N'écoutant que mon courage

, j'ai vaillamment lu
Les chasseurs de sève et le premier tome de
Gone with the wind.
Les chasseurs de sève ont été adaptés du roman éponyme de Laurent Genefort par Alexandre Ristorcelli.
Sur une autre planète, "l'humanité" vit dans les branches d'un arbre monde. Mais depuis quelque temps, le titan est malade. Un sourcier va donc partir explorer le prodigieux végétal pour essayer de le soigner.
La BD mélange un mysticisme de bas étage, un bestiaire fantastique et des combats sans fin, alors que j'attendais plutôt un nouvel
Aguirre, la colère de Dieu, avec une plongée hypnotisante vers la fin du monde. L'ouvrage regarde un peu trop du côté de l'aventure et l'intrigue se concentre sur le parcours d'un commando en terrain hostile. Les personnages manquent d'envergure et semblent bien caricaturaux. Ainsi, l'amour entre le sourcier et une guerrière apparait bien artificiel de même que le suicide final de l'héroïne.

Le graphisme dense se perd dans les détail. Il me semble qu'il manque de la moiteur, et que toutes les possibilités physico-psychiques de cet étrange écosystème se réduisent à une agressivité permanente de la faune et de flore. Dans un autre registre, la sève de l'arbre manque de religiosité et son exploitation dans la narration passe à côté du sujet.
AU final, il me semble qu'à force de trop vouloir bien faire, Ristorcelli passe à côté d'un souffle et d'une émotion. Cette fin du monde n'en est pas vraiment une et le climat manque de puissance.
Entre
EE et
EEED'autres peuvent avoir une toute autre lecture.
Canal BD Magazine n°148 d'avril/mai 2023 a consacré son premier "Gros Plan" à l'ouvrage.
Venons en maintenant à
Gone with the wind.
Comme son nom l'indique, la BD est une adaptation du célèbre roman
Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell. Je dis bien roman et pas film car certains "détails" du livre non repris dans le long-métrage, comme la première grossesse de Scarlett, figure bien dans cette bande dessinée.
Je ne reviendrai pas sur la puissance du récit de l'autrice. Clairement, tout ceux qui ont aimé son ouvrage ne pourront que se délecter à la lecture du scénario. De ce côté là, tout va bien…. Le problème vient en fait du dessin.

Le style d'Alary se marie fort mal avec l'intrigue. Les visages manquent de finesse et les émotions s'affichent avec une exagération enfantine. Les décors manquent cruellement de souffle et tant les champs de cotons que le manoir de Tara ou encore l'incendie d'Atlanta rendent peu. Néanmoins, il m'a semblé percevoir une lente amélioration au fur et à mesure que je lisais la BD, à moins que ce ressenti ne traduise simplement l'adaptation de mon œil à une esthétique. Par ailleurs, on ne peut que saluer le travail sur les couleurs ainsi que celui sur les ombres et les lumières.
Au final, le défi était immense et on peut dire que l'auteur a fait de son mieux. Si l'adaptation "ne casse pas quatre pattes à un canard"

, elle est honnête. A noter le snobisme de l'éditeur qui a préféré le titre original, en anglais, à sa magnifique traduction par Pierre-François Caillé. Je confie être agacée devant le mépris de beaucoup face à la langue de Molière.
Au final, mon appréciation se résume à "bon mais peut mieux faire" :
EEELà aussi, cela n'engage que moi. Le numéro de
Canal BD Magazine cité plus haut traite de
Gone with the wind dans son deuxième "Gros plan". Et Gilles Ratier a beaucoup apprécié le travail d'Alary : http://bdzoom.com/185808/actualites/%c2%ab%e2%80%89autant-en-emporte-le-vent%e2%80%89%c2%bb-en-bd-ca-decoiffe%e2%80%89/
Eléanore