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626Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Jeu 24 Nov - 11:21

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Merci à Raymond et Kimono pour leur confiance Very Happy

Eléanore

627Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Mar 29 Nov - 12:56

Raymond

Raymond
Admin

Mes commentaires sur la lecture de Raptor se trouvent dans le sujet dédié à McKean !

Dave McKean artiste de la BD (forumactif.com)


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628Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Mar 29 Nov - 13:30

Raymond

Raymond
Admin

Parlons maintenant de Hooka Hey, cet excellent western écrit et dessiné par Neyef, un jeune auteur peu connu !

Je viens de lire - Page 26 Hooka-11

Eleanore-clo avait trouvé cette œuvre un peu trop pessimiste et je ne trouve pas que ce soit vraiment le cas. C'est avant tout un western dur et sauvage, dont l'histoire se développe avec une belle lenteur et qui prend le parti des indiens. Cette BD m'a en fait remémoré certain films hollywoodiens qui prenaient le même parti pro-indien, comme Little Big Man ou Danse avec les Loups. On y retrouve la même communion entre l'homme et les grands espaces, et le respect des indiens envers la nature.

Je viens de lire - Page 26 Hooka-12

Certes, c'est aussi un western traditionnel avec des galopades, des outlaws, des bagarres et des chasseurs de prime. La vie humaine n'a pas beaucoup de prix et les morts sont nombreux. Mais ce choix narratif respecte simplement les conventions traditionnelles du genre, à ceci près que dans cette histoire, il n'y a pas de gloriole ni de tireur super-rapide. Lorsqu'un homme tue, c'est assez lâchement ou par surprise. Je peux imaginer que cela se passait bien comme cela dans la réalité !

Je viens de lire - Page 26 Hooka-13

Mais dans cette BD, il n' y a pas que les morts ! Ce récit avant tout un roman d'apprentissage qui prend le parti des indiene ! Hooka Hey, c'est le cri de combat des indiens, du genre "on y va" et affrontons le destin !`Et c'est bien ce message (ou plutôt cette leçon) qu'apprends malgré lui Georges, le jeune sioux qui a été élevé par des blancs, et qui ne sait pas à quelle communauté il appartient vraiment.

Je viens de lire - Page 26 Hooka-14

Et à la fin de l'histoire, le jeune Georges fait son choix ! Il est finalement un indien, avec tout ce que cela implique de sauvagerie, d'errances, de communion avec les grands espaces et de refus de la civilisation. Il n'a probablement pas d'avenir mais il lui reste le présent, qu'il va vivre intensément. Hooka Hey !

Je viens de lire - Page 26 Hooka-15

C'est une belle conclusion, je trouve, même si je suis un européen civilisé et que je mène pas ma vie de cette manière. Ce qui compte vraiment, c'est de devenir soi-même et de se sentir bien dans sa peau, et également destiné à ce que l'on fait ! Cette fin n'est pas triste !

J'ai sinon bien apprécié le dessin de Neyef, à la fois simple et figuratif, mais également rugueux et par moments très lyrique. Le livre est en effet une sorte d'hymne au Far West et à la vie sauvage, et les images nous en restituent avec efficacité l'ambiance âpre et romantique.

C'est une BD parfaite, agréable à lire, exigeante, séductrice pour l'œil et destinée au grand public !

 C'est bien sûr un EEEE !



Dernière édition par Raymond le Ven 2 Déc - 11:43, édité 1 fois


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629Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Ven 2 Déc - 11:46

Raymond

Raymond
Admin

Il me semble qu'il y a beaucoup de EEEE, en ce moment !  C'est une bonne  période !  Very Happy


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630Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Mar 6 Déc - 15:31

Kimono


license ès BD
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Raymond a écrit:Il me semble qu'il y a beaucoup de EEEE, en ce moment !  C'est une bonne  période !  Very Happy

En effet Raymond, De Cape et de Mots, Hoka Hey et Un chant de Noël sont de vraies tentations de briser sa tirelire ! La réinterprétation "féministe" de la fameuse histoire de Scrooge me plaît beaucoup, ainsi que le dessin de Munuera. A propos du premier de ces albums, je suis de passage à Nantes, et je suis mortifié d'avoir raté la présence avec dédicace du couple Kerascoet, qui était dans une librairie de BD le 30 novembre Sad

631Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Jeu 15 Déc - 14:00

Patrice

Patrice
lecteur émérite
lecteur émérite

Not a New York love story est une BD écrite par Julian Voloj et dessinée par Andreas Gefe.

Je viens de lire - Page 26 Couv_456210

Le héros, un jeune afro-américain résidant à New-York, vient de perdre sa compagne dans un accident de voiture. Sauf qu'en rentrant du cimetière, il retrouve son aimée qui l'attend dans leur appartement. Cette apparition disparait au petit matin. Mais d'autres rencontres surviennent : au Met, au Yankee Stadium , à Coney Island, etc. Au point que le héros en vient à douter de la réalité. Où s'arrête le rêve et ou commence la réalité ?

