Les bandes dessinées qui racontent la BD

Je n'ai pas lu cet album, car j'ai très peu suivi Canardo depuis les années 2000.

Est-ce que tu le conseilles ?

Raymond a écrit:Je n'ai pas lu cet album, car j'ai très peu suivi Canardo depuis les années 2000.

Est-ce que tu le conseilles ?

Je suis très partagé sur la série Canardo. Côté scénaristique j'ai bien aimé jusqu'au 9ème album Le caniveau sans lune .



J'ai beaucoup moins aimé la suite et ce n'est pas son fils Hugo qui sauve la mise. A ce jour j'ai seulement lu jusqu'au 22ème Le vieux canard et la mer , mais les dernières aventures que j'ai lues sont... Si j'ai l'occasion, je vais tout de même essayer de lire la suite.

Pour moi le problème, c'est le dessin de Sokal. Dans les premières aventures, je trouve un mauvais équilibre entre les cases et les planches. Je m'explique. Certaines cases sont incroyables et bien composées et parfois sur la même page, il y en a qui me font mal à l'oeil et sont médiocres.

J'avais dans ma collection jusqu'au 11ème Un misérable petit tas de secrets . Et bien, j'ai tout vendu, sauf Premières enquêtes , je ne regrette pas du tout de l'avoir fait.

Vu que tu aimes ce sujet Les BD qui racontent la BD, je conseille de le lire car il est pile dedans. Autrement, tu peux aisément t'en passer.

Je réalise queje n'étais pas allé jusqu'au bout du sujet à l'époque, et qu'il reste encore pas mal de "BD qui parlent de la BD" dont on pourrait parler ici !  

J'avais omis (entre autres) de vous parler de M'sieur Maurice et la Dauphine Jaune, un superbe album dessiné par Bazile qui est dédié à Maurice Tlillieux !



C'est un album étrange car ce n'est pas du tout un biopic, ni même un récit structuré. C'est plutôt une suite d'anecdotes et de gags, souvent inventés mais qui sont quand même fondés sur des personnages et des événements réels. Il est en fait à chaque fois bien difficile d'y séparer le vrai du faux.

Prenons un exemple, qui est celui de la Voiture immergée. Tillieux avait raconté que l'inspiration de cette histoire lui était venue en visitant l'île de Noirmoutier. Bazile reprend donc cette déclaration et construit un petit récit autour de cela, à sa propre manière.



Cette caractéristique est encore plus évidente lorsque Bazile raconte la reprise par Tillieux des scénarios de Tif et Tondu. Il imagine (mais ce n'est peut être pas inventé ?) que Tillieux et Will soient partis en Angleterre pour visiter les docks de Londres, afin d'en ramener des idées et de la documentation. A partir de cette trame, le récit se déroule d'une façon assez réaliste, et j'ai l'impression que les événements ne sont pas tous inventés. On reconnait en tout cas bien dans ce récit portraits de Tillieux, Will et Thierry Martens (rédacteur en chef de Spirou à l'époque).



Comme autre exemple d'anecdote ayant un fondement réel, on peut citer cette petite histoire qui met en scène Tillieux et Walthéry. Le père de Natacha a discuté avec l'auteur de "Msieur Maurice" et c'est probablement à lui que l'on doit cette historiette qui concerne Marc Jaguar. Tandis que Walthéry et Tillieux voyagent en voiture, ils discutent sur ce qu'aurait peu être la suite des fameux Camions du Diable, la deuxième aventure inachevée de Marc Jaguar. Et bien sûr, 20 ans après, Tillieux n'en a plus aucune idée.  



Je pense que cette anecdote est tout à fait réelle. Par contre, la suite du récit raconte l'arrivée des deux voyageurs dans une auberge, ainsi qu'un cauchemar fait par Walthéry la nuit suivante, et je ne sais qu'en penser. Ce n'est probablement pas totalement inventé, mais cela me parait très anecdotique et probablement un peu exagéré.

