Les "biopics" en BD

Les Mémoires d'Alexandrie est une nouvelle série consacrée aux biographies de quelques personnages plus ou moins célèbres, qui ont vécu dans cette ville pendant l'Antiquité.

Le tome 1 s'intitule Hérophile et il est écrit et dessinée par Chiara Raimondi.



Cela raconte la vie d'Hérophile de Chalcédoine, un médecin grec qui fût un des pionniers de la dissection des corps et de l'anatomie. Ses écrits ont été conservés dans la fameuse bibliothèque de la ville, avant de disparaître dans l'immense incendie qui a tout détruit dans ce batiment.

Les pages de Chiara Raimondi ne sont pas toujours agréables à lire. Il faut aimer !



Didier Quella-Guyot a pour sa part apprécié :

D’Hérophile à Vésale, mêmes combats ? | BDZoom.com

Le père d'Alexandre Dumas était un grand militaire et sa vie a été un véritable roman. Il était inévitable que l'on fasse un biopic sur ce personnage et cette BD s'intitule le Premier Dumas. Ce n'est que le premier tome d'un diptyque
.


Je ne sais que penser du dessin de Ruben del Dincon, qui n'est à priori pas très attirant. 



Planète BD lui attribue une note assez moyenne.

Le Premier Dumas T1 : Le dragon noir (0), bd chez Glénat de Rubio, del Rincon (planetebd.com)

Anna Politkovskaïa est une journaliste russe qui avait défié Poutine au début des années 2000 et qui en est morte. Matteuzzi et Benfatto viennent de publier un intéressant biopic à son sujet et il s'intitule Anna Politkovskaïa  journaliste dissidente.



L'emploi du lavis donne à cette BD une sobriété élégante.



ActuaBD remarque que le récit est difficile à comprendre pour le lecteur qui ne connaissent pas déjà les événements.

Anna Politkovskaïa : la journaliste qui défia Poutine - ActuaBD

Vésale est un grand médecin qui a vécu pendant la Renaissance et il est un des pères de l'anatomie. 

Un biopic vient de lui être consacré et les auteurs se nomment LF Bollée et Fawzi.



Graphiquement, cela se présente comme une BD historique assez traditionnelle.



Charles-Louis Detournay a bien apprécié ce petit roman historique :

Vésale - Par LF Bollée & Fawzi - Passés composés - ActuaBD

Raymond a écrit:On fête les 400ème anniversaire de la naissance de Molière et la BD s'est évidemment emparé de ce sujet !

Le tome 1 d'un biopic (qui devrait être un triptyque) vient de paraître. Il s'intitule Acte 1 À l’école des femmes et il est l'œuvre de Vincent Delmas (scénario) et Sergio Gerasi (dessin).



Le dessin et les couleurs sont très correctes !



ActuaBD commente assez froidement cette nouveauté :

https://www.actuabd.com/Celebration-de-Moliere-quand-la-BD-a-ses-limites

En effet, Raymond, dessin et couleurs très corrects. Mais les dialogues ici me semblent anachroniques. Dès le lycée je trouvais Molière très surfait, et j'ai appris depuis que c'est tout un jeu théâtral hérité du romantisme qui a fait d'Harpagon ou Alceste des personnages émouvants ou rebelles : ils n'étaient destinés par l'auteur qu'à faire bien rigoler. Puis Molière fut transformé par les chauvins de 1900 / 1914 en idole du "roman national" français. Plusieurs auteurs, Pierre Louÿs entre autres, ont cherché à attribuer ses pièces un peu profondes à d'autres que lui (Pierre Corneille, son frère Thomas, Maynard...) sans que nous n'ayons de vraies preuves. Quoi qu'il en soit il s'est nettement aligné sur les directives royales en bon courtisan, dénigrant sévèrement les salons féminins (Les Femmes Savantes, Les Précieuses Ridicules, L'Ecole des Femmes) pour ramener la gent féminine à "sa place" modeste et utilitaire. Dans ces salons, des auteurs et philosophes comme Gassendi critiquaient la théorie de l'absolutisme, la religion, l'arbitraire, protégés par des dames de haute noblesse intouchables même pour Louis XIV, et souvent ex-frondeuses comme il y en eut tant jusqu'en 1653.
Toutefois, le plus novateur, intéressant, chez ce chantre du "chacun à sa place" est son parti-pris dénonciateur des mariages arrangés par les "barbons" et contraires aux sentiments réels des jeunes gens. Il n'était pas le seul en son temps, mais lui sut rendre cette critique très visible. Quant à ses moeurs avec les filles Béjart, on s'en fiche, les actrices sachant bien ce qu'elles devraient accepter jusqu'à très récemment encore....
Bref, et si comme tu le dis Raymond il s'y ajoute des anachronismes, cela semble un biopic très évitable.

