Alix-ze-Coup' a écrit: La psychologie des héros, ma foi, me semble plus conforme à des personnages qui ont lutté dans l'arène, vu pas mal d'homicides et de cruautés diverses, vécu des conflits et des batailles de très près ; fini la mentalité de boy-scout d'adolescents qui seraient perdus dans un monde de brutes... Veni Vidi Vici n'est pas une oeuvre parfaite mais elle n'est pas déplaisante à mes yeux, et m'a fait passer un bon moment ce qui n'était pas arrivé en lisant Alix depuis un certain temps.
Même si je comprends bien la logique de cette lecture et en respecte tout à fait l'esprit, je dois dire que je suis d'un avis différent. Qu'Alix et Enak conservent une certaine forme de pureté ou de sens éthique ne signifie pas qu'ils soient pour autant des bons-scout, surtout Alix d'ailleurs qui, des deux personnages est le plus éveillé à la conscience de soi.
Même dans un monde brutal, on peut tout à fait concevoir des individus capables de préserver des valeurs contraires à la cruauté de base et de les appliquer. Après tout, les grands philosophes depuis les présocratiques ont aussi défendu des valeurs parfois opposées aux pratiques de leur époque, à commencer par Socrate à qui, tout comme pour Alix, les cruautés de la guerre n'ont pas été épargnées puisque le maître de Platon a participé dans sa jeunesse à la guerre contre les Perses.
C'est sans doute un trait de notre époque de penser que la confrontation au réel doit forcément conduire à renoncer à ce qui passe à tort selon mon avis pour de la candeur éthique. Je pense tout au contraire que l'ont peut parfaitement articuler un sens éthique aigu à une réalité brutale, d'autant plus aigu qu'elle est brutale et c'est une des dimensions que j'aime chez Alix, jusque dans les contradictions et les désillusions que cela peut entraîner, comme l'a bien compris Valérie Mangin dans Alix Senator et qu'on voit déjà s'exercer dans la série initiale. Cela me semble d'ailleurs donner aux personnages une psychologie beaucoup plus riche aux antipodes d'une naïveté de boy-scouts.
Quant à l'impression finale selon laquelle "
Veni Vidi Vici n'est pas une oeuvre parfaite mais elle n'est pas déplaisante à mes yeux, et m'a fait passer un bon moment ce qui n'était pas arrivé en lisant Alix depuis un certain temps", je ne la partage pas non plus, car non seulement je ne trouve pas ce récit très réussi - même si la traversée des souterrains était en soi une belle idée - mais surtout, c'set faire l'impasse sur les albums du duo Jailloux Breda dont les récits sont à mon goût des plus réussis et il serait me semble-il injuste et difficile de leur préférer celui-ci, sans parler de la subtilité du dessin de Marc Jailloux, incomparable avec le "style" adopté par Albertini. Je crains notamment de ne pas me faire au visage d'Alix transformé en tête de boxeur, ainsi que je l'ai déjà exprimé à la sortie de l'album.
Mais nous verrons ce que sera le prochain opus annoncé. Peut-être aurons-nous une bonne surprise ? Comme ne j'ai pas encore "Vidi" celui-ci, je ne puis évidemment porter de jugement a priori à son sujet !