Lefranc, Alix, Jhen ... et les autres
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50 ans avec Jacques Martin

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22650 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Mer 8 Jan - 16:50

Raymond

Raymond
Admin

Pendant l'année 1997, il y eut aussi la publication du fameux livre d'Hugues Dayez qui s'intitulait Le duel Tintin-Spirou. L'idée de départ avait été de donner la parole aux auteurs ayant travaillé dans ces deux journaux, dont la rivalité avait entraîné une émulation mutuelle et finalement une véritable éclosion de la bande dessinée belge.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1997-d10

Jacques Martin faisait bien sûr partie des dessinateurs marquants du journal Tintin et il avait été interviewé dans ce livre, en même temps d'autres grands auteurs comme Craenhals, Tibet ou Greg. Comme à son habitude, le maître était volontiers très disert, mais il évitait soigneusement les déclarations qui auraient pu réveiller de vieux litiges.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1997-d11

A l'époque, cette interview assez lisse ne m'avait pas fait une grande impression, mais il était tout de même intéressant de lire ce que Jacques Martin pensait de Rafael Morales, Gilles Chaillet ou Jean Pleyers. Au sujet de ce dernier, il réagissait en fait assez vivement à l'inclusion humoristique de sa caricature dans la BD "Giovani" (montrée dans le post N° 215). Il déclarait en effet : "entre Jean Pleyers, le dessinateur de Jhen, et moi-même, il y a eu la mort du père, ça c'est certain." Cette caricature n'était donc pas passée inaperçue.   Cool

La conclusion de cet entretien, qui parlait de la bande dessinée historique, n'était pas très modeste mais elle était tout de même assez proche de la vérité. Ecoutons le "maître" : Je peux vous dire que je ne suis pas "un des" précurseurs, je suis LE précurseur ! j'en tire vanité, parce qu'avant moi, il y avait tout juste "Prince Vaillant" aux USA, qui était très peu diffusé en France." Il me semble que Jacques martin oublie quelques auteurs, comme par exemple Liliane et Fred Funcken, mais il est vrai que son aura est assez immense dans le domaine de la BD historique. Et puis, le père d'Alix ne cherchait pas toujours à être modeste.

En tout cas, en dehors de son problème oculaire, il était manifestement toujours en pleine forme. Very Happy


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22750 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Mer 8 Jan - 21:29

stephane

stephane
vieux sage
vieux sage

Hum, historiquement et chronologiquement, tu penses que les Funken ont commencé la bd historique avant Martin?

http://alixmag.canalblog.com/

22850 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Jeu 9 Jan - 0:26

Raymond

Raymond
Admin

En fait, les Funcken ont commencé à faire des BD historiques pendant les années 50, donc quelques années après Jacques Martin, c'est vrai, mais ils ont travaillé d'une manière tout à fait indépendante. Leur "Chevalier Blanc" ne doit rien du tout à Alix et le couple a lentement mûri sonstyle, en s'intéressant à des époques différentes et en se préoccupant plus de l'authenticité des costumes que des questions d'architecture.

Sirius a lui aussi commencé ses "Timour" au début des années 50, à sa propre manière et en respectant de façon assez scrupuleuse la réalité historique. Il n'est pas devenu aussi connu que Jacques Martin, mais il a participé à la création de la BD historique.

Et on pourrait citer encore d'autres auteurs du journal Vaillant, de Coq Hardi, des éditions Mondiales, et j'en passe ...  

Jacques Martin est certainement le dessinateur le plus prestigieux des années 50 et 60 dans le genre historique, mais il n'a pas tout inventé. Wink


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22950 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Jeu 9 Jan - 11:30

Raymond

Raymond
Admin

Pendant l'année 1998, il y eut "l'intermède Dargaud" qui fût une belle surprise !

Il était évident que des frictions s'étaient produites entre Jacques Martin et Casterman au début des années 90, mais le maître semblait être retourné sagement chez cet éditeur en 1996, avec des albums comme "La Camarilla" et "Ô Alexandrie". Mais voilà qu'au début 1998, Jacques Martin publiait chez Dargaud la 13ème aventure de Lefranc intitulée le Vol du Spirit. C'était un véritable renversement des alliances.   Shocked

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1998-l10

L'explication était en fait toute simple, Jacques Martin avait effectivement rompu avec Casterman depuis plusieurs années, mais il devait encore donner un album de Lefranc et d'Alix à cet éditeur avant de pouvoir publier leurs aventures ailleurs. La rupture ne devint donc évidente qu'assez tardivement, lorsque le contrat avait réellement pris fin.

Et c'est ainsi que je découvris au printemps 1998 cet album Dargaud qui était toujours dessiné par Gilles Chaillet. J'avais majestueusement méprisé "La Camarilla" deux ans auparavant et comme le nouvel album présentait manifestement les même défauts (sur le plan graphique surtout), je l'ignorai de la même façon. Ce n'est qu'au cours des années 2000 que je l'achetai sur le marché de l'occasion, par curiosité plutôt que par intérêt, et que je pus vraiment me faire une idée.

J'étais déjà un peu habitué à la qualité irrégulière du dessin de Gilles Chaillet, et je m'intéressai donc davantage au récit, qui n'était au fond pas si mauvais que cela.

Jacques Martin s'est toujours intéressé aux avions (son père était d'ailleurs pilote) et cette aventure de Lefranc découlait de la fascination qu'éprouvait l'auteur pour l'exploit de Lindberg. Il imaginait donc qu'Axel Borg avait réussi à voler le "Spirit of Saint-Louis", le vieil avion sur lequel Lindberg avait réussi sa traversée de l'Atlantique, et qu'un bateau avait amené en cachette cet appareil en Irlande. Lefranc réussissait ensuite alors à dérober l'avion à Borg, et il le ramenait aux USA en survolant lui aussi l'Atlantique en sens inverse. C'était une assez belle idée.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1998-l11

La fin du récit racontait les difficultés rencontrées par Lefranc pour faire voler ce vieux coucou au dessus de l'Atlantique. Ce n'était pas réellement angoissant mais l'aventure était plutôt originale.