Je ne partage évidemment pas ton avis.

Que Molière ait écrit des farces, c'est une évidence, en particulier avec l'Avare ou les Fourberie de Scapin. Mais il a aussi écrit des comédies de caractère comme Tartuffe ou le Misanthrope, et ses contemporains s'en sont tout de suite rendu compte. Il y a eu des scandales et des interdictions et Molière a eu du courage. Il n'a pas fallu attendre les romantiques pour que la critique fasse son éloge.

En fait, Molière à toujours été aimé du grand public, et c'est peut-être cela que certains critiques ne lui pardonnent pas.

Bien sûr Raymond je ne nie pas le talent de Molière, pas plus que son courage, il n'était pas sans danger d'être un créateur sous l'absolutisme intellectuel de Louis XIV (façon de parler pour un roi qui n'ouvrait jamais un livre). A l'époque cependant tout le monde reconnaissait en Alceste le Misanthrope (y compris dans le costume "ringard" dont on l'affublait) le précepteur sévère du Dauphin, et s'esclaffait. C'est surtout avec le "Tartuffe" que Molière a pris de gros risques. Le roi cessa brusquement de le soutenir, car notre auteur ignorait son double visage : en apparence très "libéré" par ses moeurs de chaud lapin adultère, Louis XIV était en fait très inféodé aux pratiques religieuses et à tous leurs rites, et il craignait fort les dévots du Saint-Sacrement. Il interdit donc le "Tartuffe". Le "Don Juan " aussi était très courageux pour l'époque, car si le seigneur libertin et athée était châtié à la fin, la pièce le montrait en brillant antihéros autrement plus charismatique que son valet moralisant, et de fait les contemporains ne s'y trompaient pas ! On peut admettre aussi que la célèbre tirade d'Harpagon sur sa cassette frappe juste et non sans émotion sur le TOC de l'avare compulsif. Mais je n'aime pas du tout les attaques de Molière envers les Salons littéraires baroques féminins, que j'ai étudiés jadis.

Tu parles je pense des Précieuses ridicules et des Femmes savantes, Les Précieuses ridicules est en effet une farce très féroce, qui ne cherche rien d'autre que le rire. Les Femmes savantes est par contre une comédie qui a beaucoup plus de classe, et dont le message est plus nuancé. Mais il est vrai que ces deux oeuvres n'ont rien de féministe.

Par contre, l'Ecole des Femmes est une histoire qui défend le sexe féminin, et les hommes y sont plutôt des balourds. Molière était capable de changer de posture à chaque nouvelle pièce de théâtre.

Et puis Molière se moque parfois de lui-même, par exemple dans le Malade imaginaire. Tout le monde y passe, dans le Théâtre de Molière.

L'avocate Gisèle Halimi, récemment décédée, est l'héroïne d'un biopic consacré bien sûr à la cause des femmes. Les auteurs se nomment Sylvie Couturier (scénario) et Sandrine Revel (dessins).



Le dessin est assez standard !



ActuaBD commente cette nouveauté :

"Une Farouche Liberté" : Gisèle Halimi devient un personnage de (...) - ActuaBD

La comtesse Bathory est un personnage historique terrifiant, qui a la même réputation que Gilles de Rais. Un biopic vient de sortir à son sujet, sous la forme d'un roman graphique écrit et dessiné par Anne-Perrine Couët.



Le dessin de cet album est plutôt tristounet mais il est vrai que cette histoire authentique n'est pas très gaie elle non plus. 



L'album est accompagné de quelques documents historiques et c'est donc un travail sérieux, comme le signale ActuaBD sur cette page !

