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Gringos Locos

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Ethan
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51Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Jeu 10 Mai - 21:22

JYB


vieux sage
vieux sage

Ethan a écrit:Dans ce podcast Yann s'explique (pour moi) clairement au sujet de cet album, il évoque aussi les photos. Wink
http://www.rtbf.be/radio/podcast/player?id=1728166
Rien de neuf sous le soleil. Je ne change pas une virgule à toutes les énormes réserves que j'ai faites (et que d'autres ont faites, d'ailleurs ; je ne me sens pas seul dans la critique). Au contraire, ce que j'ai entendu me confirme qu'il y a quelque chose de pas clair dans la façon de faire de Yann. Confirmation aussi que lui et Schwartz n'ont pas eu les photos ; donc, j'ai vu juste ! Et je ne sais pas si je me fais des idées, mais dans la courte phrase que prononce Yann à ce sujet, je sens dans sa voix un léger regret de ne pas les avoir eues, ces photos...

52Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Jeu 10 Mai - 21:39

Ethan

Ethan
grand maître
grand maître

JYB a écrit: Et je ne sais pas si je me fais des idées, mais dans la courte phrase que prononce Yann à ce sujet, je sens dans sa voix un léger regret de ne pas les avoir eues, ces photos...

Je suis d'accord avec toi sur ce point.
Sinon, moi j'avais lu que les enfants Gillain n'avaient pas été au courant de la réalisation de ce livre et dont mis devant le fait accompli.
Mais ici, Yann dit qu'il s'était renseigné auprès d'eux au sujet du voyage américain, qui dit la vérité dans cette histoire Question

53Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Jeu 10 Mai - 23:02

JYB


vieux sage
vieux sage

Ethan a écrit:
JYB a écrit: Et je ne sais pas si je me fais des idées, mais dans la courte phrase que prononce Yann à ce sujet, je sens dans sa voix un léger regret de ne pas les avoir eues, ces photos...
Je suis d'accord avec toi sur ce point.
On a donc eu la même impression ; de toute façon, c'est évident que n'importe quel dessinateur aurait été content d'avoir sous les yeux de telles photos, et que ces dernières sont indispensables à un tel ouvrage.
Au sujet de la documentation iconographie, je signale une erreur (mais c'est "peanuts" dans l'affaire) : le paquebot qui embarque la famille Gillain a vraiment existé (le Nieuw Amsterdam) mais dans la réalité ses cheminées étaient jaunes avec bagues vertes, et non rouges avec bagues blanches... Mais bon, je pinaille...

Ethan a écrit:Sinon, moi j'avais lu que les enfants Gillain n'avaient pas été au courant de la réalisation de ce livre et dont mis devant le fait accompli.
Mais ici, Yann dit qu'il s'était renseigné auprès d'eux au sujet du voyage américain, qui dit la vérité dans cette histoire Question
Il faudrait reprendre ce qui a été dit de part et d'autre. De mémoire, il me semble que Yann a déjeuné avec une fille Gillain et a discuté avec un fils (Benoît ?). Je suppose que ces discussions n'ont pas permis d'approfondir le sujet, et que de toute façon, Yann avait déjà beaucoup de matière avec les souvenirs de Franquin, étoffés par ceux de Morris (sans compter, a-t-il raconté, une batterie d'articles et d'interviewes des uns et des autres, y compris une d'Annie, l'épouse de Joseph Gillain, qui racontait le périple ; sans doute les souvenirs des enfants, trop jeunes à l'époque, n'étaient-ils pas indispensables ?).
Ce que disent les enfants Gillain, et la fille Franquin je crois, c'est que, s'ils étaient vaguement au courant qu'un projet devait se faire, ils n'ont découvert l'existence de la BD qu'à l'occasion de la parution dans Spirou ou dans Le Soir, je ne sais plus ; et encore, c'est parce qu'une tierce personne a envoyé aux Gillain des scans de quelques planches déjà parues. Ils ont donc été mis devant le fait accompli. Si l'affaire devait se réaliser avec la collaboration des familles concernées, c'est évident que la moindre des choses aurait été de les tenir au courant au fil de la préparation et de leur soumettre ces planches avant parution. Non pas pour censurer, mais pour rectifier le tir quand il y avait des erreurs manifestes. Ce n'est quand même pas un livre de révélations fracassantes et gênantes, sur des secrets de famille, etc. Juste un livre racontant de façon sympathique un épisode assez exceptionnel : pourquoi ne pas associer la famille à ce projet ? C'est certain que si l'éditeur et les auteurs n'ont pas prévenu en temps voulu les familles que la BD était terminée, puis qu'elle allait paraître, c'est une peu léger comme attitude, la BD n'ayant pas de raison de se faire "en traître", si j'ose dire.

54Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Ven 11 Mai - 9:57

Invité


Invité

http://klarelijninternational.midiblogs.com/archive/2012/05/07/gringos-locos.html

55Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Ven 11 Mai - 12:35

JYB


vieux sage
vieux sage

Treblig a écrit:http://klarelijninternational.midiblogs.com/archive/2012/05/07/gringos-locos.html
Extrait du texte : "On peut supposer que Jijé, Franquin et Morris, s’ils étaient encore parmi nous, riraient de bon cœur de se voir si drôles en ce miroir !". On peut supposer, oui... On peut en supposer, des choses ! On peut supposer aussi qu'ils souhaiteraient qu'on les laisse tranquilles avec cette histoire. On peut supposer encore qu'il valait mieux attendre qu'ils ne soient plus parmi nous pour sortir cet album. Hou, que je suis taquin...
Au fait, un tome 2 étant annoncé et René Goscinny devant y figurer, j'attends avec impatience la réaction d'Anne Goscinny, fille de René, et celle des lecteurs qui critiqueront une réaction qui serait similaire à la réaction des enfants Gillain. Une réaction d'Anne Goscinny d'autant plus intéressante qu'elle est née en 1968, longtemps après les faits, et qu'elle a très peu connu son père.

56Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Ven 11 Mai - 19:53

Invité


Invité

http://www.actuabd.com/Gringos-Locos-enfin-en-librairie

57Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Sam 12 Mai - 1:02

Raymond

Raymond
Admin

Bel article d'ActuaBD, qui dit fort bien ce que l'on peut penser de la controverse actuelle.

Cela me donne d'ailleurs l'occasion d'évoquer quelque chose qui me navre. Avec toutes ces discussions, nous nous éloignons complètement de ce que représente cette BD joyeuse, à la fois tendre et insolente. Bien qu'humoristique, cette histoire est en effet un témoignage d'admiration et d'affection pour les trois personnages principaux qui en sont les héros. Elle nous donne aussi le plaisir de revivre une époque qui n'est pas si éloignée que ça (pour certains d'entre nous, elle est proche de notre enfance). Elle était moins "coincée" que notre monde actuel, et on est aujourd'hui surpris par les étonnantes libertés que prenaient parfois certains personnages.