Mais avant ce vol périlleux, il y avait une petite "aventure irlandaise" qui permettait à Lefranc de faire connaissance avec une fougueuse rouquine. Leur rencontre était présentée d'une façon presque humoristique et Lefranc se dévergondait un peu en embrassant la fougueuse irlandaise. La série affirmait ainsi un côté un peu plus adulte.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1998-l12

Le dessin des personnages restait sinon très irrégulier, mais les décors de la verte Irlande, et surtout du Connemara, ne manquaient pas de charme. Certaines images devenaient presque des chromos susceptibles de réveiller d'éventuels souvenirs de vacances. Wink

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1998-l13

Ce récit restait un peu anecdotique, mais je commençais à comprendre que Lefranc était devenu pour Jacques Martin un moyen de faire divers essais narratifs ou de tester différentes idées. Alors que les deux premières aventures étaient de véritables thrillers, le maître s'était par la suite amusé à imaginer la véritable histoire de l'hôtel Weisshorn (dans le Repaire du Loup), à se venger symboliquement des pirates de l'air qui détournaient des avions de ligne (dans l'Oasis), à réinterpréter différemment la disparition de son père pendant sa jeunesse (dans l'Arme absolue) ou à trouver une solution contre la surpopulation de la Terre (dans l'Apocalypse). Le Vol du Spirit était une nouvelle rêverie du même genre, et Lefranc était maintenant un héros passe-partout qui lui permettait de concrétiser certaines idées, pour ne pas dire certaines foucades.  Wink

Aujourd'hui, le Vol du Spirit est un album qui se relit assez facilement, malgré ses faiblesses graphiques, mais Lefranc n'a définitivement plus le même prestige qu'Alix … à mon avis !

Le monde moderne ne me fait pas autant rêver que l'Antiquité.  Very Happy


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23050 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Jeu 9 Jan - 18:17

Tarmac

Tarmac
vieux sage
vieux sage

Raymond a écrit:
J'étais déjà un peu habitué à la qualité irrégulière du dessin de Gilles Chaillet, et je m'intéressai donc davantage au récit, qui n'était au fond pas si mauvais que cela.

Quand on regarde "L'arme absolue" qui est un peu dans la même thématique que "Le vol du spirit", c'est là qu'on se rend compte de l'évolution du trait de Lefranc et du déclin graphique et artistique de Gilles Chaillet. Pour paradoxal que cela puisse paraître, autant cela ne se voit pas tant que cela dans Vasco, de mon point de vue, autant après "La cible", c'est à dire avec "La Camarilla", ça fait de la peine, car j'aimais ce que faisait Chaillet.
Cela dit, j'ai acheté les deux albums, "Camarilla" "Spirit" quand on est fan Cool

23150 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Ven 10 Jan - 14:37

Raymond

Raymond
Admin

J'ai eu exactement la même réaction que toi. La baisse de qualité du dessin de Chaillet m'a beaucoup moins gêné dans Vasco que dans Lefranc.   Cool

Mais revenons à Jacques Martin !

Au début de l'année 1998, il y eut également la parution du tome 3 d'Orion, qui était cette fois-ci dessiné par Christophe Simon. L'album s'intitulait le Pharaon.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1998-o10

Je n'avais pas acheté le tome précédent d'Orion deux ans auparavant et je me sentais assez peu attiré par ce nouvel album. De plus, il n'était pas dessiné par Jacques Martin. Je le feuilletai tout de même pour en évaluer un peu le contenu et … je ne fus vraiment pas séduit.   Neutral

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1998-o12

Les couleurs me paraissaient un peu trop sombres, et je n'aimais pas les voir imprimées sur un papier trop brillant. L'album ne me semblait donc pas attirant. Je n'évaluai même pas le dessin lui-même et je reposai immédiatement le livre sur son rayon, avant de passer à autre chose.

Eh oui, tout cela s'était décidé très rapidement ! Il se passa plus de 10 ans avant que je ne m'intéresse à nouveau à cet album. Ce fût en fait le cas lors de l'ouverture de ce forum en 2009, lorsque je l'organisai en créant un sujet pour chaque album de Jacques Martin. Je me rendis alors compte que je n'avais pas tout lu ….  Embarassed

Je comblai très tardivement cette lacune et … je vous raconterai donc cette lecture plus tard, lorsque cette chronique arrivera à 2009. Wink


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23250 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Sam 11 Jan - 7:09

Draculea

Draculea
vieux sage
vieux sage

La couverture est belle, mais c'st vrai que le dessin et la mise en couleur sont pour moi aussi décevants.
A vrai dire, je ne suis pas très enthousiasmé par les contributions de Christophe Simon à l'univers de Jacques Martin, alors que son Corentin m'a vraiment fasciné ! On a l'impression qu'il a trouvé là un monde qui lui correspond et sans doute a-t-il aussi beaucoup muri. Mais ni dans Orion, ni dans Alix, je ne suis convaincu par ses contributions.

http://www.marchenriarfeux.net

23350 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Sam 11 Jan - 8:15

stephane

stephane
vieux sage
vieux sage

Il y a un autre problème : à l’instar de « La colonne », les dialogues sonnent faux , difficile de rentrer dedans… :-(

http://alixmag.canalblog.com/

23450 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Sam 11 Jan - 11:11

Raymond

Raymond
Admin

Sur le Pharaon, je réserve mes commentaires pour l'année 2009.  Wink

Sinon, en 1998, il y eut aussi la sortie d'un nouvel album d'Alix qui s'intitulait les Barbares. Et cette fois-ci, il était entièrement dessiné par Rafael Morales !  

