres d'avant 38, a été très satisfaisant. J'espère qu'on aura réussi à communiquer un peu le plaisir qu'on a eu à faire émerger certaines raretés et à dresser ce panorama de cette oeuvre si vaste.

J'ai, en cours, l'établissement d'une bibliographie que j'espère la plus exhaustive possible. Voici pour résumer les publications dans les périodiques d'avant 1938 :

1919
Illustrations
De juillet à décembre : Le Canard Enchainé N° 159 ( /07), 161 (30/07), 162, 163, 164, 166, 168, 170, 171, 175, 177, 180, 182, 183, de juillet à décembre 1919
La Lanterne, N°15452 (17/11/1919)
L’Esprit de Paris, « Le bébé barbu », N°01 (07/19) (+dessin de 4e)
L’Esprit de Paris, « Le bébé barbu » et « L’invention du jazz » N°02 (10/19)
Août : Floréal, Numéro-programme, éditions Aristide Quillet

Bandes dessinées
« Mais…une poule survint », L’Esprit de Paris N°01
« Histoire vraie de barbe bleue », L’Esprit de Paris N°01
« Histoire sans paroles », Le Canard Enchaîné N°161
« Histoire sans paroles », Le Rire N°37

1920
Illustrations
Le Canard Enchainé 185, 187, 188, 190, 192.
Lucien Descaves, « Danseront-ils », Floréal N°1, 3 janvier 1920, éditions Aristide Quillet

1922
Illustrations
Les Petits Bonshommes 17 (13/05), 20 (3/06) (Couvertures)
Bandes dessinées
Les Petits Bonshommes N°22 (17/06), « En cinq sec », N° 25 (13/07)

1933
Illustrations
L’Auto N°11957 du 10 septembre 1933

C'est un travail en cours (et infini!), que je suis loin d'avoir mis au propre, mais je me suis dit que cela vous pourrait vous intéresser.

arsen33


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David Amram a écrit:
1919
« Histoire sans paroles », Le Rire N°37

Merci pour toutes ces infos. Juste pour ajouter, c'est anecdotique mais la petite bande dessinée publiée dans "Le Rire" est également présente dans l'Almanach buvard du Bon Marché de 1921 (imprimé en août 1920). (j'ai mis l'info plus haut mais elle vous a peut-être échappé).

J'espère qu'un jour les archives du Canard Enchaîné seront mises en ligne parce que j'aimerais bien voir ce qu'il y a été publié notamment dans les années 30. C'est amusant de pouvoir lire les 3 premières années du Canard dans les archives en ligne de la bibliothèque de Berlin et rien en France...

Raymond

Raymond
Admin

David Amram a écrit:(…)

C'est un travail en cours (et infini!), que je suis loin d'avoir mis au propre, mais je me suis dit que cela vous pourrait vous intéresser.

Oh oui, certainement !  pouce


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Raymond

Raymond
Admin

Eh nous arrivons enfin à l'année 1940.   Very Happy

C'est le moment où Calvo commence enfin à créer des bandes dessinées. C'est aussi cette année-là qu'Albert Uderzo, encore adolescent et timide, le visite dans son appartement au square du Périgord. Uderzo a pour consigne d'aller chercher les planches du dessinateur et de les apporter dans les locaux de la S.P.E.

Calvo n'a pas encore terminé ses planches et, totalement fasciné, Uderzo attend patiemment qu'il achève ses dessins. On peut imaginer que la scène qu'il contemplait devait un peu ressembler à ce que l'on voit sur cette fameuse photo (j'ignore toutefois si Calvo portait déjà des lunettes en 1940  Wink ).

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Calvo-14

Albert Uderzo a maintes fois raconté cette scène par la suite. Il y a d'abord rédigé une petite préface dans la réédition de "la Bête est morte" (en 1977), puis il a publié un petit article dans le numéro spécial du Collectionneur de Bandes dessinées, avant de raconter à nouveau ce moment dans diverses interviews, toujours avec la même verve. Donnons-lui un peu la parole :

Nous étions en 1940, pendant la "drôle de guerre". (...) C'est pendant cette période que j'ai pu côtoyer certains des grands dessinateurs de bandes dessinées de l'époque. Parmi eux, il y en a un qui m'a marqué et plus impressionné que les autres, c'est Calvo.

Calvo était un grand monsieur, d'abord par sa taille, ensuite par sa simplicité et, bien entendu, par son talent. (...) Il m'a invité fréquemment à venir le voir dessiner chez lui, square du Périgord, à la Porte de Montreuil. Je me faisais tout petit dans un coin de sa table à dessin pour le voir travailler pendant des heures, et je ressentais cela comme un privilège.