Le titre de la BD s'inspire bien évidemment du célèbre film Love Story et la fin est toute aussi douce-amère. L'auteur nous interroge sur l'importance du présent et souligne la nécessité de vivre intensément, car la séparation et la mort peuvent survenir inopinément. Des dialogues minimaux permettent au lecteur de contempler la ville et d'imaginer les pensées des personnages. La fluidité du récit facilite la lecture et les pages tournent à toute vitesse vers une conclusion très surprenante. Le ton du récit sonne juste, un parfait compromis entre la tristesse et l'interrogation. Au final, Voloj nous interroge sur le deuil et sur la difficulté à accepter l'impensable.  

Côté négatif, New-York est une ville pleine de bruit et de mouvement. Et la peinture de la cité, si séduisante au premier regard, si proche de celle des cartes postales, est donc irréelle, comme d'ailleurs l'intrigue qui nous est proposée. Et l'ultime pirouette du récit renforce cette artificialité.

Le dessinateur a choisi le recours au gaufrier et les vignettes se suivent plus ou moins grandes, dans une logique paisible, renforcée par des couleurs douces.

Je viens de lire - Page 26 Aa20

Les détails abondent et respirent New-York. On peut juste signaler un manque de dynamisme des dessins mais je le pense voulu. Au pays des fantômes et des rêves, tous les faits et gestes se diluent dans un ralenti prenant, puissant et inéluctable.

EEE

632Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Jeu 15 Déc - 14:52

Raymond

Raymond
Admin

Je l'ai feuilleté et le dessin ne m'a pas vraiment séduit. Les couleurs sont un peu trop "sucrées", à mon avis. Mais je retiens que l'album a quand même de l'intérêt.   pouce


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633Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Jeu 22 Déc - 15:44

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

A la recherche du Tintin perdu est un BDVNIMRPR  Smile , une BD Volante Non Identifiée Mais Repérée Par Raymond, écrite et dessinée par le brésilien Ricardo Leite.

Je viens de lire - Page 26 9791033405351r

Ricardo Leite nous fait part de son amour de la BD dans une autobiographie pleine de fantaisie où il rencontre d'autres auteurs de BD ainsi que des héros. L'intrigue commence avec l’enfance du dessinateur où nous le voyons découvrir la BD franco-belge, avec la complicité de ses parents qui lui financent sa passion à la seule condition qu'il achète des ouvrages qui ne soient pas traduits en portugais ! Puis nous retrouvons notre auteur bien plus tard. Il vient de divorcer et souhaite reconstruire sa vie, bien évidemment en retrouvant le monde bédéesque de sa jeunesse. Et pour se faire, il prend l'avion et va visiter Bruxelles. Son pèlerinage commence au Centre belge de la bande dessinée, se poursuit au Musée Hergé puis bascule dans l'onirisme avec une participation au festival d’Angoulême. Ce voyage plein de sens, d'émotion et symbole de renaissance, fait écho à un autre, beaucoup plus ancien et infructueux où le jeune dessinateur avait vainement fait la tournée des éditeurs français et belges pour trouver un éditeur

L'ouvrage est un cri d'amour. Leite nous fait part de sa passion pour le 9ème art. Aussi met-il en scène des rencontres imaginaires avec Pratt, Manara, Eisner, Goscinny, Hergé etc. Dans des planches d'une grande densité, nous croisons toutes les vedettes du 9ème art. Et bien évidemment, l'auteur ne s'arrête pas là. Nous rencontrons aussi Corto Maltese, Haddock, Little Nemo et beaucoup d'autres personnages. Un glossaire située à la fin du livre nous donne, page après page, la liste exhaustive de toutes les personnalités, réelles ou imaginaires, participant à l'aventure !
La vision est globale et embrasse beaucoup, un peut trop à mon goût car nous sommes submergés par une galaxie de portraits et d'auteurs. De façon cocasse, tous s'ingénient d'ailleurs à donner des conseils à Reite : comment dessiner, comment se faire éditer, comment choisir un scénariste, etc. Hergé lui même est de la partie et sa suggestion est que "notre" brésilien n'hésite pas à réaliser ses rêves. La BD apparaît d'ailleurs très technique et les lignées éditoriales des principales maisons comme Casterman et Dargaud, ou encore celles des grands journaux comme Pilote ou Fluide glacial, sont disséquées avec une certaine ironie.

Le graphisme est somptueux. Les innombrables traits du dessinateur campent des centaines de scènes dont la richesse des détails et le relief confèrent à l'ouvrage une crédibilité et une épaisseur fortes. On pense à Druillet ou dans un style encore plus proche à Emil Ferris (Moi, ce que j'aime, c'est les monstres).