Prenons pour exemple une anecdote qui se trouve au début de l'album. La veille du départ de Gillain, Morris et Franquin vers les USA, trois collègues farceurs les reçoivent en les bombardant d'eau. Dès la première image, on les reconnait aisément. Ce sont en effet Hubinon, Eddy Paape et Charlier qui commettent cette farce.

Gringos Locos - Page 3 Farce_10

Je n'ai pas montré la fin de la page, et je rappellerai que cette anecdote se termine avec l'intervention de Mme Gillain. Elle sermonne bien sûr tous ces grands enfants qui se livrent à de telles pitreries. Serait-ce elle, à tout hasard, qui a autrefois raconté cet événénement à Yann ?

Maintenant ... comment lire cette page ? Elle représente en tout cas un bel exemple de l'atmosphère qui pouvait régner chez les dessinateurs de Spirou, à la fin des années 40. Elle frappe par son ambiance joyeuse et dynamique, et nous montre des personnages bien vivants. On peut en fait l'accueillir à la fois comme un témoignage de l'époque, et comme une histoire drôle. C'est en tout cas comme cela que je la comprends.

Par ailleurs, je ne pense pas que Yann ait inventé cette anecdote, mais on pourrait bien sûr se mettre à ergoter là-dessus. On peut questionner sans fin la réalité des détails, dans le but de se livrer à un travail de dénigrement. On peut se demander si tout cela est bien respectueux des personnages ? Et puis, est-ce que les événements se sont bien passés de cette manière ? Est-ce que les personnages se trouvent à la bonne place ? Est-ce qu'ils utilisaient une baignoire ? Est-ce que untel portait une chemise blanche ? Est-ce que Jijé avait un chapeau, etc ... Il n'y a pas vraiment de limite aux pinaillages, mais il y a alors lieu de se demander : toutes ces questions sont-elles vraiment pertinentes ?

Je suis personnellement assez content que l'album contiennent quelques pages additives, qui expliquent le regard des enfants de Jijé. Cette multiplicité des points de vue enrichit l'intérêt de cette histoire, même si l'oeuvre de Yann et Schwartz peut très bien être lue sans connaître tous les détails réels qui l'inspirent. Cependant, je ne crois pas que les enfants Gillain détiennent toute la vérité. La réalité des faits est toujours complexe, et il est vain de vouloir la ramener à un seul avis. Et puis, la vocation d'une BD d'humour est de faire rire, et pas de réaliser un reportage.

C'est ainsi qu'au fond, cette recherche du détail vrai n'est pas une excuse pour oublier complètement ce qui distingue une oeuvre, En l'occurence, Gringos Locos est avant tout une BD humoristique et caricaturale, qui rend hommage à trois dessinateurs, mais aussi à un style graphique qui a été inventé par quelques dessinateurs belges de l'après-guerre. Jijé et Franquin sont ainsi "croqués" par un dessin dynamique et légèrement irrespectueux (parce que caricatural), semblable à celui qu'ils ont autrefois inventé. Leur humour est en fait reproduit avec une certaine fidélité, mais il raconte cette fois-ci un moment de leur vie. Je suis sûr qu'ils seraient les premiers à rire d'un tel gag.


_________________
Et toujours ... Gringos Locos - Page 3 Charli10
https://lectraymond.forumactif.com

58Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Sam 12 Mai - 2:40

JYB


vieux sage
vieux sage

Beau discours pour défendre cet album, mais tu prends un mauvais exemple en choisissant celui de la scène de la baignoire. D'une part, l'affaire était déjà connue et a été racontée par Charlier lui-même (dans une lointaine interview que je détiens chez moi et que tout ancien peut avoir aussi ; de toute façon, il l'a racontée souvent autour de lui, oralement ; raconter cette période de sa vie, c'était sa "séquence émotion" comme on dit) ; d'autre part, ce gag ne cause de tort à personne et ne fait que montrer les protagonistes comme de grands enfants turbulents (parmi ceux qui balancent la baignoire plein d'eau, Charlier n'a que 23 ans, et il était connu de tout temps comme un joyeux farceur) ; ce n'est pas sur ce genre de scène que tiquent les enfants Gillain (et moi).
Tu ajoutes dans ton post, au sujet de la scène de la baignoire : "On peut questionner sans fin la réalité des détails, dans le but de se livrer à un travail de dénigrement." Puisque je suis le seul à faire du "dénigrement" ici, ceci s'adresse à moi. Eh bien, désolé de te le dire, mais tu mets à côté de la plaque. Jamais je n'irais critiquer ce genre de détails dans ce genre de scène (je répète : ce genre de détails que tu cites, dans ce genre de scène que tu prends en exemple). En revanche, je n'hésite pas à dénigrer le travail des auteurs Yann et Schwartz - surtout Yann, le narrateur - quand j'apprends, par bribes, qu'ils auraient pu creuser encore plus le sujet et obtenir pas mal d'autres renseignements, en particulier des enfants Gillain, pour corriger le tir dans un certain nombre d'autres scènes et sur un certain nombre d'autres détails. Faire un tel album, sur un tel sujet exceptionnel, exigeait un travail irréprochable de recherche documentaire en amont. La quantité d'anecdotes recueillies (et qui restent peut-être encore à recueillir ?) est suffisamment riche pour faire un album-hommage, nostalgique, rigolo, folklorique, humain et tout ce que tu veux, avec uniquement des scènes qui sont justes, qui font mouche et que personne ne contesterait. Mais pour arriver à ça, quel travail, quelles recherches !
Autre chose : comme je disais dans un précédent post : à partir d'un même matériel documentaire, un autre scénariste que Yann aurait-il raconté l'histoire différemment, avec d'autres interprétations personnelles ? En clair, Yann était-il la bonne personne pour raconter cette histoire ? Car justement, dans l'article d'Actua BD (un "bel article", dis-tu, donc j'en profite pour en citer un extrait), une phrase résume parfaitement le problème : "Au scénario de cette aventure extraordinaire, un sale gosse : Yann (...), dynamiteur de l’école de Charleroi avec ses hauts de page de Spirou et empêcheur de tourner en rond des bien-pensants. Rien ne le met plus en joie que la subversion et l’ambiguïté." Ce n'est pas moi qui vous l'apprends : Yann est un subversif et un provocateur. Tout est dit, point final. Personne ne peut vraiment être surpris d'un "effet boomerang". Et du coup Yann doit être secrètement "en joie" que les projecteurs se braquent sur lui et qu'on fasse tout un tapage autour de l'album...
Autre aspect intéressant de l'article de Didier Pasamonik. Je cite : "Yann confirme, à sa façon sarcastique : "Le plaisir de recréer cette époque, à la fois désinvolte, insouciante, naïve et pourtant encore imprégnée de la tragédie si récente : quatre ans auparavant, la Belgique était encore sous la botte nazie, de l’Occupation et de ses horreurs ; ce décalage entre la candeur d’une poignée de belges naïfs confrontés au Nouveau Monde, insolent et moderne, permet de leur insuffler un enthousiasme communicatif, l’envie pour eux de bouffer la vie à pleine dents, au jour le jour, sans trop réfléchir…. C’est tellement éloigné de nos petites préoccupations mesquines et étriquées actuelles : perte de la notation AAA de l’andouillette et de la France, pensions de retraite complémentaire, vacances aseptisées au Club Machinchose, interdiction de fumer dans les cafés, et autre dépistage du cancer colorectal… Le comble de l’aventure, de nos jours, c’est sur Facebook ! Misère… Dieu merci, le Passé, c’est l’Eldorado !" Si c'était ça le but de Yann, que n'a-t-il inventé des personnages fictifs et raconté cette ambiance avec d'autres gens que Joseph Gillain (et sa famille), André Franquin et Morris... Sauf que Yann s'est servi des personnages réels car ils sont très connus et appréciés, et parce qu'en les mettant en scène, l'album allait forcément bien se vendre, d'office (avant que la BD ne soit prépubliée dans Spirou, j'en ai lu, des gens sur divers forums, dire : "Je le veux !"). Recette du succès : sortir un album en faisant sa promotion sur le dos de gens très célèbres (= les trois auteurs cités, qui furent des piliers du journal Spirou et des éditions Dupuis, et qui sont les héros de l'histoire) + ce qu'il faut de provoc' pour bien faire mousser le truc (une triple provoc' en se foutant un peu de la gueule de tout le monde : des trois auteurs concernés et mis en scène - sous couleur de leur rendre hommage - ; de leurs familles - mises devant le fait accompli puisqu'elles découvrent la BD quand tout est bouclé - ; et des lecteurs - en jouant sur des ambiguïtés, en faisant croire, d'une interview à l'autre, que c'est une histoire vraie, mais pas tout à fait vraie avec des scènes plus ou moins nombreuses qui sont inventées, extrapolées, etc, en prévenant au détour d'une phrase : "mais non cher ami, vous n'avez pas compris, c'est un pastiche", tout en étant finalement une "pure fiction" (sic), bref en truquant la réalité à travers, je l'ai déjà dit plus haut, son "prisme déformant").
La preuve que l'album pêche pas mal : sur ce forum et sur BD Gest', tout le monde reconnaît que l'ajout de la plaquette due aux enfants Gillain est un "plus" qui enrichit l'histoire. Il faut croire que l'album seul est insatisfaisant. Il a donc fallu la pression des enfants Gillain pour que tu conviennes que c'est mieux maintenant... Dommage que l'éditeur et les auteurs n'aient eux-mêmes pensé à ça bien avant !

