Échecs est un roman graphique, écrit, dessiné et coloré par Victor L.Pinel.
Madame Dubois termine sa vie dans un EHPAD. Solitaire, elle peste contre les soignants qui l'empêche de fumer ou de boire de l'alcool. Samir, un jeune bénévole, visite les résidents de l'institution et essaie de redonner un peu de bonheur à cette vieille dame, décidément bien acariâtre. Et comme la pensionnaire adore le jeu d'échecs, il lui propose qu'elle lui apprenne à jouer…
Côté administration, Marion, la directrice de l'institution, confrontée au départ de Philippe, son époux volage, recherche une nouvelle âme sœur sur Internet. Et un des employés, Renaud, se languit de son amant, Daniel, parti faire de l'humanitaire au Costa Rica.
De l'autre côté de l'enceinte de l'EHPAD, dans un lycée voisin, Vincent, un jeune élève enchaine les conquêtes, mais il vient de faire la connaissance d'une nouvelle venue dans l'établissement, Véronique.
ET non loi de là, Lys, une chanteuse des rues, vole d'amant en amant, sans jamais trouver le bonheur…
Enfin, Mathieu, l'acteur vedette de la série télévisée KING, et qui joue le rôle d'un professeur machiste, veut désespérément être reconnu pour ce qu'il est et pas pour l'image véhiculée par son personnage…
Aucun couple ne fonctionne bien donc. Et les actes de chaque personnage font penser aux déplacements des pièces dans une partie d'échecs . Dès lors, les leçons de Madame Dubois vont trouver leurs équivalents dans la vie sentimentale des autres personnages. Ainsi, Daniel ne serait-il pas la tour ? Comme cette pièce qui débute la partie emprisonnée derrière les pions, puis se déplace à toute vitesse, le héros finit par prendre l'avion pour retrouver son amant. D'un autre côté, Lys, au parcours amoureux si heurté, n'avancerait-elle pas dans la vie comme un cavalier ? Deux cases dans une direction et une case perpendiculairement. Quant à Vincent le séducteur invétéré, ses succès rapides rappellent étrangement les déplacements de la reine…
J'espère ne pas vous avoir trop "déboussolés" avec une intrigue a priori complexe, aux multiples fils, et qui met en scène beaucoup de protagonistes, presque autant que de pièces dans un jeu d'échec ! Ainsi, la lecture des premières pages de l'ouvrage exige du lecteur qu'il avance lentement et mémorise bien chaque acteur parce que Pinel va faire se croiser, se recroiser et s'entrecroiser tous les destins. Dans une logique facétieuse de ré-appariement, chaque protagoniste va rencontrer et aimer un autre personnage. Ainsi, Philippe va séduire Lys pendant que Mathieu va trouver Marion, etc. Peut-on alors parler d'une bande dessinée à l'eau de rose ? Peut être car chaque héros repartira de l'histoire avec un nouveau projet de vie. D'un autre côté, l'ouvrage affiche son ambition sociétale en abordant sans tabou et avec sensibilité des sujets sensibles comme l'homosexualité, les applications de rencontre, la vieillesse, etc.
Le graphisme semi caricatural, très fluide, se marie merveilleusement bien avec cette histoire un peu folle, un peu étrange, où chacun se lamente sur son infortune et se languit des autres. Les décors oscillent entre une certaine nudité et une foison de détails ; le quotidien en acquière une épaisseur et un réalisme très fort. J'ai aussi apprécié les couleurs, toujours appropriées à la tonalité des scènes. Du travail de belle facture.
