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501je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Dim 3 Avr - 19:34

Raymond

Raymond
Admin

Sinon, je n'ai pas lu que le nouvel album d'Alix, ce week-end ! J'ai également suivi le conseil d'eleanore-clo en achetant Pierre rouge Plume noire, le nouvel album de Thierry Robin et je n'ai pas regretté cette acquisition.   Cool

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Pierre13

Il faut dire que Thierry Robin est pour moi un vieux "camarade de route", dont j'ai déjà apprécié diverses BD depuis une trentaine d'années. Ce fût en particulier le cas avec son fameux Rouge de Chine, une belle BD d'aventure en 4 tomes à la fois romantique, semi-historique et semi-fantastique, au fond essentiellement baroque, racontant la rencontre d'un voyageur européen et d'une princesse mandchoue au début du XXème siècle. Cette série avait été assez remarquée il y a 25 ans (probablement parce que l'auteur y apportait sa fascination pour la Chine) et on peut dire que "Pierre rouge Plume noire" en ressuscite maintenant la substantifique moelle. Il ne fallait donc pas grand chose de plus pour m'inciter à prendre cet album.  Wink

Eleanore-clo a remarquablement résumé cette histoire et je n'ai donc pas besoin de vous apporter de multiples explications. Rappelons que Thierry Robin dessine cette fois une vraie BD historique, racontant une authentique guerre survenue dans la Chine médiévale, mais il poétise son récit en déléguant la narration de ces combats à un corbeau. Par ailleurs, ce volatile se révélant étrangement capable de dialoguer avec une montagne, c'est grâce à une irréelle conversation entre eux que nous suivons la progression des événements. Ce choix narratif aurait pu être abscons, mais il se révèle en fait plein d'intelligence et de malice.

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Pierre14

Mais quelle est la trame historique de cet album ? Il raconte simplement le long siège de la capitale du royaume Yang effectué par les troupes de l'empereur Ming. L'armée impériale est beaucoup plus nombreuse mais les murs de la capitale Yang paraissent tout de même difficilement attaquables, et la bataille prend d'abord l'aspect d'une longue attente. La fin n'en sera que plus spectaculaire, et bien sûr plus belle !

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Pierre15

Poétique par son texte, cette bande dessinée frappe aussi le lecteur grâce son dessin qui est aussi baroque qu'audacieux. La mise en page propose en effet une formidable variété de plans, d'idées ou de constructions et certaines planches sont superbes. Et parfois, le dessinateur se permet même quelques audaces qui ne sont pas très éloignées de ce que faisait Druillet dans sa fameuse série Lone Sloane, en mélangeant gigantisme, couleurs impressionnantes et effets vertigineux. Bon ... je reconnais que ma comparaison est un peu osée, mais quand on regarde de près certaines planches, c'est quand même une idée qui me vient spontanément  !

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Pierre16

Et voilà, il n'y a pas de doute que c'est une excellente BD ! Je préciserai cependant que ce n'est pas un chef d'œuvre, digne des quatre EEEE d'eleanore-clo, même si on n'en est pas très loin. C'est avant tout une BD de divertissement et une œuvre de commande (faite d'ailleurs par une province chinoise), mais Thiery Robin y a mis beaucoup d'idées, d'inspiration, d'énergie et de savoir faire. Le résultat est impressionnant et peut-être même qu'il en résultera un prix à la fin de l'année.   Wink

Et tout comme eleanore, je lui attribuerai donc la note EEE !   king


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502je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Mer 6 Avr - 9:58

Raymond

Raymond
Admin

Eleonore-clo a déjà dit du bien de Celle qui parle dans le message 586 !   Wink

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Celle_10

Gilles Ratier la rejoint dans cette appréciation positive. Il a bien aimé cette "épopée de la fille d’un chef déchu, offerte comme esclave, qui deviendra l’une des plus grandes figures féminines de l’histoire".

Son article richement illustré se trouve sur BDZoom :

« Celle qui parle » : le pouvoir de la parole ! | BDZoom.com


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503je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Ven 8 Avr - 11:42

Raymond

Raymond
Admin

Eleanore a fait une critique élogieuse du Poids des Héros (message 544 page 22) tandis que j'étais pour ma part un peu plus dubitatif (message 546) mais il ne fait pas de doute que ce livre est un des tout bons albums du début de l'année 2022 ! 

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Poids-16

David Sala, l'auteur de cette BD autobiographique est maintenant interviewé par Christian MISSIA DIO sur ActuaBD.

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Poids-17
 
Cet entretien s'accompagne d'un petit film montrant le dessinateur au travail !

David Sala :" Bien que ce récit soit une histoire d’homme, c’est ma (...) - ActuaBD


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504je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Ven 8 Avr - 13:37

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Les sauvages animaux est une BD écrite par Desberg et dessinée par De Moor (le fils)

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Couv_444650

La BD raconte l'histoire du groupe Led Zeppelin. Les artistes sont représentés sous la forme d'animaux et le producteur du groupe (un ours mal léché) est le narrateur de l'histoire.

