Spirou et ses dessinateurs

Le premier Spirou de la nouvelle ligne Spirou et Fantasio Classique, La Baie des cochons, dessiné par Elric, est annoncé pour le 24 mai chez Dupuis.

Pour ceux qui ne l'auraient pas encore vue, voici la couverture (partagée par Elric sur BDGest) :


Le dessin est très chouette, dans la lignée due Franquin de la grande époque (sans faire pastiche), après l'idée de départ du scénario me semble un peu casse-g... : cela doit se situer après Les Prisonniers du Bouddha, mais l'insertion de personnages et d'événements réels (Castro, le Che, etc.) me paraît à double-tranchant, sachant que l'on parle quand même de deux figures totalitaires aux mains couvertes de sang. Dans Spirou à Moscou Tome et Janry avaient habilement évité le problème en plaçant l'aventure au niveau de personnages inventés et prétexte à la caricature de la patrie du prolétariat, avec un humour que n'auraient peut-être pas renié les Russes de l'époque.

En tout cas, je suis curieux de voir cela.


P.S. : Raymond, un autre fil de discussion à déplacer dans la section "Classiques" peut-être ?...

Je ne vois pas très bien la spécificité du "Spirou et Fantasio classique" ???

D'un côté, il y a la série principale, dont tu critiques le dessinateur actuel (peut-être injustement) et qui est loin d'être terminée, et d'autre part les "Spirou et Fantasio vu par" qui laissent plus de place au style de chaque auteur. Que veut-on de plus ?

Sinon, le sujet "Spirou et ses dessinateurs" concerne les multiples reprises de Spirou ainsi que les spin-of qui sont sortis depuis une vingtaine d'années, et ce n'est donc pas de la vraie BD classique.

Stéphane Beaujean de Dupuis est intervenu sur BDGest il y a un mois pour expliquer le nouveau positionnement :
- les Spirou vu par disparaissent, en dehors de ceux qui sont déjà actés, en cours de réalisation (un ou deux)
- la série est confiée au trio Schwartz-Guerrive-Abitan, avec un album tous les deux ans
- une nouvelle collection Spirou classique proposera des Spirou à l'ancienne par différents auteurs, un tous les deux ans en alternance avec la série ordinaire.

Concernant la série principale, je suis surtout critique envers le scénario qui ne me convainc pas. Et je fais des efforts en ayant relu le 56 et en essayant d'appréhender les nouveaux extraits avec bienveillance. Mais rapidement ça coince.

Pour ce qui est du dessin, j'apprécie ordinairement le style de Schwartz, mais je le trouve vraiment trop typé pour la série principale ; et quelques choix graphiques me semblent malheureux : la tenue de groom ultra-rétro de Spirou (qui le rend complètement anachronique par rapport aux autres personnages — il a l'air déguisé : ce n'était pas le cas chez Franquin, qui avait adapté le dessin de l'uniforme pour qu'il ne "jure" pas dans le décor) ou Seccotine en mode taille basse-rangers et nombril apparent (il y avait moyen de moderniser son apparence sans tomber dans ce genre de caricature : Seccotine peut être de son temps en restant sinon élégante, du moins en n'étant pas vulgaire — T&J notamment l'avaient bien compris).

Tout ceci reste bien sûr éminemment subjectif, et je l'assume.

Alors que le journal Spirou publie depuis peu de temps cette histoire, Philippe Tomblaine commente déjà l'album La Baie des Cochons ! Est-il déjà sorti en librairie ?



C'est donc un "Spirou classique", une nouvelle notion qu'il faudra intégrer, et qui est différente de la série mère !

Philippe Tomblaine explique cette nouvelle série (Spirou classique) et présente le programme de publications de Dupuis. Il y aura désormais un Spirou par an !

https://www.bdzoom.com/195231/patrimoine/%c2%ab-les-aventures-de-spirou-et-fantasio-classique-t1-la-baie-des-cochons-%c2%bb-in-cuba-tion-revolution/

Raymond a écrit:Alors que le journal Spirou publie depuis peu de temps cette histoire, Philippe Tomblaine commente déjà l'album La Baie des Cochons ! Est-il déjà sorti en librairie ?

Sorti aujourd'hui.
Acheté (en même temps que le dernier Tango) mais pas encore lu.

Bon, je l'ai lu...
J'avais un peu d'appréhension en l'achetant et mes craintes se sont avérées fondées.

Le dessin est chouette (les décors assez secs parfois le rendent par moments un peu raide, en raison de la mise en couleur par aplats — que j'apprécie par ailleurs), ce qui est rafraîchissant, il nous ramène à la grande époque de Franquin...

...mais le scénario ne suit pas. Ce n'est finalement pas le piège de l'historicité qui s'est renfermé sur les auteurs, mais le manque de structure et de fond. On ne parvient jamais à être vraiment "dedans" : c'est une juxtaposition de péripéties qui ne suscitent pas vraiment l'émotion, de gags un peu fades ou absurdes (par exemple : l'accoutrement ridicule des rebelles cubains ou les espèces de Dupondt de la CIA), de personnages sous-utilisés (Longplaying, Spip, le Marsu...).