J'ai ainsi pu apprécier l'extrême méticulosité, l'habileté et la netteté de son trait, tant au crayon qu'au tracé à la plume. j'avais entre autres remarqué qu'il traitait ses aplats noirs d'abord en grisé, ce qui lui permettait de conserver un moucheté de petits filets blancs qui donnait plus de matière à ses aplats. Il m'arrive quelquefois d'employer ce procédé pour des illustrations traitées à la plume, ce qui tend à prouver combien ce grand dessinateur a eu d'influence sur mon travail.


Calvo ne faisait que dessiner silencieusement mais Uderzo était impressionné par cette scène. Le jeune débutant avait certainement perçu que ce moment avait une magie particulière, et surtout une véritable authenticité, silencieuse et sans esbrouffe, qui est celle du véritable artiste au travail. Calvo avait certes l'apparence d'un "bon géant qui dessine avec finesse", mais il était d'abord un dessinateur infatigable, un artisan soucieux de progresser, et bien sûr un futur maître du 9ème Art.

Pendant les années qui allaient suivre (celles de la Guerre de 39-45), Calvo allait dessiner trois ou quatre albums (tous des chefs-d'œuvre) qui ne ressemblaient à rien de ce qui s'était fait jusque-là. La BD française était en fait en train de prendre son essor.

Et Uderzo avait d'emblée ressenti tout cela ! Very Happy


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Raymond

Raymond
Admin

Durant la "drôle de guerre", Edmond Calvo dessina donc sa première grande bande dessinée. Elle s'intitulait le Chevalier Chantecler et elle fût ensuite été éditée en album, en 1948 et sous le nom du Chevalier du Feu.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Cheval13

Cette œuvre a ensuite été rééditée par Futuropolis pendant les années 70, en noir et blanc et avec une mise en page bizarre. Je n'avais apprécié que médiocrement cette réédition au moment de sa sortie, mais j'ai par contre bien aimé l'album original de 1948, qui avait déjà plus d'allure. Notons que lors de sa confection de ce premier album, les bandes avaient été complètement redécoupées. On s'en rend bien compte sur les planches actuelles qui sont exposées à Angoulême. Voici par exemple à quoi ressemble la première page du Chevalier du Feu:

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Cheval14

Et voilà comment se présente cette première planche en couleur dans l'album de 1948. Les teintes sont parfois très sombres, mais la page reste parfaitement lisible.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Cheval15

Détail amusant, on découvre dans la sixième case de cette planche une féroce scène de combat, dans laquelle le chevalier découpe littéralement ses adversaires en petits morceaux. Aujourd'hui, un tel dessin est plutôt considéré comme amusant mais à l'époque, cela pouvait être assez choquant. Ce fût en tout cas le cas pour Marijac en 1948, lorsque Calvo dessina des scènes semblables dans les aventures du Capitaine Pat'folle, mais on reparlera de ça plus tard. Pour l'instant, je me contenterai d'agrandir cette image typique de l'art de Calvo, car ce dernier s'est assez souvent amusé à démembrer ses personnages.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Cheval16

Après la défaite de juin 1940, Calvo se présenta chez d'autres éditeurs que la SPE et c'est ainsi que paru Tom Mix. On en parle demain !   Wink



Dernière édition par Raymond le Jeu 28 Mai - 10:05, édité 1 fois


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sylvain-

sylvain-
grand maître
grand maître

merci pour cette Saga Raymond !

la suite.. viite Very Happy bedo

David Amram


compagnon
compagnon

arsen33 a écrit:
David Amram a écrit:
1919
« Histoire sans paroles », Le Rire N°37

Merci pour toutes ces infos. Juste pour ajouter, c'est anecdotique mais la petite bande dessinée publiée dans "Le Rire" est également présente dans l'Almanach buvard du Bon Marché de 1921 (imprimé en août 1920). (j'ai mis l'info plus haut mais elle vous a peut-être échappé).

J'espère qu'un jour les archives du Canard Enchaîné seront mises en ligne parce que j'aimerais bien voir ce qu'il y a été publié notamment dans les années 30. C'est amusant de pouvoir lire les 3 premières années du Canard dans les archives en ligne de la bibliothèque de Berlin et rien en France...

Merci pour l'info sur l'Almanach ! Le Canard est en tout cas intégralement consultable à l'espace recherche de la BNF, sous la forme de microfilms.