Pour le plaisir, je mets en vis-à-vis les deux visages du guitariste Jimmy Page. Je ne savais pas que les loups avaient une crinière ! Après, peut être que la vie en meute des canidés reflète la vie en tournée des groupes musicaux. Laughing

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Jhen88 je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Jhen89

On retrouve dans cette histoire tous les clichés des artistes à grand succès : la drogue, la violence, les déprédations gratuites, le narcissisme, l'égo, l'argent, les groupies hystériques, etc. Le mot sauvage porte donc un double sens, celui de barbarie destructrice et aussi celui d'inhumanité. D'ailleurs, le recours a un scénario anthropomorphe permet d'insister sur le caractère asocial des artistes.
Globalement, le regard de Desberg est sombre. Avec beaucoup de détails et sans aucun tabou, le scénariste explore les facettes sombres du groupe, y compris la mort sordide du batteur John Bonham.

Le dessin manque de rondeur. Il est à l'image de la musique : âpre, presque désespéré avec quelques soupçons de psychédélisme.

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Jhen86 je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Jhen87

Je confie ne pas aimer Led Zepellin. Néanmoins, j'ai une faiblesse pour Stairway to heaven dont la douceur nous emmène effectivement au paradis :



Au final, ce sera EE. La BD est intelligente mais par trop torturée et je suis frileuse dès qu'il s'agit d'écouter du rock post-Beatles. Le graphisme ne m'a pas séduite.

Mais peut être que le forum comporte des amateurs de Led Zeppelin qui pourront donner un autre éclairage ?

En tout cas, RTL a élu Les sauvages animaux, BD du mois de mars

Eléanore

505je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Sam 9 Avr - 10:36

Raymond

Raymond
Admin

Merci de cette présentation, eleanore !   pouce

C'est probablement un album mineur, mais ce glissement de l'univers hard rock vers la BD animalière pourrait être intéressant. Et puis j'aime bien Led Zeppelin. 

J'ignore encore si je vais l'acheter ? Cela se décidera au jour le jour.   Very Happy


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506je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Sam 9 Avr - 10:50

Raymond

Raymond
Admin

Raymond a écrit:Eleonore-clo a déjà dit du bien de Celle qui parle dans le message 586 !   Wink

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Celle_10

Gilles Ratier la rejoint dans cette appréciation positive. Il a bien aimé cette "épopée de la fille d’un chef déchu, offerte comme esclave, qui deviendra l’une des plus grandes figures féminines de l’histoire".

Son article richement illustré se trouve sur BDZoom :

« Celle qui parle » : le pouvoir de la parole ! | BDZoom.com

Celle qui parle reçoit également des louanges sur Planète BD, qui qui attribue le Bédien d'Or ! 

Celle qui parle, bd chez Bamboo de Jaraba (planetebd.com)

Vais-je me laisser influencer par tous ces avis ?   Idea Question Question


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507je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Dim 17 Avr - 11:40

Raymond

Raymond
Admin

Comme il y a peu de nouveautés qui m'attirent vraiment au cours de ce printemps, je me suis décidé à lire Des Vivants, une BD historique qui raconte la Résistance française au début de la Deuxième Guerre Mondiale. L'album est scénarisé par Raphaël Metz et Louise Moaty, tandis que le dessin est dû à Simon Roussin (que je ne connaissais pas mais qui a déjà fait pas mal de BD). Rappelons qu'eleanore-clo a parlé d'une façon assez tiède de ce livre dans le sujet "Deuxième Guerre Mondiale" (au message 83).

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Des-vi10

J'ai choisi d'en parler dans "je viens de lire" car ce livre a remporté le Prix Spécial du Jury à Angoulême, à la stupéfaction générale. Plutôt que de son aspect historique, il me parait donc intéressant de discuter ici des qualités singulières de cette BD, et surtout de ce contraste qui existe souvent entre le choix des critiques et le verdict des masses populaires. 

"Des Vivants" est une œuvre que je qualifierai volontiers de "pieuse", même si elle n'est pas du tout religieuse. Elle raconte en effet de façon admirative et respectueuse la vie humble et dangereuse d'un groupe de résistants qui s'était organisé dès l'année 1940 autour du "Musée de l'Homme" à Paris. On appelle d'ailleurs cette organisation aujourd'hui comme le "Groupe du Musée de l'Homme", et ses actions étaient essentiellement humanitaires. Ces résistants aidaient en fait des anglais ou des juifs à s'échapper de la zone occupée vers la zone libre, et publiaient par ailleurs un petit journal intitulé la Résistance. Ce titre a bien sûr connu une grand fortune par la suite !  

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Des-vi11

Le point fort de cette BD est sans aucun doute la rigueur de son scénario, car le récit ne s'appuie que sur des faits documentés. Tous les personnages ont existé et il n'y a aucune fiction dans ce livre. Même les paroles que prononcent les personnages dans les phylactères sont authentiques, et correspondent strictement à ce que les intervenants ont dit ou écrit à l'époque. Corollaire inévitable, on découvre aussi de nombreuses séquences muettes dans la narration et ce refus de la facilité est assez impressionnant.

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Des-vi12

Autre conséquence de cette authenticité des propos, ce sont souvent des survivants qui prennent la parole et ces passages sont très faciles à reconnaître. Le dessinateur leur donne en effet une teinte bleutée et des contours assez flous, et l'abandon de la clarté du trait symbolise très bien la fragilité de leurs souvenirs. Remarquons que ces récitatifs sont souvent imprégnés d'une forte émotion et c'est une des raisons pour laquelle j'ai qualifié (sans aucune ironie) cette œuvre de très "pieuse". Le livre est en effet totalement dédié au culte du souvenir.