Je viens de lire - Page 26 PlancheA_461757

Au final, nous avons là un objet étrange, une BD sur la BD, un dictionnaire du 9ème art transposé dans un scénario de BD  Shocked . Sa densité est telle que la lecture doit être à la hauteur de l'ambition : pesée, approfondie, réfléchie, etc. Il faut prendre son temps pour mieux apprécier l'incroyable défi artistique. Le titre de la BD fait bien évidemment référence à Proust et A la recherche du temps perdu. Aussi peut-on pousser le parallélisme en disant que les deux œuvres sont exigeantes et doivent être approchées de la même manière, avec patience et enthousiasme.

EEE

Eléanore

634Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Jeu 22 Déc - 15:58

Raymond

Raymond
Admin

Magnifique résumé, à la fois simple et précis !   clap

C'est bien sûr une invitation à découvrir ce bel album, et je vais me laisser tenter ! Wink  Est-ce que tu as eu de la peine à le trouver ? Je suppose qu'il faut le commander car c'est un petit éditeur.


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635Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Jeu 22 Déc - 16:04

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Bonsoir Raymond
Je suis ravie que ma chronique vous semble d'un bon niveau.
L'ouvrage est très facile à trouver. Il est dans toutes les FNAC et je l'ai vu chez Joseph Gibert.

Eléanore

636Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Ven 23 Déc - 12:10

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Le trop grand vide d'Alphonse Tabouret est une BD fantastique pour enfants et adultes, écrite par Sibylline et dessinée par D'Aviau.

Je viens de lire - Page 26 Couv_115124

Ce roman graphique raconte quelques épisodes de la vie d'Alphonse Tabouret, un petit être minuscule. Nous le voyons naître, se séparer de son géniteur, faire connaissance avec son reflet puis partir explorer un bien étrange monde. Durant son périple, Alphonse fait la connaissance de toutes sortes d'autres créatures, étranges et mystérieuses, la plupart du temps bienveillantes, et comme notre héros à la recherche de quoi combler leur vide intérieur. Et finalement, Alphonse trouvera son alter-ego féminin...

Quel ouvrage magnifique Very Happy Very Happy Very Happy . Il peut se lire à plusieurs niveaux, le premier étant celui d'une aventure merveilleuse et pleine de fantaisie, ou encore celui d'un roman initiatique et rempli de bonnes intentions. Mais il convient de ne surtout pas s'arrêter là. Avec une maestria époustouflante Sibylline nous prend par la main pour que nous puissions nous interroger sur la solitude, l'amitié, l'abus de pouvoir, l'amour, l'angoisse. Ainsi, chaque personnage rencontré incarne un trait de caractère : l'insatiabilité, l'angoisse permanente, la timidité, l’orgueil, l’autoritarisme, l'empathie, etc. Et les échanges soulèvent maintes et maintes questions. De plus, le recours à une apparente simplicité, à un langage juvénile orné de nombreux et subtils jeux de mots, amplifie et universalise les problématiques. L'utilisation de l'enfance constitue donc un puissant levier narratif. Et cette méthode permet à l'auteure de s'introduire avec tendresse et délicatesse dans notre âme, pour rendre les propos encore plus forts, car, ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ?

Voici par exemple, un petit extrait du scénario relatif à l'égoïsme :

"Bon, j’espère que je n’ai pas perdu mon temps. Qu’est-ce que tu as à partager ?"
"Qu’est-ce que ça veut dire partager ?"
"Eh bien, cela veut dire que tu me donnes des trucs, et que moi aussi je t’en donne."
"Mais si je n’ai rien, comment je fais ?"
"Tu trouveras forcément, même un mot, c’est un cadeau. Et si tu ne trouves rien, c’est que tu n’en as pas envie. Et que tu es égoïste »"

Et un autre sur la consolation :

- "Parce que le chagrin du vide de tout, il est difficile à consoler. Surtout quand y a personne. Et que ça, c’est ce qui manque le plus. Mais qu’on ne le sait pas vraiment"

Et voilà enfin deux autres textes sur les relations conjugales :

- "Lui et moi, on est amoureux."
- "Alors moi, je suis amoureux de l'endive."
- "Non, mon petit chou, justement."
- "A la rigueur, l'endive,tu l'aimes comme une amie, mais tu n'en es pas amoureux."
- Tu vas l'embrouiller."
- "Ton endive, tu l'aimes bien, mais plutôt avec ton estomac, alors que les gens, tu les aimes avec ton cœur."
- "Comme après les montages russes."
- "Oui... c'est ç... Mais non !!"