Raymond a écrit:Avec toutes ces discussions, nous nous éloignons complètement de ce que représente cette BD joyeuse, à la fois tendre et insolente.
Nuance : on ne s'en éloigne pas complètement, et de toute façon ce n'est pas nous qui nous éloignons. C'est le travail particulier de Yann, en raison de son "prisme déformant" personnel, qui nous oblige à faire des digressions et à nous éloigner...

Heureusement, cette succession d'erreurs devrait être réparée, et c'est Bertrand Labévue qui nous l'a appris ici-même :

bertrand labévue a écrit:Nul doute qu'un jour, un livre racontera toute cette épopée par le menu. Nous vous en proposerons la partie qui concerne Franquin (retour en 49, avant les autres) dans un long chapitre de notre "Véritable histoire de Spirou", à paraître chez Dupuis en janvier... sur la base du témoignage de Jijé, de Morris, de Franquin, des enfants Gillain, de Francine de Bevere, de Paape et de quelques autres...
Il n'y a plus qu'à attendre...

59Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Sam 12 Mai - 11:18

Invité


Invité

Yann a voulu donner "sa" vision personnelle de cette épopée, sous cet aspect parodique qui a toujours constitué sa marque de fabrique dans le monde de la bande dessinée.

Après, libre à chacun de souscrire à cette forme d'humour ou de la rejeter.

La majorité des lecteurs a parfaitement compris qu'il s'agit avant tout d'une oeuvre de fiction et non pas d'un véritable récit historique.

Cela tombe sous le sens. Rolling Eyes

60Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Sam 12 Mai - 12:15

JYB


vieux sage
vieux sage

Treblig a écrit:La majorité des lecteurs a parfaitement compris qu'il s'agit avant tout d'une oeuvre de fiction et non pas d'un véritable récit historique.
Cela tombe sous le sens. Rolling Eyes
A expliquer aux enfants Gillain (mis en scène nommément), à la fille de Franquin et à la veuve de Morris (et bientôt à la fille de Goscinny pour l'éventuel tome 2 ; et à Eddy Paape aussi peut-être, puisque j'ai cru comprendre qu'on le verrait aussi dans ce tome 2 ; il doit être le dernier survivant, non pas de l'épopée mexicaine, mais de cette époque, et c'est aussi un très proche des trois "héros" de l'aventure).
Et on en revient encore et toujours à la question à laquelle personne n'a répondu ici (sauf toi, mais dans une phrase mi-figue, mi-raisin) : vous seriez à la place des familles, vous feriez quoi, vous réagiriez comment ?

Voici un avis (sur ActuaBD) d'un proche de la famille Gillain, à savoir François Deneyer, qui avait fondé le musée Jijé et tient la Maison de la Bande Dessinée à Bruxelles. Il parle des enfants Gillain, dont certains sont représentés dans la BD mais ne sont pas des personnages publics, eux :
"Je pense que vous vous trompez royalement ! Dans le cas de Jijé, ces quatre enfants sont décrits et dessinés dans cet ouvrage. Il est de leur droit de commenter positivement ou non la manière dont ils ont été dépeints. Pareil pour ce qui concerne leur père et mère. Je crois que cela relève du droit à l’image. Non il ne faut pas pilonner cet album mais à tout le moins ajouter un avertissement en préface comme quoi les personnages représentés dans l’ouvrage ne correspondent pas à la réalité. Les scènes de rêves (que ce soit Franquin, Morris ou Jijé) sont particulièrement bêtes si pas méchantes. fd"

Voici aussi l'avis d'un lecteur de la BD, sur le forum BD Gest' : "Et plus d’un sera surpris de découvrir la vraie personnalité de ces grands du neuvième art, tant elle va à l’encontre de l’image qu’ils ont laissée." Ah bon ? Mais c'est une fiction, paraît-il ? Alors, c'est-y du lard ou du cochon ? L'éditeur et les auteurs auront beau mettre en gros, en rouge, comme vous voulez, au début de l'album, que c'est une fiction, qui peut croire ça ?