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Des-vi13

Cette œuvre m'a beaucoup fait penser à "L'Armée des Ombres", le beau livre de Joseph Kessel dont Jean-Pierre Melville a tiré un film tout aussi remarquable (que j'aime bien revoir de temps en temps). La BD raconte en effet l'histoire de quelques héros ordinaires qui se mettent en danger en accomplissant des missions et des actions sans gloire. Elle souligne également la fraternité et le courage qui existait dans ce groupe d'hommes et de femmes qui savaient dès le départ qu'ils se mettaient en grand danger. Comme dans le film de Melville, l'intrigue se termine avec l'arrestation ou la mort de tous les membres du réseau et cette fin cruelle possède une belle force narrative.

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Des-vi14

Contrairement à eleanore, j'ai apprécié le dessin sobre et modeste de Simon Roussin qui, artistiquement, fait un peu les mêmes choix que Jean-Pierre Melville. Plutôt que de dessiner des décors somptueux et des personnages spectaculaires, Roussin choisit le croquis (pour les visages et les silhouettes) et l'esquisse (pour les paysages) et il évite toute fioriture inutile. Tous les personnages restent de plus parfaitement distincts et expressifs et la lecture des images ne pose aucune difficulté. Les couleurs sont certes un peu ternes mais elles rejoignent bien l'ambiance un peu morose qui devait exister au temps de l'occupation. Je pense donc que le travail du dessinateur complète d'une façon parfaite les qualités et l'émotion du scénario. Simon Roussin ne cherche pas à se mettre en vedette et il contribue intelligemment à la sobriété du récit.

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Des-vi15

J'ai donc bien aimé Des Vivants, que ce soit pour l'émotion contenue de son récit ou pour l'efficacité discrète de ses dessins ! Est-ce qu'il s'git d'un chef d'œuvre ? Il m'est difficile de répondre car c'est le temps qui passe (et le plaisir que l'on a à relire une BD) qui permettent vraiment de répondre à ce genre de question. Je n'ai pas eu l'impression que cette BD était exceptionnelle mais je ne suis finalement pas choqué qu'elle est obtenu un prix à Angoulême. Il y avait peut-être d'autres albums qui étaient plus importants (l'album de Christophe Blain par exemple) mais cet hommage rendu à une véridique histoire de résistants me parait tout à fait convenable. Et puis, comme Angoulême essaie manifestement de faire sortir de l'ombre quelques BD injustement méconnues, le prix spécial du jury devient simplement un choix assez militant, destiné à mieux faire connaître la BD adulte.

Mais quelle note attribuer finalement à cette BD, qui tout de même m'a donné un certain plaisir de lecture ? J'hésite entre le EEE et le EEEE, mais je ne retiendrai finalement pas la note maximale, car il y a déjà eu, me semble t-il, beaucoup d'histoires de Résistance dans les publications en bandes dessinées et je n'ai rien appris de nouveau. Mais cette note ne reflète bien sûr que mon avis, qui est peut-être un peu blasé.   Cool


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508je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Mer 20 Avr - 20:17

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Premier couplet est le premier opus de la série Partitions Irlandaises, scénarisée par Kris et dessinée par Bailly

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Couv_446155

Tim est protestant et Mary catholique. Dans une Irlande du nord en guerre civile, ces deux jeunes gens vont s'aimer, envers et contre tout.

Kris a vécu quelques semaines à Belfast et ce séjour donne une forte authenticité à son Roméo et Juliette. Pour avoir passé quelques jours dans la ville, le scénariste a su parfaitement restituer l'intégration de la violence, de la haine, de la mort dans la vie quotidienne. Il dénonce avec force l'élévation des meurtriers au rang de héros de la cause. Le parcours du héros n'est nullement politique mais simplement humain. Et derrière la dénonciation de la guerre se cache des parcours humains, un fils en révolte contre son père, une fille qui oscille entre le cocon familial et l'indépendance.

Côté négatif, je n'ai pas apprécié les dialogues. L'auteur emploie un parler-vrai parfois vulgaire. La BD y gagne en crédibilité et y perd en qualité lexicale. Après, on ne peut pas gagner sur tous les tableaux  Smile .

La BD débute avec la chanson Proud Mary de Ike et Tina Turner, dont voici les premières paroles. Et vu le titre de la BD, je me suis permise de colorier en vert les paroles en résonance avec le scénario.  

[Tina Turner:]
You know, every now and then (Tu sais, de temps à autre)
I think you might like to hear something from us (Je pense que tu pourrais aimer quelque chose de nous)
Nice and easy but there's just one thing (Agréable et facile mais il y a un truc)
You see, we never ever do nothing nice and easy (Tu vois, nous ne faisons jamais rien qui soit beau et de facile)
We always do it nice and rough (Nous faisons toujours beau et rugueux)
So we're going to take the beginning of this song (Aussi, nous allons commencer cette chanson)
And do it easy (Avec de la douceur)
Then we're going to do the finish rough (Puis, nous la finirons rugueuse)
This is the way we do 'Proud Mary' (C'est ainsi que nous interprétons La fière Mary')

[Ike Turner]
Left a good job in the city (Ai quitté un bon travail en ville)
Working for the man every night and day (Travaillant pour l'homme, nuit et jour)
And I never lost one minute of sleeping (Et je n'ai jamais perdu une minute de sommeil)
Worrying 'bout the way that things might have been (M'inquiétant de la façon dont les choses pourraient tourner)


