Quand Charlier est mort, j'ai continué à acheter et à lire les nouveaux albums de la "Jeunesse de Blueberry" réalisés dans un premier temps par le tandem Wilson / Cortegianni. Lorsque Blanc-Dumont a repris le dessin, j'ai poursuivi encore mes achats et la lecture durant quelque temps, mais je me suis assez vite lassé de récits qui ne m'accrochaient plus vraiment.
Cortegianni, rompu aux histoires comiques, appliquait des recettes, sans jamais égaler Charlier. Pire, à la façon de Yann, il se permettait d'introduire des clins d'oeil gratuits et inutiles dans une série où ceux-ci sont déplacés (il existe une esthétique, donc des codes, propres au western -genre cinématographique à la base- comme il y en a pour le film noir).
Corté, s'est mis à recycler des idées plus ou moins déjà exploitées par Charlier, dans la série mère ou dans la Jeunesse (complots, etc...), laissant trop souvent une impression désagréable de "déjà vu" et de convenu. Charlier avait déclaré, dans une interview, que les thèmes étant limités dans le western, il viendrait un temps où il ne pourrait que très difficilement se renouveler et imaginer de nouvelles histoires de Blueberry. Ce qui signifie qu'il avait une certaine idée de son art et qu'il n'était pas prêt, malgré d'évidentes facilités et un savoir faire incomparable, à pondre du scénario pour noircir des pages et vendre du papier au kilomètre. Les limites évoquées par Charlier ne semblent pas freiner Cortegianni.
Aujourd'hui, je dois avouer que j'ai fini par ne plus acheter les nouveaux albums de "la Jeunesse". J'ai renoncé à compléter ma collection avec des albums qui me sont indifférents et ne pourront qu'alourdir inutilement une étagère.
Ce que je découvre de ce "Convoi des bannis" n'est pas de nature à me faire changer d'avis. Merci pour le lien, tout de même, Treblig.