Au final, je suis certaine que la BD va cliver. Certains y verront une guimauve bien trop suave, ou un exercice de narration un peu trop artificiel, d'autres y goûteront le parfum de la vie, sa richesse, la quête infinie du bonheur conjugal, etc . Quoiqu'il en soit, on ne peut que saluer une construction complexe, ambitieuse et pourtant cohérente. Oserais je aussi dire que l'ouvrage est "féminin" par son analyse au scalpel des relations sentimentales ? Enfin, par moment, le scénario m'a fait penser à la célèbre chanson de Fabienne Thibeault et Michel Berger, les uns contre les autres :
EEEE ou EEE ? Je penche plutôt pour EEEE
Eléanore
Madame Dubois termine sa vie dans un EHPAD. Solitaire, elle peste contre les soignants qui l'empêche de fumer ou de boire de l'alcool. Samir, un jeune bénévole, visite les résidents de l'institution et essaie de redonner un peu de bonheur à cette vieille dame, décidément bien acariâtre. Et comme la pensionnaire adore le jeu d'échecs, il lui propose qu'elle lui apprenne à jouer…
Côté administration, Marion, la directrice de l'institution, confrontée au départ de Philippe, son époux volage, recherche une nouvelle âme sœur sur Internet. Et un des employés, Renaud, se languit de son amant, Daniel, parti faire de l'humanitaire au Costa Rica.
De l'autre côté de l'enceinte de l'EHPAD, dans un lycée voisin, Vincent, un jeune élève enchaine les conquêtes, mais il vient de faire la connaissance d'une nouvelle venue dans l'établissement, Véronique.
ET non loi de là, Lys, une chanteuse des rues, vole d'amant en amant, sans jamais trouver le bonheur…
Enfin, Mathieu, l'acteur vedette de la série télévisée KING, et qui joue le rôle d'un professeur machiste, veut désespérément être reconnu pour ce qu'il est et pas pour l'image véhiculée par son personnage…
Aucun couple ne fonctionne bien donc. Et les actes de chaque personnage font penser aux déplacements des pièces dans une partie d'échecs . Dès lors, les leçons de Madame Dubois vont trouver leurs équivalents dans la vie sentimentale des autres personnages. Ainsi, Daniel ne serait-il pas la tour ? Comme cette pièce qui débute la partie emprisonnée derrière les pions, puis se déplace à toute vitesse, le héros finit par prendre l'avion pour retrouver son amant. D'un autre côté, Lys, au parcours amoureux si heurté, n'avancerait-elle pas dans la vie comme un cavalier ? Deux cases dans une direction et une case perpendiculairement. Quant à Vincent le séducteur invétéré, ses succès rapides rappellent étrangement les déplacements de la reine…
J'espère ne pas vous avoir trop "déboussolés" avec une intrigue a priori complexe, aux multiples fils, et qui met en scène beaucoup de protagonistes, presque autant que de pièces dans un jeu d'échec ! Ainsi, la lecture des premières pages de l'ouvrage exige du lecteur qu'il avance lentement et mémorise bien chaque acteur parce que Pinel va faire se croiser, se recroiser et s'entrecroiser tous les destins. Dans une logique facétieuse de ré-appariement, chaque protagoniste va rencontrer et aimer un autre personnage. Ainsi, Philippe va séduire Lys pendant que Mathieu va trouver Marion, etc. Peut-on alors parler d'une bande dessinée à l'eau de rose ? Peut être car chaque héros repartira de l'histoire avec un nouveau projet de vie. D'un autre côté, l'ouvrage affiche son ambition sociétale en abordant sans tabou et avec sensibilité des sujets sensibles comme l'homosexualité, les applications de rencontre, la vieillesse, etc.
Le graphisme semi caricatural, très fluide, se marie merveilleusement bien avec cette histoire un peu folle, un peu étrange, où chacun se lamente sur son infortune et se languit des autres. Les décors oscillent entre une certaine nudité et une foison de détails ; le quotidien en acquière une épaisseur et un réalisme très fort. J'ai aussi apprécié les couleurs, toujours appropriées à la tonalité des scènes. Du travail de belle facture.
Au final, je suis certaine que la BD va cliver. Certains y verront une guimauve bien trop suave, ou un exercice de narration un peu trop artificiel, d'autres y goûteront le parfum de la vie, sa richesse, la quête infinie du bonheur conjugal, etc . Quoiqu'il en soit, on ne peut que saluer une construction complexe, ambitieuse et pourtant cohérente. Oserais je aussi dire que l'ouvrage est "féminin" par son analyse au scalpel des relations sentimentales ? Enfin, par moment, le scénario m'a fait penser à la célèbre chanson de Fabienne Thibeault et Michel Berger, les uns contre les autres :
EEEE ou EEE ? Je penche plutôt pour EEEE
Eléanore