Bon, le dessin de couverture est tiré du troisième volume de la série
Mc Cay, (dessins de Jean-Philippe Bramanti sur scénario de Philippe Smolderen), série en quatre volumes mettant en scène le célèbre auteur de BD Winsor Mc Cay. La ville représentée sur la couverture du magazine pourrait être Cincinnati, ville natale de l'auteur.
Ce numéro de Beaux Arts prolongeait une exposition sur la ville et la BD, à la Cité de l'architecture et du patrimoine. Le parti pris de l'exposition était de suivre une présentation chronologique avec parfois des sauts temporels lorsqu'il s'agit de traiter de filiations et d'affinités graphiques. Des villes phares étaient alors mises en lumière (New York, Paris, Tokyo, etc...).
Ce numéro de Beaux Arts débute presque naturellement par un entretien avec les commissaires de l'exposition "Archi & BD", Francis Rambert et Jean-Marc Thevenet (c'est ce dernier, ancien directeur du Festival International d'Angoulême, qui avait monté l'expo).
Pour coller à l'expo, la revue est ainsi découpée en plusieurs chapitres, selon le principe chronologique évoqué plus haut.
Voici donc le sommaire :
I - 1900-1958 Il était une fois en Amérique2 articles signés par Nicolas Verstappen
- Les pionniers US à l'assaut des buildings
- La grosse pomme* croquée
*allusion à Big Apple, le surnom donné à la ville de New York
II - 1958-1990 La cité moderne2 articles
- La maison Spirou, par Stéphane Beaujean
- Architecture de la planche, par Bob Stone
PORTFOLIO
Plus vrai que nature
III - 1990-2010 Itinéraires contemporains2 articles signés Vincent Bernière
- Bienvenue dans le monde réel
- Le monde secret de Titouan Lamazou
IV - 2010... Demain la ville- Vaisseaux spatiaux et cités obscures, par Vincent Bernière
- Les élucubrations de Reiser et Rottier, par Bob Stone
Tous ces articles bénéficiant d'une iconographie d'excellente qualité. Par exemple, pour "La maison Spirou", outre une demi-planche tirée de "La maison préfabriquée", la couverture du recueil n°56 fait l'objet d'une pleine page. Au verso nous avons droit à la planche 1 des
Cargos du Crépuscule avec ses couleurs magnifiques, parfaitement restituées.
(au passage, je n'avais pas prêté attention à un détail, en lisant cette aventure, mais là, comme la planche est isolée, ça m'a sauté aux yeux : le bar de la première case s'appelle "Liberty Bar". Il s'agit d'un clin d'oeil à Georges Simenon, auteur d'un roman portant ce titre (roman adapté au théâtre et à l'écran). Dans l'histoire avec le commissaire Maigret, le Liberty Bar est situé dans une ruelle sordide de Cannes, ce qui n'est pas le cas pour l'aventure de Gil Jourdan.
Pour l'article intitulé "Architecture de la planche", en pleine page à gauche de l'article nous avons la reproduction d'une planche dont Fred a le secret. Philémon est aux prises avec un gaufrier de bande dessinée, dessiné en perspective dans ses trois dimensions. Dessiné de cette manière, le gaufrier ressemble davantage à un clapier ou un immeuble en cours de construction, qu'à une page de bande dessinée. C'est jubilatoire. Philémon passe avec difficulté de case en case pour finalement sortir de cette structure et se retrouver sur le sol, comme sur un trottoir. Cette planche est tirée de l'album "L'enfer des épouvantails". Elle peut parfaitement se savourer isolément.
Dans ce numéro, je ne regrette pas le choix de la planche de Nestor Burma pour illustrer les "Itinéraires contemporains". Elle provient du dernier épisode de Nestor Burma dessiné par Tardi, "M'as-tu vu en cadavre", un des meilleurs de la série sur le plan graphique.
Cette numéro n'est pas indispensable. Il n'intéressera que des mordus, des amateur comme Raymond. Mais on peut considérer que celui qui l'achète en a pour son argent. Ce n'est pas le magazine bouclé à la hâte, achevé dans la précipitation. Il répond à une réelle démarche artistique et analytique et sa facture est excellente (cahiers cousus).