[Ike and Tina Turner:]
Big wheel keep on turning (La Grande roue continue de tourner)
Proud Mary keep on burning (et la Fière Mary de fumer)
And we're rolling, rolling (Et nous tournons, tournons)
Rolling on the river (Tournons sur la rivière)
Listen to the story (Écoutant l'histoire)


Left a good job in the city (Ai quitté un bon travail en ville)
Working for the man every night and day (Travaillant pour l'homme, nuit et jour)
And I never lost one minute of sleeping (Et je n'ai jamais perdu une minute de sommeil)
Worrying 'bout the way that things might have been (M'inquiétant de la façon dont les choses pourraient tourner)

Big wheel keep on turning (La Grande roue continue de tourner)
Proud Mary keep on burning (et la Fière Mary de fumer)
And we're rolling, rolling (Et nous tournons, tournons)
Rolling yeah (Tournons, ouais)
Rolling (Tournons)
Rolling on the river (Tournons sur la rivière)
Rolling on the river (Tournons sur la rivière)

Cleaned a lot of plates in Memphis (J'ai vidé beaucoup d'assiettes à Memphis)
Ya know I pumped a lot of 'ain down in New Orleans (Tu sais, j'ai aspiré beaucoup de douleur à La Nouvelle Orléans)
But I never saw the good side of the city (Mais je n'ai jamais vu le bon côté de la ville)
Until I hitched a ride on the riverboat queen (Jusqu'à ce que je monte en stop sur un bateau à aubes)




Il me semble que Kris transpose cette chanson dans Belfast. En effet, Tim a rencontré beaucoup de douleur jusqu'à ce qu'il s'arrime au bateau figuré par Mary. Et le moins qu'on puisse dire est que sa vie est rude voire rugueuse.

Le graphisme ne laissera personne indifférent. Bailly utilise les techniques de l'Expressionisme pour mieux représenter la violence irlandaise, pour ériger en combat sa subjectivité. Ainsi, des visages ronds confèrent aux personnages un côté enfantin pour démontrer l'innocence de ses personnages dans cet enfer terrestre.  
L'usage de la couleur directe donne aux images la puissance d'un coup de poing. Gibrat et Jarbinet utilisent le pinceau pour séduire et créer de la beauté. La démarche est ici inverse avec une brosse militante, nerveuse et rude. La verte Irlande est bien éloignée de l'Ulster, représentée par la rougeur du sang et la noirceur des costumes de deuil ou des tenues de combat. Brrr.

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A l'instar d'un Pierre Alary (Mon traitre), Kris utilise le théâtre de la guerre civile nord irlandaise comme décor pour une BD. Son approche est empreinte d'authenticité avec la mise en scène de la famille et des amis. L'absurdité de la guerre n'en est que mieux dénoncée. Même si le style des vignettes peut cliver, le tout arbore une belle allure.

EEE

Eléanore

509je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Jeu 21 Avr - 0:14

Raymond

Raymond
Admin

Excellente critique ! Merci pour ta réactivité.   Very Happy

En fait, ce que tu écris confirme tout à fait ma première impression. Derrière son aspect un peu cru et trop nerveux (que ce soit dans son langage, ses personnages ou le dessin de Bailly), il y a une BD assez classique, intelligente  et bien documentée. Tout cela donne envie de la lire.   pouce


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510je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Lun 25 Avr - 17:51

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
vieux sage

Nettoyage à sec est une BD de Joris Mertens.

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 3465_couv

François travaille dans une laverie dont il assure les livraisons. Malgré des années de bons et loyaux services, son salaire reste misérable. Or, le vieil homme solitaire rêve d'une autre vie, pour lui et pour tou(te)s ses ami(e)s. Un jour, par hasard, sa route croise celle de malfrats qui se sont entre-tués au moment du partage d'un butin. Et le magot apparaît bien tentant...

Mertens nous livre une BD sur l'absurdité de la vie. François, l’honnête homme de toute une vie, se retrouve confronté à la tentation. Et ce qu'il gagnera malhonnêtement lui sera à la fois ravi et offert par la vie puisqu'un billet de loterie acheté un peu par hasard va lui rapporter le gros lot.
La bande dessinée est aussi très morale car un destin cruel sanctionnera son (mauvais) choix… Je n'en dirai pas plus…
L'atmosphère est aussi remarquable de noirceur. Une pluie incessante, une ville minérale et grise, une nature agressive, toutes ces briques s'assemblent pour créer une atmosphère surréaliste et oppressante. On se croirait dans un roman de Kafka.

Le dessin est splendide. A côté de gaufriers centrés sur un visage et ses émotions, on retrouve des pages entières qui sont toutes autant de tableaux. Les dialogues, réduits au minima, s'effacent devant les images, envoûtantes et vénéneuses. Les traits tirés et les yeux caves du héros portent son désespoir. Et des couleurs fortes presque criardes confèrent à l'ensemble un relief et un impact puissant.

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Nettoyage à sec se situe dans la droite ligne de Béatrice, la précédente de BD de l'auteur. L'ambiance fantastique et les cadrages quasi cinématographiques plairont aux amateurs de Blade Runner, le film de Ridley Scott.



