Raymond a écrit:Confondre avec quoi ? Penses-tu que Franquin (et que le fils Gillain) puisse fabuler ?
Que Franquin fabule ? Non, je n'ai jamais dit ça ! Confondre - en admettant que Franquin ait confondu, ce que je n'affirme pas -, ce n'est pas fabuler. Mais la mémoire, avec le temps, fait voir autre chose que ce qui a été. Jijé a pratiqué des trous dans le toit avec une chignole ? OK. Mais peut-être pour, par exemple, fixer la galerie et les bagages sur le toit ; donc, pas pour aérer l'intérieur.
Le fils Gillain ? Je ne crois pas avoir dit qu'il a pu confondre. J'ai dit qu'il s'est remémoré quelque chose (= la toile mouillée) qui paraît plus plausible, pour apporter de la fraîcheur, que des trous faits à la perceuse dans le toit de la voiture. D'autant que (je l'ai déjà dit) quelqu'un qui a l'air au courant a avancé que ce serait plutôt des trous dans les portières... Je ne sais pas qui a raison, je cherche juste à savoir ce qu'il en est. Et ce qui en est vraiment, c'est ce que j'aurais voulu voir dans la BD. Peut-être que Franquin ne s'est pas trompé, peut-être que Yann a bien fait. Je relève seulement qu'il y a deux autres versions de l'anecdote, et donc, dans mon esprit, il y a doute.
En réalité, je sais ce qu'il aurait fallu : que personne ne dise rien de cette aventure quand l'histoire a été diffusée. Que personne, aucun témoin, aucun ami ou proche des trois héros de la BD, ne lève jamais aucun doute. Et qu'on ne sache jamais que des faits, des anecdotes, des événements ont été inventés par Yann (or, lui-même a avoué). Maintenant qu'on sait, je fais la grimace.
Raymond a écrit:Rien n'empêche un autre dessinateur de BD de raconter cette histoire à sa façon.
Non, je l'ai dit, c'est cuit. Avec cet album qui vient de sortir, le sujet est bien balisé et je vois mal qui et quel éditeur penseraient à refaire une BD là-dessus. Sauf sous forme de chapitre dans un livre, et nous savons que Bertrand Labévue s'en occupe. Ou sous forme d'un article dans un magazine spécialisé, faisable aussi.
Raymond a écrit:La nécessité la plus importante, c'est de se passionner pour ce sujet et d'être prêt à y consacrer une ou deux années de sa vie, comme l'a fait Yann ! J'admets qu'il a aura sûrement peu d'auteurs qui seront prêts à cela.
Yann aurait pu y passer 10 ans de sa vie, si le résultat est de me voir déçu et trompé par la campagne de communication autour de la sortie de l'album, y'a un os.
Raymond a écrit:Par ailleurs, faut-il encore répéter que Yann et Schwartz ont délibérément évité de faire une oeuvre platement réaliste ?
Evidemment, si, pour toi, quelque chose de réaliste, c'est automatiquement et forcément plat, mieux valent les trucages de Yann... Des films comme Partie de campagne, Le salaire de la peur, Le voleur de bicyclette, etc., c'est réaliste, donc plat, n'est-ce pas...
De toute façon, je n'ai pas parlé de réalisme, j'ai parlé de véracité. Kolossale nuance ! J'aurais aimé que les faits rapportés soient vrais, c'est tout. Qu'ils soient mis en scène, oui, très bien, il le faut. Qu'ils le soient de façon rigolote, très bien aussi (alors que, petite parenthèse, ils sont déjà par nature rigolos). Qu'il ait fallu inventer des dialogues vivants pour créer du liant dans les scènes et entre les scènes, oui, normal, très bien là encore, c'est la tâche de tout véritable auteur. Mais un minimum est que les faits et anecdotes soient incontestablement VRAIS.
Raymond a écrit:je ne pense pas que Franquin l'aurait désavouée.
Tout est dans le "
je ne pense pas que", suivi d'un verbe au conditionnel. Chiche : faisons tourner les tables et invoquons les esprits pour savoir ce que Franquin, Jijé et Morris pensent vraiment...
C'est comme le propos d'un membre du forum BD Gest que j'ai rapporté ici il y a quelques jours. Je reprends : "
On peut supposer que Jijé, Franquin et Morris, s’ils étaient encore parmi nous, riraient de bon cœur de se voir si drôles en ce miroir !". Et j'ai commenté : "
On peut supposer, oui... On peut en supposer, des choses !" Eh bien moi, je suppose que Jijé, Franquin et Morris en seraient gênés...
Et puisque personne n'en sait rien, de leur réaction, comme on dit : un point partout, la balle au centre.
A noter que Yann a dit dans ses multiples interviewes qu'il a proposé à plusieurs reprises à Franquin de mettre lui-même en dessins cette aventure. Et Franquin a dit non. Bon, ben voilà, c'est dit...
Et pourquoi Franquin a dit non ? Parce que, par une sorte de pudeur, il ne souhaitait pas se mettre en avant comme ça ? Possible. Parce qu'il considère que cette épopée tient de l'intime ? Possible aussi. Ou ne serait-ce pas plutôt parce qu'il connaissait son Yann sur le bout des doigts et se méfiait de ce que celui-ci allait en tirer...? Possible encore...