Autre avis sur BD Gest' : "Par ailleurs,(...) l'image que j'ai de Morris et surtout de Jijé en a pris un certain coup niveau prestige. En fait je ne connaissais pas grand chose d'eux, donc les caricatures assez grotesques faites dans cet album risquent d'être présentes dans ma tête pendant longtemps." Mais puisqu'on se tue à répéter que c'est une FICTION...!

61Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Sam 12 Mai - 14:13

Invité


Invité

Autour de cette "affaire", il y a tout de même un évènement majeur qui ne semble pas t'avoir interpellé : pourquoi un modus vivendi entre les deux auteurs, les familles concernées et l'éditeur a-t-il fini par aboutir ?

Car, s'il y avait véritablement eu une atteinte à l'image des trois célèbres dessinateurs de l'Ecole de Marcinelle, c'est le pilonnage des albums qui logiquement s'imposait. Wink

62Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Sam 12 Mai - 20:10

Invité


Invité

http://lecomptoirdelabd.blog.lemonde.fr/2012/05/12/a-louest-gringos-locos/

63Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Dim 13 Mai - 0:49

JYB


vieux sage
vieux sage

Treblig a écrit:Autour de cette "affaire", il y a tout de même un évènement majeur qui ne semble pas t'avoir interpellé : pourquoi un modus vivendi entre les deux auteurs, les familles concernées et l'éditeur a-t-il fini par aboutir ?
Car, s'il y avait véritablement eu une atteinte à l'image des trois célèbres dessinateurs de l'Ecole de Marcinelle, c'est le pilonnage des albums qui logiquement s'imposait. Wink
Personnellement, je n'ai pas préconisé de pilonner les albums existants. J'ai essayé d'expliquer que je ressens très fort quelque chose de faux, de bancal, de mal engagé, dans cette affaire. Qu'il sorte ou non ne m'empêche pas de dormir.
La plupart des fans de cet album (même avant de l'avoir lu) l'attendent, ou l'attendaient, simplement parce qu'il met en scène, il rend vivants, des auteurs vedettes de l'école franco-belge, créateurs de personnages mythiques. Mais ces mêmes fans se fichent totalement du fond de l'affaire, pour toutes sortes de raisons : par fanatisme borné (un fan de Lucky Luke veut tout savoir sur Morris, même ce qu'un Yann a pu inventer pour aller dans le sens de cet amateur, en le choquant un petit peu ou en le faisant saliver d'avance, ça ne fait pas de mal pour la pub et pour les ventes), par paresse intellectuelle, par manque de discernement, par voyeurisme (quand la BD montre des scènes familiales voire très privées, surtout quand elles sont arrangées, voire inventées, dans le but de "faire vendre du papier"), etc. Tout ceci est très dommage.
Un modus vivendi entre tous a fini par aboutir ? Très bien, mais il aurait pu être trouvé avant tout ce tintamarre, non ? Je ne suis pas le seul à le dire (voir d'ailleurs le forum BD Gest', j'y reviens), mais il y a un "big" malaise avec ça, la faute semblant retomber sur l'éditeur Dupuis (mais à mon humble avis, et vu de ma fenêtre, s'il est le principal fautif, il n'est pas le seul).

64Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Dim 13 Mai - 1:03

JYB


vieux sage
vieux sage

Treblig a écrit:http://lecomptoirdelabd.blog.lemonde.fr/2012/05/12/a-louest-gringos-locos/
"Pourquoi les ayants-droits n'apprécient guère ce formidable cri d'amour", demande le critique BD. Ah oui, présenté comme ça, les ayants-droit ont bien tort de ne pas voir le "formidable cri d'amour" sincère et désintéressé...
"Peut-être tout le monde gagnerait à bien se souvenir plutôt qu'à vouloir contrôler la mémoire...", dit-il aussi. Tout le monde, y compris Yann ?

65Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Dim 13 Mai - 2:10

JYB


vieux sage
vieux sage

JYB a écrit:A expliquer aux enfants Gillain (...) et à Eddy Paape aussi peut-être, puisque j'ai cru comprendre qu'on le verrait aussi dans ce tome 2 ; il doit être le dernier survivant, non pas de l'épopée mexicaine, mais de cette époque, et c'est aussi un très proche des trois "héros" de l'aventure).
Ah ben tiens, il suffit que je dise ça sur Paape, le samedi matin, pour qu'on apprenne son décès l'après-midi... (voir le sujet "Eddy Paape" sur le présent forum).

66Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Mar 15 Mai - 11:36

JYB


vieux sage
vieux sage

Je pense que tout le monde a pris connaissance de la défense de l'album sur BD Zoom : http://bdzoom.com/49779/patrimoine/%C2%AB-gringos-locos-%C2%BB/
Pas de commentaires particuliers de ma part, j'ai déjà dit beaucoup précédemment ici.
Sinon que - comme ça concerne Charlier, j'interviens juste là-dessus, vous connaissez ma passion pour l'oeuvre de cet auteur - je trouve bizarre d'avoir mis en ligne une photo de Jean-Michel Charlier portant un mouchoir noué sur la tête pour se protéger du soleil mexicain, pour défendre le fait que Jijé devait lui aussi avoir un mouchoir noué sur la tête en Amérique du nord, et donc que Yann et Schwartz ont eu raison de le représenter ainsi dans Gringos Locos...
Comme s'il n'y avait qu'au Mexique qu'on peut trouver deux personnes portant un mouchoir noué sur la tête, et comme si par une sorte de mimétisme ou d'apparentement ou de confraternité ou que sais-je, si Charlier a pu le faire, c'est donc que Jijé a pu le faire aussi... (à 30 ans de distance, qui plus est). Peut-être que Jijé a porté un jour un mouchoir noué sur la tête, mais ceci n'est pas une preuve.
Ceci étant d'ailleurs un tout petit point de détail dans le dossier...
La photo de Charlier avec son mouchoir sur la tête a paru dans l'album Un réacteur sous la plume, racontant sa vie avec moult photos personnelles.

67Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Mar 15 Mai - 12:42

Raymond

Raymond
Admin

Je n'avais pas lu cet article. Merci de nous l'avoir signalé ! Wink

Bravo en tout cas à Jacques Dutrey qui a l'intelligence de nous rappeler certains témoignages directs de Joseph et Annie Gillain. Ces déclarations soutiennent totalement quelques anecdotes qui sont rapportées par Yann, et contestées par les héritiers Gillain, dans Gringos Locos.

Par ailleurs, il ne se prive pas d'évoquer certaines contradictions dans la version des faits qui est présentée par les fils de Jijé. Je me régale ! pouce

De tout cela, on peut conclure que personne ne détient toute la vérité. Par ailleurs, Jacques Dutrey discute de ce fameux "droit à la parodie", qui semble tellement gêner les détracteurs de Gringos Locos. Il énumère aussi divers clins d'oeil culturels ou historiques, eux aussi contestés, et qui font partie de la volonté d'humour des auteurs.