Báthory, la comtesse maudite – Par Anne-Perrine Couët – (...) - ActuaBD

Oui, Raymond, je l'ai remarqué en magasins parisiens ! Comme toi, le dessin ne m'emballe pas vraiment... A noter une version beaucoup plus ludique, plus étrange et bien dessinée du destin de la célèbre comtesse dans Les Exploits de Yoyo, tome 1, La Lune Noire, par Yann et Franck Le Gall. J'ai rencontré Yann un jour pour lui demander la suite des La Patrouille des Libellules, situées pendant la Seconde Guerre Mondiale, mais il m'a dit qu'il n'y en aura pas, toutes les associations bien-pensantes lui étant tombées dessus... Il faut dire qu'il ne respecte guère ce qu'on "se doit de respecter";

J'avais complètement oublié cette BD dessinée par Frank Le Gall, mais j'ai lu les aventures de Yoyo il y a presque 40 ans. Cela fait un bail ! Il faudra que je la relise.  

moi , j'avais beaucoup aimé , surtout avec un humour complètement décalé .
De nos jours le politiquement correct empêcherait la publication de cette Bd , alors qu'il n'y avait qu'une joyeuse envie d'amuser la galerie.
Un souvenir impérissable ;une image d'un village des Carpates avec quidams des Carpates façon Pilotorama
et puis voir Yoyo se faire adopter par le pilote américain après avoir tenté de le manger et s'être fait tirer les oreilles par le missionnaire pour cette vilaine action .... est une forme toute à fait sympathique de bonheur

Je crois qu'il va falloir que je les relise !

dakota68 a écrit:moi , j'avais beaucoup aimé , surtout avec un humour complètement décalé .
De nos jours le politiquement correct empêcherait la publication de cette Bd , alors qu'il n'y avait qu'une joyeuse envie d'amuser la galerie.
Un souvenir impérissable ;une image d'un village des Carpates avec quidams des Carpates façon Pilotorama
et puis voir Yoyo se faire adopter par le pilote américain après avoir tenté de le manger et s'être fait tirer les oreilles par le missionnaire pour cette vilaine action ....   est une forme toute à fait sympathique de bonheur

Je crois qu'il va falloir que je les relise !

Ha ha ! Oui dakota68, l'humour de Yann est en effet hilarant et très original, bourré d'inventivité, sans limite "politiquement correcte". Les villageois terrorisés à l'apparition de Yoyo hurlent "Negresco ! Ordög ! Ordög" (on comprend vite que cela veut dire "maudit"), et les terribles voïvodes noirs métalliques au service d'Hécate laissent des traces en forme de fer à repasser dans la neige.... La comtesse Bathory, enchaînée dans les tréfonds de l'enfer, arrache à Yoyo un pan de sa culotte à damier afin de retrouver le plaisir d'une partie d'échecs ! Le deuxième album (et dernier, là encore le flinguage fit son oeuvre) est Les Sirènes de Wall Street, petite merveille aussi. J'ai (re)trouvé cette double publication Les Exploits de Yoyo (Vent d'Ouest, 2002) chez un de mes soldeurs favoris du Quartier Latin.

Un biopic historique intéressant que je signale avant (peut-être) de l'acheter :
Matteo Ricci dans la Cité Interdite, par Dufaux et Jamar chez Dargaud.

L'album 1 décrit l'arrivée à Pékin vers 1600 du père jésuite italien Matteo Ricci. Comme ses confrères il a l'intention de convertir les Chinois au catholicisme. Toutefois il se garde bien d'y mettre la moindre intolérance, erreur des prêtres hispano-portugais au Japon qui une fois soutenus par près de 200 000 convertis commencèrent à les lancer contre les temples shinto et bouddhistes pour les brûler ainsi que les "idoles". La réplique du shogun fut féroce, impitoyable et radicale, interdisant le culte catholique au Japon pour 2 siècles et demi (mais pas le protestantisme des Hollandais, seuls Occidentaux tolérés, car tolérants). Ricci a longuement étudié le chinois, la culture et les moeurs du Céleste Empire, et il cherche à présent, malgré le barrage des eunuques, à se créer une entrée dans la Cité Interdite, afin de rencontrer l'empereur Wan-li, assez ouvert aux arts et à certaines nouveautés étrangères (comme les horloges). A la faveur de l'incapacité des savants de la Cour à faire redémarrer une grande horloge arrêtée, il parvient à la Cour. Son but est évidemment la conversion de l'empereur, lequel ferait de la Chine un royaume chrétien. Bien sûr ce fut un échec aussitôt que les Chinois comprirent que le catholicisme consistait, même pour un souverain, à obéir au Pape à Rome et à ses règles morales strictes. Pourtant les jésuites de Chine avaient accepté certaines moeurs chinoises et notamment le culte des ancêtres, ce dont Voltaire les complimenta vivement mais ce dont l'Eglise les accusa et condamna, mettant fin à tout espoir de Ricci et de ses successeurs.
Cet album est très bien documenté et agréablement dessiné.