Raymond a écrit:Durant la "drôle de guerre", Edmond Calvo dessina donc sa première grande bande dessinée. Elle s'intitulait le Chevalier Chantecler et elle fût ensuite été éditée en album, en 1948 et sous le nom du Chevalier du Feu.[...]
Après la défaite de juin 1940, Calvo se présenta chez d'autres éditeurs que la SPE et c'est ainsi que paru Tom Mix. On en parle demain !   Wink

Petite précision : Le Chevalier Chantecler a été publié à partir de décembre 1940 (Junior N°220), un mois après Tom-Mix (Les Grandes Aventures N°7, 10/11/40). Mais moi aussi je prends plaisir à re-parcourir Calvo avec vous, la suite, vite !

Raymond

Raymond
Admin

Merci pour la correction !     ane

Je m'interroge alors sur les planches qu'Uderzo contemplait dans l'atelier de Calvo pendant le printemps 1940. Ce n'était pas de la bande dessinée, puisque les premières BD à suivre (Tom Mix ou le Chevalier Chantecler) datent de la fin 1940, mais plutôt de simples illustrations de romans, pour l'As ou pour Junior. Rolling Eyes


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David Amram


compagnon
compagnon

Ce qu'a pu voir Uderzo chez Calvo n'est pas développé dans le catalogue, mais une chose est sûre : le stage d'Uderzo à la SPE a duré plus d'un an, et s'est largement prolongé en 1941, année où Uderzo publie son dessin parodiant le Corbeau et le renard à la SPE. C'est donc bien la période où Calvo dessine Tom-Mix et Chantecler.

Mais un point intéressant soulevé par votre remarque est aussi la question de ce que signifie le terme « planche » : certes, Calvo dessine ses premières bandes dessinées « modernes » à suivre, influencées par les bandes américaines et dotées de bulles, avec Tom-Mix et Chantecler, mais par contre, et sans même parler des premières planches publiées des 1919, cela faisait quelques années déjà qu'il dessinait des suites de dessins sur des pages évoquant fortement des planches de bande dessinée. En effet, à la SPE, dès 38, il illustre « La vengeance du Corsaire » de Ro Mazières (L'As N°75 à 106), et, l'année suivante, « Le centaure Vezelay » du même auteur. Contrairement aux nouvelles et feuilletons de Fillette et Junior, où Calvo fait vraiment de l'illustration sans aucune ambiguité, les pages de ces feuilletons-là ont des allures de planches de bande dessinée, ou plutôt « d'histoires en images », où le texte est disposé sous les dessins. Calvo adopte une mise en page spéciale, avec des cases réparties à des endroits fixes, laissant une place pour le texte. Cette disposition un peu hybride, entre l'illustration et les histoires en images, a fait que plusieurs fois j'ai pu lire des textes qui considéraient  « Le Centaure Vezelay » et « La Vengeance du Corsaire » comme étant ses premières bandes dessinées à suivre (c'est ce que fait par exemple l'Encyclopédie de la bande dessinée d'Alessandrini, que je trouve intéressante). Il faudrait ajouter à cette liste « La Petite Marquise » de Jo Valle (juin 1940, Fillette 1681, interrompu avec le journal), où là encore, le dessin se fait dans des cases réparties de sorte à laisser place au texte.
Pour moi, ce n'est pas quelque chose d'anecdotique : toute l'oeuvre de Calvo est traversée par une oscillation entre planches de bandes dessinées avec « bulles » et histoires en images avec texte sous le dessin. Même après s'être lancé dans la bande dessinée avec bulles, il continue à illustrer des feuilletons avec un dispositif proche de l'histoire en image (par exemple « Mike et la pantoufle » en 48. Et cette oscillation entre deux genres de récits dessinés, la planches avec bulles et l'histoire en images avec texte sous le dessin, a pu donner lieu à quelques éditions peu scrupuleuses, par exemple lorsque Marijac, qui considère que le phylactère est plus moderne, entreprend d'intégrer des bulles aux histoires de Coquin le cocker après la mort de Calvo et de découper pour cela les originaux pour les publier dans sa revue Bout d'chou.

arsen33


license ès BD
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Il existe de toute façon une ambiguïté sur la date d'arrivée d'Uderzo à la SPE... En effet, dans son livre Albert Uderzo raconte, celui-dit affirme que c'est son frère Bruno qui l'a fait entré à la SPE à son retour des camps de jeunesse en 1941.
Or les camps de jeunesse (ou plus précisément les chantiers de la jeunesse française) ont été créé le 30 juillet 1940. Les jeunes hommes de 20 ans sont "conviés" à un "stage" de 6 mois dans ces camps. Bruno est né en 1920, il est donc naturellement enrôlé et il ne peut être libéré qu'au début 1941.
Par conséquent, c'est plutôt en 1941 que Uderzo arrive à la SPE et y présente peut-être quelques dessins, ce qui expliquerait le dessin publié dans Boum supplément à Junior cette même année.
C'est également en accord avec d'autres interview d'Uderzo où il indique être rentrée à la SPE alors qu'il avait 14 ans, ce qui colle encore une fois avec 1941.