Bref, je suis 100% d'accord avec l'article de BD Zoom. Peut importe que Jijé ou Charlier aient vraiment porté un mouchoir sur la tête sous le soleil du Mexique. Le plus important ne tient pas à ce genre de détail, mais plutôt à la restitution d'une certaine ambiance, à la fois joyeuse et anarchique, qui entourait les 3 dessinateurs à la fin des années 40. Bravo, donc, et merci à Yann et Schwartz ! clap


_________________
Et toujours ... Gringos Locos - Page 3 Charli10
https://lectraymond.forumactif.com

68Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Mar 15 Mai - 22:05

JYB


vieux sage
vieux sage

Allons-y pour une "petite" réponse...
Il faut d'abord préciser - si je ne fais pas d'erreur, donc à confirmer - que les témoignages directs de Joseph et Annie Gillain, rapportés par Jacques Dutrey, ont été utilisés comme points de départ par Yann pour son scénario (en sus des témoignages recueillis directement par Yann auprès de Franquin surtout, et de Morris également). Yann a, en tout cas, dit dans une interview, pour se défendre contre les critiques, qu'il s'est servi d'un témoignage écrit d'Annie Gillain ; il ne doit pas y en avoir des centaines et ça doit donc être celui qui est présenté sur BD Zoom.
Attention, Raymond, il ne faut pas te tromper de combat : je ne critique pas le scénario de Yann sur des points de détail comme le mouchoir noué sur la tête de Gillain ! Il y a des choses plus dérangeantes que ça dans l'album. Par ailleurs, répliquer aux critiques sur le mouchoir par des photos d'autres personnes (= Charlier) et par des dessins repiqués dans une BD de fiction (= le capitaine Haddock et Tintin dans Le Pays de l'or noir) montrant ces personnes ou personnages avec un mouchoir sur la tête, ça ne démontre rien, sinon que d'autres personnes ont pensé à faire la même chose pour se protéger la tête du soleil, c'est tout. Et alors, y avait-il besoin de montrer sur BD Zoom ces photos et dessins comme des preuves irréfutables que Jijé a porté un tel couvre-chef ? Bizarre logique et bizarre raccourci... Le coup du mouchoir noué sur la tête, tout le monde le connaît ou l'a déjà vu. Rien de nouveau sous le... soleil justement.
En fait, pour moi, le texte de Jacques Dutrey sur BD Zoom fait juste le point, en un seul endroit et sur un site Internet accessible à tous, en un clic (enfin, pour ceux qui ont Internet...), sur ce qu'a dit Yann ici et là, de façon parsemée au fil des mois, pour se défendre.
Une fois tout cela mis de côté, j'en reste à mes questions de fond, et comme personne n'y répond, je les repose, en en ajoutant une, et en espérant que plusieurs intervenants y répondront enfin (avec des arguments me démontrant que j'ai tort - si j'ai tort ; nous sommes dans les échanges de points de vue) :
- si vous étiez confrontés au même problème que les enfants Gillain, comment réagiriez-vous ? (à moi de résumer ledit problème en faisant aussi le point : publication, par un scénariste de BD, d'un épisode de la vie de vos parents dans leur jeunesse ; utilisation dans une BD, de vous-mêmes en tant qu'enfants qu'on fait agir et parler - enfants qui sont des personnes privées, et qui, dans le cas des Gillain, sont encore vivants plus de 60 ans après - ; transformation/adaptation des faits par rapport à la réalité - je rappelle que contrairement à ce que voudrait démontrer Jacques Dutrey, Yann a dit partout qu'il a parfois inventé, extrapolé, apporté de la fantaisie, imaginé des scènes rêvées, etc. - ; certaines scènes rêvées sont d'ailleurs considérées par un ami de la famille Gillain, François Deneyer, comme "bêtes" voire "méchantes" - voir un de mes posts à la page précédente - ; l'éditeur ne prévient pas les ayants-droit qui se trouvent devant le fait accompli, une fois la BD réalisée et publiée ou tout au moins en cours de publication dans Spirou, Le Soir et L'Immanquable ; etc). Donc, je répète : en tant qu'enfants des héros de la BD, est-ce que vous restez sans rien dire ? Et si vous réagissez, comment réagissez-vous ?
- je conteste l'ambigüité du procédé consistant à mettre en scène des auteurs très connus, mais sans donner leurs noms de famille tout en faisant croire que c'est une fiction, et même une "pure fiction" (c'est noté au début de l'album) - comme si les lecteurs étaient assez cons pour ne pas voir qu'en réalité les personnages sont bien Gillain, Franquin et Morris -, alors que la BD raconte, en outre, une histoire vraie vécue par eux (et dont beaucoup de gens ont entendu parler). Yann aura beau dire sur tous les tons que c'est une fiction, non, ce n'est pas une fiction, c'est une histoire vraie, mais parsemée d'éléments faux ou biaisés ou inventés.
- le procédé consistant en même temps à faire croire à l'ensemble des lecteurs que tout ce qui est raconté est quand même, finalement, en grande partie vrai, mais à ne pas permettre à ces lecteurs de faire la part des choses entre ce qui est vrai et ce qui est inventé. Comment le lecteur Lambda pourrait-il savoir que telle scène est vraie, et que telle autre est fausse ? Or, j'ai repris dans un post plus haut, le commentaire d'un lecteur sur le forum BD Gest', disant qu'il avait maintenant une opinion défavorable sur Gillain et Morris, dont il dit qu'ils ont perdu du prestige à ses yeux ; or, si Yann et Schwartz avaient raconté des choses vraies à 100% et s'il avait fallu vraiment raconter des scènes (authentiques) faisant perdre leur prestige à Morris et Gillain, les faits incontestables conduiraient à penser que Morris et Gillain étaient comme ça dans la réalité ; mais Yann avoue par ailleurs qu'il a inventé, extrapolé, etc. Donc, par quel cheminement intellectuel, par quelle volonté secrète, Yann a-t-il été amené à raconter des scènes parfois inventées, qui font perdre de leur prestige à des créateurs aussi formidables que Morris et Gillain ? Raconter leur vie de tous les jours, pendant ce périple, et démontrer que ce sont des êtres humains comme les autres, avec leurs éventuels défauts ou travers, oui, très bien, mais à condition de se baser sur des anecdotes authentiques, "béton", et pas inventées...
- dans le même ordre d'idées - j'ajoute ça car je n'en ai pas parlé jusqu'à maintenant - il a fallu que je lise une interview de Yann pour apprendre par exemple que la scène où Franquin et Morris reviennent ivres d'une fiesta, et où Franquin, ouvrant brutalement une fenêtre de la maison, aperçoit Annie Gillain à poil, posant pour son mari qui réalise un tableau, est inventée de toutes pièces ! Curieux, contestable et à mon humble avis dérangeant pour la famille Gillain, puisque par un habile détournement qui confine à la perversion et/ou à la provoc gratuite, on réussit à ne pas voir Annie Gillain à poil, mais on la voit quand même sous la forme d'une naïade peinte sur le tableau réalisé par Joseph. Malin, ou... tordu ? Il en est de même de Morris vu à poil dans un rêve, ce qui permet de montrer son anatomie dévoilant que c'est bien un garçon et pas une fille, si vous voyez ce que je veux dire. Je pense que c'est ce genre de scènes que François Deneyer trouve "bêtes" voire "méchantes". Le cul, ça marche toujours ! Et Yann n'est jamais le dernier à le montrer dans ses BD. Ca fait vendre, Coco !
- et enfin je trouve limite le procédé consistant à mettre en scène - dans une fiction, disent les auteurs Yann et Schwartz - des créateurs de personnages emblématiques de l'âge d'or de la BD franco-belge : Lucky Luke, Spirou, Gaston Lagaffe, etc. Ce procédé est imaginé, à mon sens, dans un but purement commercial, pour vendre à un maximum de lecteurs qui seront prioritairement intéressés par des personnages très célèbres présentés et rassemblés dans cet album. L'attitude des lecteurs (pas tous, mais beaucoup à mon avis) est celle d'une attirance de fan, instinctive et un peu superficielle : vous vendez n'importe quel objet orné d'un dessin de Tintin ou de Blake & Mortimer (une tasse de café, un rond de serviette, que sais-je...), il y aura automatiquement des acheteurs - parce qu'il y a Tintin ou Blake & Mortimer sur l'objet, pas pour l'objet lui-même. Or, la question a déjà été posée, par moi et d'autres : n'aurait-il pas fallu changer les noms des héros ? Car s'il s'agit juste de raconter - dans une prétendue fiction, je ne le rappellerai jamais assez - un périple en Amérique en 1948, dans le contexte de l'époque, avec des auteurs de BD cherchant fortune, ça peut très bien se faire en inventant les noms des héros. Mais imaginez le même album Gringos Locos, avec des héros qui s'appelleraient Jean Dugenou, Pierre Dupont et Jules Martin, vous allez voir les ventes... Des ventes qui décolleraient quand l'éditeur ferait savoir que sous ces noms se cachent Gillain, Franquin et Morris... Là, tout le monde voudrait voir ça... (et d'ailleurs, c'est ce qui se passe ! Donc : bien joué !).