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1998-a10

Cet album fût certainement la deuxième grande déception (après "la Camarilla") de mon histoire avec Jacques Martin. La couverture était plutôt jolie (qui l'avait dessinée au fait ?), mais aussitôt que j'ouvris l'album, je pus découvrir les limites graphiques de Morales. Manifestement, ce dernier n'avait pas dessiné "Ô Alexandrie" tout seul car le dessin des personnages des "Barbares" était réellement maladroit. Les visages paraissaient épaissis, parfois un peu bovins et leurs traits étaient irréguliers, tandis que les silhouettes étaient souvent figées et pataudes. Quel changement par rapport au dessin presque mimétique que j'avais pu contempler dans l'album précédent !   pale

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1998-a11

Les seules images qui n'étaient pas décevantes étaient celles qui se passaient à Rome. Manifestement, Morales était avant tout un dessinateur de décors. Dans une illustration essentiellement architecturale, où les personnages restent tout petits, il pouvait donner le change. Mais dès qu'il y avait un gros plan, c'était la catastrophe.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1998-a12

Après avoir feuilleté cet album avec désillusion, je l'achetai quand même car Alix était alors pour moi une série emblématique. Et puis, je présumais que Morales était encore un débutant et qu'il allait probablement progresser par la suite.  Rolling Eyes

La lecture de l'album fût ensuite assez désolante. Elle révélait un récit très pessimiste et cela ne fit pas remonter mon humeur. C'était un assez bon scénario, dans le fond, mais les traîtrises y survenaient de toute part et Alix était même un moment trahi par Galva. La vedette du récit était par ailleurs l'antipathique tribun Tullius Carbo et la maladresse du dessin ne permettait pas au lecteur d'en avoir une bonne image. Il n'était certes dans cette histoire qu'une brute avinée, mais les méchants méritent aussi d'être dessinés avec une certaine finesse. Le personnage dessiné par Morales était en fait inconsistant.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1998-a13

Tullius Carbo mourrait ensuite d'une façon ridicule et décevante, et la fin du récit racontait le long retour des soldats romains à travers une Germanie hostile. La navigation des bateaux était un véritable calvaire et je me désintéressai du récit sur la fin. Le voyage sur le Rhin se terminait d'une façon bizarre, puisque Alix, Enak et les soldats romains se retrouvaient flottant sur des glaçons au milieu du fleuve, entourés par des nappes de feux allumés par les barbares. C'était une conclusion plutôt étrange et pas vraiment réussie à mon goût ... mais il est vrai que je n'étais plus "dans le coup" depuis longtemps. Rolling Eyes

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1998-a14

Assez curieusement, je ne fis pas un drame de tout cela. C'était un album décevant, certes, mais il y avait tellement d'autres belles bandes dessinées à lire chaque semaine que cet Alix pouvait tout simplement d'être oublié. La principale conséquence de cette lecture fût donc que j'allais encore (et de plus en plus) m'éloigner de l'univers de Jacques Martin !

Quant à l'album, je ne l'ai presque jamais relu …. sauf quand il fallait en parler dans ce forum !  Wink

Et mon avis n'a bien sûr pas changé ! Les Barbares est un album raté, qui aurait peut-être été bon s'il avait été dessiné par un Jacques Martin en pleine possession de ses moyens.

Mais ce dernier ne pouvait plus contrôler le dessin de ses albums. Il fallait maintenant s'habituer à cela !  Sad


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23550 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Sam 11 Jan - 17:59

Monocle

Monocle
grand maître
grand maître

Je partage tout à fait ton analyse. Grosse déception après Ô Alexandrie, je pensais que Moralès allait être plus fidèle au trait de Jacques Martin C'est le premier album qui m'a conduit à abandonner la série Alix, et pourtant j'ai tenu jusqu'au Fleuve de Jade. Je n'ai repris la série que bien plus tard avec les albums dessinés par Marc Jailloux et Marco Venanzi.

23650 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Sam 11 Jan - 20:04

Tarmac

Tarmac
vieux sage
vieux sage

Raymond a écrit:
Les seules images qui n'étaient pas décevantes étaient celles qui se passaient à Rome. Manifestement, Morales était avant tout un dessinateur de décors. Dans une illustration essentiellement architecturale, où les personnages restent tout petits, il pouvait donner le change. Mais dès qu'il y avait un gros plan, c'était la catastrophe.
R Moralès est effectivement un dessinateur de décors, d'architectures, d'ailleurs à cet égard, j'aime beaucoup l'Egyptianisation de son art graphique de toute beauté dans "O Alexandrie" "Le fleuve de Jade" les voyages d'Alix "Karnak, Louxor et la vallée des rois" "Au fil du Nil" . A contrario, Il est également vrai que les personnages ont tendance à être dessinés écrasés maladroitement, d'où cette impression pour partie d'inconsistance. Néanmoins, je persiste à croire que parfois il était tout proche du grand maître, bien plus que Ferry et peut-être que C Simon.


50 ans avec Jacques Martin - Page 10 Les_ba10

23750 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Dim 12 Jan - 10:21

Raymond

Raymond
Admin

A la fin 1998. le journal Bo Doï consacra un des ses numéros à Hergé et le rédacteur décida d'interviewer Jacques Martin à son sujet. Le titre de cet article était "Rémy-Martin : amis jusqu'à la lie ...", et il indiquait bien le caractère un peu polémique des propos du maître.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1998-b10

Je rappelle que cette interview est visible dans le forum, à cette page (post N° 64) :

https://lectraymond.forumactif.com/t363p50-interview-fanzines-et-articles-divers-sur-jacques-martin

Il n'y eut aucun scandale, en fait, mais Jacques Martin s'était quand même bien "lâché". Il exposait sans ambages "sa vérité" sur les 20 ans qu'il avait passé dans les studios Hergé, et il expliquait en détail son rôle dans la création des albums de Tintin, ainsi que les frictions qui avaient parfois existé avec le père de la BD belge. La plupart de ces faits étaient déjà connus, et c'est surtout le ton très vif des propos de Jacques Martin qui était frappant. L'interview n'était vraiment pas consensuel et le journaliste s'était en l'occurrence bien régalé.

Pour ma part, j'avais plutôt apprécié cette description décapante des studios Hergé. Et en relisant aujourd'hui cet entretien, il n'y a rien qui me choque. Il me vient simplement à l'idée que l'on aurait pu interpréter certains faits autrement.  Cool



Dernière édition par Raymond le Dim 12 Jan - 10:52, édité 1 fois


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23850 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Dim 12 Jan - 10:51

Raymond

Raymond
Admin

De mon côté, 1998 fût surtout l'année de ma première connexion Internet. Et ma vie de bédéphile se mit alors à changer d'une manière radicale.