EEE

Eléanore

511je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Mar 26 Avr - 13:11

Raymond

Raymond
Admin

Merci de cette chronique d'un album auquel je n'aurais pas eu l'idée de m'intéresser.   pouce

Tout cela me parait très sombre, mais il faut que je commence par "humer" (et feuilleter bien sûr) ce livre afin de m'en faire une idée.  Wink

Je ferai cela lors de mon prochain tour à Lausanne.


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512je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Mar 26 Avr - 15:28

Draculea

Draculea
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Les planches que vous nous montrez sont absolument superbes ! Elles donnent à elles seules envie de découvrir cet album en dépit de sa sombre vision de l'homme. Merci de nous faire découvrir cette parution quoi semble très originale ! Very Happy

http://www.marchenriarfeux.net

513je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Mer 27 Avr - 16:23

Raymond

Raymond
Admin

Gilles Ratier dit lui aussi beaucoup de bien de Nettoyage à Sec, le nouvel album de Joris Mertens, un auteur belge qui monte !  

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Nettoy11

En l'occurrence, il admire l’ambiance urbaine et humide, l’efficacité de la narration et le scénario malin !

Joris Mertens : un auteur à suivre… | BDZoom.com

Et pour ma part ... je cogite ! Peut-être que je vais m'y intéresser.   Very Happy


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514je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Ven 29 Avr - 15:14

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
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Nettoyage à sec est la BD RTL du mois d'avril : https://www.rtl.fr/programmes/laissez-vous-tenter/7900149382-la-bande-dessinee-rtl-d-avril-revient-a-joris-mertens-pour-son-album-nettoyage-a-sec

Les teinturiers vont-ils se mettre de la partie en diffusant l'ouvrage dans leurs boutiques ?  Laughing

Eléanore

515je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Lun 2 Mai - 9:46

Raymond

Raymond
Admin

Je continue à cogiter.   Wink


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516je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Ven 6 Mai - 15:26

Raymond

Raymond
Admin

Nettoyage à sec reçoit également la note maximale (le Bédien d'or) sur le site Planète BD.   Neutral

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Nettoy12

Le critique vante cette BD qui est pleine d’une ambiance urbaine et humide rendue avec un incroyable réalisme.

Nettoyage à sec, bd chez Rue de Sèvres de Mertens (planetebd.com)


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517je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Dim 8 Mai - 17:56

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L'ours de Ceausescu est une BD écrite par Ducoudray et dessinée par Henry

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Vl1ld654hh

En 1989, en Roumanie, alors que le Mur de Berlin vient de tomber, sept citoyens sont enlevés par le nouveau pouvoir pour être les bourreaux du dictateur.

Ce livre dénonce l'absurdité, l'arbitraire et la corruption du régime autocratique de Ceausescu. Les citoyens vivent dans une peur permanente et louvoient pour simplement essayer de survivre.
L'habilité du scénariste a été le recours à sept sketches, sept destins, où nous découvrons un épisode marquant de la vie de madame ou monsieur tout le monde. Ainsi, un poète officiel encensé par le régime voisine un flic corrompu et une modeste femme de ménage. Chaque épisode traite bien évidemment d'une des facettes de la dictature, ici vilipendée mais aussi et surtout ridiculisée. Ce côté ordinaire des personnages rend universelle la révolution roumaine. Et le sort final du tyran se transforme en un acte de citoyenneté.
La narration adopte un ton tragi-comique et les scènes les plus angoissantes comme celle de la chasse à l'ours en deviennent loufoques.

Le dessin manque (volontairement ?) de travaillé. Comme si le dessinateur était un photographe de guerre qui prenait rapidement et sur le vif des clichés, alors que les combats font rage autour de lui, ou qu'il lui faut avoir recours à une caméra caché. Étrangement, les silhouettes s'allongent comme si les personnages voulaient s'évader de l'écrasement communiste.

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Md7l6lfsgy

Les deux auteurs ont témoigné avec beaucoup de finesse d'un fait historique. Et bien évidemment, la parution en plein guerre russo-ukrainienne tombe à point   jap  .

EEE

Eléanore

518je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Lun 9 Mai - 9:34

Raymond

Raymond
Admin

Merci beaucoup de cette critique, qui correspond bien à ce que j'ai déjà lu !

Curieusement, je n'ai pas trouvé ce livre hier à Lausanne (et je me suis rabattu sur Crepax). Il faudra que je cherche car c'est le genre de livre qui me plait.   Wink


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519je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Dim 22 Mai - 11:08

Raymond

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Tout arrive ! Comme je viens de rentrer du Tessin frais et reposé, j'ai finalement osé acheter cet album qui me rebutait un peu et qui s'intitule Nettoyage à sec. Il faut bien parfois prendre des risques.   Smile

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Je ne m'attarderai pas trop sur l'intrigue mais il faut d'emblée reconnaître qu'elle est bien plus intéressante (et originale) que les sempiternels polars pessimistes. J'avais au départ peur de m'ennuyer mais cela n'a pas été le cas. Le livre n'est certes pas très optimiste mais il y a un ton personnel et l'auteur ne raconte par ailleurs pas l'histoire d'un détective privé, ce qui est une bonne chose. Le héros est un simple chauffeur livreur des années 70 qui a toujours la cigarette au bec et qui espère gagner un jour au loto. Une grande partie de l'album est en fait consacrée au récit de sa vie ordinaire, avant qu'un drame ne survienne ... et il fallait bien que quelque chose se passe, finalement.   Wink

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Le style graphique est sinon le principal intérêt de cette BD ! Joris Mertens possède en effet un dessin semi-caricatural qui crée une ambiance tantôt ironique et tantôt amère, et il utilise par ailleurs à merveille les couleurs directes afin de séduire les yeux de ses lecteurs. Un peu à la manière de Tillieux, il privilégie les quartiers pauvres, la vie modeste et les ambiances sombres et pluvieuses. Il en résulte une atmosphère un peu lourde, mais réaliste, ainsi qu'une description plutôt sympathique de la vie des classes populaires.