Cela semble intéressant, en effet. Jamar a un dessin assez puissant et Dufaux est un bon scénariste.

Voici la couverture de cette nouveauté qui  n'est pas sans intérêt

Maria Montessori est une éducatrice italienne qui a laissé un enseignement très important, et pas seulement pour les enfants !

Un biopic lui est consacré et il s'intitule la Maison des enfants. Les auteurs se nomment Halim Mahmoudi et Caterina Zandonella.



Le critique d'ActuaBD trouve que la lecture de cet ouvrage est intéressante mais ... tout de même bien difficile, à cause de la construction du scénario.  

La Maison des Enfants – Par Halim Mahmoudi et Caterina Zandonella (...) - ActuaBD

Rodolphe et Maucler racontent en images la vie de Georges Simenon. Pourquoi pas !



Planète BD en fait une critique plutôt pondérée !

Simenon : Le roman d'une vie (0), bd chez Philéas de Rodolphe, Maucler (planetebd.com)

ActuaBD dit du bien de ce biopic de Rodolphe et Maucler qui est consacré à Simenon !



"On passe un bon moment à la lecture de l’album" nous dit cet article :

Simenon, Le roman d’une vie - par Rodolphe et Christian Maucler - (...) - ActuaBD

Glénat publie un biopic consacré à Mussolini qui semble assez bien conçu, car supervisé par des historiens.



Le dessin d'Andrea Meloni est très traditionnel !



Planète BD commente cette sortie !

Mussolini, bd chez Glénat de Goy, Blengino, Meloni, Arancia (planetebd.com)

Tsar par accident est un biopic consacré à Vladimir Poutine. Les auteurs sont américains et se nomment Andrew S. Weiss et Brian Brown.



Le dessin est schématique et sans apparat.



ActuaBD en parle très brièvement :

Tsar par accident - Par Andrew S. Weiss et Brian Brown - Editions (...) - ActuaBD

J'aurais pu être millionnaire, j'ai choisi d'être vagabond est un album qui raconte l'histoire de John Muir, militant écologique avant l'heure qui a jadis rencontré Franklin Roosevelt. Cette BD est écrite et dessinée par Clément Baloup.



Le dessin est de type réaliste et assez standard.



Planète BD commente ce livre assez positivement.

J'aurais pu devenir millionnaire j'ai choisi d'être vagabond, bd chez Paulsen de Baloup (planetebd.com)

Pierre Loti est un écrivain avec lequel je n'ai jamais vraiment réussi à sympathiser. Son livre "Pêcheurs d'Islande" m'avait royalement ennuyé au temps de mon adolescence et je n'ai plus essayé de le lire par la suite.

Un biopic vient de sortir sur cet auteur et il s'intitule Pierre Loti : une vie de voyageur. Les auteurs se nomment Pascal Regnauld, Didier Quella-Guyot et Alain Quella-Villéger.



Le dessin est proche du genre "roman graphique".



C'est probablement une BD valable, et elle est commentée par BDZoom !

Sur les traces de Pierre Loti, en BD… | BDZoom.com

L'album Pierre Loti est assez plaisant de dessin et de coloris, mais l'individu n'avait pas une personnalité très attirante. On n'a jamais trop su quelle était son orientation sexuelle, et il se peut bien que la belle lolita turque Aziyadé ait été un garçon. Il y a aussi "mon frère Yves" tant aimé, qui n'était pas du tout son frère... Il y a plus gênant, c'est en réalité son égocentrisme indifférent aux autres, de l'avis général. Il a cependant eu le courage, par amour de la Turquie, de prendre systématiquement la défense de l'Empire Ottoman pendant la guerre de 14-18, malgré le mépris et la haine presque unanimes qu'il suscitait ainsi. Félix Régamey, un dessinateur et peintre qui a visité le Japon avec le collectionneur Guimet en 1877, détestait profondément Loti pour son célèbre "Madame Chrysanthème", qu'il jugeait ignare, méprisant pour les Japonais et dégradant pour la fille nippone que l'officier de marine avait en fait achetée (comme faisaient les autres Occidentaux). Régamey a même écrit un "anti-Madame Chrysanthème". Je ne sais pas si cet album aborde ces sujets, je le feuilletterai pour voir, cela m'intrigue.

Je ne connaissais pas Madame Chrysanthème, bien que ce roman ait été à l'origine du célèbre opéra Madame Butterfly, et je ne pense tas que tes remarques acides vont me donner envie de lire ce livre.