Malgré cela, plusieurs points positifs à relever (outre le dessin) : on retrouve toutefois bien le caractère des héros que l'on aime, que ce soit Fantasio, Seccotine ou Spirou (même si celui-ci m'a paru plus effacé qu'à l'ordinaire), et le scénario ne part pas dans les délires techno-contemporains ou complètement bêtas qui ne me donnent même pas envoie d'ouvrir un des albums des successeurs de Tome et Janry. Deux ou trois gags sont tout de même bien trouvés, notamment la photo de passeport de Fantasio ou le t-shirt "Che". Également, on notera le soin des auteurs à ne pas prendre de parti-pris à gros sabots entre Cuba et les USA : on sent l'effort, on l'apprécie, et si je dis que c'est presque réussi, c'est que je suis chipoteur.

L'exercice était difficile, il faut en convenir, et Franquin/Greg comme Fournier, voire Tome et Janry, avaient déjà parcouru le chemin de Spirou chez les dictateurs. La Palombie, le Çatung et le Bretzelburg offraient sans doute un cadre de fantaisie plus flexible pour y développer des histoires de Spirou et Fantasio plus efficaces et centrées sur l'aventure, moins autour d'un événement réel un peu trop grand à manipuler.

Bref, sur l'échelle d'Éléanore, un EE tout juste.

Conclusion : je crois que je vais faire ce que je n'avais pas osé pour le Spirou chez les Soviets de Tarrin et Neidhardt, et rapporter le livre (qui est en parfait état après une lecture très précautionneuse, je le précise). J'en suis un peu marri car malgré mes précautions oratoires ci-dessus, j'avais quand même beaucoup d'espoir.

Diable ! Voilà qui est inquiétant !

J'ai acheté mais pas encore lu cet album ! Le week-end était trop occupé mais je vais m'y mettre cette semaine.

Raymond a écrit:Diable ! Voilà qui est inquiétant !  

J'ai acheté mais pas encore lu cet album ! Le week-end était trop occupé mais je vais m'y mettre cette semaine.

Ce n'est qu'un avis personnel et je reconnais avoir parfois le palais difficile.
Les critiques sur BDGest sont également assez négatives, et peut-être trop dures. En tout cas, il faut donner sa chance à cet album et s'il vous plaît, tant mieux, car je pense que ce sont des passionnés qui l'ont fait.

J'ai finalement lu la Baie des cochons et j'ai trouvé cette BD assez ordinaire.

Cela se lit très bien mais il y a un petit quelque chose qui manque à cette histoire. C'est probablement la faute au scénario qui mélange maladroitement un événement historique  précis (le fameux débarquement raté des américains en 1962) avec le monde fantaisiste de Franquin. Le récit met en effet en scène plusieurs personnages franquiniens (Seccotine, le savant américain Longplaying) ainsi que le fameux appareil G.A.G. qui supprime toute pesanteur et cet album semble ainsi être une vraie suite du "Prisonnier du Bouddha". L'ensemble ne fonctionne cependant pas très bien car les deux mondes ne sont pas les mêmes. La fantaisie parfois délirante du monde de Franquin est ainsi remplacée par une histoire d'espionnage plutôt ordinaire et le résultat me parait boiteux. Je ne crois donc pas une seule seconde à cette nouvelle version fantaisiste du débarquement américain dans la Baie des Cochons. L'incorporation de personnages réels (Fidel Castro, Che Guevara, John Kennedy) n'est également pas convaincante car le récit repose en fin de compte sur des bases irréelles, telles que le G.A.G.. La succession de péripéties n'est sinon pas trop mal racontée mais il lui manque des fondements solides.

Le dessin est par ailleurs correct et les personnages ressemblent assez bien à leurs modèles. Ce n'est certes pas génial mais l'album reste satisfaisant de ce côté-là.

Au total, ce n'est pas un ratage complet mais je suis resté assez circonspect après cette lecture. Franquin arrivait à nous faire croire à des aventures incroyablement fantaisistes tandis que cet album assez proche du réel n'est pas du tout crédible. C'est un vrai paradoxe ! Cette constatation s'imposait déjà un peu dans "Spirou chez les Soviets" et les scénaristes devraient peut être mieux assumer le côté fantaisiste de Spirou, et mieux retrouver l'univers créé par Franquin.

En conclusion, cet album est simplement un EE, que j'oublierai probablement assez vite.

Didier Pasamonik ne prend pas de gant et démolit carrément la Baie des Cochons qu'il considère comme un ratage et un accident industriel !    



Sa critique sans pitié se trouve sur cette page !

https://www.actuabd.com/Spirou-et-la-Baie-des-cochons-le-retour-du-directeur-du-concept

C'est dur mais il n'a pas tort quand il écrit que l’usage des personnages est inconsistant voire absurde.  

Raymond a écrit:Didier Pasamonik ne prend pas de gant et démolit carrément la Baie des Cochons qu'il considère comme un ratage et un accident industriel !    