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Ceci dit, je n'ai été qu'à moitié séduit. Cette histoire se passe pendant les années 70 et je ne trouve pas que l'atmosphère du livre corresponde vraiment à ce temps-là. Il est difficile de préciser à quoi cela tient ? Peut-être à l'excès de noirceur de ce récit, et probablement aussi au fait que l'auteur est trop jeune pour avoir vécu (et surtout ressenti) cette époque ! Je n'ai donc pas retrouvé ma jeunesse dans cette histoire, même si elle est écrite d'une façon astucieuse. Joris Mertens aurait probablement mieux fait de situer son récit dans notre monde contemporain afin d'y insérer plus de détails authentiques, et d'y gagner en réalisme.

Le livre est de plus un bel objet, il faut le reconnaître ! Le dois toilé, l'utilisation d'un papier mat, l'habile utilisation du rouge ... tout cela est bien séduisant mais ne dépasse pas le niveau des apparences. C'est au final un bel album à mettre dans sa bibliothèque mais ... je me demande si je le réouvrirai un jour ?

Mon appréciation est donc mitigée, car l'auteur n'a pas réussi à m'enthousiasmer.

Pour la note, je pense que cela mérite bien un EEE, même si mon appréciation est uniquement intellectuelle. Je n'ai hélas pas été franchement séduit mais il faut reconnaitre que cette BD a une certaine qualité de style.


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520je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Jeu 16 Juin - 22:10

eleanore-clo

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Automne, en baie de Somme est une BD scénarisée par Philippe Pelaez et dessinée par Alexis Chabert.

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En 1896, Alexandre de Breucq, un riche industriel, est retrouvé mort sur le pont d’une goélette, échouée en baie de Somme. L'inspecteur Broyan, chargé de l'affaire, conclut très rapidement que l'homme d'affaire a été empoisonné. Le crime a manifestement bénéficié à la veuve du maître de forges, qui profite du décès de son époux pour prendre la tête de son empire industriel. Mais Broyan découvre aussi que De Breucq fréquentait les milieux artistiques de la Belle Époque, et qu'Axelle, le modèle préféré du célèbre peintre Alphonse Mucha, était son amante. Les investigations du policier vont le confronter à un drame personnel, le décès de sa fille suite à un avortement clandestin. Toutes les intrigues se mêlent et s'entremêlent pour aboutir à la surprenante révélation finale.

Disons le de suite, j'ai beaucoup apprécié cette BD. Ambitieuse, elle nous donne une image fouillée et précise des années 1900. Alphonse Mucha est un peintre célèbre, un des maîtres de l'art nouveau. Et le dessinateur s'est d'ailleurs inspiré de son style lorsqu'il a construite la couverture.

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L'industriel De Breucq porte les valeurs du saint-simonisme et il partage ses richesses avec ses ouvriers. Les artistes bohèmes vivant dans les quartiers pauvres de Paris nous font bien évidemment penser à Van Gogh, Toulouse Lautrec et bien évidemment à Muncha.

Les femmes tiennent un rôle majeur dans cette BD. Pelaez explore toutes les couches de la société avec un regard anthropologue et nous passons de la grande bourgeoisie à la marginalité. Nous voyons des héroïnes rayonner et d'autres s'éteindre. Que de beaux portraits.

La BD se veut policière et respecte avec beaucoup de talents toutes les règles du genres : héros ambigus, épaisseur des personnages, noirceur du crime, violence sous-jacente, rebondissements inattendus, fin magistrale. Du beau travail.

J'ai enfin apprécié le style du scénariste. Ses phrases parfaitement ciselées et ses mots puissants chantent et ne peuvent que séduire le lecteur. Les premiers récitatifs sont splendides : "elle languissait, là, comme une anomalie brune sur une mer lisse de sable blanc, comme un animal mortellement blessé regardant une dernière fois l'horizon, avant de se coucher définitivement sur le flanc".

Le dessin est tout aussi remarquable. Les vignettes respirent l'Art Nouveau. Et le trait réaliste de Chabert, soutenu par une maîtrise parfaite de l'aquarelle, campe un Paris vivant et vériste. Les pastels doux dégagent une belle sensualité sans qu'aucune vulgarité n’entache l’œuvre.

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Au final, cette BD est certainement une des œuvres phares de ce premier semestre. Remplie d'émotion, tour à tour belle et âpre, elle mérite EEEE.

Eléanore

521je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Jeu 16 Juin - 22:34

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
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Après Automne en baie de Somme et la Picardie, je vous propose ce soir d'aller plus au sud  Smile !
Djemnah les Ombres Corses est un hymne à la Corse, scénarisée par Donadille et dessinée par Réglat-Vizzavona.