Raymond a écrit:Bref, je suis 100% d'accord avec l'article de BD Zoom (...). Le plus important ne tient pas à ce genre de détail, mais plutôt à la restitution d'une certaine ambiance, à la fois joyeuse et anarchique, qui entourait les 3 dessinateurs à la fin des années 40. Bravo, donc, et merci à Yann et Schwartz ! clap
Ah ? Comment sais-tu que Yann et Schwartz ont bien restitué cette ambiance ? Tu ne l'as pas connue, tu n'as pas participé au voyage, vu que tu n'étais pas né... En plus, on l'a assez dit, tout le monde reconnaît qu'il n'y a rien de plus fluctuant et flou que la mémoire... Alors, la déformation due aux mémoires sélectives, ajoutée à la déformation et aux interprétations de l'esprit torturé de Yann, ça donne quoi, en finale ? Ca donne UNE restitution, et en outre au travers du regard de Yann, qui est quand même particulier. Ce que j'attendais personnellement, c'est que tout soit vrai d'un bout à l'autre.



Dernière édition par JYB le Sam 19 Mai - 15:38, édité 2 fois

69Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Mar 15 Mai - 23:47

Raymond

Raymond
Admin

Désolé, mais je pense avoir déjà en partie répondu à tes questions de fond dans mes post N° 28 (page 2), N° 46 et N° 57 (page 4) de ce même sujet. Je ne vais pas toujours me répéter sur ce que je ferai à la place des enfants Gillain. Une chose est certaine, en tout cas : je ne perdrai pas de vue que Gringos Locos est avant tout une oeuvre d'humour. Rolling Eyes

Ce qui me stupéfie, par contre, c'est ton indignation par rapport à cette idée toute simple que de prendre 3 auteurs de BD et d'en faire les vedettes d'une histoire en BD. Ce procédé, que l'on appelle volontiers une "mise en abyme" n'est pas une simple astuce commerciale. C'est au contraire une méthode si souvent utilisée au cinéma (ou même en littérature ou en peinture) qu'elle ne choque plus personne. Elle a permis la création de nombreux chefs d'oeuvre et a souvent rencontré la faveur du public. J'aime pour ma part lorsque la BD raconte le monde de la BD, ou lorsque le cinéma met en image l'histoire du cinéma. Je pense même que le 9ème Art ne sera vraiment adulte que le jour où plus personne ne sera surpris par une telle méthode. Ce procédé permet non seulement de faire de l'humour, mais aussi (et surtout) de jouer avec les styles graphiques et les genres de mise en page. C'est davantage une démarche artistique qu'une manière de se faire de l'argent (et d'ailleurs cette préoccupation n'est pas forcément condamnable). Cette exploration par la BD de ses propres recettes me semble être une voie prometteuse, et j'espère bien que d'autres créateurs se risqueront à relever ce genre de défi.

Yves Chaland et Jost Swarte avaient inventé ce genre de BD biographique il y a une trentaine d'années, et il était temps que d'autres dessinateurs reprennent leur idée.


_________________
Et toujours ... Gringos Locos - Page 3 Charli10
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70Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Mer 16 Mai - 0:46

JYB


vieux sage
vieux sage

Raymond a écrit:Désolé, mais je pense avoir déjà en partie répondu à tes questions de fond dans mes post N° 28 (page 2), N° 46 et N° 57 (page 4) de ce même sujet. Je ne vais pas toujours me répéter sur ce que je ferai à la place des enfants Gillain.
Je sais, mais mon appel ne t'était pas particulièrement destiné ; il était lancé surtout pour que d'autres membres du forum interviennent et donnent leur avis sur ce point important. Ce serait intéressant de confronter plusieurs points de vue, pour voir la tendance.

