Autre fanzine important de cette époque,
Falatoff a publié 38 numéros tout au long des années 70. De nature plutôt indépendante et contestaire, cette revue s'est néanmoins retrouvé sous "la chappe" des
Cahiers de la BD, quoique ses rédacteurs aient pu écrire. Cette influence s'est toutefois manifestée de façon paradoxale, par une sorte de refus. Comme les "Cahiers" représentaient le bon goût et la "culture",
Falatoff s'est volontairement retranché dans le camp inverse, et est devenu le défenseur de la "contre-culture".
Cette stratégie éditoriale s'est manifestée aussi bien dans le choix de la maquette que le contenu de la publication. Les "Cahiers" étaient une journal bien imprimé et en offset, et Falatoff est longtemps resté une revue ronéotypée, ce qui lui donnait d'aileurs un aspect très "amateur". Schtroumpf aérait ses analyses de nombreuses images généralement bien choisies, et Falatoff remplissait ses pages d'un texte resserré, parfois difficilement lisible. La revue de Glénat ayant choisi de privilégier l'analyse critique, Falatoff s'est tourné vers la publication de dessinateurs débutants (Volny, Mako, Zorin etc...). Les "Cahiers" établissaient au fil de leurs numéros une sorte de liste de grands classiques, et Falatoff a dès lors interviewé des dessinateurs peu connus, débutants ou underground.
Relevons cependant qu'au cours des 10 premiers numéros,
Falatoff ne se démarquait pas de manière aussi nette et s'intéressait aux grands dessinateurs contemporains. C'est ainsi qu'ils ont interviewé Franquin, Claire Bretécher ou Jacques Martin d'une manière souvent très intelligente. L'agressivité vis à vis des "Cahiers" n'est apparue que plus tard, et les rédacteurs n'ont alors pas hésiter à brocarder
Phénix ou
Schtroumpf dans leurs colonnes de "news".
Après une vingtaine de numéros ronéotypés,
Falatoff a tout de même adopté l'offset, mais sans renier ses choix éditoriaux. Je possède ainsi le N° 24 qui est consacré à Cabu et dont la présentation est presque agréable. Il contient une interview assez longue et une courte présentation de
l'Assiette au beurre avec des commentaires de Cabu lui même. Le reste du journal est rempli de BD de dessinateurs qui n'ont pas fait une grande carrière.
Relevons en passant que Patrick Dumas ("Pix") a publié ses premières planches dans
Falatoff, mais dans des numéros que je n'ai jamais vu.
La publication du fanzine s'est achevée en 1977 mais l'équipe de Jean-Pierre Mercier a ensuite fondé les
éditions Artefact. Ceci leur a permis de poursuivre le même travail, mais c'est déjà une autre histoire ...