David Amram


compagnon
compagnon

arsen33 a écrit:Il existe de toute façon une ambiguïté sur la date d'arrivée d'Uderzo à la SPE... En effet, dans son livre Albert Uderzo raconte, celui-dit affirme que c'est son frère Bruno qui l'a fait entré à la SPE à son retour des camps de jeunesse en 1941.
Or les camps de jeunesse (ou plus précisément les chantiers de la jeunesse française) ont été créé le 30 juillet 1940. Les jeunes hommes de 20 ans sont "conviés" à un "stage" de 6 mois dans ces camps. Bruno est né en 1920,  il est donc naturellement enrôlé et il ne peut être libéré qu'au début 1941.
Par conséquent, c'est plutôt en 1941 que Uderzo arrive à la SPE et y présente peut-être quelques dessins, ce qui expliquerait le dessin publié dans Boum supplément à Junior cette même année.
C'est également en accord avec d'autres interview d'Uderzo où il indique être rentrée à la SPE alors qu'il avait 14 ans, ce qui colle encore une fois avec 1941.

Exactement ! C'est ce que j'avais commencé à écrire, et puis soudain, j'ai eu un doute : il semblerait qu'Uderzo a fait une illustration pour la SPE à la fin de l'année 1940 pour une invitation des enfants des employés à se réunir autour de l'arbre de noël (source : Intégrale Uderzo de Duchêne & Cauvin). Il m'est personnellement impossible de vérifier cette date. De toutes les façons, il faut noter que Fillette et Junior sont suspendus pendant plusieurs mois à partir de juin 1940, jusqu'en octobre et décembre. Et comme Uderzo parle de plus d'un an de stage, il est bien certain que cela correspond, avec des points d'interrogations sur la date de début et de fin, avec l'année 1941.

Raymond

Raymond
Admin

Je me permets de montrer ici une "planche" du Centaure Vezelay, qui provient de votre catalogue et qui date de septembre 1940. Elle résume très bien tout ce que vous décrivez. Cet ensemble de dessins est-il de la bande dessinée, oui ou non ? Pour ma part, je plutôt dirai que non mais…  chacun pourra argumenter sa propre réponse.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Centau10

C'est peut-être ce genre de planches que contemplait le jeune Albert Uderzo.

Sinon, c'est Uderzo lui-même qui a écrit (dans le Collectionneur de Bandes Dessinées) que sa première rencontre avec Calvo avait eu lieu pendant la drôle de guerre, donc entre janvier et mai 1940. Ceci dit, peut-être que sa mémoire lui joue des tours ?  Wink


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Raymond

Raymond
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Ainsi donc, la première bande dessinée à suivre de Calvo fût Tom Mix, qui fit son apparition en novembre 1940. Ce western était placé en première page des Grandes Aventures, un hebdomadaire de grande taille publié pendant l'occupation, et la mise en vedette de la BD a rapidement imposé le nom de Calvo dans le monde des bédéphiles.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Tom-mi10

Tom Mix est généralement considéré comme une BD du genre réaliste, mais cette constatation n'est pas vraiment évidente. S'il est vrai que les proportions normales des personnages et des animaux sont à peu près respectées, les visages des protagonistes sont souvent proches de la caricature. Les images sont par ailleurs assez théâtrales, voir même un peu naïves. En fait, pour un œil du XXIème siècle, certaines images pourraient évoquer l'œuvre d'un débutant. Heureusement Calvo insuffle une belle énergie dans ses cases, car les personnages sont souvent en mouvement et les combats sont pleins de punch.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Tom-mi11

Il faut cependant remarquer que les couleurs défraichies des vieux journaux ne rendent pas vraiment justice aux dessins de Calvo, qui sont tracés avec une certaine élégance. On s'en rend compte en contemplant les originaux qui sont actuellement exposés à Angoulême. On peut apprécier dans ces planches la sûreté du trait et l'usage habile des aplats de noir, ainsi que l'utilisation des ombres qui souligne l'aspect dramatique de certaines scènes.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Tom-mi12

Précisons aussi que je n'ai vu que des planches isolées de Tom Mix. Il m'est donc hasardeux de bien évaluer cette œuvre, mais en la comparant avec d'autres westerns qui lui sont contemporains, comme par exemple Red Ryder, il apparait tout de même que Tom Mix n'atteint pas le même niveau de vérité et de réalisme. Dans la BD de Calvo, c'est surtout la fantaisie et l'action qui sont importantes. Le dessinateur se préoccupe davantage de distraire ses lecteurs que de rendre un portrait réaliste des cow-boys, et c'est donc un western d'un autre temps.