Jusque-là, je ne parlais de bandes dessinées qu'avec de rares personnes et c'était rarement des propos "culturels". Je connaissais bien sûr des collectionneurs mais il y avait peu de choses à discuter avec eux, en dehors de quelques échanges d'informations ou de ragots. La critique de BD existait, bien sûr, mais le "plaisir de la bande dessinée" restait quand même assez solitaire. C'est alors qu'il y eut le WEB, et je me mis à découvrir les forums, les webzines, les banques de données et les boutiques en ligne. Les possibilités d'échanges et de découvertes se multipliaient, et ce fût une véritable révolution.

Ce qui m'attira immédiatement, en fait, ce fût d'abord les forums où je pouvais enfin parler avec des personnes qui partageaient mes passions. Il ne me fallut pas beaucoup de temps pour fréquenter le site BD Paradisio, qui portait alors bien son nom. Je me concentrai plus particulièrement sur le forum des Cités obscures, car j'étais vraiment passionné par cette série qui ne ressemblait à aucune autre (j'ai déjà raconté tout cela dans le sujet consacré à François Schuiten). Ces discussions me prenaient parfois pas mal de temps et .. mon épouse dut s'habituer à ce nouveau loisir, qui ne l'intéressait d'ailleurs guère.  Wink

En ce temps-là, on parlait par contre assez peu de Jacques Martin dans les forums. Ses bandes dessinées semblaient appartenir au passé et les discussions se concentraient sur l'actualité des parutions. Ce n'est qu'une dizaine d'année plus tard que je découvris le forum d'Alix, qui était alors animé par Stéphane. "Jacques Martin sur le WEB", c'était pour plus tard, mais les choses étaient vraiment en train de bouger.

Et les bédéphiles allaient se montrer au grand jour ! Very Happy


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23950 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Lun 13 Jan - 10:27

Raymond

Raymond
Admin

Au début de l'année 1999, les admirateurs de Jacques Martin eurent la belle surprise de découvrir la sortie d'une nouvelle monographie. Elle s'intitulait la Voie d'Alix et elle était bien sûr publiée chez Dargaud, le "nouvel éditeur".

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1999-v10

On pouvait effectivement considérer ce livre d'entretiens comme une monographie car l'interview explorait consciencieusement tous les aspects de la carrière de l'auteur. Michel Robert avait soigneusement construit l'interview et il discutait d'une manière successive de la biographie, de l'œuvre (album après album), de la collaboration avec le studio Hergé, des relations avec ses jeunes dessinateurs et de la vision du monde de Jacques Martin. Le livre se concluait avec une bibliographie complète des albums, des illustrations, des textes critiques et des diverses parutions dans les journaux, et c'est le genre de détail qui démontre toujours un travail bien fait. Il contenait en plus une abondante iconographie, avec parfois des images très rares telle que cette photo du père de Jacques Martin.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1999-v11

Comme toujours, ce genre de livre permettait de découvrir des images inconnues. J'ignore par exemple complètement à quoi correspond le dessin ci-dessous, qui pourrait être un cul de lampe, une publicité ou alors une image isolée publiée dans un journal ? Si l'un d'entre vous le sait, merci de le préciser ici !   Very Happy

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1999-v12

J'achetai bien sûr sans attendre ce beau livre qui faisait intelligemment le point sur la carrière de Jacques Martin, à l'aube de l'an 2000. Le maître était en fait bien vivant et il restait toujours plein d'énergie et de projets. Contrairement à mon impression d'alors, sa carrière n'appartenait pas encore au passé.  Wink

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1999-v13

Et aujourd'hui, ce beau livre est je crois épuisé mais il est encore facile à trouver dans les habituels sites de vente du WEB. Il reste en fait l'un des deux ou trois ouvrages de référence sur le père d'Alix et il est très agréable (et instructif) à relire. Je ne peux bien sûr que vous le recommander si vous ne le possédez pas déjà !  Cool


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24050 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Lun 13 Jan - 13:42

stephane

stephane
vieux sage
vieux sage

Le dessin est le cul-de-lampe de Avec Alix . Le tout était sur son bureau.

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24150 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Lun 13 Jan - 17:44

Raymond

Raymond
Admin

Tu es imbattable ! pouce


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24250 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Lun 13 Jan - 18:06

stephane

stephane
vieux sage
vieux sage

Wink

http://alixmag.canalblog.com/

24350 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Mar 14 Jan - 10:37

Raymond

Raymond
Admin

Or donc, en ce temps-là, Alix avait failli, tandis que Lefranc semblait être sous l'éteignoir, mais il restait tout de même le couple Martin-Pleyers qui ne m'avait jamais déçu. Et lorsque le troisième album de Keos apparut au cours de l'années 1999, je ne fis pas la fine bouche. Je me précipitais sans attendre sur ce nouvel opus qui s'intitulait Le Veau d'Or.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1999-k10

Cet album racontait bien sûr la suite du récit biblique de l'Exode, les juifs étant conduits par Moïse à travers le désert du Sinaï avant de s'installer dans le pays de Canaan. Le scénariste détaillait longuement le fameux épisode du "veau d'or," un culte païen qui s'était développé chez les hébreux pendant une longue absence de Moïse. Certains personnages secondaires y apparaissaient au premier plan tandis que Keos, d'une façon assez surprenante (pour un disciple d'Osiris) décidait de défendre le Dieu de Moïse.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1999-k11

En fait, comme dans l'opus précédent, Jacques Martin s'ingéniait à interpréter la Bible à sa manière, certaines anecdotes étant relatées d'une manière étonnamment fidèle (par exemple Moïse rencontrant son Dieu sous la forme d'un buisson ardent), tandis que d'autres événements étaient interprétés d'une façon très libre, voir même contradictoire. Je lisais ainsi avec étonnement que l'installation des hébreux dans leur nouveau pays ne se faisait pas après une longue conquête guerrière mais plutôt d'une manière pacifique, le pharaon les ayant autorisés à s'installer sur des terres qui lui appartenaient.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1999-k12

Par ailleurs, pour ajouter un peu plus d'action à cette intrigue biblique, Keos revenait un certain temps en Egypte pour y déjouer un complot contre le Pharaon, puis pour participer à une bataille contre les Peuples de la Mer. Jean Pleyers se montrait à l'aise dans ces scènes de bataille, en créant des séquences d'images très dynamiques, pour mieux souligner le tempérament fougueux de Keos.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 1999-k13

Certes, les événements surnaturels (ou improbables) étaient abondants et ceci affaiblissait un peu la crédibilité du récit. L'intention de Jacques Martin n'était cependant pas d'être réaliste. Le maître semblait plutôt essayer d'écrire une nouvelle légende et il le faisait avec une pleine liberté d'imagination et d'interprétation.