- "Nt nt nt, allons allons, jeunes gens, que se passe -t-il ? Vous vous bagarrez ? Mmm ?"
- "Non, on ne se bagarre jamais."
- "Eh bien voilà, nous c'est pareil, des fois, on n'est pas d’accord pour le dîner, on se fâche, on s'énerve, et après, on est comme vous rabougris. Mais on se réconcilie. L'important, c'est de se réconcilier."
- "Mais enfin, je viens de dire qu'on ne se fâche jamais."
- "Ah,je vois le truc, mais c'est normal de ne pas être d'accord de temps en temps, c'est important d'être différent en se complétant."
- "On ne se fâche jamais."
- "Ça me rappelle la fois où on s'est fâchés, c'est tout."

Les vignettes apparemment simples se marient merveilleusement avec le texte. La plume se fait sinueuse, envoûtante, questionneuse, énigmatique. La représentation des personnages est faite avec beaucoup d'à-propos. Ainsi, Arthur qui s’interroge tout le temps a une très grosse tête et un corps minuscule. Ide, la créature fabuleuse qui éprouve un grand vide en son âme, est représentée avec un immense trou au milieu de son corps. On peut aussi saluer le lettrage inspiré des leçons d'écriture à l'école élémentaire. Il renforce clairement l'unité de l’œuvre.
Grâce à un ordonnancement virtuose des pages, les dessins se promènent dans des espaces déstructurés où le texte vagabonde au gré des messages à illustrer.

Je viens de lire - Page 26 743_P11

Je viens de lire - Page 26 743_P12

Je viens de lire - Page 26 743_P13

Je termine en concluant sur l'objet livre. Ce dernier regarde du côté de la jeunesse. La monochromie basée sur un rouge doux met en valeur une gravure à chaud d'Arthur Tabouret. Les pages de gardes diffèrent entre le début et la fin du livre, comme pour mieux nous remémorer nos premiers ouvrages.

Au final, voici une BD tendre et poétique. Derrière son apparente candeur se cachent des mots justes qui nous émeuvent et nous interpellent, au plus profond de nous. Arthur semble naïf et innocent mais ce faux-semblant cache des trésors de profondeur.  

EEEE

Eléanore

637Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Sam 24 Déc - 9:55

Raymond

Raymond
Admin

Belle découverte !   pouce

Il faudra que je m'y intéresse ! Je suppose qu'on le trouve dans le rayons pour enfants ?


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638Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Sam 24 Déc - 10:27

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Bonjour Raymond

Je l'ai acheté sur Rakuten auprès de GibertJoseph Wink

Eléanore

639Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Dim 25 Déc - 19:57

Draculea

Draculea
vieux sage
vieux sage

Je viens de lire la chronique d'eleanore-clo au sujet d'A la recherche du Tintin perdu et je dois avouer que cette présentation et les images qui l'accompagnent me plaisent beaucoup t me donnent envie de lire cet album assez atypique. j'aime que le neuvième art fasse l'objet d'un voyage initiatique de cette façon assez onirique semble-t-il, que la bande dessinée soit à elle-même sa propre source. La qualité du dessin est manifestement à la hauteur de cette ambition ce qui me réjouis car trop souvent les albums témoignant d'un projet très élaboré sont hélas bien paresseux sur le plan graphique. Tel n'st pas le cas ici. Merci eleanore-clo et très Joyeux Noël  Very Happy  bom  cheers  

http://www.marchenriarfeux.net

640Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Dim 25 Déc - 20:29

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Merci Draculea.
En repensant à la BD et pour les amateurs de mises en abyme, A la recherche du Tintin perdu en présente deux : bien évidemment l'ouvrage est une bande dessinée qui parle du 9ème art, et aussi, le scénario que recherche Ricardo durant toute l'intrigue est celui que nous lisons !

Eléanore

641Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Ven 30 Déc - 10:10

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

La tresse est une adaptation en BD du roman de Laetitia Colombani, scénarisée par Lylian et dessinée par Algésiras.

Je viens de lire - Page 26 Couv_462204

Trois continents. Trois cultures. Trois femmes. Et le destin va tresser leurs vies sans pourtant qu'elles ne se rencontrent jamais.
En Inde, Smita, une hors-caste, nettoie les toilettes municipales et vit de la charité. Elle rêve que sa fille s'élève socialement et toutes les économies du couple ont été mobilisées pour acheter une place dans l'école locale. Sauf que l'enseignant demande à la nouvelle élève de balayer le sol....
En Italie, Giulia travaille dans l’atelier de son père, un perruquier sicilien. Lorsque son ascendant décède dans un accident de Vespa, la jeune femme découvre que l’entreprise familiale risque de faire faillite....
Au Canada, Sarah, avocate d'affaire, hyperactive, divorcée deux fois, découvre qu'elle est atteinte d'un cancer en stade avancé...