Le but de cette BD était bien sûrd'amuser le public, mais elle tentait aussi à révéler certains traits de caractère de Maurice Tillieux. Ce dernier semblait en particulier adorer les jeux de mots (parfois bien rudimentaires) et se mettait parfois à rire d'une façon assez sonore, tout comme son personnage Libellule. Je me demande aujourd'hui si ce petit détail est vrai ?



Lors de la sortie de cet album, j'ai pensé que la plupart de ces anecdotes étaient fictives mais … je pense aujourd'hui que l'auteur n'en a pas inventé tant que cela. La vérité se place probablement entre ces deux impressions.

A mon avis, tous les fans de Tillieux devraient lire cet album !  

Nicoby a dessiné pas mal de BD qui parlent de la BD, et je n'avais pas encore parlé ici du livre d'entretiens qu'il a fait avec Joub au sujet de Fournier, le successeur de Franquin pour le dessin de Spirou.



C'est un livre plein de vie, qui m'a d'emblée fait réaliser que Fournier est un personnage haut en couleur. La transcription de son interview sous une forme imagée a en effet permis aux auteurs de souligner les réactions spontanées et les attitudes expressives du dessinateur C'est probablement le seul aspect pour lequel la forme bande dessinée se révèle vraiment supérieure au livre normal, en matière d'interview. On en trouve un bel exemple lorsque Fournier se met à parler de Peyo.



L'utilisation du genre bande dessinée permet également aux interviewers de recréer certains moments, et de montrer les personnages en action plutôt que de simplement les décrire. C'est ce qu'ils font par exemple lorsque Fournier raconte une de ses rencontres avec Franquin. Le résultat n'est pas mauvais mais … je ne peux pas m'empêcher de penser que Nicoby et Joub ne sont pas de vrais témoins de la scène. Malgré toutes leur bonne volonté, leur présentation est davantage une création qu'un reportage objectif, et ils n'ont pas connu la vérité de l'instant.



De plus, il est assez monotone de dessiner constamment quelqu'un qui parle et certaines pages peuvent s'en ressentir. Malgré tout leur talent, Joub et Nicoby ne peuvent pas s'empêcher de se répéter. Ils dessinent parfois Fournier case après case d'une manière assez statique et l'utilité du dessin devient assez faible, surtout si l'on pense au travail qu'une BD peut demander à ses auteurs. Voici comment ils présentent par exemple la création par Fournier des "Crannibales".



Dans l'atelier de Fournier est donc une œuvre assez vivante, mais je ne peux m'empêcher de penser que l'utilisation du "média" bande dessinée n'était pas vraiment nécessaire pour relater un entretien. Autant je suis convaincu que le récit d'un "biopic" consacré à un auteur de BD (ou à un journal ou à un éditeur) est une façon élégante et efficace de traiter le sujet, autant j'incline à penser qu'une interview devrait plus intelligemment être présentée sous une forme filmée ou avec un simple texte.

Mais ce n'est bien sûr que mon avis, et je ne voudrais pas vous dégoutter d'avance de cet album qui est au fond très sympathique.  

C'est un album qui vient de sortir chez Delcourt, et c'est en fait un polar qui se passe dans le milieu américain de la BD !



Il est peu probable que je le lise un jour, même si l'album propose un portrait décapant des éditeurs et des fans de comics.

BDZoom en dit plus sur cette page :

http://bdzoom.com/153692/actualites/il-serait-criminel-de-passer-a-cote-de-«-sale-week-end-»…/

J'ai affirmé il y a une semaine que la BD n'était pas un média approprié pour transcrire une interview. Et bien aujourd'hui, je vais défendre l'affirmation contraire, selon l'universelle loi du changement permanent !  

Cette remarque s'est imposée en relisant le curieux petit livre de Bettina Egger, une dessinatrice allemande qui a interviewé Emmanuel Guibert au cours de l'année 2017 !



