Robert Moreau et Dicky le fantastic

C'est en parcourant le forum Pimpf que je me suis rendu compte qu'il y a des admirateurs de Robert Moreau, et de sa revue Dicky le fantastic.



Je découvre de temps en temps ces albums de "Dicky" au marché aux puces. Je les ai feuilleté et je me suis intéressé au dessin de Moreau qui semble assez proche de celui de Walt Disney (ou de Claude Marin). C'est une BD animalière et innocente, plutôt destinée aux enfants.



Je me suis alors demandé ce qui pouvait entraîner une telle passion pour l'oeuvre de ce dessinateur ?

Robert Moreau est un dessinateur oublié, mais il existe tout de même quelques articles à son sujet dans les fanzines . C'est ainsi que l'on trouve une interview du dessinateur dans Hop N° 76, et une bibliographie assez complète dans Hop N° 78. Il existe également une interview dans Haga N° 54. Il n'est donc pas très difficile de trouver des infos à son sujet.

Commençons par montrer un portrait de l'auteur de Dicky !   

En faisant des recherches pour retrouver des BD d'Erik, je suis tombé par hasard sur les premières pages de Dicky l'intrépide, publiées à partir de l'Intrépide N° 333 en 1956. C'est une longue histoire à suivre que j'ai commencé à lire, et cela m'a bien sûr fait perdre un peu de temps.  



La BD démarre bien, je trouve, et l'histoire se lit facilement. Elle a un style qui fait penser un peu à Mickey et ... ce n'est pas un hasard !

En fait, lorsque Robert Moreau a été engagé au éditions Mondiales par Cino Del Ducca, on lui a confié la tâche de créer une série qui serait emblématique du journal l'Intrépide. Le rédacteur en chef (Raymond Labois) souhaitait une sorte de "Mickey français" et Robert Moreau a ainsi choisi de créer une BD fraîche et ronde, montrant un personnage sympathique qui vit des aventures trépidantes.

Dicky semble avoir eu d'emblée un certain succès, car l'histoire à suivre du journal l'Intrépide s'est ensuite accompagnée de la publication d'un petit format (dès décembre 1956) qui proposait des histoires complètes inédites. Robert Moreau a donc poursuivi les aventures de son personnages "sur deux fronts" et il ne manquait pas de travail. En 1957-1958, il a de plus dessiné des strips quotidiens de Dicky dans Paris Journal junior, et je me demande comment il a fait pour assumer tout ce travail ? Dans ses interviews, Robert Moreau affirme qu'il faisait tout cela tout seul.  

La suite dans quelques heures, si cela vous intéresse.  

Moi oui .

Moi également car je ne connais pas grand chose de Robert Moreau à part Trompette

Et les fiches bricolages du journal de Mickey !

Suite attendue avec plaisir

Cino Del Ducca avait des idées bien arrêtées sur ce que devaient contenir ses journaux. C'est ainsi qu'il exigeait des auteurs que les BD dessinées pour l'Intrépide (ou pour Hurrah) comportent au moins cinq bandes par page. Il fallait aussi que chaque planche contiennent un nombre minimum de cases. Cette exigence provenait du souhait que les acheteurs des hebdomadaires aient assez à lire dans chaque numéro. Il fallait en fait qu'il se passe quelque chose à chaque page.

C'est ainsi que les histoires de Dicky l'intrépide paraissent beaucoup plus denses que celles des petits formats (ceux-ci seront repris pendant les années 60 sous forme d'albums). L'aventure se renouvelle à chaque page et la lecture est assez plaisante.

A noter, toutefois, que de nombreuses pages de Dicky ont été publiées en couverture du journal. Ces planches ne font donc que 4 strips, afin de laisser la place au bandeau du titre.  

Voici donc la page 2 !   

Cette aventure (qui débute) va se prolonger longtemps dans l'Intrépide puisqu'elle fera finalement 172 planches. Elle s'intitule toute simplement "Dicky l'intrépide".  Ensuite viendront Dicky en Amérique (91 planches) puis Dicky chevalier (26 planches). Après cela, l'Intrépide fusionnera avec Hurrah, et Moreau ne dessinera plus que des gags en une page, pendant 90 numéros.

