Disons-le tout net, j'ai finalement bien apprécié ce Numéro Spécial de Spirou qui s'intitule Editions Dupuis 1922 - 2022 !
Tout d'abord, il faut souligner que le journal a fait un bel effort rédactionnel ! Sur les 100 pages de ce numéro, plus de 80 sortent réellement de l'ordinaire et ce numéro "spécial" mérite bien son nom. Le thème principal n'est certes pas très nouveau, puisque les dessinateurs actuels devaient dessiner la parodie d'une bande dessinée du journal, mais la plupart de ces pages présentent un intérêt réel. On ne rit certes pas à chaque page, car il y a souvent des hommages émus ou ironiques dédiés à un auteur, mais toutes ces historiettes sont généralement bien faites.
Pour être bien comprise, il faut sinon que le lecteur connaisse la série parodiée et ... il faut avouer que de ce côté-là, j'avais un certain nombre de lacunes. Je ne me suis donc pas trop attardé sur les parodies de "Zombillenium", de "Frnck" ou des "Sœurs Grémillet", des BD que j'ai passablement dédaignées jusque-là ! Ceci ne m'a cependant pas empêché d'apprécier les autres œuvres du journal. Ces BD font entre 1 et 4 pages et elles m'ont permis de passer un bon moment.
J'y ai aussi trouvé quelques belles surprises, comme par exemple l'hommage à Dodier (et à Jérôme K Bloche) qui a été dessiné par Pascal Jousselin. Ce dernier semble nous faire des confidences sur son confrère et, si on le prend au mot, on pourrait en conclure que Dodier est un sacré gaffeur. Le portrait reste cependant assez sympathique et le tout est bien enlevé.
De même, les trois pages consacrées à Michel Vaillant sont assez savoureuses. Bouzard y reproduit avec malice le dessin assez raide et les textes un peu pléthoriques que l'on retrouve parfois dans les albums de Graton et, vu de loin, un novice pourrait s'y méprendre. Si on lit toutefois cette BD d'un peu plus près, la parodie est évidente.
L'hommage de Frank Pé à Hausmann (et à son album "Laïyna") est un peu plus touffu et assez mal découpé, mais il y a une sincérité d'émotion qui compense ces travers. Faut-il le rappeler, Frank Pé avait déjà incorporé la silhouette d'Hausmann dans une histoire de Broussaille et il y a derrière son nouvel hommage une vieille complicité. Et puis, tout le monde sait que Frank Pé est un artiste et on lui pardonne donc facilement certaines choses.
Sinon il y a aussi les véritables parodies, celles qui se terminent avec un gag ! J'ai dans ce style bien apprécié les deux pages de Buck Danny dessinées par Libon, qui fait preuve d'une joyeuse férocité. Le pilote veut accomplir toutes ses missions en volant sur son avion et il en devient complétement grotesque. C'est bien trouvé.
De même, Tébo prend le rôle du dessinateur naïf qui mélange Astérix et les Schtroumpfs et ... c'est moyennement drôle. Cela lui permet de nous montrer à nouveau le visage contrarié de Lewis Trondheim (c'est un running gag de l'Atelier Mastodonte) et je vois ce petit gag comme une sorte de minimum syndical. Mais il faut aussi admettre que je n'aime pas trop ce dessinateur.
Et puis il y a les surprises inattendues, comme par exemple Hermann qui redessine le portrait de Gil Jourdan. Il n'y a pas de gag dans cette image unique et c'est un simple hommage. C'est en quelque sorte le service minimum d'un grand créateur, mais c'est tout de même un acte de présence bien sympathique.
D'une manière générale, il faut reconnaître que les parodies des grands classiques sont souvent mieux réussies, parce qu'elles sont connues de tout le monde. Mais la meilleure parodie de ce numéro spécial concerne tout de même une série récente, qui est Imbattable. En général, ce super-héros joue habilement avec la géométrie de la planche et c'est toujours un régal de découvrir les inventions "structurelles" créées par Pascal Jousselin. La parodie d'Etienne Lécroart se montre tout aussi inventive, en montrant cette fois l'enfance malheureuse du futur super-héros. Ce dernier est en effet encore trop jeune pour maîtriser ses pouvoirs et il en résulte une accumulations de maladresses tout à fait cocasses. On peut lire et relire longtemps ces deux pages aussi méchantes que survoltées, et cela reste toujours drôle !
Ajoutons que la partie "traditionnelle" du journal nous propose en plus le nouveau Spirou de Schwartz (qui semble très réussi) et la 30ème aventure de Yoko Tsuno (que Leloup a de plus en plus de peine à dessiner). Tout cela nous donne donc un Spirou très copieux et riche en surprises. Cela fait bien longtemps que l'on n'avait pas vu ça !
