Nombre de messages : 1776 Localisation : Avec ceux que j'aime Date d'inscription : 20/06/2011
Bonsoir
Le commissaire de course vient d'agiter le drapeau à damier et mon carrosse a franchi la ligne d'arrivée . J'ai donc lu Les chevaliers de Königsfeld. Et bien, ce domaine des rois cache une belle bande dessinée.
Commençons par les points négatifs. Ils sont mineurs et cela permettra de mieux se concentrer sur les atours de l'œuvre. Tout d'abord, les visages masculins se ressemblent bien étrangement. Mais pourquoi donc Graton est-il allé dans cette galère ? Bon. Bah. Nul n'est parfait. Un autre point me chiffonne, l'antiféminisme de cette BD quelque peu masculine. Gabrielle figure un joli pot de fleur. Emotive à souhait, elle se réfugie promptement dans les bras de Michel au moindre tracas. Hum .
Passons maintenant aux points positifs. A tout seigneur, tout honneur, l'enracinement dans la culture allemande de la BD avec en point d'orgue le recours à un lointain descendant des chevaliers teutoniques. Bien d'autres références germaniques jalonnent le scénario, à commencer par l'omniprésence du titre Doktor qui, outre-rhin, incarne le prestige du diplôme. Et bien évidemment l'emblématique circuit automobile du Nürburgring.
Un autre point fort du scénario est la disparition progressive des pilotes. On se croirait presque dans Les dix petits nègres d'Agatha Christie. Le suspens savamment distillé crée une ambiance angoissante, renforcée bien évidemment par des lieux sinistres à souhait. Et puis, Graton joue avec le lecteur en semant des fausses pistes notamment lors de la reconstitution finale. Je confie, peut être influencée par la reine du crime, avoir longtemps soupçonné Spangenberg.
La fin est très positive avec un méchant pas si méchant que cela. Et cerise sur le gâteau pour les amatrices(teurs) de courses, le grand prix d'Allemagne est sauvé
Les décors sont superbes, romantiques à souhait. A ce sujet, le château, ancien, fier et mystérieux, m'a rappelé celui maudit de Valhardi (https://www.bedetheque.com/media/Couvertures/valhardi03couv.jpg). Les fréquentes brumes le coupent du monde extérieur. Et la scène de l'orage, avec la foudre tombant sur la forteresse, dramatise à souhait l'intrigue, avec une atmosphère de fin du monde. Roger Leloup a d'ailleurs suivi les pas de Graton dans son Orgue du diable. De plus, le dessinateur nous offre de superbes vignettes avec l'architecture gothique en toile de fond. La salle des gisants mérite clairement la visite !
D'une façon générale, les dessins nocturnes sont d'excellente facture, avec des vignettes le plus souvent bicolores.
J'ai donc apprécié cette lecture et la classe sur le podium des meilleurs Michel Vaillant, à égalité avec Le pilote sans visage, et devant Le retour de Steve Warson et Route de nuit.
Je ne peux pas terminer cette chronique sans vous emmener dans une salle obscure. Mais si... Mais si... Elles ne sont pas toutes fermées. Et je vous invite à regarder un extrait d'Alexandre Nevski, le superbe film d'Eisenstein, avec en bande sonore la cantate éponyme de Prokofiev. On y trouve les chevaliers teutoniques évoqués plus haut. Bonne projection
Eléanore
Dernière édition par eleanore-clo le Dim 21 Fév - 10:56, édité 1 fois
Nombre de messages : 2363 Age : 61 Localisation : Lyon Date d'inscription : 13/07/2014
Je trouve aussi très intéressante cette mise en perspective avec les chevaliers teutoniques mis en scène dans Alexander Nevski.
Vous avez raison, le rôle des femmes, surtout dans les premiers albums, est très stéréotypé. Il est le reflet d'une époque et quand on lit la série tout entière, on s'aperçoit que graduellement il évolue, jusqu'à l'actuelle "Nouvelle Saison'" dirigée par Philippe Graton.
Nombre de messages : 34266 Age : 68 Localisation : Lausanne Date d'inscription : 03/03/2009
Est-ce qu'eleanore-clo va continuer à découvrir les albums de la bonne époque de Michel Vaillant, par exemple LesCasse-cou (presque garantis sans course automobile et qui se passent dans le milieu du cinéma) ou Le 13 est au départ (cette fois-ci consacré uniquement au 24 Heures du Mans et qui contient un suspense magnifique) ?