Derrière la prouesse scénaristique qui relie brillamment, et peut être un peu artificiellement, trois destins, se cache un prodigieux message d'espoir. Toutes les situations, même les plus désespérées, peuvent évoluer. Derrière l'âpreté des sociétés se cachent des êtres humains qui possèdent la capacité innée de changer le cours de leur vie.
Le message se veut aussi féministe. L'époux de Smita n'a pas le courage de son épouse et abandonne le combat pour l'élévation sociale de sa fille. Les anciens conjoints de Sarah brillent par leur absence et ont oublié leur parentalité. Seul le petit ami de Giula témoigne d'une réelle efficience et d'un souci d'aider sa fiancée.
Le chiffre trois embrasse toute la BD puisque chaque destin est exploré à travers trois moments, trois lieux clés et dans trois chapitres. Cette logique fractale génère une belle musique. Nous suivons ainsi Smira dans son village puis prenons le train avec elle avant de la laisser dans un temple dédié à Vishnou. Giulia vit une jeunesse insouciance, puis veille son père à l’hôpital et enfin imagine la solution qui va sauver la petite entreprise. Enfin, nous accompagnons Sarah dans son cabinet d'avocats, au bloc opératoire puis dans sa nouvelle maison.
Signalons enfin le thème de la mondialisation. Présent en filigrane dans la narration, il tresse heureusement les trois fils narratifs. Les auteurs portent un message d'espoir sur une société globale où chaque pays apporte sa tonalité.

Le dessin très classique arbore des couleurs douces. L'effet recherché dégage une grande pudeur. La violence ne transparaît ni dans le scénario ni dans les vignettes. Algésiras représente avec beaucoup d'à-propos les trois pays. Les petites maisons indiennes voisinent les gratte-ciels canadiens alors que la mer lèche la plage italienne. Les trains du sous-continent semblent relier les bicyclettes siciliennes et les puissantes voitures américaines. Les saris regardent les tailleurs chics alors que des tenues simples reflètent l'ambiance décontractée de la mer Méditerranée.

Je viens de lire - Page 26 PlancheA_462204

Au final, je confie avoir beaucoup apprécié cette BD qui véhicule un message social et humain fort. Elle est positive et surtout émouvante, comme une symphonie de Brahms.



EEEE

Philippe Tombelaine a aussi beaucoup apprécié l'ouvrage :  http://bdzoom.com/181995/lart-de/%c2%ab-la-tresse-%c2%bb-trois-femmes-de-meches%e2%80%a6/. Je ne partage pas son (brillant) rapprochement avec Victor Hugo car le don fait par Smita est religieux, source de joie et de liberté, de même qu'il matérialise l'entrée dans vie plus heureuse, ce qui n'est malheureusement pas le cas pour Fantine.

Eléanore

642Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Sam 31 Déc - 10:49

Raymond

Raymond
Admin

Merci pour cette découverte !   pouce

En parcourant l'article de Tomblaine, j'ai eu l'impression que c'était une BD pour enfants de plus mais cela ne semble pas être le cas. Le récit est dense et fortement émotionnel, et c'est probablement pour cette raison que Tomblaine a pensé à Victor Hugo !

Il va falloir que je m'y intéresse.  Very Happy


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643Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Sam 31 Déc - 12:35

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Bonjour Raymond

Je suis fière et honorée que mon petit mot vous incite à vous intéresser à cette BD.
Oui, elle lorgne très discrètement du côté de l'enfance, ou plutôt de l'adolescence, et est d'ailleurs positionnée sur les tables du rayon jeunesse dans ma librairie Canal BD (Bulles en tête, Le Peletier). Et effectivement, il me semble que certains traits de l'ouvrage peuvent séduire les 'jouvenceaux' : la révolte devant l'injustice du monde, la présence de grands enfants, la famille décomposée, une certaine responsabilité vis-à-vis du futur, la mise en scène de la relation enfants-parents, etc.
Après, la BD aborde des thèmes "adultes" comme la mondialisation, l'entreprise, le social, la culture, l'hôpital, etc.
Si au final, vous la feuilletez ou vous la procurez, puis-je vous demander de la noter ? EE ? EEE ? Par contre et de ce que je perçois de vos goûts, je ne pense pas que vous la classer(i)ez dans les indispensables.

Patrice et moi vous souhaitons un excellent réveillon, à vous et aussi à tous les membres du forum que je profite de ce courriel pour les saluer Very Happy .

Eléanore

644Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Lun 2 Jan - 21:56

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Majnoun et Leïli - Chants d'Outre-tombe est l'adaptation en BD d'une histoire traditionnelle arabe : https://fr.wikipedia.org/wiki/Majnoun_et_Leila. Yann Damezin a écrit et dessiné l'ouvrage.