Ce livre à petit tirage se place plutôt dans la catégorie des œuvres d'art et d'essai que dans celles qui sont destinées au grand public, mais il possède un style personnel qui lui donne une grande force. Bettina Egger impose en effet sa propre façon de voir le récent lauréat du Grand Prix d'Angoulême, et cette subjectivité revendiquée lui donne une grande liberté de style. Et de fait, la dessinatrice change constamment de méthode narrative. Il lui arrive bien sûr de montrer Guibert en train de parler, mais le plus souvent, elle ne le montre pas et ne fait que transcrire ses paroles. Elle illustre alors ses propos avec diverses images d'objets, sans chercher à construire une véritable séquence narrative. Voilà par exemple ce qu'elle dessine lorsque Guibert commente certaines œuvres comme "le Photographe" ou "la Guerre d'Alan".



Sur d'autres pages, Bettina Egger dessine Emmanuel Guibert en train de parler et les illustrations qui sont tirées de ses propos deviennent une partie de son discours. La page ci-dessous le montre bien, tandis que Guibert raconte ses souvenirs d'un peintre chinois qu'il a vu autrefois sur un documentaire. Il se forme dans cette suite d'images une véritable séquence.



Troisième cas de figure, l'intervieweuse dessine l'homme qu'elle interroge tandis que le texte qui accompagne les images rapporte simplement ses propos. C'est la forme la plus évidente de BD, mais Bettina Egger décide alors de changer un peu de style graphique et les personnages sont représentés sous la forme d'ombres.



Constamment appropriées à leur sujet, ces variations incessantes de style donnent à ce livre une trame plutôt séduisante pour le lecteur. Les propos de Guibert (souvent de nature assez intellectuelle) prennent alors une importance secondaire et c'est bien la succession d'images qui prime dans cette BD. Mais l'œuvre reste tout de même un beau témoignage sur la vie de cet auteur.

C'est un curieux livre, donc, mais il prouve qu'une BD peut aussi retranscrire à sa propre manière (et avec sa propre vérité) une interview originale.  

On peut tout faire avec la BD.  

Grâce à ActuaBD, je découvre une nouvelle série sur le thème des "BD qui racontent la BD". Elle s'intitule les Aventures de la Librairie introuvable et le tome 4, intitulé le Collectionneur, est en train de paraître. Les auteurs se nomment Alep et Deloupy.



Le dessin semble classique et même assez attirant. Les héros de cette série sont toujours des libraires de BB et c'est un thème original.



La série n'est pas connue car elle est produite par un petit éditeur lyonnais qui se nomme Jarjille. Est-ce que Draculea (qui vit à Lyon) connait cet éditeur ? Il faudra en tout cas voir si cette nouveauté est diffusées chez nos libraires habituels.



ActuaBD interviewe Alep et Deloupy sur cette page :

https://www.actuabd.com/Alep-et-Deloupy-Il-y-a-peu-d-albums-qui-traitent-de-la-bande-dessinee-de-son

Edmond Calvo s'est lui aussi laissé tenté par l'humour que peut générer une belle mise en abyme. C'est bien sûr un peu étonnant car cet auteur créait des BD essentiellement destinées aux petits enfants, mais après tout … pourquoi pas ? Il est clair en tout cas que Gotlib, Fred ou Tabary, qui pratiquaient volontiers ce genre de gag, n'ont rien inventé.

Voici donc une malicieuse planche où l'on découvre la souris Cricri qui explore la table de travail de son dessinateur ! Calvo y montre sans aucune gêne le désordre de ses papiers (avec même une sommation de payer), ses lunettes et aussi le cendrier plein de vieux mégots.



Cricri était en principe scénarisée par Marijac mais il semble que Calvo était souvent le véritable inventeur des textes. Dans cette page de type humoristique, où le dessinateur se moque de lui-même, il n'y a vraiment aucun doute là-dessus.