Nombre de messages : 2363 Age : 61 Localisation : Lyon Date d'inscription : 13/07/2014
Sans parler du de Mach 1 pour Steve Warson qui voit apparaître une des grandes figures de la série (chut, je ne dis pas laquelle) et le fabuleux Le fantôme des vingt-quatre heures aux étranges et fascinantes scènes nocturnes !
Nombre de messages : 1776 Localisation : Avec ceux que j'aime Date d'inscription : 20/06/2011
Bon, avant de ranger mon carrosse dans son paddock, j'ai lu Le 13 est au départ et Le fantôme des 24 heures.
Deux titres voisins, sur les mêmes lieux et pourtant très différents.
Concernant le premier titre, la famille Vaillant est au premier plan. Sa force, puissante et indestructible, sous-tend le recit. Et la vedette du récit ne serait elle pas la maman de Michel Vaillant ? Son rêve prémonitoire structure toute la suite de l'aventure et elle révèle une belle résilience en trompant son entourage et en se rendant au Mans. Future épouse du pilote, Françoise fait ici une apparition mouvementée que je n'hésite pas à qualifier de caricaturale et sexiste ).
Le suspens est complexe. Si la mort du héros était impensable (Graton ne pouvait pas tuer sa poule aux œufs d'or), par quel biais le scénariste allait-il se sortir du nœud gordien si finement tramé ? En bien, la sortie est honorable grâce à une bifurcation très opportune, un deus ex machina fort pratique. Quoiqu'il en soi, l'accident de 1955 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Accident_des_24_Heures_du_Mans_1955) était encore dans les esprits et on peut comprendre qu'il ait indirectement inspiré l'auteur.
J'ai découvert le monde de la course de l'intérieur avec les multiples vérifications faites par les commissaires de piste et l'adaptation de la boite de vitesse au profil du circuit. Bon, moi, je passe en 5ème vitesse à 80 km/h pour économiser le carburant et ne risque donc pas de faire concurrence à Michel Vaillant qui la passe si tardivement dans la ligne droite des Hunaudières . Que ne fait-on pas pour gagner quelques fractions de seconde
Au final, une BD gentille. Et je confie avoir préféré Le fantôme des 24 heures dont je parlerai dans mon prochain billet
Nombre de messages : 385 Age : 78 Localisation : ouest bretagne Date d'inscription : 21/10/2011
Au contraire je trouve que la présence de Françoise dans"le 13 est au départ"est un grand plus,il ne faut pas voir du sexisme partout,c'est bien dans la mouvance actuelle ce genre de remarque.
Nombre de messages : 1776 Localisation : Avec ceux que j'aime Date d'inscription : 20/06/2011
Bonjour
J'ai donc apprécié Le fantôme des 24 heures.
Le thème d'un fantôme malfaisant dans un lieu prestigieux fait bien évidemment penser au roman de Gaston Leroux, Le fantôme de l'Opéra. Et le dessin kitch de la projection mentale du Leader fait irrésistiblement penser à la série britannique The invisible man (1958-1959).
Le thème et le graphisme génère une ambiance angoissante, renforcée par l'usage de nombreuses scènes de nuit. Ainsi, les tribunes des spectateurs deviennent un lieu maléfique, inquiétant, dangereux. En globalisant, le circuit des 24 heures devient un immense huis-clos, une sorte de château hanté géant.
Le suspens relatif à la course est plutôt faible car il est évident dès la première minute que Michel Vaillant gagnera les 24 heures, devant Jacky Ickx l'invité vedette de cet opus . J'eus préféré que le fantôme soit plus actif et ne se contente pas des menaces profanées sur le bord de la piste. On aurait pu l'imaginer au milieu de la piste, déstabilisant le héros et provoquant un accident !
Le recours à des asiatiques fleure le vieux thème du péril jaune. Les pilotes mongols succèdent ainsi à Gengis Khan ! Et le côté inquiétant du Leader, ses attaques intérieures au monde "blanc" font penser au héros maléfique de Sax Rohmer : Fu Manchu.