Tom Mix n'est ainsi pas un chef d'œuvre, mais il a été une étape importante dans la carrière de Calvo. On y trouve déjà certaines qualités du dessinateur, comme le dynamisme et la fantaisie. Ces traits deviendront encore plus séduisants lorsque l'auteur s'intéressera au genre animalier. On va bientôt y venir. Wink


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arsen33


license ès BD
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Tom Mix sera également republié dans une version remaniée dans Bravo à partir du n)16 du 3 avril 1941. Ce sont les planches originales qui seront redécoupées pour cette publication :
Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Bravo110

Mais alors que les lecteurs auraient dus lire une planche publiée le 28 janvier 1941 dans les "Grandes Aventures"...
Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Tommix10

... dans le numéro 26, on trouve en fait une planche dessinée par un certain LN
Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Bravo111

Et l'histoire est achevée avec une dernière planche dans le numéro 27.

Raymond

Raymond
Admin

Intéressant ! Merci beaucoup !  pouce

Petite question : est-ce que tu as pu lire un peu les aventures de Tom Mix ? Il semble que le scénario de cette BD soit de Calvo et je me demande ce qu'il est arrivé à faire dans le domaine réaliste. Les images que j'ai pu voir dans le catalogue me font en tout cas penser à un Far West assez irréel, avec de grandes rivières escarpées et des cascades, avec des crocodiles et des serpents géants. Les histoires devaient être assez fantaisistes !


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David Amram


compagnon
compagnon

Les numéros de la revue Les Grandes aventure sont tous numérisés et consultables ici : http://collections.citebd.org/in/faces/browse.xhtml?query=AA6064 . Vous pourrez donc lire un peu Tom-Mix...le scénario est - de mon point de vue, c'est-à-dire en n'étant pas du tout un jeune lecteur de l'époque - peu surprenant, beaucoup de courses poursuites, incendies, sauvetages, etc...et bien sûr de deus ex machina, les héros s'en sortant toujours de façon improbable. Mais un véritable plaisir de l'auteur dans le dessin des décors flamboyants et des visages des ennemis.

Quelques planches modifiées sont rééditées dans Panthère blonde/ Youmbo Magazine...Tom-Mix y devient "Pancho Villa, terreur du far-west".

Raymond

Raymond
Admin

Merci beaucoup pour le lien !    pouce

J'ai donc lu les 7 ou 8 premières semaines et cela ressemble effectivement à un western traditionnel. Il y a beaucoup de péripéties et ça bouge beaucoup. Calvo met beaucoup de dynamisme dans ses cases et on ne s'ennuie pas. Il y a des cavalcades, des bagarres et parfois des drames. Quelques sauts et cascades me semblent impossibles dans la réalité mais j'imagine que cela a dû quand même plaire aux plus jeunes.

Quand je parle de "cascade impossible", je pense par exemple à ce saut sur le côté de Tom Mix en pleine course de son cheval (3èmes case de la première bande), suivi d'un autre saut pour attraper le bandit (2ème case de la 2ème bande). Il me semble impossible de ne pas se casser les os en faisant ce genre d'exploit, mais cela débouche ensuite sur une belle bagarre.  Very Happy

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 1940-111

Et puis les physionomies des personnages sont parfois assez curieuses, très proches de la caricature. Ce gros plan sur Tom Mix et son patron en est un exemple.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Gros-p10

Ces détails mis-à-part, c'est un western très correct et je pense que les lecteurs de l'époque ont dû beaucoup l'apprécier. Cela me fait un peu penser aux tous premiers Alix de Jacques Martin. L'action y est incessante et l'auteur ne se soucie pas trop de la vraisemblance, mais le lecteur est entraîné dans un tourbillon incessant d'événements et d'aventures.

Et c'est généralement cela qu'il cherche ! Very Happy


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Raymond

Raymond
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Pendant l'année 1941, Calvo s'est donc essentiellement consacré aux aventures de Tom Mix et au Chevalier Chantecler. Il a par ailleurs continué à faire des illustrations de contes pour Junior ou Lisette.

Mais plusieurs journaux de BD publiés dans la France occupée disparurent en 1942, essentiellement à cause d'un manque de papier. Ce fût le cas des Grandes Aventures, et ceci laissa inachevée la 4ème aventure de Tom Mix, mais aussi de Junior dans lequel Calvo venait de commencer les aventures de d'Artagnan (il n'y eut ainsi que 3 planches). Les temps étaient difficiles.