Et l'aspect le plus intéressant de cet album restait finalement son interprétation très personnelle (et contestable) des textes sacrés. En effet, le plaisir de lire Keos pouvait s'associer à une contestation personnelle et malicieuse du récit de Jacques Martin lui-même, en se rappelant que le récit de l'Exode est complètement légendaire. Il pouvait y avoir diverses manières de comprendre l'Ancien Testament, et toutes les interprétations étaient légitimes pour autant qu'elles respectent les rares données historiques qui sont bien établies.

Le plaisir de lire Keos s'associait donc à une sorte de dialectique permanente. Ce n'étaient pas des récits qu'il fallait accepter tels quels, et cela me plaisait.  Cool

Ce fût malheureusement le dernier album de Keos, une série assez particulière qui était peut-être un peu trop libre (ou trop complexe) pour plaire au grand public. Dans la fameuse monographie de Michel Robert, Jacques Martin expliquait son abandon surtout par des "disputes entre éditeurs", et c'était assez étonnant.  

Mais de fait, on pouvait constater que ce troisième tome de Keos était cette fois-ci publié par Casterman, et non par Dargaud ! Jacques Martin avait-il de nouveau changé d'éditeur ?  icon_surprised

La suite des événement allait nous apprendre que oui !  Wink


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24450 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Mer 15 Jan - 17:16

Raymond

Raymond
Admin

Et nous en arrivons à l'année 200O  !!!    pale

Pour un homme du XXème siècle comme moi, c'était tout de même une échéance assez désagréable. Je me doutais bien que tout allait encore changer, désormais, que ce soit à cause de la surpopulation, de la crise économique latente en Europe, de la numérisation effrénée du monde ou de l'épuisement des ressources de la planète. Je ne me réjouissais pas vraiment de cette nouvelle ère qui commençait.  

Mais dans l'immédiat, la vie continuait comme d'habitude, aussi bien dans la famille qu'au travail, pendant les multiples obligations sociales ou lors des loisirs … y compris bien sûr la BD. J'avais en fait toujours les mêmes passions et la même énergie, et je n'allais donc pas m'arrêter de vivre.

Ma situation économique était également devenue plus favorable et j'achetais à nouveau beaucoup de BD. On pourrait appeler cela de la "collectionnite".  Wink

Vis-à-vis de Jacques Martin, j'étais toujours très opportuniste. Je n'achetais d'office que ce qui m'intéressait vraiment, mais il y avait parfois des ouvrages qui donnaient l'envie d'en savoir un peu plus, et d'essayer un achat. Et c'est ainsi que j'ai acquis lors d'un festival un petit art-book que j'avais superbement ignoré quelques années plus tôt. Il s'intitulait Images d'Alix et il avait été édité chez Hélyode.

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Ce n'étais certes pas un livre indispensable, mais il contenait pas mal d'images rares qui étaient agréables à regarder …ou à posséder  Wink . Il y avait ainsi d'anciennes couvertures oubliées du journal Tintin, des cul-de-lampe de quelques albums épuisés ou divers dessins de circonstance autrefois publiés dans Tintin. Il y avait même deux petites bandes dessinées publiées dans d'autres journaux et mise en couleurs dans cet album. Vous voyez par exemple ci-dessous le début du Singe de Sporus, qui avait déjà été publié dans Libération en 1981.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 2000-i11

Quant au texte qui reliait tout cela, il reprenait un vieil article de François Rivière, jadis publié dans les Cahiers de la BD, qui s'intitulait cette fois "Eternel Alix". La complémentarité texte-images était parfois un peu fragile, mais je la trouvais finalement astucieuse. C'était un art-book intelligent, en fait, qui n'avait rien d'indispensable mais qui ne manquait pas non plus de charme. J'étais donc très content de mon achat.

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Dix ans plus tôt, je n'aurais pas accordé beaucoup d'attention à ce livre, il faut le reconnaître. Mais à une époque où toutes les nouveautés "alixiennes" étaient signées par Morales, un album entièrement dessiné par Jacques Martin n'était pas une chose à dédaigner.   Wink

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Et c'est ainsi que je rangeais un album de plus dans le "rayonnage Alix" de ma bibliothèque. Depuis, je ne l'ai pas relu très souvent mais…  lorsque je le fais, j'y retrouve à chaque fois le même plaisir, celui de regarder de vieilles œuvres peu connues.

Et ce genre de petit complément devient vite un objet indispensable, pour un collectionneur.  Very Happy


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24550 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Jeu 16 Jan - 16:50

Raymond

Raymond
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En juin 2000, il y eut la sortie du neuvième album de Jhen qui s'intitulait l'Archange. Je l'achetais sans attendre car cette série ne m'avait jamais déçu.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 2000-j10

Mais l'histoire se révéla bien surprenante.