Côté graphisme, les décors sont toujours aussi soignés. Côté personnages, j'ai bien évidemment été gênée par le profil Graton, cet étrange tic de dessin qui fait que tous les hommes se ressemblent.
J'ai regretté les couleurs de l'album. J'eus aimé une ambiance plus sombre, plus nocturne, ne serait-ce que pour créer un contraste entre la nuit et le fantôme.
Nombre de messages : 34266 Age : 68 Localisation : Lausanne Date d'inscription : 03/03/2009
A partir de ce album, "le Leader" est bien sûr devenu le grand méchant de la série Michel Vaillant et il est réapparu à de multiples reprises dans la saga. Malheureusement, plus il réapparaissait et plus le personnage devenait fade. Cet orgueilleux personnage est finalement devenu une sorte d'ermite dans l'Himalaya, où il a fini par mourir (au alentours de l'album N° 60) presque réconcilié avec ses ennemis. C'est au fond une belle conclusion.
C'est certainement dans le Fantôme des 24 Heures que le terrible Leader s'est montré le plus impressionnant et, contrairement à toi, je trouve assez logique qu'il n'ait pas utilisé de moyens déloyaux (ou illégaux). Ce n'est en effet pas comme cela que Graton concevait son personnage. Le Leader est bouffi d'orgueil, certes, mais il veut vaincre loyalement ses adversaires ... et uniquement sur les pistes de courses automobiles. Eh oui, Graton était comme cela ! Et ses personnages lui ressemblaient.
Nombre de messages : 34266 Age : 68 Localisation : Lausanne Date d'inscription : 03/03/2009
Les premières histoires courtes de Michel Vaillant ont été rééditées en album ! Il devrait sortir incessamment en librairie.
Voici la liste et les dates de parution des histoires courtes : "Bon Sang ne peut mentir" (1957), "Bagarre sur la nationale 7" (1957), "La 24e Heure" (1957), "La Vaillante marathon" (1957), "Sa Plus Belle Victoire" (1957), "La Clé de 12" (1958), "Un Prêté pour un rendu" (non daté), "Attention, pilote dangereux" (1968), "La Première Course de Michel Vaillant" (1966), "Le Salon de l'auto 1946" (1966).
Il y a une histoire que je ne connais pas dans cette liste, c'est "Un prêté pour un rendu". Vais acheter l'album pour une seule histoire ?
Dernière édition par Raymond le Ven 28 Mai - 15:52, édité 1 fois
Nombre de messages : 2363 Age : 61 Localisation : Lyon Date d'inscription : 13/07/2014
Ah ah !!!!!! Voilà qui est fort intéressant. Mais je me demande si on ne les trouve pas toutes dans l'intégrale, il est vrai réparties de volume en volume au lieu d'être réunies comme ici.
Nombre de messages : 34266 Age : 68 Localisation : Lausanne Date d'inscription : 03/03/2009
J'avais oublié de fouiner dans mon disque dur, où se trouvent quelques raretés !
J'y ai trouvé Un prêté pour un rendu, une histoire publicitaire qui doit dater du début des années 60 (au vu du style du dessin). Elle fait 4 pages et je vous montre ici la première !
Nombre de messages : 2363 Age : 61 Localisation : Lyon Date d'inscription : 13/07/2014
Je saute afin de ne pas trop en voir mais cela a l'air très beau en effet ! Moi non plus je ne connais pas ce récit. Je vais donc guetter la sortie de cet album ! Merci de nous en avoir donné annonce !
Nombre de messages : 452 Localisation : bretagne Date d'inscription : 09/11/2018
eleanore-clo a écrit:
J'ai donc lu Route de nuit.
Le temps fort de cette BD est bien évidemment la traque de la Jaguar blanche. Vraie chasse qui n'est pas sans rappelée la nouvelle Le prix du danger, parue quatre années plus tôt (https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Prix_du_danger_(nouvelle)). Les multiples rebondissements de cette course-poursuite recréent l'équivalent d'un grand prix de F1, ce que Graton a pourtant soigneusement choisi de ne pas faire . Les habitudes ont la peau dure !