C'est probablement pour cette raison que Calvo se tourna vers d'autres éditeurs. Il commença alors à travailler avec les éditions Marcel Daubin, qui publiaient entre autres les fameux "Cahiers d'Ulysse", une série de récits complets très recherchée par les collectionneurs. Calvo n'y dessina toutefois qu'une seule histoire, qui s'intitule la Croisière fantastique et qui ne fait pas partie du meilleur de son œuvre.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Coisiz10

J'ai pu lire cette BD qui a été rééditée dans les années 80 par le magazine Spatial (publié chez Michel Deligne) et j'ai découvert ainsi une bande dessinée peu originale, scénarisée par un nommé Alin Monjardin. Le scénario est une sorte d'ébauche de "L'Enigme de l'Atlantide", en beaucoup moins bien évidemment. Calvo lui-même semble assez peu inspiré par cette histoire.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Croisi10

Contrairement à la fameuse BD de Jacobs, qui est minutieusement réfléchie et dont le scénario est soigneusement argumenté, La Croisière fantastique est une histoire peu convaincante. On y retrouve l'hypothèse de la persistance d'une civilisation atlante dans un monde souterrain situé sous l'Océan Atlantique, ainsi que l'existence de deux nations atlantes rivales, mais le scénariste ne fait sinon aucun effort pour rendre ce monde un tout petit peu crédible. Par ailleurs, Calvo ne semble pas y être au meilleur de sa forme, et l'aspect sommaire de certains dessins était probablement lié à la nécessité de produire très vite un grand nombre de pages.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Croisi11

Comme dans Tom Mix, les personnages paraissent souvent caricaturaux mais ce n'est pas le point le plus dérangeant. Il y a surtout le fait que le récit met en scène des personnages en principe "réalistes", et que ceci impose de dessiner avec soins les éléments du décor, les véhicules, les armes et les paysages urbains. Il fut un dessin très sérieux dans une BD réaliste et Calvo n'y parait pas vraiment à l'aise. Il s'est toujours distingué par la fantaisie et l'humour de ses personnages ou de ses décors, et on peut supposer que le sujet de cette aventure fantastique ne le passionnait pas.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Croisi12

Bien sûr, Calvo est toujours à l'aise dans les scènes d'action, mais "la Croisière fantastique" bouge tout de même moins qu'un western. De plus, les séquences d'images sensées être dynamiques ne semblent pas très inspirées et le résultat donne plutôt l'impression d'un "travail de série".

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Croisi13

Je ne vais pas vous montrer cette histoire en entier, d'abord parce qu' elle n'en vaut pas vraiment la peine. Par ailleurs, il existe un site qui a mis en ligne de nombreux récits complets de cette époque, et on y trouve aussi la BD de Calvo. Je vous propose donc d'aller sur cette page si vous voulez la découvrir un peu plus.

https://labor-improbus.jimdofree.com/blockbusters/science-fiction/croisière-fantastique/#croisiere1942

Mais heureusement, Calvo n'allait pas en rester là. C'est en 1942 qu'il commence aussi à dessiner des BD animalières, et qu'il va rapidement connaître un véritable âge d'or. Je vous en parlerai demain. Wink



Dernière édition par Raymond le Jeu 4 Juin - 18:40, édité 1 fois


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Raymond

Raymond
Admin

Mais avant de parler des BD animalières de Calvo, il vaut la peine de montrer quelques couvertures qu'il a dessiné pour la série des "Petits Romans Policiers" en 1941 et 1942. Elles donnent un intéressant aperçu des capacités du dessinateur dans le genre réaliste.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Petit-20

On ne peut en effet pas juger du graphisme de Calvo uniquement à travers ses BD. Ses couvertures de romans dessinées pendant la guerre, dans un contexte qui était probablement plus favorable à la création, prouvent que le dessinateur avait un registre qui ne se limitait pas seulement aux histoires d'animaux et à la caricature. Toutes ces images  de cette série policières possèdent une véritable intensité dramatique, qui repose sur des mises en scène bien étudiées et des personnages parfaitement saisis sur le vif. Et lorsque Calvo cherche à obtenir un effet réaliste, il se montre tout à fait capable de l'obtenir.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Petit-21

La préférence du dessinateur pour l'humour et la fantaisie a probablement occulté sa capacité de donner aux images un ton sérieux ou dramatique. Et comme ses meilleures BD réalistes ont été réalisés lors de ses débuts, cet aspect de son œuvre a été plus ou moins oublié. Le grand public ne connait aujourd'hui de Calvo que les images d'animaux mignons ou d'objets anthropomorphes, mais ce dernier a produit tout au long de sa carrière un grand nombre de dessins, qui n'étaient pas toujours destinés aux enfants.