Raymond a écrit:Ce qui me stupéfie, par contre, c'est ton indignation par rapport à cette idée toute simple que de prendre 3 auteurs de BD et d'en faire les vedettes d'une histoire en BD. Ce procédé, que l'on appelle volontiers une "mise en abyme" n'est pas une simple astuce commerciale.
De mon point de vue, surtout tel que le scénario de l'album est traité, c'est le monde de la BD qui se regarde le nombril, avec parfois des messages codés entre initiés. Je préfère les vraies créations parties de rien, sinon de la seule imagination des auteurs.
Il y a, en BD, les créateurs, les pionniers (Jijé, Morris, Franquin, Charlier, Hergé, Goscinny...), intouchables Dieux de l'Olympe, et il y a ceux qui profitent après coup du travail, du succès et de la notoriété de ces créateurs (d'autant que ces premiers créateurs en ont bavé avant d'arriver à cette notoriété). Je répète : imagine le même album Gringos Locos, mais mettant en scène des auteurs fictifs donc totalement inconnus, s'appelant comme j'ai dit plus haut : Jean Dugenou, Pierre Dupont et Jules Martin ; ça va être duraille pour en vendre d'emblée 40 000 exemplaires.
Sur le forum BD Gest' que je cite régulièrement, il y a un intéressant rappel au sujet d'un album qui est sorti avec comme titre : Le Blog de Franquin. C'est à ce lien : http://www.bdgest.com/forum/gringos-locos-schwartz-yann-t51230-120.html (descends dans la page pour trouver les posts qui en parlent). Ce n'était pas du tout, je le précise, un album de Franquin... Or, il a été retiré de la vente car le nom Franquin sur la couv a été considéré comme une marque commerciale ! Ce n'est pas tout à fait le cas qui nous intéresse, mais c'est quand même le principe que je dénonce : facile de vendre beaucoup en mettant en avant des noms d'auteurs aussi connus que Jijé, Franquin, Morris, et dans le prochain tome de Gringos Locos, Goscinny.
C'est un peu la technique du "name droping", qui consiste à se faire mousser ou apprécier, ou de briller en société ou dans des livres, en citant à tout bout de champ des noms de gens connus : "Hier, j'ai déjeuné avec François Hollande", "Le mois dernier, je suis descendu dans le même hôtel que Johnny Halliday", "Comme me disait l'autre jour Brad Pitt...", etc. Celui qui raconte ça attire d'office l'attention... Là, c'est pareil : en évoquant et montrant Jijé, Franquin et Morris, les auteurs de Gringos Locos suscitent l'intérêt, et tout le monde veut absolument acheter l'album... Excellente opération commerciale, à une époque difficile pour le monde de la BD où un "one shot" lancé sur le marché, même par les plus grands éditeurs, se vend souvent péniblement à moins de 3000 exemplaires...
C'est le même principe que j'ai dénoncé sur ce forum de très nombreuses fois - et tu en sais quelque chose -, au sujet des reprises de séries célèbres : Blueberry, Buck Danny, Guy Lefranc, Alix, Blake & Mortimer, Lucky Luke, Astérix, etc (la liste est longue). Ces nouveautés, réalisées par de nouveaux scénaristes et de nouveaux dessinateurs, se vendront toujours bien, voire très bien. Parce que les histoires sont excellentes ? Pas forcément quand on prend connaissance des avis des uns et des autres sur divers forums. Mais sur les couvertures, il y a les noms des héros, et ces noms sont porteurs. Donc, ça se vend encore très bien, 10, 20 ou 30 ans après la mort des créateurs. Tout ça parce que les lecteurs sont nostalgiques, ne voient pas plus loin que le nom de leur héros et ne savent pas faire preuve de discernement quand il s'agit de héros emblématiques.

Raymond a écrit:C'est au contraire une méthode si souvent utilisée au cinéma (ou même en littérature ou en peinture) qu'elle ne choque plus personne.
Ah, donc ça a choqué ?

Raymond a écrit:Ce procédé permet non seulement de faire de l'humour, mais aussi (et surtout) de jouer avec les styles graphiques et les genres de mise en page.
Tu parles de dessin (styles graphiques, mise en page...). Or, je ne parle que du point de vue du scénario. On peut "faire de l'humour" et "jouer avec les styles graphiques et les genres de mise en page" dans d'autres BD que celles qui racontent la vie et l'oeuvre d'auteurs de BD.

Raymond a écrit:C'est davantage une démarche artistique qu'une manière de se faire de l'argent (et d'ailleurs cette préoccupation n'est pas forcément condamnable).
Je maintiens que ça me paraît être davantage une démarche pour se faire de l'argent, sous couvert d'une démarche artistique pour se donner bonne conscience...

71Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Mer 16 Mai - 10:21

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Invité

JYB a écrit:
En plus, on l'a assez dit, tout le monde reconnaît qu'il n'y a rien de plus fluctuant et flou que la mémoire... Alors, la déformation due aux mémoires sélectives, ajoutée à la déformation et aux interprétations de l'esprit torturé de Yann, ça donne quoi, en finale ? Ca donne UNE restitution, et en outre au travers du regard de Yann, qui est quand même particulier. Ce que j'attendais personnellement, c'est que tout soit vrai d'un bout à l'autre.


Si, pour reprendre tes propres termes, la mémoire est par nature "floue" et "fluctuante", tu ne pouvais pas t'attendre à ce que le récit de Yann soit "vrai d'un bout à l'autre".

Sauf, si, dans ton esprit, une histoire mettant en scène des personnages réels doit obligatoirement aboutir à une hagiographie, excluant de ce fait tout recours à la parodie.

Ici, il s'agit avant tout d'une bande dessinée fondée sur de l'humour, à l'opposé d'un récit historique du style "Oncle Paul".



Dernière édition par Treblig le Ven 1 Jan - 12:00, édité 1 fois

72Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Mer 16 Mai - 12:50

JYB


vieux sage
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Treblig a écrit:Si, pour reprendre tes propres termes, la mémoire esr par nature "floue" et "fluctuante", tu ne pouvais pas t'attendre à ce que le récit de Yann soit "vrai d'un bout à l'autre".
Tout historien qui fait à fond son travail se sert si possible de témoignages - mais pas que de témoignages ! Et je dirais même : en évitant les témoignages bruts, non vérifiés, non recoupés... Car il existe suffisamment de documents de toutes sortes sur beaucoup d'affaires, pour s'appuyer sur des éléments sûrs et souvent incontestables. Parmi ces documents, figurent des photos. Or, on a appris (voir plus haut) que Yann et Schwartz semblent - je dis bien : semblent - ne pas avoir eu les photos de la famille Gillain. C'est un gros manque.
Yann dit aussi qu'il a écarté beaucoup d'anecdotes ; peut-être a-t-il eu raison de les écarter, mais nous, lecteurs, ça nous frustre, et personnellement, je me dis qu'il y a un manque, là aussi. Par ailleurs, il semble que tout n'a pas été exploré pour peaufiner l'aspect véridique du récit.