On découvre sans arrêt de nouvelles "BD qui racontent la BD" !  

Cette fois-ci, je vous montre des images d'un manga qui vient de paraître et que je n'ai pas lu. Il s'intitule Trait pour trait et c'est le récit autobiographique d'une mangaka nommée Akiko Higashimura.



La dessinatrice raconte ses débuts dans le monde du manga et le difficile apprentissage de son métier. Son style graphique reste assez traditionnel du genre.



Gwenaël Jacquet en fait une belle critique sur BDZoom !

http://bdzoom.com/159221/actualites/une-vie-dans-le-manga-%c2%a0/

On réédite Georges et Tchang, l'excellent album de Laurent Colonnier qui raconte la fameuse rencontre de Tchang et d'Hergé, ainsi que le making of du Lotus bleu. J'ai déjà parlé de cet album dans une des pages précédentes de ce sujet.



Tout ceux qui avaient manqué l'occasion pourront rattraper le retard !  

Georges et Tchang, bd chez Glénat de Colonnier (planetebd.com)

William 31 ans scénariste est une BD en solo de James, qui est bien sûr lui même un scénariste de bande dessinée.



L'album se présente en fait comme une suite de gags en une planche.



Planète BD décrit un peu plus cette mise en abyme, mais sans grand enthousiasme.

https://www.planetebd.com/bd/delcourt/william-1-ans-scenariste/-/51292.html#image

Public Domain est une BD américaine qui raconte le problème des droits d'auteur aux USA. L'auteur se nomme Chip Zdarski.



"The Domain" est en fait le titre d'un comic book fictif qui a beaucoup de succès. Le fils du l'auteur s'indigne que le père de la série ne touche pas de droits d'auteurs et cet album raconte donc une classique bataille judiciaire. Le thème n'est pas nouveau et le dessin de cette BD est par ailleurs assez traditionnel.



C'est tout de même une "BD qui raconte la BD" et le site Planète BD en dit du bien.

https://www.planetebd.com/comics/urban-comics/public-domain/-/51018.html

Deviens quelqu'un est un album de Daniel Blancou racontant l'histoire d'un auteur de BD, qui affronte les affres de la création !



Le dessin anguleux et caricatural de Blancou donne du style à cette confidence en forme de fiction.



ActuaBD a plutôt bien apprécié.

https://www.actuabd.com/Deviens-quelqu-un-Par-Daniel-Blancou-Editions-Sarbacane

Planète BD fait une critique assez acide de Deviens quelqu'un !



Pour l'auteur de l'article, l'album semble ainsi une mise en abîme d’une autobiographie décousue, caricaturale, longuette et redondante.

https://www.planetebd.com/bd/sarbacane/deviens-quelqu-un/-/51268.html

L'illusion magnifique est un roman graphique racontant le parcours d'une jeune femme scénariste de comic books pendant les années 30, et ce récit révèle la terrible précarité de vie de ces scénaristes. Le tome 1 est paru pendant l'automne 2023 et l'auteur (italien) se nomme Alessandro Tota.



J'ai lu ce livre l'automne passée et je n'avais pas l'impression qu'il fallait en parler absolument ici. C'est bien mais sans plus (le dBD avait toutefois été très élogieux).

ActuaBD fait une critique plutôt élogieuse de cet album très documenté.

https://www.actuabd.com/L-Illusion-magnifique-Livre-1-New-York-1938-Par-Alessandro-Tota-Ed-Gallimard-BD

Le SAV de la BD, Souvenirs approximativement véridiques est une BD humoristique racontant la manière dont nous nous souvenons très mal des BD que nous avons lues autrefois. L'auteur du livre se nomme Jacq.



Le dessin est plat et presque vulgaire.



Je suppose que l'humour est du genre facile mais Planète BD en dit tout de même du bien.

https://www.planetebd.com/bd/vraoum/le-sav-de-la-bd/souvenirs-approximativement-veridiques/54328.html