Parmi ce foisonnement de revues critiques au début des années 70, il ne faudrait pas oublier
Hop, le seul de ces magazines qui survive à l'heure actuelle. Je vais donc lui consacrer une petite notice, même s'il existe déjà un autre sujet dédié à ce fanzine.
Cette revue a été créée en 1972 par une équipe de jeunes amateurs vivant à Aurillac. Elle était regroupée autour des frères Pouget qui éditaient auparavant une revue de lycée nommée
Wigwam. Lors de la fondation de
Hop, cette équipe a fait connaissance avec Louis Cance, un dessinateur de
Pif qui vivait dans la même ville et qui avait une connaissance encyclopédique de la BD (il l'a toujours d'ailleurs
). Ayant déjà collaboré avec des revues comme les
Cahiers de la BD, Louis Cance s'est rapidement imposé comme le rédacteur en chef d'un journal auquel il a imposé une approche très professionnelle. Il reste aujourd'hui l'âme de ce fanzine qui a résisté à toutes les modes.
Au départ,
Hop n'est rien au fond de plus qu'un fanzine parmi d'autres, publiant de courtes interviews et des notices très succintes sur divers auteurs. Il se distingue cependant assez vite sa volonté de précision et son sérieux. Comme par ailleurs la maquette est d'emblée bien conçue et que la revue bénéficie d'une belle impression en offset, le fanzine prend rapidement une allure semi-professionnelle.
La caractéristique de
Hop, c'était de vouloir reporter et commenter toutes les publications qui ont trait à la BD, sans échelle de valeur préconçue, que ce soient des albums, des journaux, des petits formats ou des revues d'études. Ce travail de recensement a longtemps occupé l'essentiel du journal et j'avoue que cet effort d'exhaustivité, quoique méritoire, m'a plutôt laissé indifférent. Au cours des années 2000, la pléthore de publications a tout de même fini par déborder les capacités d'absorption de Louis Cance. Aujourd'hui,
Hop se limite à commenter une sélection choisie d'albums, généralement ceux dont on ne parle pas dans
DBD ou
Casemate.
Curieusement, l'autre grande spécialité de Louis Cance, à savoir ses longues bibliographies consacrées à un dessinateur (qu'il réalisait d'ailleurs pour "les Cahiers"), ne sont apparues que plus tardivement. La première "biblio" d'envergure n'apparait ainsi qu'au N° 11, au sujet de Chott, et elle s'est poursuivie sur plusieurs numéros. Ce n'est qu'à partir du N° 19, avec le dossier Artima, que ces travaux deviennent plus systématiques.
Quelques dates marquantes dans la longue histoire du fanzine:
- Au N° 26-27, un "spécial BD" avec un choix intéressant, en particulier une histoire de 44 pages de Goscinny et Uderzo (Benjamin et Benjamine) toujours inédite à ce jour
- Au N° 40, un "spécial Jijé" qui reste aujourd'hui une référence absolue. C'est en fait une véritable monographie, chose rare de la part de
Hop, et elle s'impose maintenant grâce à sa très longue interview et sa bibliographie exhaustive.
- Au N° 44, un "spécial Charlier" qui est également un numéro d'anthologie. Il se présente comme une longue interview richement illustrée du scénariste, lui permettant de commenter toute son oeuvre.
- Au N° 55, apparition du premier "Nostalgie BD", mélange de rééditions et de fiches qui résument l'évolution d'une série ou la carrière d'un auteur (parfois avec une interview). Avec cette formule, qui alterne avec un "Hop Actualités" plus traditionnel, Louis Cance a trouvé la solution définitive. Il n'a plus changé depuis et l'ensemble des "Hop Nostalgie" forme aujourd'hui une très belle collection vouée à l'histoire de la BD.
Bon, je m'arrête là car j'ai été un peu plus long que prévu. Pour en savoir plus, vous pourrez trouver la liste de tout ce qu'a publié
Hop sur cette
page.