Pour l'instant, nous n'en sommes qu'au début de l'histoire, et Dicky commence d'emblée par se faire des ennemis. Il est bien parti.  

Voici la page 3 !

On va donc pouvoir voir 172 planches à la suite...  

Bien sûr que non ! Je ne possède qu'une reliure qui contient le début de cette histoire !  

Il est vrai que Fripon possède probablement les numéros de l'Intrépide qui me manquent, mais cela serait terriblement fastidieux de tout mettre en ligne. Et puis, ce n'était pas mon but.

Mon idée était plutôt de vous montrer une suite assez longue de pages, pour vous permettre de vous faire une idée du récit, de son ambiance, de ses qualités graphiques, et de son intérêt.

Ce n'était qu'une taquinerie de plus de ma part.  

Je continue donc avec la page 4 ! On y voit que malgré son apparence "mignonne", Dicky possède avant tout les qualités propre à un héros d'aventures. Il doit affronter l'adversité, et il se révèle malin, obstiné et entreprenant.

Dicky est déjà tombé dans un piège (il y en aura bien d'autres) et son concours commence mal.  

Étonnant, ces phylactères. Assez typique de l'Intrepide -Hurrah ou bien les retrouve t on dans d'autres journaux de l'époque ?

Totoche Tannenen a écrit:Étonnant, ces phylactères. Assez typique de l'Intrepide -Hurrah ou bien les retrouve t on dans d'autres journaux de l'époque ?

C'est vrai que le lettrage est toujours grand et bien lisible dans l'Intrépide, mais le style des caractères varie quand même d'un auteur à l'autre. Je suppose donc que Robert Moreau faisait lui-même ce travail.

Je poursuis donc avec le voyage de Dicky qui semble compromis. Il doit s'y reprendre à plusieurs fois ... avant de se débarrasser des brigands qui l'ont enlevé.

Page 6 !   

Heureusement, Dicky possède la qualité principale d'un bon héros de BD : il est chanceux !  

Page 7 :

Avec la page qui suit, on commence à comprendre le thème général de l'aventure. Ce long voyage qu'il faut réaliser avec des moyens financiers réduits, cela nous rappelle ce fameux roman de Paul d'Ivoi (que vous avez peut-être lu dans votre jeunesse) qui s'intitule  "les cinq sous de Lavarède ".

"Dicky" est une BD animalière complètement anthropomorphe, et le monde dans lequel évoluent les personnages est à peine décalé du nôtre. C'est ainsi que les concurrents vont suivre un itinéraire très précis : Paris, Marseille, Dakar, Rio de Janeiro etc ...qui sera présenté d'une manière presque réaliste. Bref, un tour du monde qui en rappelle bien d'autres !    

Page 10 ! Dicky et ses rivaux vont continuer à se jouer des tours pendables.

Page 11 !

Page 12 ! Les retournements de situation se succèdent, et cela n'est pas fini. Je pense toutefois m'arrêter à ce stade de l'histoire de Dicky l'intrépide.  



Vous avez maintenant compris comment est construite cette BD toute simple, qui garde tout de même un certain charme. Dans les posts qui suivent, je vous propose d'explorer le reste de la production de Robert Moreau.

Souhaitez-vous comparer les planches parues dans l'Intrépide avec celles des petits formats, qui ont été reprises ensuite dans des albums de plus grande dimension ?

Prenons par exemple Dicky spéléologue, le 2ème album de la série.




Si je prends cet exemple, c'est tout simplement parce que l'histoire entière a été mise en ligne sur Internet. On la trouve à cette adresse :  

http://arts.speleo.free.fr/BD/c-e/dicky/dicky.html

En voici une page !



Il me semblait au départ que les planches des récits complets étaient moins riches en décors, mais la différence n'est au fond pas énorme. Le style de Robert Moreau reste assez constant, même si les cases paraissent un peu agrandies.

Merci pour l'initiative de ce sujet, que je vais suivre avec assiduité ! RoMOREAU, j'adore !