Je viens de lire - Page 26 Couv_455033

Mainoun, un jeune poète, aime éperdument Leïli et chante sa joie et la beauté de l'élue de son cœur. Le père de la jeune femme désapprouve cette exubérance et interdit le mariage. De désespoir, Mainoun s'exile dans le désert où les animaux, subjugués par sa personnalité et ses mélodies, vont le nourrir et le protéger. Leïli, profondément amoureuse du poète, sombre dans le chagrin au point que son père se sent obligé d'arranger un mariage, plus respectable, pour lui redonner la joie de vivre. Et lorsque le jeune chanteur apprend la nouvelle, il meurt de tristesse...

Damezin nous conte donc l'histoire d'un amour malheureux. Il ne s'arrête pas là et établit des ponts culturels entre le récit original arabe et notre littérature. Ainsi le scénario est écrit en alexandrin avec un dénouement se voulant féministe. Le fantastique imprègne l'histoire où la réalité s'efface devant l'emphase poétique.

Cependant, le point fort de l'ouvrage réside dans le graphisme dense et fleuri. Adoptant le style des miniatures persanes et indiennes, l'auteur nous livre une succession de splendides vignettes dont la poésie, l'élégance et le chromatisme enchantent les yeux du lecteur.

Je viens de lire - Page 26 3614_P9

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Au final, nous avons là un livre d'art qui représente un récit tragique avec un grand luxe de détails et un maniérisme oriental. La BD franco-belge s'efface donc devant des techniques issues de la peinture et de la poésie. On ne peut que saluer l'exploit de Damezin qui a transfiguré une histoire somme toute banale. La structure de la page et l'enchainement des dessins s'effacent devant une vision plus globale, faisant de chaque planche un tout artistique indissociable.
Faut-il la note maximale ? Possiblement mais j'hésite car ce splendide ouvrage relève-t-il de la BD ou de l'illustration ? C'est un mauvais procès me direz vous ? Je le concède mais d'un autre côté, le souffle de l'histoire et l'émotion restent un peu contenus. En tout cas, et avec raison et goût, Canal BD Magazine n°146 a inscrit l'ouvrage dans ses coups de cœur du bimestre Very Happy .  

EEE

Eléanore

645Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Mar 3 Jan - 0:49

Raymond

Raymond
Admin

Yann Damezin est aussi l'auteur du Concerto pour la Main gauche, un album que j'avais beaucoup apprécié il y a 3 ou 4 ans. Une chronique (positive bien sûr) devrait en principe se trouver dans ce sujet.  Wink L'album est dessiné en noir et blanc mais le style graphique et la construction des planches sont assez semblable à ce que l'on trouve dans Majnoun et Leïli.

Ce nouvel album m'intéresse donc beaucoup !   Very Happy


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646Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Mar 3 Jan - 8:28

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Après y avoir réfléchi, je crois avoir mis le doigt sur le petit rien qui m'a empêchée de totalement adhérer à l’œuvre.
Selon mon goût, une "bonne" BD, c'est d'abord un "bon" scénario.
Or, Majnoun et Leïli - Chants d'Outre-tombe affiche un déséquilibre entre un texte minimaliste et des dessins superlatifs.
De plus, le conte ne donne pas le même destin aux deux héros, a contrario d'autres amants maudits comme Héloïse et Abélard ou encore Roméo et Juliette. Et ce petit détail affaiblit l'histoire.
Enfin, Damezin introduit avec beaucoup de justesse le sujet du libre arbitre féminin dans la société orientale mais le mariage entre une narration poétique voire fantastique, et les enjeux politiques ou sociétaux du monde indo-perse est celui de la carpe et du lapin.
Bon, après, je fais ma difficile Smile . Et je comprends parfaitement que l’œuvre ait séduit maints critiques.

Eléanore

647Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Mar 3 Jan - 19:05

Raymond

Raymond
Admin

On verra déjà si je le trouve à Lausanne ?    Very Happy 

Ceci dit, j'ai acheté samedi dernier A la Recherche du Tintin perdu, qui est un intéressant livre de confidences. Ce qui m'a bien plus, c'est que le livre a été dessiné par un véritable fou de BD !

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L'album est donc un journal intime, réalisé par un graphiste qui rêvait dans sa jeunesse de faire de la bande dessinée. Il n'a pas rencontré de succès dans le monde du neuvième art, malgré d'importants efforts, et il s'est tourné vers le graphisme commercial dont il est à moitié satisfait. Il décide pour cette raison de refaire un voyage en Europe, sur la trace des grands créateurs de bandes dessinées.

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Et le livre mélange ainsi plusieurs choses : un journal de voyage, des souvenirs d'enfance et des moments de pur onirisme. C'est ainsi que l'auteur rencontre par exemple LIttle Nemo et qu'il revit avec lui un de ses rêves les plus fameux.

