Bonjour
Servitude est un cycle de 6 opus, écrit par David et dessiné par Bourgier.
La série raconte une guerre civile au sein de royaumes médiévaux, soumis à l'influence de créatures fantastiques, comme les dragons ou les anges.
Nous suivons plus particulièrement le parcours de Kiriel, un chevalier, qui, en sus ses talents d'épéiste, va progressivement acquérir une épaisseur psychologique et un fond d'humanisme.
Le scénariste crée un monde riche auquel préfaces et postfaces donnent de l'épaisseur et une forte crédibilité. La saga s'inspire fortement et clairement du
Trône de fer de Georges RR Matin, mais l'intrigue s'en démarque suffisamment pour acquérir une vie propre. D'un côté la relation amoureuse et incestueuse de Lérine pour son frère copie servilement celle de Cersei avec Jaime. De l'autre le combat des esclaves noirs pour gagner leur liberté constitue une vraie nouveauté.
La fin de l'intrigue part malheureusement à vaux l'eau. On ne comprend plus la motivation des personnages et plusieurs décisions semblent aberrantes : pourquoi l'Hégémon fuit la cité impérial alors que sa révolution est en passe de triompher ? Pourquoi cette poursuite folle dans le désert (on sent bien que le scénariste est gêné car il se donne beaucoup de mal pour la justifier
) ? Pourquoi F'lar évolue-t-elle ainsi ? Etc. Du coup, la violence qui passe bien au début de la geste, du fait du souffle épique, devient incongrue et envahissante. Ainsi, dans les deux derniers tomes, le but n'est plus que de tuer, mieux encore, de s'entretuer dans une relation nihiliste.
Par contre, j'ai été subjuguée par la qualité du dessin de Bourgier. Tant les personnages que les décors sont incroyablement parfaits. Des visages aux traits ciselés donnent vie à l'âme des personnages. Et dans ce foisonnement de héros, chacun est dessiné différemment ce qui le rend immédiatement reconnaissable et unique. Les panoramas sont grandioses, qu'ils soient naturels ou enrichis par des constructions majestueuses. Le recours à l'ordinateur élargit la palette et constelle de détails des dessins réalistes et déjà fouillés.
Au final, je retiendrai de cette série le grand talent de Bourgier.
Eléanore