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Calvo avait tout de même plusieurs styles.  Very Happy


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Raymond

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Admin

Je ne connaissais pas Croquemulot avant d'ouvrir le "Catalogue Calvo" d'Angoulême, mais cette découverte m'a d'emblée ébloui. L'histoire a été publiée en album (pour enfants) par les éditions SEPIA en 1942, quelques mois après la "Croisière fantastique", et je n'en connais toujours que des extraits. Mais il me semble certain que cette première BD animalière a été d'emblée une réussite totale.

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Après avoir relaté les errances de Calvo dans le genre de la BD réaliste, il devient frappant de découvrir son aisance naturelle dès qu'il s'agit de dessiner le monde animal. L'auteur n'a pas eu besoin d'un galop d'essai pour séduire son public. Dès sa première page, Croquemulot est illustré d'une manière éblouissante.

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Tout est en effet déjà en place : les petits animaux séducteurs aux grands yeux ronds et habillés avec de vieux vêtements rapiécés, les décors champêtres qui fourmillent de détails ravissants, les vieilles maisons en ruines pleines de poésie, les souliers et les jouets d'enfants utilisés comme des meubles par les souris, et surtout ces grandes images vues en pleine plongée, qui révèlent un monde imaginaire et plein de surprises. Et tout cela est dessiné avec humour et virtuosité !

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Quand on pense aux œuvres qui ont précédé Croquemulot, cette apparition subite évoque presque un phénomène de génération spontanée. Mais cela provient plutôt du fait, je pense, que le dessinateur nous dévoile pour la première fois son monde personnel. Il a en effet confié à plusieurs reprises que ses BD et ses dessins animaliers n'étaient que le prolongement des histoires qu'il racontait le soir à ses deux filles, au moment du coucher. Ces récits ont probablement mûri avec le temps, et cela explique probablement leur belle cohérence et leur ton naturel.

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La dernière page de l'album me parait spécialement éblouissante, par son mélange de rondeur et de dynamisme. Le chat est projeté en l'air par les ailes du moulin, dans un mouvement qui parait irrésistible. Bien sûr, si on le regarde sérieusement, ce mouvement n'est pas vraiment possible mais la suite d'images nous impose une sorte d'évidence visuelle. Et l'image de ce vieux chat qui est projeté vers les nuages contient non seulement un rythme qui lui est propre, mais aussi un mélange de bonhommie et de poésie naïve. C'est la conclusion parfaite de ce récit totalement imaginaire.

Dès 1942, Calvo se présente ainsi comme un maître de la BD animalière ! Les œuvres qui vont suivre pendant la guerre seront presque toutes d'un très haut niveau.


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Raymond

Raymond
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Et en 1943, Calvo publie chez la SPE son premier chef d'œuvre animalier, qui est Patamousse.  

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Couv10

L'édition originale était semble t-il d'une qualité assez moyenne, car elle alternait les pages en couleur avec celles en noir et blanc. Cela ne rendait pas entièrement justice au travail de Calvo car le noir et blanc n'offre pas une parfaite lisibilité des volumes ou des silhouettes dans ses dessins. Mais le gigantisme détaillé de certaines images, de même que la sophistication de la construction de nombreuses planches, donnait de toute façon à cette BD une ampleur inhabituelle. Il faut en fait découvrir les planches dans leur grandeur originelle pour en apprécier tous les détails.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Patamo13.

L'histoire de Patamousse est certes un conte pour les enfants, mais ce monde animal "humanisé" possède un charme qui n'a pas d'âge. La gentillesse prédomine bien sûr chez la plupart des personnages, mais il y a aussi de féroces carnassiers, souvent dessinés de façon réaliste, qui rodent dans la forêt et le bonheur est toujours fragile.

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Il y a par ailleurs de belles idées dans cette histoire, comme l'envol dans le ciel de Patamousse à bord d'un avion miniature, comparable à un jouet. Calvo y montre une fois de plus son audace et sa liberté dans le découpage de ses planches.

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Je ne sais pas vraiment quelle est la meilleure édition de Patamousse. L'album au format 30x40 de Futuropolis possède l'avantage de montrer les pages dans leur dimension d'origine, mais la réédition couleur du même éditeur (qui date de quelques années plus tard) est plus chatoyante pour l'œil. Les dessins de Calvo semblent manifestement conçus pour la couleur, et les nombreux détails pittoresques que le dessinateur intègre dans ses images deviennent alors plus apparents.