Jusque-là, si l'on écarte quelques exploits improbables (qui sont usuels chez les héros), on pouvait admettre que la série appartenait au genre réaliste. Les aventures de Jhen s'inscrivaient toutes dans un contexte historique bien documenté et ses exploits pouvaient simplement s'expliquer par sa force et son habileté. Avec l'Archange cependant, on changeait complètement de cadre car des forces surnaturelles (en l'occurrence le Diable) prenaient une place prépondérante au sein des événements. Cette "diablerie" était en fait une véritable histoire fantastique, survenant dans un contexte médiéval, et j'étais un peu gêné par ce choix scénaristique. J'aime en effet croire aux histoires que je lis et le recours au fantastique est bien souvent un artifice trop facile, qui rend les intrigues peu crédibles.   Rolling Eyes  

Dans cet album, Jhen reprenait son emploi d'architecte et recevait de la part d'un évêque le mandat de construire une flèche sur la tour d'une cathédrale. Une statue en or devait surmonter la pointe de la flèche, et celle-ci devait en principe représenter le saint à qui le bâtiment était dédié. L'évêque se montrait toutefois peu fiable pendant les travaux et il avait de plus pour conseiller un inquiétant personnage nommé "Demon Stark" (ce patronyme est déjà tout un programme Wink ). Ce dernier essayait à plusieurs reprises d'assassiner Jhen et ce comportement malveillant s'expliquait à la fin du récit, lorsqu'une statue en or était dressée sur la flèche de la cathédrale et que l'on y reconnaissait le portrait du diable. Cette fripouille d'évêque avait donc construit une cathédrale dédiée à Satan.

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Ce genre de récit était assez médiéval (on croyait alors beaucoup au diable) mais il correspondait tout de même assez mal à ce que l'on attend d'une BD historique moderne. Il fallait plutôt voir cette BD comme une sorte de conte qui ne se préoccupait pas trop du réalisme. Mais d'une façon malicieuse, l'intrigue restait située de façon précise dans le temps et l'espace, et les décors, de même que les costumes et les personnages historiques étaient complètement réalistes. Il y avait là un mélange des genres qui (à l'époque) me mettait mal à l'aise.

A côté de ses travaux d'architecte, Jhen faisait connaissance avec le roi Henri VI d'Angleterre et il devenait rapidement un des favoris de ce roi fantasque (dont la faiblesse fût un peu à l'origine de la Guerre des Deux Roses). Ce personnage historique était bien cerné et il invitait d'ailleurs Jhen (qui était pourtant un roturier) à participer à un tournoi royal. Cet épisode était très spectaculaire et Jean Pleyers le dessinait avec une grande maîtrise.

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L'album était par ailleurs rempli de scènes de foules et de diverses représentations de la vie médiévale, et le résultat était magnifique. Certaines images étaient parfois un peu surchargées de détails mais j'aimais ce monde grouillant de vie et de couleurs, qui évoluait dans un décor bien restitué. A cet égard, la série n'avait rien perdu de son charme.

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Tel était donc ce neuvième album de Jhen qui souffrait un peu (à mon avis) des choix scénaristiques de Jacques Martin. Sur la fin de sa vie, le maître allait d'ailleurs de plus en plus souvent s'affranchir des limites du réalisme, et c'est un aspect que l'on va hélas aussi retrouver dans certains albums d'Alix ou d'Orion.

Aujourd'hui, après avoir relu plusieurs fois cet album, je pense toujours que ce n'est pas un des meilleurs Jhen mais … je l'accueille tout de même avec moins de répugnance. Je le vois maintenant comme une sorte de conte médiéval fantaisiste qui est plein de chevaliers fougueux, de religieux ambigus, de châteaux aériens, de folles aventures, de beaux costumes et d'inquiétantes diableries.

Parfois, il ne faut pas trop s'attarder sur le scénario.   pirat


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24650 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Ven 17 Jan - 17:26

Raymond

Raymond
Admin

Commençons aujourd'hui avec une petite question générale !    Cool    

Quel type de collectionneur êtes-vous, lorsque vous achetez des BD ? Appartenez-vous au genre exhaustif (celui qui possède tout d'une manière organisée sur ses dessinateurs préférés et qui ne manque rien) ou bien au genre aléatoire (celui qui se laisse plutôt guider par la chance en acceptant des "trous" provisoires dans sa collection) ?

Pour ma part, j'appartiens clairement au deuxième genre, et j'ai d'ailleurs dans ma veste une liste des albums que je souhaite acquérir un jour. C'est bien sûr un peu plus compliqué que le genre méthodique, et il faut parfois beaucoup attendre, mais cela me vaut d'avoir beaucoup de petites joies lorsque je me promène aux puces ou chez les vendeurs d'occasion, et que je trouve la pièce longtemps recherchée.    Smile

Bien sûr, il y a aussi la catégorie des albums indispensables, pour lesquels il n'est pas question d'attendre, et les nouveaux Alix (par exemple) appartiennent à cette classification. Mais après cela, il y a tout le reste des BD … un peu quelconques, qui ne soulèvent qu'un intérêt modéré. Il y a ainsi beaucoup de livres dont l'achat peut être mis en suspens.  Rolling Eyes

Le Secret du Calumet, première aventure d'Œil de Perdrix et œuvre de jeunesse de Jacques Martin, appartenait clairement à la catégorie "quelconque", mais c'était tout de même un album dessiné par un auteur classique. La première édition datait de 1947 et elle était bien sûr un collector, mais il existait aussi une réédition bon marché faite par Lefrancq en 1991, dont le rapport qualité/prix était plus intéressant. Et c'est ainsi qu'au début du deuxième millénaire (était-ce 2000 ou 2001, je ne sais plus), j'ai trouvé cet album au marché aux puces de Lausanne, pour quelques petits francs !

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Admettons-le d'emblée, la lecture d'une telle œuvre au premier degré n'était pas réellement passionnante. Il fallait plutôt adopter une attitude analytique, en replaçant la création de la BD dans son contexte, car en 1947, Jacques Martin était encore un vrai débutant. Il signait encore ses créations sous le nom de Marleb et son style n'y était presque pas reconnaissable. Le vrai enjeu était donc de trouver des liens entre ce livre et les œuvres classiques de l'auteur, ou bien d'y trouver d'autres influences manifestes.

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Le seul lien stylistique qui existe entre Œil de Perdrix et Alix, c'est probablement l'énergie de ses séquences d'images. Du côté des influences par contre, on découvre très vite derrière certains dessins (ou certaines séquences) l'ombre tutélaire d'Hergé. C'est ainsi que je n'ai pas pu m'empêcher de penser à "Tintin en Amérique" (surtout à son épisode indien) en découvrant le "méchant" de cette histoire, qui ressemble beaucoup au fameux Bobby Smiles.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 2001_s12

Ce sera peut être plus évident pour vous si je le montre ainsi !