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Il voit également beaucoup de dessinateurs européens ou américains. Le plus souvent ce sont des rencontre imaginaires, mais parfois on se demande ? Pour la rencontre avec Hermann, il n'y a toutefois par de doute ! C'est une rencontre fantasmatique, mais assez instructive.   Very Happy

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L'auteur rencontre en rêve Hergé, mais il visite surtout le Musée de ce dernier à Louvain la Neuve, et c'est un moment émouvant. C'est la première fois que l'on dit autant de bien de ce musée et cela m'a donné envie d'y aller. Tintin a été à l'origine de la passion de Ricardo Leite pour la BD et les souvenirs semblent s'y mélanger au rêve.

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Les souvenirs d'enfance réapparaissent de façon intermittente et le récit se construit en fait dans le désordre, au hasard des inspirations de l'auteur. Ce voyage dans sa mémoire, et dans ses foucades, entraîne de multiples digressions qui rendent la lecture un peu complexe. Cette narration éclatée m'a en fait remémoré le fameux livre "Approximativement" de Lewis Trondheim. Comme dans cet ouvrage qui est devenu un classique, le livre de Ricardo Leite laisse le lecteur un peu perplexe au départ, mais il se relit ensuite avec délice car il y a beaucoup de détails à découvrir.

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Il y a en tout cas deux choses que je partage avec Ricardo Leite ! En premier, il y a le besoin de s'intéresser à tout ce qui existe dans la BD et d'acquérir une culture encyclopédique (dans ce domaine). Et en second, il y a une insatiable curiosité pour le "making of". Comme lui, j'ai besoin d'en savoir toujours plus et c'est probablement pour cela que je lui pardonne facilement certains morceaux de bravoure, lorsqu'il nous présente des dizaines de dessinateurs brésiliens totalement inconnus chez nous, de même que d'autres effets un peu faciles et complaisants, comme par exemple ce moment où l'auteur s'envole dans les airs avec Moebius, à la manière du Major Grubert.

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De même que pour "Approximativement", je pense que c'est un livre qui ne livre pas immédiatement toute sa sève, et qu'il faut le relire de temps pour mieux l'apprécier. Mais aurons nous le temps (ou l'envie) de le faire, nous qui sommes de véritables boulimiques de la BD et qui lisons plusieurs albums par semaines. il va y avoir un vrai dilemme, n'est-ce pas eleanore  ?   Wink

C'est peut-être un futur classique ... mais je n'en suis pas sûr. On est toujours étonné de découvrir quelles sont les BD qui vieillissent bien et quelles sont celles qui vieillissent mal.

En attendant, je mettrai un EEE !   Cool


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648Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Jeu 5 Jan - 17:56

Raymond

Raymond
Admin

Patrice a écrit:Mon ami pierrot est un conte en BD de Jim Bishop.

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Une jeune aristocrate, Cléa, doit, selon la tradition, épouser le fils d'un nobliau voisin, Berthier. Mais être comtesse ne satisfait nullement Cléa qui rêve de devenir danseuse. C'est alors qu'elle rencontre Pierrot, un peu baladin, un peu magicien, qui la séduit et lui conseille de suivre son idée. Elle s'enfuit donc avec le jeune homme et s'installe avec lui dans un pays enchanté. Mais le jouvenceau la délaisse rapidement cependant que Berthier s'est juré de venger l'affront et de récupérer sa fiancée...

Que dire de ce conte ? En premier lieu, on peut souligner les moult rebondissements qui rythment la narration. Dans ce conte, personne n'est vraiment ce qu'il parait être et le lecteur se retrouve plongé dans un rêve tellement l'inimaginable se produit régulièrement. Cet onirisme voulu et assumé regarde du côté de la noirceur et il serait d’ailleurs plus juste de parler de cauchemars. On peut aussi rapprocher le travail de l'auteur et celui du japonais Miyazaki (Le voyage de Chihiro).
Mais le cœur de la BD réside ailleurs. Bishop nous invite à réfléchir sur le libre arbitre et ses conséquences. L’œuvre respecte l'ordre établi car Cléa ne trouvera pas le bonheur, ni en fuyant l'union imaginée par sa mère, ni en revenant dans le rang après son "incartade". La liberté à un coût. A contrario, l'héroïne gagnera en maturité et se trouvera des talents nouveaux. La BD pourrait presque être qualifiée de féministe tant elle explore le place de la femme dans la société et dans le couple.
Des dialogues ciselés accompagnent la narration et appellent à réfléchir.

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Amateur inconditionnel de la BD franco-belge, j'ai peu apprécié le graphisme qui regarde du côté des mangas et de l'animation japonaise avec des personnages aux yeux de biches que les cadrages mettent en évidence. Il en est de même pour les expressions des visages dont beaucoup sont outrancières.