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Ange Pizarti découvre par hasard un magnifique portrait de femme qui l'intrigue et qui le décide à essayer de retrouver le modèle. Qui était cette personne ? Quelle est la baie figurée derrière le visage ? Le jeune homme va découvrir que cette illustration plonge dans l'histoire de la Corse et va le conduire à un livre écrit par le jeune Napoléon Bonaparte !

Le scénario est très peu crédible. Et les multiples rebondissements, les indices semés par l'auteur sonnent faux. L'accumulation de coïncidences invraisemblables et de personnages peu crédibles ne servent qu'à mettre en valeur la Corse, le vrai héros du roman. Et la quête initiatique de Pizari masque un retour aux sources familiales et une redécouverte de ses racines dans l’Île de beauté. L'histoire d'amour est ridicule si ce n'est pas pour promouvoir que les insulaires sont faits pour se rencontrer et vivre ensemble. Les continentaux n'ont vraiment pas leur place sur le petit paradis méditerranéen.
Et la fin, pseudo-philosophique, s'ouvrant sur un ultime secret, aurait pu être écrite par Enyd Blyton pour sa série Le club des Cinq.

Le dessin est classique, sans personnalité réelle, et la représentation des personnages manque cruellement d'âme. Il reste heureusement de grandes vignettes paysagères qui sont autant de cartes postales.

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EE. Goscinny, cité d'ailleurs, a fait 1000 fois mieux.

Eléanore

522je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Ven 17 Juin - 9:15

Raymond

Raymond
Admin

Quel beau contraste ! il y a d'une part des éloges admiratifs envers l'Automne en baie de Somme, et d'autre part une critique implacable et stylée de Djemnah les Ombres Corses. Je ne savais que tu pouvais avoir la dent aussi dure.    Smile

Pour "Djemnah", je m'étais laissé séduire par la belle maquette du livre ! Tu m'as peut-être épargné une belle déception.   Wink

Pour l'Automne en baie de Somme, il n'y a plus qu'à retrouver ce livre qui semble être si bien réussi !    jap


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523je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Ven 17 Juin - 14:42

eleanore-clo

eleanore-clo
vieux sage
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Oui, ce sont des œuvres très différentes. D'un côté une réflexion très adulte sur la relation entre les êtres humains, une tension narrative et émotionnelle, etc. Je confie avoir été bouleversée par la vignette représentant une femme qui tente d'avorter avec une aiguille affraid . Une image forte, insoutenable. De l'autre, un jeu de piste digne du Clan des Sept (Enid Blyton bis).
Il n'y a vraiment pas "photo" entre les deux livres !

Eléanore

524je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Lun 20 Juin - 15:05

eleanore-clo

eleanore-clo
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Albert Londres doit disparaître est une BD écrite par Kinder et dessinée par Borris.

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L'œuvre raconte les derniers mois de la vie d'Albert Londres. L'intrigue se déroule sur fond de guerre sino-japonaise, dans la Concession internationale de Shangaï, où le grand journaliste va découvrir que l'armée française échange des armes contre de l'opium…

Albert Londres est un personnage historique et sa célébrité va bien au-delà du monde de la Presse. Il se situe à la croisée du grand reportage et du journalisme d'investigation. Et cette BD lui rend un hommage appuyé. Pour les plus curieux, je joins le lien vers sa page Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Londres) ainsi que son portrait.

je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Albert_Londres_en_1923

L'intrigue est passionnante et le cadre extrême-oriental bien restitué. Le lecteur est invité à mettre ses pas dans ceux d'un personnage engagé qui prend tous les risques pour témoigner et dévoiler les scandales. En 1932, le protagoniste est âgé de 48 ans. Bien qu'usé par une vie entière passée à parcourir la planète, couvrir les conflits et dénoncer les injustices, il va néanmoins entreprendre une ultime enquête, quasi-policière, et mettre au jour un scandale d'Etat.

Londres incarne le journalisme de qualité comme en témoigne le prix éponyme (https://fr.wikipedia.org/wiki/Prix_Albert-Londres) décerné chaque année au "meilleur" professionnel francophone. On peut donc s'étonner de la conclusion adoptée par le scénariste, qui transforme le décès accidentel du héros en un complot destiné à étouffer une affaire militaro-financière. Après, il est vrai que cette disparition a et fait encore couler beaucoup d'encre. Dans les bizarreries du scénario, j'ai noté la surprenant présence du gendre du reporter en Chine sur les lieux même du trafic. Mais peut être est-ce la réalité historique ?

Le dessinateur a choisi de représenter le héros sous la forme d'un homme massif dont la silhouette pourrait incarner la puissance de la Presse. En tout cas, les proportions ne sont pas respectées et tant Londres que les autres personnages apparaissent un peu écrasés. Le trait semi-réaliste de Jorris ne manque néanmoins pas d'un certain charme.
La couleur (Follet) est souvent monochrome ce qui donne un certain cachet aux planches. Cette patine nous plonge dans les périodiques de l'avant-guerre.
Les décors manquent un peu de puissance et je préfère le travail fait par Jean-François Charles sur les mêmes lieux et la même période (China Li).

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Un cahier complète l'ouvrage et présente le contexte de l'époque ainsi que des esquisses.

RTL a beaucoup apprécié cette BD et l'a élue BD du mois d'avril 2022 : https://www.dailymotion.com/video/x8b8knn (les commentaires démarrent à 5mn40.