Ce numéro est un futur collector !
Tout d'abord, il faut souligner que le journal a fait un bel effort rédactionnel ! Sur les 100 pages de ce numéro, plus de 80 sortent réellement de l'ordinaire et ce numéro "spécial" mérite bien son nom. Le thème principal n'est certes pas très nouveau, puisque les dessinateurs actuels devaient dessiner la parodie d'une bande dessinée du journal, mais la plupart de ces pages présentent un intérêt réel. On ne rit certes pas à chaque page, car il y a souvent des hommages émus ou ironiques dédiés à un auteur, mais toutes ces historiettes sont généralement bien faites.
Pour être bien comprise, il faut sinon que le lecteur connaisse la série parodiée et ... il faut avouer que de ce côté-là, j'avais un certain nombre de lacunes. Je ne me suis donc pas trop attardé sur les parodies de "Zombillenium", de "Frnck" ou des "Sœurs Grémillet", des BD que j'ai passablement dédaignées jusque-là ! Ceci ne m'a cependant pas empêché d'apprécier les autres œuvres du journal. Ces BD font entre 1 et 4 pages et elles m'ont permis de passer un bon moment.
J'y ai aussi trouvé quelques belles surprises, comme par exemple l'hommage à Dodier (et à Jérôme K Bloche) qui a été dessiné par Pascal Jousselin. Ce dernier semble nous faire des confidences sur son confrère et, si on le prend au mot, on pourrait en conclure que Dodier est un sacré gaffeur. Le portrait reste cependant assez sympathique et le tout est bien enlevé.
De même, les trois pages consacrées à Michel Vaillant sont assez savoureuses. Bouzard y reproduit avec malice le dessin assez raide et les textes un peu pléthoriques que l'on retrouve parfois dans les albums de Graton et, vu de loin, un novice pourrait s'y méprendre. Si on lit toutefois cette BD d'un peu plus près, la parodie est évidente.
L'hommage de Frank Pé à Hausmann (et à son album "Laïyna") est un peu plus touffu et assez mal découpé, mais il y a une sincérité d'émotion qui compense ces travers. Faut-il le rappeler, Frank Pé avait déjà incorporé la silhouette d'Hausmann dans une histoire de Broussaille et il y a derrière son nouvel hommage une vieille complicité. Et puis, tout le monde sait que Frank Pé est un artiste et on lui pardonne donc facilement certaines choses.
Sinon il y a aussi les véritables parodies, celles qui se terminent avec un gag ! J'ai dans ce style bien apprécié les deux pages de Buck Danny dessinées par Libon, qui fait preuve d'une joyeuse férocité. Le pilote veut accomplir toutes ses missions en volant sur son avion et il en devient complétement grotesque. C'est bien trouvé.
De même, Tébo prend le rôle du dessinateur naïf qui mélange Astérix et les Schtroumpfs et ... c'est moyennement drôle. Cela lui permet de nous montrer à nouveau le visage contrarié de Lewis Trondheim (c'est un running gag de l'Atelier Mastodonte) et je vois ce petit gag comme une sorte de minimum syndical. Mais il faut aussi admettre que je n'aime pas trop ce dessinateur.
Et puis il y a les surprises inattendues, comme par exemple Hermann qui redessine le portrait de Gil Jourdan. Il n'y a pas de gag dans cette image unique et c'est un simple hommage. C'est en quelque sorte le service minimum d'un grand créateur, mais c'est tout de même un acte de présence bien sympathique.
D'une manière générale, il faut reconnaître que les parodies des grands classiques sont souvent mieux réussies, parce qu'elles sont connues de tout le monde. Mais la meilleure parodie de ce numéro spécial concerne tout de même une série récente, qui est Imbattable. En général, ce super-héros joue habilement avec la géométrie de la planche et c'est toujours un régal de découvrir les inventions "structurelles" créées par Pascal Jousselin. La parodie d'Etienne Lécroart se montre tout aussi inventive, en montrant cette fois l'enfance malheureuse du futur super-héros. Ce dernier est en effet encore trop jeune pour maîtriser ses pouvoirs et il en résulte une accumulations de maladresses tout à fait cocasses. On peut lire et relire longtemps ces deux pages aussi méchantes que survoltées, et cela reste toujours drôle !
Ajoutons que la partie "traditionnelle" du journal nous propose en plus le nouveau Spirou de Schwartz (qui semble très réussi) et la 30ème aventure de Yoko Tsuno (que Leloup a de plus en plus de peine à dessiner). Tout cela nous donne donc un Spirou très copieux et riche en surprises. Cela fait bien longtemps que l'on n'avait pas vu ça !
Ce numéro est un futur collector !