Sa critique sans pitié se trouve sur cette page !

https://www.actuabd.com/Spirou-et-la-Baie-des-cochons-le-retour-du-directeur-du-concept

C'est dur mais il n'a pas tort quand il écrit que l’usage des personnages est inconsistant voire absurde.  

J'ai lu la chronique de Didier Pasamonik mais pas la baie des cochons...
Je note juste ce qu'il dit sur le Trondheim et Parme, et là je m'interroge. D'accord au niveau graphisme on est loin de Franquin mais ça n'est pas ce qui était demandé pour les Vu par. Certe ce dessin m'a deconcerté et je n'ai lu ce Vu par très tardivement. Mais le scénario est vraiment très bon et c'est un album que je relis régulièrement.  Et finalement, le dessin cartoonesque est adapté à ce scénario trépidant. C'est l'un des seul vu par qur j'apprécie.
Il y a aussi les Bravo mais ça n'est pas vraiment du Spirou... C'est du Bravo qui utilise les perso en les emmenant où il veut mais on est pas dans un univers de Spirou.
J'aime aussi celui de Zidrou et Frank Pé mais leur Spirou est plus un Broussaille déguisé en Spirou qu'un Spirou.


Je note également sur ce qu'il dit sur le retour du directeur du concept. Et là, je ne peux qu'approuver. C'est justement son fantôme que j'invoquais sur un forum pour dire le mal que je pensais de cette pléthore d'album Spirou et de séries dérivées.

Raymond a écrit:Didier Pasamonik ne prend pas de gant et démolit carrément la Baie des Cochons qu'il considère comme un ratage et un accident industriel !    

La critique de Pasamonik est particulièrement dure et en partie injuste. Encore une fois, je n'ai pas vraiment apprécié l'album pour les raisons que j'ai exposées plus haut, mais je trouve que l'article va trop loin, de façon souvent gratuite et désinvolte.

Et la référence à Trondheim en fin de texte arrive comme un cheveu sur la soupe. Je n'ai pas lu cet album, mais c'est un des rares Vu par qui m'intéressent, par son côté loufoque, décalé, "stylisé" justement.

Planète BD fait une chronique un peu plus mesurée de la Baie des Cochons mais le scénario est à nouveau très critiqué.

https://www.planetebd.com/bd/dupuis/spirou-et-fantasio-classique/la-baie-des-cochons/54263.html#image

En fait, c'est le concept même de la série "Spirou classique" qui est discutable.

La suite de la Mort de Spirou n'a toujours pas été publiée en album. Quelqu'un a t-il une explication ?

Raymond a écrit:La suite de la Mort de Spirou n'a toujours pas été publiée en album. Quelqu'un a t-il une explication ?

J'avais vu passer quelque chose sur le forum BDGest, qui expliquait qu'il y aurait un léger retard. Il faudrait que je retrouve ça, mais les fils Spirou sont assez volumineux.

En tout cas, d'après la base de données Electre, le second cahier La mémoire du futur est annoncé pour le 27 septembre, et la BD complète pour le 18 octobre. Voilà qui devrait te rassurer, Raymond.

La couverture a été révélée :



Elle suscite évidemment déjà des critiques.

Pour ma part, j'aime plutôt bien ce côté rétro et épuré. Elle aurait peut-être même été encore mieux sans le petit Fantasio énervé et l'Atomium, qui n'apportent pas vraiment grand'chose à la composition. Le jaune citron pique un peu les yeux, mais bon.

Je viens de relire Spirou à New-York et des jeux de mots m'échappent.
En page 6, les mafieux répondent à l'appel de leur nom :
- Don Di Pene Engelberti ?
- Présent !
- Don Gio e Dragone ?
- Présent !
- Don Quichoto ?
- Présent !
- Don San Convictione ?
- Présent !
- Et enfin Don Toninio Retutto, notre doyen ?
Je comprends bien que le troisième nom fait référence à Don Quichotte, que le quatrième regarde du côté de la locution "sans conviction" .
Je n'arrive pas à retrouver le jeu de mots pour le premier, le deuxième et le cinquième.
Est-ce que cela dit quelque chose à un membre du forum ? Merci

Eléanore

eleanore-clo a écrit:Je viens de relire Spirou à New-York et des jeux de mots m'échappent.
En page 6, les mafieux répondent à l'appel de leur nom :
- Don Di Pene Engelberti ?
- Présent !
- Don Gio e Dragone ?
- Présent !
- Don Quichoto ?
- Présent !
- Don San Convictione ?
- Présent !
- Et enfin Don Toninio Retutto, notre doyen ?
Je comprends bien que le troisième nom fait référence à Don Quichotte, que le quatrième regarde du côté de la locution "sans conviction" .
Je n'arrive pas à retrouver le jeu de mots pour le premier, le deuxième et le cinquième.
Est-ce que cela dit quelque chose à un membre du forum ? Merci  

Eléanore

2) Donjons et dragons (le jeu de rôle)

Merci 

Eléanore

- Don San Convictione = un don sans conviction, simplement ?

Merci Raymond 

Eléanore