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Au final, la tentative est ambitieuse mais un peu trop alambiqué car Bishop veut trop en faire. Ainsi, le hibou Schrödinger voisine la sorcière Baba Yaga et la damnation de Faust n'est pas non plus très éloignée du sort réservé final réservé à Pierrot.

EE


Je n'ai toujours pas lu cet album, en grande partie parce que le dessin ne m'attire pas !    deso

Je m'interroge sur l'album précédent de Bishop, qui s'intitulait Lettres perdues. Il me semble qu'on en avait parlé ???

Sinon, Jim Bishop a été interviewé par ActuaBD (c'est une vidéo). Cela permet de se faire une idée de l'auteur.  jap

Interview bd de Jim Bishop sur planetebd.com !


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649Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Ven 6 Jan - 14:33

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Perpendiculaire au soleil est une BD autographique de Valentine Cuny-Le Callet, qui vient tout récemment d'être distinguée par le Prix BD FNAC France Inter 2023.

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À 19 ans, Valentine Cuny-Le Callet entreprend une correspondance avec Renaldo McGirth, un condamné à mort afro-américain. Au fil de leurs échanges, naît un projet commun de récit graphique. La relation progressant, l'autrice part étudier aux États-Unis pour pouvoir rencontrer son correspondant. Du côté de Renaldo, une nouvelle sentence est envisagée avec à la clé peut-être la transformation de sa condamnation à mort en détention longue....

Ce gros roman graphique de 436 pages est un réquisitoire contre le système carcéral américain. Les prisonniers y sont détenus dans des conditions extrêmes au point que certains y meurent durant des sanctions. La censure des échanges avec l’extérieur bride sévèrement toutes les relations épistolaires voire les interdit pour des raisons qui semblent parfois arbitraires. De plus, les prisons abritent une économie semi-officielle où le prisonnier achète tout ce qui n'est pas le stricto-sensu vital et on découvre même qu'une entreprise s'est enrichie en se spécialisant dans ce commerce. Par ailleurs, le scénario met l'accent sur le contraste entre le centre pénitentiaire, sinistre à souhait, et sa région, ensoleillée et verdoyante. La détresse des détenus n'en est que plus grande.
La BD se veut aussi une aventure humaine. Nous découvrons notamment une autre correspondante qui a fait le choix d'épouser son correspondant.  
Je trouve cependant que la BD est manipulatrice. Tout est vu à travers un prisme militant : la description du crime supposé de Renaldo fait l'objet de deux petites pages au style épuré et sa sanction judiciaire y est présentée comme arbitraire. L'autrice nous pousse insidieusement vers l'idée d'une erreur judiciaire due au racisme ambiant de la société américaine. De même les établissements pénitentiaires y sont dépeints comme des lieux de persécution et de torture morale voire physique, occupés principalement par des personnes pauvres et ayant vécu une enfance difficile. Pour connaître un tout petit peu les États-Unis, le sujet est infiniment plus complexe. Je vous invite enfin à visiter la page Wikipedia relative à l'affaire : https://en.wikipedia.org/wiki/Murder_of_Diana_Miller.

Le travail sur le graphisme mérite d'être souligné. L'autrice parle d'une BD écrite à quatre mains et  Renaldo aurait contribué à son dessin sans que sa partie soit clairement identifiée. Les vignettes et les styles se succèdent avec une grande variété, des plus simples au plus complexes. Et le lecteur ne peut qu'apprécier un essai réussi de graphisme.

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Le recours au noir et blanc et plus particulièrement à un noir fuligineux dramatise encore plus l'intrigue et nous permet de mieux appréhender la noirceur du destin des détenus.

Au final, il ne faut pas s’effrayer de la taille de ce "pavé". Il se lit vite et le nombre de pages se justifie parfaitement du fait des différents styles graphiques et de la difficulté à résumer simplement plusieurs années d'une correspondance riche et émouvante. Il faut noter que l'adresse de Renaldo est fournie à la toute fin de la BD et que le lecteur est invité à lui écrire...

EEE

Eléanore

650Je viens de lire - Page 26 Empty Re: Je viens de lire Ven 6 Jan - 17:25

Raymond

Raymond
Admin

Merci eleanore, mais comment fais tu pour trouver aussi vite les livres dont-on parle ?   Very Happy

Sinon ... cela me semble être un livre de plus contre le système carcéral et judiciaire américain. On connait à l'avance le message de ce genre de livre. Il n'y a presque plus besoin de le lire.    siffle

Sur le plan graphique, cela parait par contre plus intéressant car il y a beaucoup de changements de style. Cela me fait penser que le livre n'est pas monotone. Et puis j'aime les auteurs qui donnent tout ce qu'ils ont, dans leur livre.

Au total, j'hésite. C'est un bel ouvrage, mais il y a beaucoup de beaux ouvrages qui sortent en ce moment. Je vais au départ m'intéresser à des livres comme la Tresse.   Wink


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