Treblig a écrit:Sauf, si, dans ton esprit, une histoire mettant en scène des personnages réels doit obligatoirement aboutir à une hagiographie, excluant de ce fait tout recours à la parodie.
Je regarde dans mon dictionnaire pour être sûr (mais je le savais avant de vérifier...) : une hagiographie est une "biographie excessivement élogieuse". Bizarre... Comme s'il ne pouvait y avoir que l'hagiographie ou la parodie comme possibilités de récit... Reprends tout ce que j'ai dit depuis le début, jamais je n'ai dit ni même laissé entendre qu'il fallait faire une hagiographie. Je ne sais pas si c'est ça qu'il fallait faire, mais personnellement, j'attendais un récit authentique et vérifié, tout simplement - ni hagiographique, ni parodique. Ce qui n'empêche pas l'humour, et apparemment, il y avait de quoi raconter des tas de scènes d'humour, parfaitement authentiques. Ceci est une troisième voie entre l'hagiographie et la parodie. Yann a voulu faire une parodie ? Alors, je me suis trompé dans mon achat, je vais me dépêcher de revendre mon album, car ce n'est pas ce que j'attendais - cela dit, les lecteurs y trouvent certainement leur compte ; mais on voit que les ayants-droit, eux, n'y retrouvent pas le leur, et c'est en raison de la polémique qui s'en est suivie que je suis intervenu ici... Sinon, chacun fait ce qu'il veut, et Yann aussi. Je suis intervenu aussi parce qu'il y a justement une grosse ambigüité dans les propos de Yann quand il est interviewé : son récit, c'est vrai ou c'est de la fiction ? J'ai déjà posé la question plus haut : c'est-y du lard ou du cochon ? Un coup Yann raconte par le menu ses recherches documentaires poussées pour raconter une histoire au plus près de ce qui s'est réellement passé (formidable, c'est ce que j'attendais), et un autre coup il raconte qu'il a inventé, qu'il s'est inspiré, qu'il a brodé, qu'il a fait une fiction, etc (non, personnellement ça ne m'intéresse pas).

Treblig a écrit:Ici, il s'agit avant tout d'une bande dessinée fondée sur de l'humour, à l'opposé d'un récit historique du style "Oncle Paul".
Là aussi il n'y a, pour toi, que deux possibilités : soit un récit basé sur l'humour, soit un Oncle Paul. Il y a au moins une troisième possibilité, c'est celle d'un récit de la façon que l'a raconté Yann. Sauf que personnellement, cela ne me convient pas - goût personnel, je précise bien. Et sauf que les ayants-droit rechignent, eux, au point d'avoir réussi à obtenir l'ajout d'un droit de réponse. Donc, il y a un malaise, et c'est juste ce que je veux exprimer.
Je redis aussi que j'attends avec curiosité de voir ce qui va se passer pour le tome 2, et de voir la réaction d'Anne Goscinny, sachant que son père René y sera mis en scène.

73Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Mer 16 Mai - 13:05

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C'est effectivement ton goût personnel et il est tout à fait respectable.

D'autres ont un avis différent, respectable également, et, comme je l'ai dit plus avant, à partir du moment où un accord entre les parties concernées a été trouvé, cela demeure l'essentiel.

Au moins, tous ceux qui n'auraient pas encore lu cette histoire, conserveront la possibilité de "se faire leur propre religion" sur cet album.

74Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Mer 16 Mai - 17:11

JYB


vieux sage
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Treblig a écrit:comme je l'ai dit plus avant, à partir du moment où un accord entre les parties concernées a été trouvé, cela demeure l'essentiel.
Hélas, je crains qu'on ne puisse pas parler vraiment d'accord ; du moins d'un accord définitif qui règle le problème une bonne fois pour toutes. Plutôt un compromis.
Par exemple, l'éditeur Dupuis reporte la faute sur Yann qui aurait garanti avoir assuré ses arrières et obtenu l'accord des ayants-droit. Or, apparemment, ces ayants-droit ont découvert le pot-aux-roses courant décembre, une fois l'album quasiment imprimé. Et en outre, je sais comment et par qui le pot-aux-roses a été découvert ; selon la version que je détiens de source informée, Benoît Gillain tout au moins n'était pas du tout au courant de la préparation de l'album. A mon avis, l'affaire n'est pas close, et le tome 2 n'est pas certain de sortir. Donc, s'il y a accord, admettons, mais en apparence d'une part, et après coup d'autre part. Il aurait fallu un bon accord solide avant que tout soit lancé sur les rails. Et c'est pourquoi les ayants-droit se sont rebiffés. Un des noeuds de l'affaire est là.

Treblig a écrit:Au moins, tous ceux qui n'auraient pas encore lu cette histoire, conserveront la possibilité de "se faire leur propre religion" sur cet album.
Pour se faire sa propre religion, il faut acheter l'album. Formidable, c'est ce que veut Dupuis ! Comme je le disais à plusieurs reprises plus haut, tout ceci n'est qu'une opération commerciale. Un autre noeud de l'affaire est là. J'ai déjà dit à Raymond qu'il a une vision naïve de l'affaire, je confirme pour toi aussi. Par ailleurs, comment les lecteurs peuvent-ils juger ? Ils ont toutes les pièces du dossier pour savoir ce qu'il en est ? Or, même les familles, Gillain en particulier, et même Yann, qui a pourtant (paraît-il) rassemblé une somme importante d'informations sur le voyage de 1948, n'ont manifestement pas toutes les pièces du dossier. Alors le lecteur, il va juste pouvoir regarder les dessins et dire : "Ah oui, c'est bien". Ou : "Ah oui, c'est rigolo". Ce n'est pas ce qu'on appelle "se faire sa propre religion" sur le fond de l'affaire. Et encore, le lecteur pourra prendre connaissance de ces divers problèmes, mais grâce aux familles qui ont rué dans les brancards. Sans elles, l'album sortait normalement en janvier, et les lecteurs gobaient tout comme du bon pain, sans ciller. Or, j'ai déjà fait remarquer que Raymond et des membres du forum BD Gest' ont reconnu qu'avec le fascicule ajouté à la demande des familles, c'est très bien. Donc, l'album seul, sans le fascicule, est incomplet. Donc, il y a bien un lézard.

75Gringos Locos - Page 3 Empty Re: Gringos Locos Mer 16 Mai - 22:37

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Je suis désolé une fois de plus de ne pas partager ton avis.

En effet, j'ai lu cette histoire en avant-première dans le journal Spirou (et aussi dans l'Immanquable qui l'a prépubliée forcément plus lentement que dans l'hebdomadaire puisque sa périodicité est, comme chacun sait, mensuelle); or, à ce moment-là, il n'existait encore aucune polémique inhérente à ce récit.

Je puis assurer que je n'ai pas considéré pour autant cette bande dessinée comme constituant l'exact reflet de cette folle équipée. Rolling Eyes


Si on suit ton raisonnement, les lecteurs de bande dessinée ne seraient donc que des êtres incapables du moindre discernement et aptes uniquement à prendre au pied de la lettre le moindre récit qu'on leur propose. icon_surprised

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