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Comme autre réminiscence évidente de Tintin en Amérique, il y a aussi ces échappées folles à l'intérieur de longs, de mystérieux et de noirs souterrains, qui débouchent souvent sur de terribles surprises. Mais on le savait au fond dès le départ, de l'aveu même de Jacques Martin, qu'Œil de Perdrix devait beaucoup aux lectures de Tintin.   Wink

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 2001_s15

Vu de cette manière, le Secret du Calumet était une chouette petite lecture, pas du tout fatigante et riche en enseignements lorsque l'album était ainsi abordé au second degré. Je fus donc ravi de cette acquisition, qui ajoutait un nouvel étage à ma connaissance de l'œuvre de Jacques Martin. king

Il n'y a pas que les beaux dessins qui sont intéressants.

Et le plaisir de la critique peut être aussi passionnant que celui de la lecture. Certains livres très modestes méritent ainsi d'être achetés.

Mais ce n'est pas dans ce forum qu'il y avait besoin de le préciser.  Wink


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24750 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Sam 18 Jan - 10:47

Raymond

Raymond
Admin

Au printemps 2001, il y eut la sortie de La colonne qui était le quatorzième album de Lefranc.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 2001_l10

A cette époque, Lefranc avait complètement perdu son prestige et … je me contentai donc de feuilleter cet album qui n'était pas vraiment attirant. Je relevais qu'il y avait un nouveau dessinateur (Christophe Simon) mais que son travail n'était pas convainquant. De plus, son travail était gâché par des couleurs hideuses (à mon goût), qui déviaient trop souvent vers des teintes orangées ou violacées totalement inappropriées, et je reposai très vite l'ouvrage sur son rayon.

Je ne l'ai acheté que quelques années après, en occasion (le rapport qualité/prix devenait alors plus acceptable  Wink ). Comme je ne sais plus du tout en quelle année s'est faite cette acquisition, je vais vous parler tout de suite de mes premières impressions de lecture.

Le début de l'histoire était assez simple, car Lefranc était d'abord invité à Paris par une élégante milliardaire qui lui demandait de retrouver son fils perdu au Cambodge. Elle lui donnait une valise remplie d'argent et de documents utiles, et le héros acceptait assez volontiers cette mission. Jacques Martin nous faisait cependant rapidement comprendre qu'il y avait un piège.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 2001_l11

Lefranc partait donc en Thaïlande, puis il se rendait en voiture au Cambodge avec un guide. Il y découvrait un pays corrompu et détruit par l'ancienne dictature communiste, où tout pouvait s'acheter ou se trafiquer. Jusque là, le récit était assez réaliste et plutôt agréable à lire.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 2001_l12

C'est après que cela se gâtait. Lefranc et son guide quittaient leur voiture et continuaient leur voyage à pied, dans la forêt tropicale. Ils engageaient un personnage étrange et un peu asocial, qui portait sur lui un paquet de grenades, et le récit devenait de plus en plus difficile à comprendre. Le petit groupe de voyageurs finissait par rejoindre une fabrique de fausses antiquités où Lefranc était brusquement fait prisonnier. Axel Borg faisait alors son apparition et sauvait in extremis Lefranc du piège dans lequel il était tombé, car la milliardaire et le patron de la fabrique voulaient le mettre à mort … on se demande bien pourquoi, au fond ?  Rolling Eyes

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 2001_l13

Tout cela semblait bien mal tricoté ! Le récit mêlait en fait plusieurs intrigues et le récit manquait un peu de cohérence, ainsi que d'une logique profonde. Je "déconnectai" d'ailleurs spontanément de cette BD au milieu de l'histoire, sans chercher davantage à comprendre ce mélange de critique pessimiste et de situations invraisemblables. Beaucoup de scènes me paraissaient en effet assez fausses ou mal senties, et le défaut principal de cet album était bien son scénario. Christophe Simon, de son côté, faisait un travail assez honnête mais sa représentation de Lefranc était quand même décevante. Son dessin paraissait un peu trop mièvre pour cette histoire qui était au fond assez dure et vénéneuse.

Il y avait certainement au départ des bonnes intentions et quelques idées originales, mais la réalisation était déficiente. Cet album était finalement un des moins bons de la série.

Je l'ai relu bien plus tard, à l'époque du forum, mais je n'y ai pas trouvé plus d'intérêt que la première fois. Le début du récit est relativement correct, mais tout ce qui se passe au Cambodge est mal senti et même un peu énervant. D'après les interviews que Jacques Martin et Christophe Simon ont donné à l'époque, il apparait clairement qu'ils ne sont pas allés se documenter sur place, et c'est peut-être pour cela que cette BD ne donne pas l'impression d'être vraie.

C'était donc un échec de Jacques Martin, à nouveau, et Lefranc avait encore davantage perdu de son prestige.

Et de mon côté, je m'éloignais de plus en plus de la BD traditionnelle franco-belge.  deso


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24850 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Sam 18 Jan - 12:17

Tarmac

Tarmac
vieux sage
vieux sage

Raymond a écrit:

C'était donc un échec de Jacques Martin, à nouveau, et Lefranc avait encore davantage perdu de son prestige.

Et il y a eu encore pire par la suite. A la décharge de C Simon, je trouve son Lefranc pas trop mal, du moins meilleur que les derniers Gilles Chaillet "Camarilla" "Spirit" What a Face

24950 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Dim 19 Jan - 14:41

Raymond

Raymond
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Pendant l'automne 2001, il y eut aussi la sortie de la Chute d'Icare, 22ème épisode des aventures d'Alix.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 2001-a10

L'album était à nouveau dessiné par Rafael Morales, mais il se passait cette fois.ci en Grèce et contenait plus de paysages urbains que "les Barbares". Comme Morales était sans discussion un bon dessinateur de décors, certaines de ses planches étaient assez belles, comme par exemple celles qui présentaient la cité d'Icarios. Le début très "architectural" de cet album était donc agréable à lire.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 2001-a11

