stephane a écrit:
Alix n'est pas le Larousse de la bd Antique , mais bien une oeuvre de fiction, d'un véritable auteur.
Hum , par contre Kimono, cette histoire de tendresse entre Alix et Enak,dans cet album, c'est plutôt un fantasme pour vous, non?
Tout à fait d'accord, Stéphane (et Raymond, dont je retiens l'expression très juste "tout ce qui peut magnifier son aventure"), Jacques Martin en tant que créateur d'une fiction a tous les droits, sa seule loi est celle, narratologique, de la belle construction à frappante cohérence interne. Ainsi, puisqu'il faut une lutte, donc un complot, donc un vil comploteur, donc on va faire de Pompée un complice de Kildéric l'ennemi de Rome. Et j'accepte volontiers !
Ha ha, Stéphane, Alix et Enak, je n'ai plus du tout ces fantasmes, et je suis pagaie comme disait le kayakiste (la blague est de moi). Mais quand j'avais environ 13 ans et lisais cette aventure dans "Tintin", je m'identifiais fort à Enak et j'avais, innocemment, un crush pour le bô Alix. J'ai fait toute ma scolarité dans un collège-lycée exclusivement garçonnier (Jules Verne à Nantes). En Première ou en Terminale, les lois ont fait arriver trois filles dans notre classe, à notre grande stupéfaction : on ne savait pas ce que c'était, des filles ! Idem, dans Les Légions Perdues, on chercherait vainement une seule femme ! Aujourd'hui j'ai vécu et c'est exactement l'inverse pour moi : les personnages féminins et les autrices m'intéressent en général plus que les hommes, personnages ou auteurs, genre non pas mauvais mais peu recommandable. Je le sais bien, j'en suis un.
Amusons-nous, je rouvre mon album Casterman Les Légions Perdues : p.13, Alix accueille chez lui l'esclave Agérix avec les mots "Voici mon fidèle compagnon, Enak". Pas l'ombre d'une femme, et c'est Enak qui ajoute avec une gentillesse d'"hôtesse des lieux" : "Sois le bienvenu !". Bien plus tard p.24 /25, nos héros dorment dans une grotte. Enak voit en rêve "luire au-dessus de sa poitrine une arme gigantesque : l'épée de Brennus ! dont la pointe menaçante descend, descend..." Il s'éveille et voit Porius avec son poignard, lequel vient transpercer une mygale entre Enak et Alix. Celui-ci alors, tout au côté d'Enak bouleversé, lui caresse l'épaule : "Allons, calme -toi Enak... Dors, dors !..." p.33, Alix est emprisonné par le général Horatius. A l'auberge, Enak est plongé dans le chagrin, prostré, et c'est en vain que Galva lui offre un plat : "mange un peu"... Enfin, p.55, sur la corniche enneigée, Enak s'attarde, aux petits soins envers Porius démoralisé, l'appelle plusieurs fois, semble ne penser qu'à lui ; et Alix alors (jaloux ?) de lancer de loin : "Enak, ne reste pas en arrière !"
Bref, assez ri, tout cela n'est absolument pas à prendre au sérieux, même si sur un plan narratif (encore) Enak, fragile, tout dans l'émotion et l'affection, est un substitut d'une jeune fille (absente). C'était une étrange époque de la BD, une époque de refoulement.