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Mais le principal problème aujourd'hui, c'est surtout de trouver cette BD car toutes les éditions sont depuis longtemps épuisés.

Quand y aura t-il une belle réédition de Patamousse, en couleur de préférence ?  Wink


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sylvain-

sylvain-
grand maître
grand maître

oui, vivement une réédition !

ces illustrations pleine page de Calvo sont tout simplement à tomber !! I love you

Raymond

Raymond
Admin

Mais comment est apparu chez Calvo ce style animalier rond et enfantin, qui est en rupture avec son dessin caricatural d'avant 1942 ? Il y a probablement eu plusieurs influences.

En premier, bien sûr, il y a le style animalier qui s'était imposé sur tous les écrans de cinéma, puis dans la presse, grâce aux studios de Walt Disney. Il est en effet évident que le simple dessin au trait, l'humanisation des animaux, la rondeur des personnages et surtout l'humour qui est sous-jacent à ce style se retrouve aussi dans les bandes dessinées de Calvo. De nombreux dessinateurs contemporains (comme Franquin ou Uderzo) ont reconnu cette importante influence et l'omniprésence de Disney à partir des années 30 rend cette hypothèse très vraisemblable.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Gottfr10

L'immensité de certaines images, le dynamisme des paysages et le romantisme des forêts de Patamousse pourrait aussi faire penser à certaines illustrations de Gustave Doré, qui s'est d'ailleurs lui aussi amusé à habiller parfois les animaux (par exemple dans le Chat botté). Cette imagerie romantique est bien sûr également présente dans ses BD non animalières.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Chat-b10

Et puis, quand on parle de dessin animalier, on a spontanément tendance à penser à Benjamin Rabier mais ce dernier n'humanisait pas ses animaux et n'a probablement pas été une influence importante pour Calvo. Il y a eu cependant d'autres artistes importants qui ont pu servir d'exemple à l'auteur de Patamousse et le catalogue d'Angoulême propose en particulier le nom de Félix Lorioux, un illustrateur français du début du XXème siècle. Ce dernier a dessiné des illustrations de Fables de La Fontaine pendant les années 30 et si son dessin apparait un peu moins rond, on retrouve chez lui le même sens du détail. Dans les images ci-dessous, vous pouvez voir les maisonnettes volontiers enfouies sous terre et les animaux à moitié humains, portant de vieux habits rapiécés, que l'on retrouve dans Patamousse. Il est assez logique de penser que les dessins de Lorioux aient pu nourrir le monde imaginaire de Calvo.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Felix-10                             Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Loriou10


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Raymond

Raymond
Admin

A côté de Patamousse et des autres chefs d'œuvre qui vont suivre, Calvo va continuer à produire quelques bandes dessinées plus secondaires, voir même déroutantes. Certaines d'entre elles restent toutefois intéressantes, comme par exemple Un chasseur sachant chasser, une histoire qui est vaguement inspirée par les Aventures du Baron de Münchhausen. Elle est parue directement en album chez les éditions S.E.P.I.A en 1943.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 Couv11

Dans cette aventure picaresque et totalement invraisemblable, Calvo déploie avec malice son goût pour la parodie et la fantaisie. Au début, on découvre un jeune homme qui s'ennuie chez lui et son père finit par le laisser partir à l'aventure.

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 03-col10

Et le jeune homme ne sera pas déçu par son voyage ! Calvo mélange complètement les univers et son récit apparait tour à tour comique, animalier ou fantastique. Et quand le héros se retrouve poursuivi par une horde de loups, ceux-ci portent des pantalons et leurs têtes ressemblent à celle du fameux grand méchant loup … de Walt Disney.   Wink

Calvo ou le talent protéiforme - Page 10 08-col10

Mais les membres du forum connaissent déjà bien cette BD, puisque fleng l'avait mise en ligne dans notre "sujet Calvo" il y a deux ans. Vous pouvez ainsi la relire en entier sur cette page (post 126 à 133) :

https://lectraymond.forumactif.com/t660p125-calvo-ou-le-talent-proteiforme

Bon … admettons-le … cette histoire est bien légère … et cet album n'est pas vraiment un chef d'œuvre, mais il contient beaucoup de drôlerie et d'inventions. Par ailleurs, lorsque l'on rafraichit un peu ses couleurs, cette BD devient plutôt belle.  Et finalement, je trouve qu'elle a bien vieilli.

Il y a beaucoup de choses à redécouvrir chez Calvo.  Cool


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