Malheureusement, le problème de l'aspect des personnages réapparaissait très vite. Alix était parfois bien dessiné (j'ai appris bien plus tard que c'était grâce à Marc Henniquiau) mais il y avait aussi des cases totalement ratées, où sa tête devenait presque bovine. Ces fautes de dessin m'énervaient et j'avais bien du mal à comprendre ce manque d'exigence par rapport à la qualité des images.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 2001-a12

Certaines figures de "l'Enfant Grec", comme Archéloa et Numa Sadulus; faisaient par ailleurs leur réapparition dans le monde d'Alix. Cette nouvelle aventure hellénique ressemblait presque à une suite naturelle du magnifique épisode athénien, mais malheureusement, ces anciens personnages étaient souvent mal reconnaissables.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 2001-a13

Heureusement, Jacques Martin proposait cette fois un excellent scénario, mettant en vedette les pirates qui sillonnaient impitoyablement la Méditerranée à l'époque de Pompée et de Jules César. Ces bandits pillaient et rançonnaient les voyageurs maritimes aussi bien que certaines villes isolées, et le scénariste avait imaginé que l'orgueilleuse Icarios, entourée de puissants remparts, subisse ce même genre d'attaque. Et les pirates arrivaient même à vaincre les soldats romains car ils étaient dirigés par le rusé Arbacès, qui faisait ainsi une étonnante réapparition. L'éternel ennemi d'Alix avait en fait trouvé une belle ruse pour tromper les défenseurs d'Icarios. Il s'était montré dénudé devant les remparts de la ville, en jouant une sorte de pièce de théâtre devant les défenseurs, tandis que ses hommes escaladaient soudainement les murs à un autre endroit mal défendu.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 2001-a14

C'était un scénario assez étrange mais l'action paraissait tout-à-fait crédible. Arbacès était bien sûr capable de tout et les pirates arrivaient ainsi à s'emparer d'Icarios! La belle cité conquise était ensuite impitoyablement pillée tandis qu'après une bataille acharnée sur les murs, Alix, Enak et la fille du gouverneur romain (nommée Julia) plongeaient dans les eaux du port pour échapper aux pirates. Ils étaient heureusement recueillis par un bateau qui les emmenait ensuite vers un lieu plus sûr.

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Arrivés sur une île voisine, Alix et Julia arrivaient vite à convaincre le gouverneur local qui envoyait immédiatement une armée pour sauver les habitants d'Icarios. Une flotte de navires militaires romain partait donc quelques jours plus tard pour anéantir les pirates, et leur affrontement commençait avec une belle bataille navale, qui était assez bien dessinée par Morales.

50 ans avec Jacques Martin - Page 10 2001-a16

C'était donc une belle aventure, pleine d'actions, de rebondissements et de personnages hauts en couleurs, et il était bien dommage que le travail graphique ne soit pas à la hauteur du scénario. La lecture restait plaisante et je n'étais pas complètement déçu de mon achat, mais la Chute d'Icare souffrait tout de même de défauts qui étaient incompatibles avec le modèle laissé par Jacques Martin.

Mais pourquoi Jacques Martin acceptait-il une telle médiocrité du dessin ? Je ne le comprenais pas et comme il s'agissait du deuxième album présentant les mêmes défauts, je me mis très vite à réviser mon jugement sur la série. Et la conclusion était désolante : désormais, Alix n'avait plus le niveau d'une "BD indispensable".

Aujourd'hui, lorsque je relis la Chute d'Icare (et oui cela m'arrive  Very Happy ), j'y retrouve le même plaisir en découvrant de belles pages et quelques bonnes idées, mais aussi le même agacement en revoyant les nombreuses images maladroites qui sont indignes d'un grand classique de la BD.

Et s'il fallait résumer en une seule sentence mes conclusions sur cet album, je dirais simplement que Rafael Morales avait désormais épuisé son droit à l'erreur.  Rolling Eyes


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25050 ans avec Jacques Martin - Page 10 Empty Re: 50 ans avec Jacques Martin Dim 19 Jan - 15:36

Draculea

Draculea
vieux sage
vieux sage

Je partage pleinement ton sentiment. C'est par cet album que j'ai pour ma part découvert le dessin de Rafael Morales. J'ai comme toi apprécié un certain nombre de décors architecturaux et déploré non les maladresses mais encore la lourdeur fréquente du dessin, pas seulement dans le cas des visages d'ailleurs, les silhouettes elles-mêmes étant parfois trop grossièrement composées. Et c'est dommage car j'avais moi aussi trouvé le scénario des plus intéressants. L'apparition d'Arbacès nu montrait bien à quel point nous étions depuis longtemps dans un univers adulte relevant d'une tout autre époque que celle où Jacques Martin avait développé le monde d'Alix et cette nudité était d'autant plus intéressante qu'elle ne répondait pas à une intention de provoquer, pas plus qu'elle n'avait de valeur en soi érotique. Il me semble que cette nudité non seulement du contre héros, mais aussi de ses guerriers, illustrait l'animalité sauvage des pirates et fait comme une sorte d'insolent et ironique défi lancé aux assiégés que cette mise en scène avait pour but de duper, dans une parodie de la nudité des guerriers spartiates. En tous les cas, c'était une ruse et une péripétie très habile qui contribuait à rendre cette aventure d'une ville encerclée de pirates tout à fait palpitante.

Quand je repense à cet album, je me dis à quel point il aurait constitué une merveille s'il avait été de bout en bout l'oeuvre du seul Jacques Martin, dans des décors, des couleurs et un dessin de personnages aussi splendides que ceux du Cheval de Troie. Je suis comme toi, et cela fait aussi des années que je le pense, très étonné que Jacques Martin ait à cette époque confié la conduite graphique et chromatique de son oeuvre à des dessinateurs qui, visiblement, ne correspondaient à son esthétique la meilleure.

Etait-ce pour lui un pis aller afin de poursuivre son travail, faute de trouver les collaborateurs adéquats ? Un abaissement de son exigence, ce que j'ai du mal à imaginer. Je ne sais en tout cas. Ma connaissance de l'homme et de cette partie de sa vie est bien trop insuffisante pour oser une conclusion définitive à ce sujet. peut-être pourras-tu cher Raymond nous en dire plus sur ce point ?

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