Aimée de Jongh est une dessinatrice néerlandaise née en 1988.
Grâce à L’Obsolescence programmée de nos sentiments, sur un scénario de Zidrou, elle a accédé à la notoriété en 2018. Elle bénéficie même d'une page sur Wikipédia !
Elle a depuis progressé et vient de sortir, Jours de sable, une œuvre qu'elle a scénarisée et dessinée.
En 1937, John Clark, un jeune photographe américain est embauché par l'administration fédérale en charge d'aider les fermiers victimes de la Grande Dépression. Son travail sera de rendre compte de la souffrance des agriculteurs vivants dans le bassin de la poussière, un territoire situé dans les Grandes Plaines, à cheval sur les états du Kansas, de l'Oklahoma et du Texas. Ce bassin, le Dust Bowl, est touché par la sécheresse et une succession de tempêtes de sable. Le jeune homme peine d'abord à prendre connaissance avec des paysans hostiles à l'idée de devenir l'objet de ses photographies. Mais, petit-à-petit, John s'intègre dans la communauté, prend fait et cause pour ses habitants et fait même la connaissance de Betty, une jeune veuve...
L'ancrage historique de l'intrigue est parfait et le livre est découpé en chapitre, chacune préfacée par une photographie des Dust Bowl. Une postface pose le contexte et fournit maintes informations complémentaires. L'auteure insiste sur la responsabilité écologique des fermiers dont la surexploitation des terres a contribué au désastre. Faut-il y avoir un cri d'alarme et un appel à notre responsabilité collective face aux défis du 21ème siècle ?
Mais De Jongh va bien plus loin. Elle nous montre la lente évolution du photographe. Il perd toute distanciation avec ces sujets au point même de se remettre en cause et de de ne plus supporté le travers voyeuriste et manipulateur de sa mission. Voilà donc une thématique très actuelle que l'on peut aisément projeter sur les médias actuels. Où s'arrête l'information objective et de qualité ? Où commence l'approximation et la mise en scène calculatrice ?
Le graphisme me plait beaucoup et j'ai essayé de résumer ce style dans le titre du fil. Les personnages semblent sortis de photographie et la dessinatrice réussit non seulement à les rendre beaux (sans Photoshop ) mais aussi et surtout à faire parler leur visage. Le caractère des héros de cette BD se lit sur leurs traits, dans leurs yeux. Une belle prouesse. Et les décors ne sont pas en reste, à New-York comme dans le Dust Bowl.
En fait, cette BD constitue un magistral prologue aux Raisins de la colère de Steinbeck. De Jongh nous fait mieux comprendre le dilemme de ces fermiers, déchirés entre leur terre et la promesse d'un avenir meilleur en Californie.
L'auteure est un talent en devenir, une future grande pour citer Raymond, et nul doute qu'elle saura nous enchanter encore davantage dans ses prochaines créations.
EEE
Eléanore
Grâce à L’Obsolescence programmée de nos sentiments, sur un scénario de Zidrou, elle a accédé à la notoriété en 2018. Elle bénéficie même d'une page sur Wikipédia !
Elle a depuis progressé et vient de sortir, Jours de sable, une œuvre qu'elle a scénarisée et dessinée.
En 1937, John Clark, un jeune photographe américain est embauché par l'administration fédérale en charge d'aider les fermiers victimes de la Grande Dépression. Son travail sera de rendre compte de la souffrance des agriculteurs vivants dans le bassin de la poussière, un territoire situé dans les Grandes Plaines, à cheval sur les états du Kansas, de l'Oklahoma et du Texas. Ce bassin, le Dust Bowl, est touché par la sécheresse et une succession de tempêtes de sable. Le jeune homme peine d'abord à prendre connaissance avec des paysans hostiles à l'idée de devenir l'objet de ses photographies. Mais, petit-à-petit, John s'intègre dans la communauté, prend fait et cause pour ses habitants et fait même la connaissance de Betty, une jeune veuve...
L'ancrage historique de l'intrigue est parfait et le livre est découpé en chapitre, chacune préfacée par une photographie des Dust Bowl. Une postface pose le contexte et fournit maintes informations complémentaires. L'auteure insiste sur la responsabilité écologique des fermiers dont la surexploitation des terres a contribué au désastre. Faut-il y avoir un cri d'alarme et un appel à notre responsabilité collective face aux défis du 21ème siècle ?
Mais De Jongh va bien plus loin. Elle nous montre la lente évolution du photographe. Il perd toute distanciation avec ces sujets au point même de se remettre en cause et de de ne plus supporté le travers voyeuriste et manipulateur de sa mission. Voilà donc une thématique très actuelle que l'on peut aisément projeter sur les médias actuels. Où s'arrête l'information objective et de qualité ? Où commence l'approximation et la mise en scène calculatrice ?
Le graphisme me plait beaucoup et j'ai essayé de résumer ce style dans le titre du fil. Les personnages semblent sortis de photographie et la dessinatrice réussit non seulement à les rendre beaux (sans Photoshop ) mais aussi et surtout à faire parler leur visage. Le caractère des héros de cette BD se lit sur leurs traits, dans leurs yeux. Une belle prouesse. Et les décors ne sont pas en reste, à New-York comme dans le Dust Bowl.
En fait, cette BD constitue un magistral prologue aux Raisins de la colère de Steinbeck. De Jongh nous fait mieux comprendre le dilemme de ces fermiers, déchirés entre leur terre et la promesse d'un avenir meilleur en Californie.
L'auteure est un talent en devenir, une future grande pour citer Raymond, et nul doute qu'elle saura nous enchanter encore davantage dans ses prochaines créations.
EEE
Eléanore
Dernière édition par eleanore-clo le Mer 8 Sep - 23:30, édité 1 fois