Le vrai héros de la BD n'est ni Michel Vaillant, ni Yves, mais plutôt le routier. Comme l'a souligné Raymond, l'auteur s'est soigneusement renseigné sur ce métier. La vie nomade, les lieux propres (les relais le long des routes nationales) et la culture propre (l'émission Inter Service Route / Route de nuit animée par Roland Dhordain) sont ici glorifiés dans une optique fleurant bien les Trente Glorieuses. C'est une armée au service du pays et qui compte ses victimes (le père d'Yves). Duel n'a pas encore été tourné (https://fr.wikipedia.org/wiki/Duel_(t%C3%A9l%C3%A9film)) et la stigmatisation de camions pollueurs et encombrant les routes reste à inventer.
C'est d'ailleurs un des grands plaisirs de la BD : le regard positif et constructif de Graton. Les méchants ne sont pas vraiment méchants (Régis) et l'erreur est toujours réparable (Jules et Yves). Et puis, avec sa future école, l'entreprise Vaillant incarne la RSE (https://fr.wikipedia.org/wiki/Responsabilit%C3%A9_soci%C3%A9tale_des_entreprises). Enfin, le scénario encense les motards de la police, surnommés ici les anges de la route. Tout le futur Beauvau de la sécurité tient dans cette BD !
Les dessins ne m'ont pas marquée à l'exception des vignettes de nuit.
Je viens de relire Route de nuit après une très longue éclipse, car j’étais resté sur l’image d’un insupportable Michel Vaillant donneur de leçons – et c’est une belle surprise, même si je n’accroche toujours pas à ce fils-à-papa qui roule les mécaniques (décapotables) sur la Côte d’Azur !
Il y a d’abord le parfum des Trente Glorieuses, comme le souligne très justement Eléanore-Clo, avec la voix de Gilbert Bécaud sur « France I », le portrait de de Gaulle au mur de la gendarmerie de Pelissanne et Yves Douléac qui devient digne d’intégrer l’école de pilotage Vaillant dès lors qu’il coupe sa « tignasse » et renonce à son blouson noir et aux « da di dou dou » (annonciateurs des da dou ron ron de Johnny !) des juke-boxes : les choses alors étaient simples…
Il y a ensuite, comme toujours chez Graton, la capacité à rendre des ambiances, notamment de nuit (comme l’a aussi souligné Eléanore-Clo) – 25 planches, soit 40% de l’album, se passent la nuit - Une vignette comme celle du passage sur le pont routier de Moerdijk sous la pluie, qui fait penser aux réussites du Retour de Steve Warson, on est immédiatement « dedans » :
Il y a enfin les douze planches de la chasse à la Jaguar blanche, qui se referment sur la carcasse retournée, devenue vraiment fantomatique, dont le découpage est une leçon de B.D. Oui, vraiment de la belle ouvrage !
Nombre de messages : 34266 Age : 68 Localisation : Lausanne Date d'inscription : 03/03/2009
La série "Michel Vaillant Histoires courtes" sort son tome 2, qui s'intitule Seventies ! J'ai feuilleté cet album hier pendant ma tournée hebdomadaire des librairies.
Au programme, certaines histoires courtes parues dans les hors séries "Michel Vaillant" et "Steve Warson", mais aussi des histoires petit format publiées initialement dans le Tintin Sélection. Il est vrai qu'il y a dans ces "pockets" une immense réserve de BD peu connues, dont l'intérêt est variable.
J'ai hésité et ... pas acheté, du moins pas encore.
Nombre de messages : 726 Localisation : Sud de la France Date d'inscription : 20/06/2016
Raymond a écrit:Je viens de recevoir cette publicité par e-mail. Il s'agit d'un album collector de 120 pages consacré à Michel Vaillant, annoncé comme un "Herobook" !
Il doit avoir été publié par un petit éditeur car il s'achète sur internet, à l'adresse suivante.
Livres - HeroBook Michel Vaillant par Prisma Editions (collectorbd.com)
Ce site décrit le contenu du livre.
Merci Raymond pour cette info , je viens justement de le commander , grâce à toi !! cool.
Pour ce qui est des albums histoires courtes , celui comme moi , qui a l 'intégrale de Michel Vaillant , peut facilement ce passer de cette publication car tout est dans les 20 tomes . Un Must !!!