Je suis un peu plus réservée. Ce sera donc EEE.

Eléanore

525je viens de lire - Je viens de lire - Page 21 Empty Re: Je viens de lire Lun 20 Juin - 18:30

JYB


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Je ne sais pas si les textes dans cet album sont justes, ne l'ayant pas lu, mais il faut signaler qu'il existe toute une littérature (livres et articles) sur la disparition d'Albert Londres et sur l'accident du paquebot Georges Philippar à bord duquel le célèbre journaliste est mort. Y compris une littérature parlant du complot dont il aurait été victime. Du coup, à quoi sert une BD pour re-raconter la fin du journaliste - avec, apparemment, beaucoup moins d'informations que dans ces livres et les articles de fond existants...? En faire un résumé ? Certes... Mais le travail d'auteurs de BD n'est-il pas de faire de la création ? D'inventer des histoires ? (je ne suis pas le seul à le dire ; le grand scénariste Jean Van Hamme le dit aussi dans ses interviewes).
Est-ce que l'album parle d'une étrange affaire dans l'affaire ? Voici de quoi il s'agit : au départ d'Indochine, sur le chemin du retour du Georges Philippar transportant Londres, le paquebot a failli embarquer les véhicules à chenilles de la fameuse "Croisière Jaune" de Citroën, qui retournait aussi en France après son long périple en Asie. Le paquebot devait aussi embarquer le cercueil de Haardt, le chef de l'expédition, mort à l'arrivée en Chine. Or, des menaces diffuses traînaient contre le paquebot. Du coup, les responsables de la Croisière Jaune ont préféré embarquer dans un autre paquebot, le Félix Roussel. Ils ont ainsi échappé au drame qui allait survenir une quinzaine de jours plus tard...

On pourrait imaginer que le "plus" avec la BD est de montrer plein d'images. Si celles-ci étaient justes elles aussi, pourquoi pas. Mais sur le site de Glénat, on voit les premières planches. Je suis déjà surpris par deux images qui démontrent une approximation gênante dans les dessins, qui n'augurent pas bien de la suite :

- dans une planche, Londres embarque à Marseille sur un autre paquebot qui va le mener en Chine, l'Athos II. Quand il met le pied sur le pont, Londres, une célébrité, est accueilli et salué par le commandant du paquebot et par deux matelots. Or, ce commandant n'a rien d'un commandant ! On repère tout de suite un commandant de la marine marchande à ses quatre "sardines" dorées qui font le tour du bas de ses manches. La ganse autour de la casquette devrait être dorée également. Là, rien, le type est un simple clampin. Je crois voir aussi des rayures verticales sur la veste, or, une veste marine comme ça est bleue marine unie. On voit ce "commandant" dans deux images, et dans la première, il manque des boutons à sa veste - des gros boutons difficiles à ne pas voir, normalement.... En outre, le dessinateur ne semble pas savoir qu'une veste d'homme se boutonne avec le rabat gauche par-dessus le rabat droit, et pas l'inverse.

- les deux matelots sont des marins militaires, avec un pompon rouge sur le béret blanc (on appelle ce béret un "bachi", dans la marine). Que font-ils là, sur un paquebot marchand, à l'accueil des passagers ??? On les voit à la planche suivante en train de porter les valises de Londres. Ce travail est celui des grooms ou des garçons de cabines, qui ont une toute autre tenue que celle de marins militaires...

- dans cette même planche suivante, on voit l'appareillage dudit paquebot, l'Athos II. J'ai peine à reconnaître l'Athos II, pourtant un prestigieux et grand paquebot français de la compagnie des Messageries maritimes. Sa coque et ses cheminées devraient être noires. Le navire est ramassé et dessiné comme un jouet grossier. Sur la coque noire, il manque deux rangs horizontaux de hublots (pour des passagers). Il manque plein de mâts à l'avant (entre la passerelle et l'avant du navire). La passerelle ne ressemble à rien, ni dans la forme ni dans le nombre de sabords. L'ancre rentrée dans son écubier à l'avant est remplacée par deux étranges ronds. Les embarcations de sauvetage sont réduites (en nombre et en forme) à presque rien. Surtout, des plans inclinés ont été ajoutés, l'un à l'avant et l'autre à l'arrière. Je joins le dessin où j'ai mis des flèches rouges pour désigner ces plans inclinés :
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Ces plans inclinés sont des radeaux de sauvetage supplémentaires, qui ont été ajoutés pendant la Seconde guerre mondiale, et qui n'étaient donc pas présents sur le paquebot en 1931 ! Ces radeaux sont pleins, or, le coloriste a cru que ce sont des échelles (car dessinés comme des échelles), et il a colorié ces "échelles" avec un fond de ciel bleu, qu'on apercevrait entre les barreaux...!

Au bout de la flèche bleue que j'ai ajoutée également sur le dessin, je désigne des hublots qui sont en petit nombre, alors qu'il faut bien davantage de hublots à cet endroit (26 exactement) car la coque à cet endroit est bien plus longue que ça ; pour dire que le dessin, très ramassé, rétrécit la longueur du navire.

Bref. Si le Georges Philippar, navire très important dans la BD, de la même compagnie que l'Athos II (et que le Félix Roussel, d'ailleurs, que j'ai cité plus haut), est aussi sérieusement représenté, hum hum...

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