J'ai enfin lu le 5ème tome de "Filles uniques" qui s'intitule
Chélonia et la conclusion est effectivement surprenante. Cela reste néanmoins un excellent album !
Cette dernière histoire se consacre donc à Chélonia, la cinquième fille qui me paraissait quasiment normale. Elle était au départ un sorte de "Deus Ex Machina" puisque c'est elle qui avait pris l'initiative de réunir les cinq filles les plus marginales du lycée, en les incitant à réunir leurs forces. On ne savait pas bien ce qui la motivait, ni quel était son point faible ? Elle était toujours d'un calme impressionnant face aux problèmes de ses amies, et elle avait un don pour trouver parfois des solutions ingénieuses.
Dans le cinquième tome, on découvre enfin ce qui la motive, et aussi la profondeur de sa dépression. Tant qu'il fallait résoudre les problèmes des autres, Chélonia montrait d'étonnantes compétences, mais elle se retrouve désemparée dès qu'elle doit faire face à sa propre situation. D'une façon surprenante, et néanmoins très logique, c'est la plus caractérielle des 5 filles (Paloma) qui va lui venir en aide. Paloma pourrait d'ailleurs donner des leçons à de nombreux psychiatres car sa technique d'entretien mélange admirablement la subtilité, les retours dynamiques et l'empathie.
Tout pourrait très bien se terminer mais la scénariste invente deux nouvelles crises tout à la fin de l'histoire. D'une part, le jeune homme qui héberge Paloma est mis en prison (de façon injuste d'ailleurs), et d'autre part la maison de Chélonia brûle. Les cinq filles se retrouvent quasiment à la rue ! Le fragile équilibre qui leur avait permis de surmonter leurs démons est totalement remis en question !
La dernière page apporte surtout des incertitudes! Que va t-il survenir après ces drames ? Faut-il envisager le pire, avec par exemple le retour de la petite Céleste chez ses parents maltraitants ?
Ou alors peut-on considérer que le "club des cinq" (les Filles Uniques) existe toujours ? Elles ont toutes entamé une sorte de psychothérapie qui pourrait leur permettre d'évoluer et de s'en sortir. De plus, elles savent maintenant que chacune d'entre elles peut compter sur l'aide des autres !
La réponse se trouve ... dans les couleurs !
il existe en effet deux récits complémentaires dans cette bande dessinée relativement complexe. Il y a d'une part la vie réelle et les événements journaliers qui sont ornés de couleurs ordinaires, et d'autre part les pensées intimes, ou les récits rétrospectifs, qui sont teintés de couleurs rougeâtres ou jaunâtres presque uniformes (comme on peut le voir ci-dessus au sujet du destin de Céleste). Et dans la dernière page de l'album, les couleurs naturelles se mélangent confusément avec les teintes uniques (psychologiques). On ne sait plus à quelle réalité se fier ?
Pour ma part, je me fierai davantage aux teintes réalistes qu'aux humeurs sombrement colorées. Et la dernière case. qui est en couleurs naturelles, résume au fond très bien ce que pourrait être l'avenir !
C'est en fait Paloma qui s'exprime et elle garde un remarquable sang froid ! La Fougère, c'est la maison où elle est hébergée et qui lui a permis d'échapper à son funeste destin. Le jeune homme qui la gérait a été mis en prison mais les 5 filles peuvent au fond très bien se mettre à leur compte pour gérer cette demeure. Elles sont certes bien jeunes mais la volonté peut parfois faire des miracles. Pourquoi ne pas y croire ?
Je considère donc que même si la série ne s'achève pas de façon paisible (il pourrait d'ailleurs y avoir une suite ?), nous sommes en face d'une fin ouverte qui permet d'envisager plusieurs scénarios différents. Pour ma part, je suis un incurable optimiste (de même qu'un volontariste) qui n'envisage pas que cette saga se termine mal. Et je fais donc confiance à Paloma qui a déjà fait preuve d'étonnantes ressources dans ce cinquième tome . Les filles uniques n'ont pas dit leur dernier mot et elles ont donc de réelles chances de s'en sortir.
C'est du moins ainsi que j'envisage la fin de cette intéressante saga.